Ils veulent tuer l Occident
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Ils veulent tuer l'Occident , livre ebook

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Description

L’Occident est engagé sur une pente qui pourrait bien lui être fatale à brève échéance. Il ne s’agit pas d’une prophétie mais d’un diagnostic sur l’état mental, moral, intellectuel de nos sociétés, sur le mal qui les ronge et qui détruit sous nos yeux un idéal humain auquel ont travaillé des millénaires d’histoire, de religion et de civilisation. L’Occident n’est pas menacé par le déclin de sa puissance relative face aux puissances émergentes qui le concurrencent dans un monde qu’il avait l’habitude de dominer sans partage. Le plus grand danger n’est pas dehors mais dedans, dans l’obstination d’une majorité des élites occidentales à penser que le progrès économique, scientifique et technique a changé la nature de l’homme et dans leur orgueil démesuré à croire qu’elles sont les architectes d’un Nouveau Monde où les leçons du passé n’ont plus aucune valeur. Ce n’est pas la première fois que l’idéologie de la table rase s’attaque à ce que la civilisation a construit pour canaliser les instincts sauvages qui demeurent éternellement au plus profond de la nature humaine. Ne pas prendre conscience de ce qui est en train de s’effondrer dans l’homme occidental, c’est laisser se tendre à nouveau le ressort des grandes tragédies. Et une fois que le ressort est tendu, la tragédie, implacablement, va jusqu’à son terme. Le but de ce livre : nous forcer à ouvrir les yeux avant qu’il soit trop tard. Henri Guaino, ancien commissaire général au Plan, conseiller spécial du président de la République, Nicolas Sarkozy, de 2007 à 2012, a été l’un des principaux inspirateurs de la campagne contre le traité de Maastricht aux côtés de Philippe Séguin et de Charles Pasqua en 1992 et de la campagne de Jacques Chirac sur la fracture sociale en 1995. 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 mars 2019
Nombre de lectures 9
EAN13 9782738147622
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB , MARS  2019 15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-4762-2
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Composition numérique réalisée par Facompo
À Louis dont la génération vivra peut-être dans un monde où la civilisation de l’Occident aura disparu.
« Ce n’est pas pour mourir que je pense à ma mort, c’est pour vivre. »
André M ALRAUX , La Voie royale .
Introduction

Ils veulent tuer l’Occident…
Ils veulent fabriquer un homme nouveau coupé de son histoire, de ses racines intellectuelles, morales, spirituelles, de sa civilisation.
 
