Histoire, Nation, République
449 pages
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Description

« Éclairer la politique par l’histoire : telle est l’ambition de cet ouvrage. Au centre de ces textes : la République, qui est encore notre loi fondamentale, bien qu’elle soit attaquée de l’intérieur comme de l’extérieur. Un but : remonter aux origines de la République en France, et surtout, derrière le brouillard des mots, des formes juridiques ou des lyrismes médiatiques, identifier les principes qui la fondent et les imperfections ou les dérives que l’histoire lui a imposées. » C. N. Membre de l’Institut, Claude Nicolet est professeur honoraire à la Sorbonne et à l’École pratique des hautes études et ancien directeur de l’École française de Rome.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2000
Nombre de lectures 1
EAN13 9782738161994
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB, JUIN  2000 15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-6199-4
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
Préface

Les vingt-trois articles que j’ai choisi de réunir ici, pour la commodité du lecteur et pour la mienne, ont été écrits sur une assez longue période (plus de quarante ans), quoique leur majorité se presse sur les dix dernières années. Ils appartiennent, apparemment, à des genres différents ; les uns sont des études historiques conduites, autant que je l’ai pu, selon les règles professionnelles : c’est mon métier. Ils comportent le plus souvent l’appareil des preuves : notes et bibliographie. Les autres au contraire peuvent être qualifiés de politiques : ce sont des contributions à des publications plus ou moins militantes, éventuellement à la « presse d’opinion », et jusqu’à deux ou trois rapports pour des ministres. Il ne s’agit pas cependant de journalisme : je n’ai aucun titre spécial à donner mon avis sur l’actualité, ne disposant, sur la plupart des sujets, d’aucune information particulière et n’ayant à exprimer l’opinion d’aucun parti ou d’aucun groupe. Pourtant on le verra, presque tous les articles, de l’un et l’autre genre, tentent de répondre, à leur manière et de divers points de vue, à une seule et même question : quels sont les rapports du pouvoir et du savoir, ou, si l’on préfère, de la « politique » et de la « science », en particulier de l’histoire. Vieille question, et qui n’a rien de bien original, depuis Platon au moins, mais vers laquelle m’inclinait d’abord mon goût pour l’histoire, pour en atténuer peut-être le côté hédoniste et ludique. Mais aussi, plus sérieusement, les circonstances : en 1954, Mendès France, enfin au pouvoir, s’annonçait comme le champion d’une nécessaire modernisation de la politique française, loin du dogmatisme marxiste étouffant et des impuissances partisanes. Or, dans le même temps, il venait de publier, en collaboration avec Gabriel Ardant, un livre saisissant : La Science économique et l’action 1 . Il y expliquait tranquillement que l’homme politique devait être au fait de tous les progrès de la ou des sciences économiques, mais que ces dernières cessaient d’être sciences dès qu’elles devenaient dogmes ; et que, d’ailleurs, rien n’était joué, même à cette condition ; qu’il fallait encore, pour l’action politique, convaincre, et pour cela préparer le terrain d’une opinion « éclairée » : diffuser les connaissances, les enseigner et les faire enseigner. Bref, cette « revanche de l’action » qu’était le mendésisme, comme je l’ai dit à l’époque (car c’était bien cela, se détachant sur la grisaille impuissante de la IV e  République) ne devait procéder que par le jeu de la critique, dans un dialogue permanent entre des « acteurs » rationnels et, disons-le, « bûcheurs » (mais qui ne peuvent et ne veulent rien faire tout seuls), et une masse de citoyens qu’on doit mettre en état de comprendre, de juger, de choisir, et de soutenir de leurs voix et de leur confiance ceux qui se proposent pour « vouloir » et « faire » en leur nom. À bien y réfléchir, il y a là très clairement l’appel à une double légitimité — le seul fondement recevable de la démocratie représentative à laquelle, qu’on le veuille ou non, nous sommes réduits — : trouver des critères rationnels, et raisonnables, pour identifier les objectifs et les solutions ; mais, d’autre part, refuser d’avoir raison tout seul (ce qui ne peut être qu’un expédient provisoire), et faire en sorte d’avoir, si je puis dire, des remplaçants, des relèves assurées dans la masse des citoyens.

