Intox
220 pages
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Description

L’industrie de l’information mérite-t-elle la confiance du public ? Dans cet hommage en creux au journalisme de qualité, l’auteur braque le projecteur sur des reportages fautifs qui ont été tolérés, voire vigoureusement défendus par les médias. Prompte à dénoncer les dérives éthiques des uns et des autres, la presse résiste à l’idée d’assumer ses responsabilités quand il s’agit des siennes.
Quel a été le rôle des médias dans l’émergence du sentiment antivaccination ? Le modèle d’autorégulation de la presse fonctionne-t-il ? Les institutions sont-elles à la hauteur ? Pour l’auteur, il est temps de revoir le fonctionnement et les pouvoirs des conseils de presse.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 mars 2022
Nombre de lectures 0
EAN13 9782764445990
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Du même auteur
Vortex : La vérité dans le tourbillon de l’information , Québec Amérique, coll. Dossiers et Documents, 2014.


Projet dirigé par Éric St-Pierre, éditeur

Conception graphique et mise en pages : Damien Peron
Révision linguistique : Elise Schvartz
Photographie en couverture : Billion Photos / shutterstock.com
Conversion en ePub : Fedoua El Koudri

Québec Amérique
7240, rue Saint-Hubert
Montréal (Québec) Canada H2R 2N1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada.
Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. We acknowledge the support of the Canada Council for the Arts.
Nous tenons également à remercier la SODEC pour son appui financier. Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.


Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Titre : Intox : journalisme d’enquête, désinformation et “cover-up” / Michel Lemay.
Noms : Lemay, Michel, auteur.
Collections : Essai (Éditions Québec Amérique)
Description : Mention de collection : Essai
Identifiants : Canadiana (livre imprimé) 2022000112X | Canadiana (livre numérique) 20220001138 | ISBN 9782764445976 | ISBN 9782764445983 (PDF) | ISBN 9782764445990 (EPUB)
Vedettes-matière : RVM: Erreurs journalistiques. | RVM : Journalistes—Déontologie.
Classification : LCC PN4784.E75 L46 2022 | CDD 070.4/31—dc23

Dépôt légal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2022
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives du Canada, 2022

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés

© Éditions Québec Amérique inc., 2022.
quebec-amerique.com



People often ask me if there are guidelines in our practice of journalism.
Well, yes, and here they are.
Do nothing I cannot defend. Cover, write and present every story with the care I would want if the story were about me. Assume there is at least one other side or version to every story. Assume the viewer is as smart and as caring and as good a person as I am. Assume the same about all people on whom I report.
Assume personal lives are a private matter, until a legitimate turn in the story absolutely mandates otherwise. Carefully separate opinion and analysis from straight news stories, and clearly label everything. Do not use anonymous sources or blind quotes, except on rare and monumental occasions. No one should ever be allowed to attack another anonymously.
And, finally, I am not in the entertainment business.
Jim Lehrer 1934-2020


