Comprendre nos interactions sociales : Une perspective neuroéconomique
302 pages
Français

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Comprendre nos interactions sociales : Une perspective neuroéconomique , livre ebook

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Description

Ce livre est le résultat d’un dialogue fécond entre un économiste et un philosophe. Il montre dans quelle mesure et avec quelles limites les apports récents des neurosciences permettent de mieux comprendre aujourd’hui nos interactions sociales. Il revisite ainsi les questions, classiques en économie, de la coordination des actions et de la coopération des agents, en intégrant les différents processus émotionnels et cognitifs qui y contribuent, notamment à travers les réseaux sociaux. Il explore également les conditions d’émergence des conventions sociales et le fonctionnement des normes qui régissent les comportements des individus. Ainsi se dégagent des idées nouvelles, qu’il s’agisse de l’interintention-nalité des sujets, de la dynamique intertemporelle qui guide leurs relations, des diverses modalités que peut prendre la confiance, ainsi que des formes de contrôle explicite sur les comportements sociaux des agents. Christian Schmidt est professeur émérite à l’université Paris-Dauphine et président de l’Association européenne de neuroéconomie, qu’il a créée en 2011. Il est membre du centre de recherche Phare de l’université Paris-I. Ses travaux portent sur l’économie de la défense, la théorie des jeux, l’analyse du risque et la neuroéconomie. Pierre Livet est professeur émérite à l’université d’Aix-Marseille, membre du CEPERC. Ses travaux portent sur l’épistémologie des sciences sociales, l’ontologie des êtres sociaux, la théorie de l’action et celle des émotions. 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 novembre 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782738168603
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB, NOVEMBRE  2014 15 , RUE S OUFFLOT, 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-6860-3
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
Introduction