À la recherche de la république
Quand je parle de politique, je veux parler de la République. Et donc avant tout de citoyens. Rien de plus simple, apparemment, que cette conception de la politique qui est, depuis plus de deux siècles, très consciemment, officiellement, et juridiquement la nôtre : la souveraineté (le pouvoir de décider souverainement de la norme à appliquer) appartient à tous les membres du corps politique, pourvu qu’ils soient maîtres de leur raison, de leur jugement et de leur volonté. Nul — ni individu, ni groupe, ni caste héréditaire, ni église, ni parti — ne peut confisquer cette souveraineté. Naturellement, dans des États modernes de dimensions considérables, tous ne peuvent pas vouloir, et surtout gouverner au jour le jour, en même temps. Il faut donc prévoir des délégations, des mandats, des « représentants » : mais en principe provisoires et révocables. Cependant, ces représentants doivent comprendre et connaître les affaires ; il y faut des capacités, de l’application, de l’expérience. Donc du temps. Certes, l’action elle-même peut parfois s’exercer à la hussarde, en profitant de l’occasion, en brusquant les frilosités : comme Mendès France a dû et su le faire en quelques mois, en 1954. Mais, si c’est mieux que rien, si c’est parfois nécessaire pour débroussailler les ronces du chemin, cela ne suffit pas pour infléchir durablement le cours des choses, pour préparer les moissons futures. Il est donc nécessaire que les mêmes hommes qui ont suffisamment étudié et réfléchi pour identifier le souhaitable, puissent assurer le suivi d’une action concrète. Il est donc inévitable, et peut-être souhaitable que, même en République, se constitue un groupe de « spécialistes » des affaires publiques ; mais, on le voit, il s’agira tout au plus peut-être d’un « métier », d’une aptitude, d’une vocation, mais certainement pas d’un groupe social privilégié, d’un clergé, ni même d’une profession « fermée », verrouillée par des diplômes. Insistons-y : si « métier » de la politique il y a, il devrait définir non un groupe étroit de « professionnels », mais les compétences et les exigences propres à tout citoyen : nous reviendrons là-dessus. Tels sont les principes de la République. Ils sont simples à énoncer, et nous les avons trouvés dans notre berceau. Pourtant que de difficultés dans leur application ! Que d’erreurs, de distance entre ces principes et la réalité ! Ces choses sont-elles le lot de tout régime politique, le péché originel de l’homme en société ? Ou bien ces considérations sont-elles propres à notre République, que l’on brocarde tellement de droite comme de gauche ? Il fallait en avoir le cœur net.
 
 
Elles se constataient clairement, en tout cas, dans les dernières années de la IV e  République lorsque j’apprenais à la fois le métier d’historien et, chez Mendès France, celui de citoyen. Pour l’un, il faut d’abord apprendre à apprendre. Pour l’autre, tenter de se définir, pour convaincre les autres. La Science économique et l’action montrait clairement l’essentiel. Mais, sans qu’on pût s’y atteler, déjà l’accessoire et le contingent nous entraînaient. Avant d’esquisser la République idéale, il fallait gérer et terminer les guerres coloniales, affronter la crise du régime, les menaces de coup d’État. Les choix tactiques, subis plus que choisis, nous avaient assigné comme champ de manœuvre un Parti radical, d’ailleurs amoindri, déchiré, dévoyé. De ce radicalisme, il nous fallait donc connaître les origines et comprendre le destin, pour le redresser peut-être. Nous avons beaucoup glosé sur ses rapports avec le socialisme : c’était alors ce qui nous paraissait essentiel, sous la caution de Jaurès et de Ferry, de Clemenceau, de Blum et de Sarraut. On était à l’époque encore sous influence : l’ombre écrasante du dogmatisme marxiste et du communisme n’épargnait pas non plus le socialisme. Aux certitudes mécanistes du « primat de l’économie », au déterminisme tranchant des « modes de production », à la foi millénariste dans une « Révolution » qui, en paroles du moins, sacralisait la violence, le radicalisme me semblait opposer les chances raisonnables d’un « réformisme » modeste, mais efficace. Les Cahiers de la République , en 1956, avaient tenté d’en esquisser les bases théoriques et les conditions critiques avec Maurice Merleau-Ponty 2 . Et on pourra voir ci-dessous qu’un tel débat a pu occuper le devant de la scène jusque vers 1971, quand Jean-Jacques Servan-Schreiber prenait ce qui paraissait être un beau départ. Illusions, dirais-je après coup : car ce « réformisme »-là, s’il ne se définissait que par rapport au marxisme et se limitait aux domaines de l’économie et du social, risquait fort de n’être que l’alibi d’une grande peur, la peu glorieuse assurance du « juste milieu » et des classes moyennes — un avatar de l’orléanisme.
Paul Mus pourtant, dans un article prophétique 3 , nous avait avertis : les doctrines du « juste milieu » ne doivent pas être « molles ». Elles n’ont qu’une force et qu’une légitimité : c’est d’être, de tenter d’être rationnelles ; mais aussi raisonnables. C’est-à-dire de se garder si possible de tous les dérapages, tant intellectuels que sentimentaux, ce qui ne veut pas dire qu’elles ne doivent pas aussi rendre au cœur ses raisons. Cette marche précautionneuse entre divers abîmes, au nom de quoi l’effectuer ? Et où trouver le guide qui permet d’exorciser les dangers ?
L’histoire du radicalisme était, bien évidemment, la première clarification nécessaire. Elle se préparait, un peu grâce à nous, dans ces années-là, annonçant les travaux futurs, autrement sérieux, de Jacques Kayser, de T. Nordmann, de Serge Berstein, bientôt de leurs élèves. Mais en se limitant au terme radical, mêm

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