INTRODUCTION : Questions de confiance
Au moins la moitié du public éprouve des doutes à l’égard de l’information que lui fournit la presse. Le phénomène est plus marqué chez les jeunes. Une petite fraction seulement des gens font « totalement » confiance aux journalistes. Les chiffres varient selon le marché, la façon de mesurer et l’air du temps, mais le scepticisme prévaut. Après un siècle de journalisme professionnel, le bilan pourrait être meilleur.
Une des études les plus optimistes que j’ai vues a été menée par le Centre d’études des médias de l’Université Laval en octobre 2019. Elle concluait qu’environ 16 % des Québécois avaient une grande confiance envers les médias . Seulement 11 % des personnes sondées disaient avoir une grande confiance envers les journalistes . Les autres répondants exprimaient des réserves, voire reconnaissaient franchement avoir peu ou pas du tout confiance.
À l’échelle canadienne, un sondage Ipsos traçait la même année un portrait semblable. Seulement 14 % des répondants disaient éprouver une grande confiance envers les médias, et 58 % se limitaient à exprimer une confiance raisonnable.
Le baromètre des professions, une étude annuelle de la firme Léger Marketing, donne des résultats qui ne sont pas plus encourageants. En janvier 2021, 49 % des répondants disaient faire confiance aux journalistes, un score inférieur à celui des coiffeurs (83 %) et des plombiers (80 %).
Il est hasardeux de transposer sans nuance les résultats de ces études et de toutes les autres à l’ensemble de la population. Ces exercices sont rarement probabilistes. Et ils ne tiennent pas compte, dans la majorité des cas, du fait qu’une partie importante de la population éprouve de sérieuses difficultés à lire ou ne s’intéresse aucunement aux affaires publiques. Cela dit, les données abondent et le portrait d’ensemble ne laisse guère de place au doute. On peut débattre de sa taille, mais il existe bel et bien un déficit de crédibilité, et le phénomène est documenté depuis des décennies.
Ces chiffres sont surtout un fil sur lequel il faut tirer. Car on en dégagera des lectures fort différentes selon la réponse que l’on fera à une autre question, qui est plus importante, plus complexe, et qui ne peut se résoudre en menant des sondages d’opinion : les médias et les journalistes méritent-ils notre confiance ? Car si l’on devait conclure par la négative, ou même en éprouvant le besoin de faire des nuances, on pourrait voir dans le faible taux de confiance le signe qu’une bonne partie du public demeure lucide, et imaginer que ceux qui manquent d’esprit critique sont heureusement en minorité.
Toujours prompte à dénoncer les entorses à l’éthique des uns et des autres, mais peu portée sur l’introspection, la presse est nettement moins alerte devant les siennes. S’ils doivent absolument aborder le sujet, ce qu’ils tentent généralement d’éviter, les médias ont tendance à s’esquiver en posant que la presse est généralement fiable, ou du moins qu’elle fait de son mieux dans des conditions difficiles. Selon eux, le problème, ce serait plutôt que le public manque d’empathie face aux défis auxquels sont confrontés les praticiens, qu’il ne comprend pas le métier de journaliste et ses contraintes, bref, qu’il cultive des attentes irréalistes. S’il y a des carences, en somme, elles sont selon la presse dans la tête des citoyens, pas dans les salles de rédaction. Il n’est donc pas nécessaire, toujours selon cette logique, d’évaluer la qualité de l’information, de discuter de gouvernance ou de déontologie, ou même de simplement réfléchir à ces questions. Il faut plutôt s’occuper du public, dont les lacunes sont à la racine du problème.
Une autre manière pour les médias d’éviter la discussion consiste à pointer du doigt une certaine presse, sans la nommer, puis à s’en dissocier. On reconnaît du bout des lèvres que la profession abrite quelques têtes brûlées, mais qu’il ne faut pas généraliser, et que c’est le prix de la liberté. Il y aurait selon cette thèse de « bons » et de « mauvais » médias, ou de « bons » et de « mauvais » journalistes. Il y a un peu de vrai là-dedans mais, selon mon expérience, c’est loin d’être aussi simple. C’est néanmoins une façon de voir que le public partage en partie. Les chiffres laissent entendre que les gens portent des jugements moins durs à l’égard des médias dont ils sont des habitués. Ils trouvent qu’il y a des médias qui sont « meilleurs » que d’autres. Si on leur demande d’évaluer « les médias » dans leur ensemble, la note qu’ils accordent est tirée vers le bas parce qu’ils tiennent alors compte des médias pour lesquels ils ont peu d’estime.
C’est ainsi, entre autres, que nous évitons collectivement de confronter la véritable question : la presse est-elle digne de confiance ? Je pars du principe que le public saisit très bien qu’il serait injuste de réclamer la perfection, que les journalistes n’ont pas toujours la vie facile, qu’on leur met parfois des bâtons dans les roues, et que néanmoins, dans la majorité des cas, ils s’efforcent de bien faire et arrivent à voir juste. Quelle est alors l’origine du sentiment de méfiance et de l’ambivalence qui semblent prévalents ?
Je ne pense pas qu’il soit facile de disposer de ces questions, mais je tente de contribuer à y répondre par un procédé heuristique, en explorant ce qui se passe lorsque les médias constatent qu’ils ont commis une erreur. C’est-à-dire qu’ils ont publié ou diffusé quelque chose qui se révèle faux, trompeur, injuste ou sans fondement. Que se passe-t-il lorsqu’ils découvrent un problème ? Lorsque le projecteur se braque sur eux et qu’il est constaté, sans le moindre doute, qu’ils ont tort ? Autrement dit, que sont-ils prêts à tolérer, à défendre ? Sont-ils capables de revenir sur leurs pas ?
Mon paradigme, ici, n’est pas de spéculer au sujet de la quantité d’informations douteuses qui circule dans les médias, mais de mieux comprendre les systèmes de valeurs des entreprises de presse, en observant comment elles réagissent lorsqu’elles découvrent qu’elles ont erré. Je cherche à discerner les « véritables » valeurs, qu’il faut distinguer des valeurs « officielles », professées à coups de messages publicitaires.
On découvre la culture des organisations lorsque celles-ci, prises en défaut, ou soudainement confrontées à l’imprévu, doivent dans l’urgence faire des choix, prendre des décisions rapides, instinctives, qui en disent long sur leur ADN. Même la tergiversation est un choix qui parle. Pendant un court moment, on peut entrevoir ce qui se cache derrière l’image, derrière le discours, apprécier les véritables principes qui gouvernent l’arrière-boutique.
Bien que ma démonstration s’appuie sur plusieurs exemples, un dossier se démarque, qui sert d’épine dorsale aux trois premiers chapitres. J’analyse en profondeur l’histoire et le contexte d’une enquête publiée en 2015 par le Toronto Star au sujet du vaccin Gardasil. Je jette au passage un regard critique sur le rôle joué par les médias dans la montée en puissance du mouvement antivaccination, y compris en examinant le célèbre dossier de l’autisme et du vaccin contre la rougeole.
L’article du Toronto Star s’est révélé le résultat d’un fiasco journalistique monumental. Il a été retiré de la circula

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