Dérives populistes dans le mouvement ouvrier hier et aujourd’hui

Robert Duguet

Description

La grande crise des années 1930 conduisait hier au deuxième cataclysme mondial ; dans le mouvement ouvrier se développeront des courants populistes, dont les plus importants protagonistes finiront dans la collaboration avec Vichy et le nazisme. Passée l’embellie des 30 glorieuses, la social-démocratie, d’une manière générale le réformisme, a cessé de garantir aux populations laborieuses les conquêtes de civilisation acquises à la fin de la guerre. La dérive populiste, déjà inscrite dans une aile du nouveau parti socialiste de 1971, se manifeste aujourd’hui avec force : ironie de l’histoire qui voit un Jean Luc Mélenchon, qui a combattu durant 30 ans pour défendre l’identité socialiste, rallier aujourd’hui des positions populistes et nationalistes. L’histoire bégaie ?

Sujets

• Political Science

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• Publié par: Edilivre
• Date de parution: 20 novembre 2018
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782414298860
• Langue: Français

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ISBN numérique : 978-2-414-29887-7

© Edilivre, 2018
Exergue


« Reprendre pour les générations futures ce qui doit demeurer de l’héritage de Léon Trotsky, par-dessus la tête de ceux qui ont capté un héritage pour le dévoyer. »
Pierre Salvaing
« Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres »
Antonio Gramsci
Principaux sigles utilisés :
CAP : Commission Administrative Paritaire, organe de direction de la SFIO, représentant les courants de pensée du parti à la proportionnelle.
CAP : Convention pour une Alternative Progressiste, petite organisation de la gauche radicale française fondée en 1994 et dissoute en 2009.
CFTC : Confédération Française des Travailleurs Chrétiens.
CGT : (Confédération Générale du Travail) présidée en 1930 par le courant réformiste de Léon Jouhaud.
CGTU : (Confédération Générale du Travail Unifiée) animée par des militants du PCF jusqu’à la réunification de 1936.
CDS : Centre des Démocrate Sociaux, parti bourgeois de centre droit, d’inspiration démocrate chrétienne, fondé en 1976 et comptant entre autres dans sa direction, Jean Lecanuet, à l’époque maire de Rouen.
CERES : Centre d’Etudes et de Recherches Socialistes, créé en 1966 et adhérent de la SFIO, dans la tradition guesdiste. Principal fondateur, Jean Pierre Chevènement. Le CERES sera cofondateur du nouveau PS à Epinay.
CIR : Convention des Institutions Républicaines, club créé par François Mitterand.
CJM : Congrès Juif Mondial.
CNAL : Comité National d’Action Laïque, créé à l’initiative du SNI, de la FEN et de la Ligue de l’Enseignement contre la loi Debré d’aide à l’enseignement privé catholique.
CNJA : Confédération Nationale des Jeunes Agriculteurs, animée par les Chrétiens Sociaux de la JAC.
CNR : Le Conseil National de la Résistance sera constitué le 27 mai 1943 sous l’autorité de l’ex-préfet Jean Moulin, révoqué par Vichy. Ce dernier avait été adoubé par le général De Gaulle le 1 er janvier 1942 : son rôle consistait à unifier les mouvements de résistance et donner une légitimité internationale et sociale au général De Gaulle.
CAO : Comités d’Alliance Ouvrière, courant créé dans la décennie 1970-1980 à l’initiative de l’OCI.
CRIF : Conseil Représentatif des Institutions Juives de France.
DDEN : Délégués Départementaux de l’Education Nationale : sa véritable origine remonte à la Convention de 1793 qui institue des « magistrats aux mœurs » auprès des écoles. Durant toute la période républicaine, les délégués souvent francs-maçons, jouaient un rôle de surveillance de la bonne application des principes de laïcité. Les DDEN seront supprimés sous Pétain. Rétablis à la Libération, la visite des délégués départementaux de l’Éducation nationale porte sur tout ce qui concerne la bonne marche de l’établissement, des questions matérielles à celles d’éducation populaire.
EE : Ecole Emancipée, courant minoritaire révolutionnaire de la FEN.
EE-FUO : Ecole Emancipée pour le Front Unique Ouvrier, minorité révolutionnaire de la FEN dirigée par le courant lambertiste, elle vient de l’éclatement de l’Ecole Emancipée, courant syndicaliste révolutionnaire, après 1968.
FCPE : Fédération Cornec des Parents d’Elèves, du nom de son fondateur Jean Cornec (1919-2003), militant syndicaliste révolutionnaire appartenant à la Révolution Prolétarienne de Pierre Monatte. La FCPE sera fondatrice du CNAL. Envahie par les cohortes du nouveau PS, son orientation n’a plus rien à voir avec les positions laïques des fondateurs : elle s’appelle aujourd’hui fédération Andrieux.
FEN : Fédération de l’Education Nationale constituée sur le refus de l’éclatement du syndicalisme confédéré en 1947.
FUE : Fédération Unitaire de l’Enseignement, organisation syndicale enseignante de 1919 à 1935, animée par des militants se réclamant du communisme, mais opposés au stalinisme du parti français. En 1935, lors de la réunification confédérale, la fédération se dissout dans la CGT.
FTP : Francs-Tireurs Partisans, branche militaire de la résistance PCF.
FI ou MFI : France Insoumise de Jean Luc Mélenchon, créé en février 2016.
GAM : Groupes d’Action Municipaux, stratégie municipale principalement animée par le PSU dans les années 1960-1975.