Pourquoi un économiste théoricien des jeux et un philosophe épistémologue ont-ils formé le projet de rédiger à deux voix un livre sur les interactions sociales, alors qu’aucun des deux n’est sociologue ou psychologue social ? Et pourquoi ont-ils adopté une perspective de neuroéconomie, puisqu’ils ne sont ni l’un ni l’autre experts en neurosciences ?
Il est clair, à première vue, que les phénomènes étudiés par l’économiste sont toujours les résultats d’interactions sociales, soit directes (échanges marchands, compétitions, répartitions, négociations), soit indirectes (redistributions, organisations). L’objet de la théorie des jeux qui représente l’une des approches privilégiées pour étudier ces phénomènes consiste à formaliser les interactions entre des agents supposés rationnels. Plus récemment, une économie expérimentale s’est développée, qui étudie au moyen d’expériences les décisions effectivement prises par les individus, en réaction aux actions des autres. Mais les comportements ainsi observés restaient inexpliqués tant que l’on ne disposait pas d’informations plus précises sur le fonctionnement du cerveau dans ces situations. Tel n’est plus le cas aujourd’hui où beaucoup des résultats obtenus au cours de ces protocoles expérimentaux peuvent être maintenant complétés par des informations sur le fonctionnement cérébral, grâce, en particulier, aux différentes techniques de l’imagerie cérébrale . C’est ainsi que s’est développée, depuis quelque temps, une branche sociale des neurosciences dans laquelle la neuroéconomie se trouve aux avant-postes.
Le philosophe est aussi dans son rôle en défendant la position philosophique suivante : les sujets humains se constituent dans leurs interactions avec leurs semblables, qui orientent aussi leurs perspectives sur leur environnement. Les manières dont les capacités physiques de notre corps et de son système nerveux facilitent ou limitent ces interactions ne sont pas sans intérêt pour le philosophe, ne serait-ce que dans la mesure où mieux les connaître peut l’amener à réviser ses « intuitions » sur les processus cognitifs et affectifs humains, voire à modifier les catégories qui lui permettent de penser ces processus dans leurs interactions, ou encore à ne pas proposer d’idéal qui ne tienne pas compte des limitations humaines.
Voilà pour nos justifications. Mais qu’en est-il des interactions sociales  ? L’économiste ne va-t-il pas être tenté de les réduire à des échanges entre les agents et aux décisions qui les précédent en se concentrant exclusivement sur l’étude de leur ancrage « rationnel » ? Le philosophe, de son côté, pourrait soit, en soutenant l’individualisme , être tenté de réduire les interactions sociales aux capacités interactives des individus, soit au contraire, en soutenant le « holisme », la prééminence du tout social, vouloir montrer qu’on doit toujours présupposer un social déjà constitué, pour comprendre comment les décisions des individus manifestent une sensibilité à des normes collectives et ne se réduisent pas à suivre leur intérêt personnel .
Dans ce livre, le théoricien des jeux justifiera l’emploi du qualificatif « social », en se montrant attentif aux résultats obtenus lors des nombreuses expériences qui montrent que les individus réels diffèrent de l’individu self-interested qu’est supposé être l’agent économique. Il s’efforce de comprendre les racines de ces différences, à la lumière des premiers résultats mis en évidence par ces neurosciences sociales. Cette investigation lui enseigne que nous sommes plus largement dépendants de la coordination de nos actions avec autrui et plus sensibles aux opportunités de coopération, et aux normes sociales qui les accompagnent, que ne le suppose le schéma « autiste » auquel se réfère l’économie classique. Les interactions sociales, entendues en ce sens, ouvrent ainsi le champ à une analyse renouvelée de nombreux phénomènes économiques, concernant notamment les décisions et les anticipations qui les précèdent, ainsi que les actions et les négociations qui souvent les suivent, sans oublier l’organisation qui les accompagne.
Le philosophe, en cette affaire, ne se veut ni individualiste ni holiste. Les processus d’interaction sont pour lui les constituants ontologiques fondamentaux et de l’individu et des collectifs sociaux. Ces interactions ne s’établissent pas seulement à des niveaux séparés – processus infra-individuels, individuels, interindividuels, collectifs  – mais aussi entre des niveaux différents. Ainsi, les limitations de certains processus infra-individuels peuvent trouver des compensations dans des interactions interindividuelles et des organisations collectives – songez à la communication des savoirs. Inversement, les collectifs ont des limitations propres – ainsi l’anonymat relatif de leurs membres ne permet pas à un individu, ni même à quelques-uns, de contrôler directement le degré d’engagement de tous dans des coopérations. Plutôt que d’opposer l’individu et le tout social, il est préférable d’étudier précisément comment interagissent ces différents types de processus, comment ils constituent et maintiennent des structures qui sont d’échelles différentes mais qui peuvent aussi entrecroiser différents niveaux – un organisme, des relations parentales, des collectifs , des institutions  – et comment les différentes structures d’interaction qui se mettent en place se combinent, se soutiennent mutuellement, ou, au contraire, s’imposent les unes aux autres des transformations.
Nous suivrons à la trace ces processus d’interaction en examinant successivement les niveaux différents où ils se manifestent.
Dans une première partie, intitulée « Interactions et intersubjectivité  », nous analyserons les interactions entre des processus infra-individuels qui sont nécessaires à la constitution du sujet. Mais ces processus infra-individuels ne se bornent pas à construire un sujet isolé, ils l’engagent déjà dans des interactions, si bien que ce sujet est nécessairement intersubjectif, comme nous le montrerons au chapitre 1. Pour autant, cette dynamique d’intersubjectivité ne réduit pas la spécificité de chaque sujet puisque elle contribue, au contraire, à sa construction. Nous étudierons au chapitre 2 comment la figure d’autrui se constitue. Nous avons posé cette intersubjectivité comme fondatrice, et nous analyserons, sur cette base, la portée de la référence à « un autre moi-même  » et discuterons ses limites. Cette recherche suggère, qu’au rôle de l’autre qui nous fait face, il nous faut ajouter celui du (des) tiers . Une fois cette structure interactive de base constituée, nous pouvons revenir sur les processus de décision, et montrer au chapitre 3 comment ils sont le fruit de l’interaction entre différentes perspectives, par exemple, entre des perspectives temporelles à court et à long terme, entre des interactions à courte et à longue portée . Ce chapitre nous a conduits à repenser, dans cette optique, comment les sujets conçoivent et traitent les relations d’intertemporalité, avec toutes leurs conséquences, parfois inattendues et tout au moins différentes de celles le plus souvent enseignées, sur les anticipations des agents. Nous aurons ainsi, au cours des trois chapitres qui forment cette première partie, établi que les thématiques qu’on associe généralement à une focalisation sur les seuls individus pouvaient avantageusement être repensées, dans une perspective interactionniste de part en part.
Nous aborderons ensuite, dans une deuxième partie, intitulée « Coordination et coopération  » ce que l’on considère communément comme des interactions sociales, au sens de rapports interindividuels. Sur ce terrain, les distinctions introduites par la théorie des jeux , entre les jeux de pure coordination (reposant sur l’identification de points focaux), les jeux de coordination à équilibres multiples (lorsqu’une multiplicité de possibilités aboutit à des résultats différents) et les jeux de confiance (lorsque la coopération s’avère risquée pour chaque joueur considéré individuellement), nous ont servi de premiers repères. Les problèmes de coordination, lorsque certaines solutions satisfont l’intérêt de chacun des joueurs, suggèrent l’émergence d’un point de vue du groupe , dont l’adoption par les individus conduit au mode de coordination le plus efficace. On mettra en évidence, au chapitre 4, les différentes difficultés auxquelles se heurte cette coordination, en signalant, au passage, les problèmes posés par la notion de confiance , face au risque inhérent à certaines formes de coordination. Cette analyse permettra notamment de dégager la notion clé d’« interintentionnalité  ». Le chapitre 5 expose les voies de passage d’une simple coordination à une véritable coopération. Il discute les différents modes de coopération et montre que le succès de leur fonctionnement reste dépendant du nombre des candidats à cette coopération et de leurs modes d’organisation en réseaux . Une analyse plus poussée des modes d’accès à la coopération révèle ainsi l’importance des formes de coopérations conditionnelles, souvent négligées par les approches traditionnelles.
Notre but n’est pas i

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