Civilisation, culture, société : nous habitons en elles et elles nous habitent. Ma génération est née dans un monde où la conscience que chacun avait de sa singularité et le sentiment d’appartenir à quelque chose de plus grand qu’il portait en lui allaient de soi. Ce n’est plus le cas. L’une des caractéristiques propres à l’Occidental moderne est qu’il a de moins en moins conscience d’être partie prenante de choses qui le dépassent. Il a de plus en plus la conviction qu’il se suffit à lui-même, ne dépend que de lui-même et il regarde la démocratie comme le droit de faire ce qu’il lui plaît. Il a de plus en plus tendance à croire que la civilisation, la culture, la société ne sont pas ses affaires de sorte qu’il les laisse dépérir. C’est tout un univers d’idées et de sentiments, il y a quelques décennies encore synonyme de civilisation, qui s’effondre par pans entiers dans l’indifférence quasi générale, libérant les pulsions primitives et sauvages qui préparent les grandes tragédies de l’Histoire.
Nous ne pouvons comprendre ce qui nous arrive sans faire un détour par les idées. Il est commode de penser que seuls les intérêts mènent le monde et gouvernent nos vies. En réalité, pour le meilleur et pour le pire, ce sont les idées et les sentiments qui les gouvernent.
Le XXI e  siècle terre à terre, sans croyance collective, sans idéologie comme on le dit souvent ? C’est tout le contraire. On ne les voit pas toujours, mais elles sont là, plus prégnantes que jamais : idées transformées en idéologies, idéologies devenues religions, religions qui se radicalisent, le pire chassant le meilleur.
Après tant de sursauts au bord de tant de gouffres la civilisation occidentale va-t-elle cette fois mourir ? Dans le monde, des millions d’hommes le redoutent des millions d’autres la souhaitent.
Il y a des mots qui sont difficiles à définir parce qu’ils sont vides de sens et d’autres, comme le mot « civilisation », que l’on a du mal à définir parce qu’ils sont trop pleins de sens : les « civilisations sont des espaces, des sociétés, des économies, des continuités 1  ». Ce sont surtout des mentalités collectives, fruits de cette « immense contamination dont les germes sont perdus dans le passé » et qui se révèlent à travers les réactions d’une société aux événements, réactions qui « obéissent moins à la logique, ou même à l’intérêt égoïste, qu’à ce commandement informulé, informulable souvent et qui jaillit de l’inconscient collectif 2  ». Dès que l’on évoque la civilisation, le mot « culture » vient à l’esprit. Culture et civilisation : deux mots qui veulent dire parfois la même chose et parfois des choses différentes. Tantôt, comme en Allemagne, c’est « culture » qui l’emporte, tantôt comme en France et en Angleterre c’est « civilisation », tantôt on les met au singulier, tantôt au pluriel. Étrangement, on ne parle pas de la culture comme d’une personne, bien que l’on parle de cultures vivantes et de cultures mortes comme on parle de langues vivantes et de langues mortes, peut-être parce qu’implicitement, dans le langage courant, la culture c’est le domaine de l’esprit alors que la civilisation se manifeste dans toutes les formes de la vie. La culture, c’est l’idée, les savoirs, la connaissance, les mentalités, les croyances, l’imaginaire. La civilisation, c’est la culture plus tout le reste : la culture plus la société, la pensée plus le corps, l’esprit plus la matière, l’idée plus la forme. La civilisation est spirituelle, intellectuelle, morale mais aussi charnelle et matérielle. Mais la civilisation est d’abord dans l’Homme, au cœur de ses conflits intérieurs.
Et quand s’ouvre une nouvelle fois dans l’Histoire une ère de violence épidémique, quand remontent sous nos yeux les pulsions de destruction avec leur cortège de violences sans limite qui ébranlent le fragile édifice des sociétés, c’est de ce qui se passe dans l’Homme qu’il faut s’inquiéter. Ce n’est pas seulement vers le sujet conscient qui n’obéit qu’à sa raison et que l’Occident a installé au sommet de la création qu’il faut se tourner mais aussi vers les structures inconscientes du langage, de la pensée, de la société. On peut récuser la psychanalyse et ses explications, rejeter l’idée que l’Homme ne serait que le jouet de ses pulsions. Mais elle a eu le mérite de nommer ce qui se passe en nous. Si d’autres, Nietzsche par exemple, avaient pressenti ce qui pouvait se jouer dans le fond inconscient de la nature humaine, Freud nous a appris l’importance, dans notre façon d’aborder la vie, de nos conflits intérieurs et de notre capacité ou non à les surmonter : conflit entre la pulsion de vie et la pulsion de mort, l’universel et l’individuel, l’inconscient et la conscience, l’instinct et la raison, où le moi, « soumis à une triple servitude 3  », doit gérer la tension entre les pulsions, les interdits et le monde extérieur.
Pensons à Victor Hugo plongeant son regard dans Hamlet : « Au-dedans de lui les conjectures, les systèmes, les apparences monstrueuses, les souvenirs sanglants, la vénération du spectre, la haine, l’attendrissement, l’anxiété d’agir et de ne pas agir, son père, sa mère, ses devoirs en sens contraire, profond orage. » L’orage est là, qui gronde dans des millions d’âmes. Depuis des décennies nous construisons une société qui oscille entre un universel désincarné et l’individu égoïste, qui détruit dans l’Homme ce qui le distingue tant de l’animal que de la machine, qui n’accorde plus la moindre valeur à ce qui n’a pas un prix en argent, ne présente aucune utilité immédiate, non plus qu’à ce que l’on ne peut pas mesurer, peser ou compter et dont pourtant dépend pour beaucoup ce que nous vivons tous les jours.
Les cultures et les imaginaires viennent de très loin. Dans la culture et l’imaginaire de l’Occident il y a comme dans Hamlet « des apparences monstrueuses, des souvenirs sanglants, de la haine, de l’attendrissement »… Il y a des anciens dieux, de très anciens mythes, des héros mythologiques dont de nombreux travaux universitaires relèvent des vestiges même dans les jeux vidéo 4 . Il y a aussi des prophètes, des personnages historiques et des personnages de roman, des grandes invasions et des croisades, des guerres et des persécutions, d’antiques sagesses et de vieilles rancœurs, le Christ sur la croix… Pour expliquer le malaise dans la civilisation, la décomposition de la société, aujourd’hui on met le plus souvent l’économie en avant. Elle joue un rôle décisif, en effet. Mais le plus important ce ne sont pas les désordres économiques en eux-mêmes, ce sont les dégâts qu’ils provoquent dans l’Homme intérieur.
Dans le « sourd chuchotement des souvenirs confus 5  », parmi les vestiges des grandes pensées des plus anciennes civilisations, les souvenirs de toutes les vies qui se perpétuent en nous de mille et une façons, consciemment ou non, depuis la nuit des temps, « les siècles écoulés se conservent tout entiers à l’état d’intelligences et d’ombres, ces fantômes accomplissent encore ou rêvent d’accomplir les actions qui furent éclairées jadis par le soleil de la vie 6  ». Ne voit-on pas le fantôme des grandes invasions de la fin de l’Empire romain hanter de nos jours les débats sur l’immigration et n’a-t-on pas vu ceux de la Révolution française et des sans-culottes ressurgir sur les murs et dans les rues de Paris en 2018 ?
Beaucoup de gens aujourd’hui, surtout, hélas, parmi ceux qui ont fait des études, croient dur comme fer que les grands mythes ne sont que de belles histoires fausses, que l’imaginaire collectif est une illusion, et que les civilisations et les sociétés ne sont pas des organismes vivants. Mêmes eux, pourtant, ne peuvent échapper à l’emprise que les grands mythes et l’imaginaire collectif exercent sur leur perception des choses. Ces mythes, loin de nous mentir, nous dévoilent une partie de notre inconscient individuel et collectif que la raison ne peut pas saisir directement.
Alors qu’à la table rase qu’appelle rageusement la liquidation du vieux monde nous n’avons à opposer que l’héritage de cet effort multimillénaire de la civilisation et de la culture de l’Occident, c’est dans le reniement de soi collectif qu’il faut aller chercher la cause de notre malaise et de notre faiblesse. Pour comprendre ce qu’est ce reniement de soi, il n’est qu’à voir l’acharnement mis par tant de gens éduqués à casser toute idée de transmission, toute idée d’héritage culturel et spirituel. Le reniement de soi de l’Occident est dans toutes les forces coalisées pour détruire tout ce qui nous rend humains, pour tout réduire à l’état de marchandise, à commencer par l’Homme lui-même.
De tous les conflits intérieurs auxquels l’Homme peut se trouver confronté, le plus lourd de conséquences est celui qui parfois oppose la civilisation à la société. Quand les injo

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