GR : Gauche Révolutionnaire, courant de la SFIO, animé par Marceau Pivert et ses camarades.
GS : Gauche Socialiste, courant du nouveau PS, constitué en 1988, dirigé par le trio Julien Dray-Jean Luc Mélenchon-Marie Noëlle Lienemann, rejoint un moment par Gérard Filoche.
JAC : Jeunesse Agricole Catholique.
JS : Organisation de Jeunesse de la SFIO.
JSI : Jeunesses Socialistes Ibériques de la période de la guerre civile espagnole.
LCR : Ligue Communiste Révolutionnaire, courant Franck-Krivine, ancêtre du NPA.
LDH : Ligue des Droits de l’Homme.
LICA : La Ligue Internationale contre l’Antisémitisme est l’ancêtre de l’actuelle LICRA (Ligue Internationale contre le Racisme et l’Antisémitisme).
Ligue de l’Enseignement : mouvement d’éducation populaire créé en 1866 par Jean Macé. Elle fédère tout un réseau d’associations locales, notamment les Fédérations des Œuvres Laïques (FOL). La Ligue était constitutive du CNAL (Comité National d’Action Laïque).
LOR : Ligue Ouvrière Révolutionnaire, stratégie mise en avant par le courant lambertiste.
MARS : Mouvement pour une alternative républicaine et sociale, organisation animée par Eric Coquerel, scissionniste du MDC de Jean Pierre Chevènement.
MDC : Mouvement des Citoyens, parti constitué par le courant de Jean Pierre Chevènement contre le oui à Maastricht et opposé à la première guerre du Golfe.
MNA : Mouvement National Algérien, courant indépendantiste, dont une composante ouvrière vient de l’Etoile Nord Africaine, dirigé par Messali Hadj.
MOR : Minorités Oppositionnelles Révolutionnaires, courant prostalinien de la FUE.
MRP : Mouvement Républicain Populaire, parti démocrate-chrétien issu de la résistance.
MUR : Mouvements Unifiés de Résistance.
M5S : Mouvement 5 Etoiles, Beppe Grillo.
SNI : Syndicat National des Instituteurs de l’ex-FEN.
OCI : Organisation Communiste Internationaliste, composante lambertiste, née de la scission en 1952 avec la IV ème internationale officielle, sa section française était la LCR de Franck-Krivine.
OCM : Organisation Civile et Militaire, regroupe plusieurs fractions de la résistance bourgeoise et du corps des officiers durant la seconde guerre mondiale.
PCI : Parti Communiste Internationaliste, organisation trotskyste de la période de la guerre. Le mouvement trotskyste est éclaté en deux branches : le PCI et le POI (Parti Ouvrier Internationaliste).
POB : Parti Ouvrier Belge, section belge de l’Internationale Socialiste.
POI : Parti Ouvrier Internationaliste, organisation trotskyste de la période de la guerre. Le mouvement trotskyste est éclaté en deux branches : le PCI (Parti Communiste Internationaliste) et le POI.
POI : Parti Ouvrier Indépendant, nom pris par le courant lambertiste après le PT (Parti des Travailleurs) en 2008.
POID : Parti Ouvrier Indépendant et Démocratique, né en 2015 de la scission avec le POI lambertiste.
PRS : Pour la République Sociale, association créée par les mélenchoniens préparant le départ de ce courant du PS (2008).
PSF : Parti Socialiste de France, organisation scissionniste de la SFIO, sous l’impulsion du courant néo-socialiste en 1933.
PSU : Parti Socialiste Unifié, issu du PSA, organisation scissionniste de la SFIO durant la guerre d’Algérie.
SFIO : Section Française de l’Internationale Ouvrière, membre de la 2 ème Internationale social-démocrate.
SGEN-CFDT : Syndicat Général de l’Education Nationale intégré à la CFDT.
UDSR : Union Démocratique et Socialiste de la Résistance, cofondateur François Mitterand.
UDF : Union pour la Démocratie Française, parti de Giscard d’Estaing.
UID : Unité Indépendance et Démocratie, courant réformiste majoritaire de la FEN.
Introduction
Dans cette Europe gangrenée par la crise du néo-libéralisme, le développement des populismes semble inéluctable. Il y a eu en Grande Bretagne la victoire des partisans du Brexit 1 et le processus de sortie de l’Union Européenne : Le 23 juin 2016, lors d’un référendum organisé par l’ancien Premier ministre David Cameron, 51,9 % des Britanniques ont choisi de quitter l’UE. En Italie, les électeurs ont, en décembre 2016, largement rejeté la réforme institutionnelle proposée par le Premier ministre Matteo Renzi. À chaque élection c’est le Mouvement 5 étoiles de Beppe Grillo, qui a gagné des positions. Récemment, il entre au gouvernement dans le cadre d’une coalition avec la Ligue d’extrême droite de Matteo Salvini. C’est l’homme fort du M5S (Mouvement 5 Etoiles), Luigi di Maio, qui exerce les fonctions de ministre du travail et des relations économiques. En Autriche l’appareil d’Etat après la seconde guerre mondiale, n’a jamais été épuré comme en France ou en Italie : en 2016, le candidat d’extrême droite Norbert Hofer, s’il a perdu l’élection présidentielle de peu, son parti, le FPÖ (Freiheitliche Partei Österreich), sera en position de force lors des législatives de 2017 : il est nommé ministre fédéral des Transports, de l’Innovation, de la Technologie et de la Recherche. Ce qui le désigne comme candidat lors de la prochaine élection présidentielle. Aux Pays-Bas, le Parti pour la liberté (PVV) présidé par Geert Wilders, est devenu la deuxième force parlementaire. Cet allié de Marine Le Pen est aujourd’hui traduit devant la justice de son pays pour avoir appelé à la haine raciale contre la communauté marocaine. Dans les pays qui étaient satellites de l’Union Soviétique, en Hongrie et en Pologne, le Premier minist