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Description
Sujets
Informations
Publié par | Québec Amérique |
Date de parution | 12 janvier 2018 |
Nombre de lectures | 2 |
EAN13 | 9782764435687 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 5 Mo |
Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Projet dirigé par Myriam Caron Belzile, éditrice
Conception graphique : Nathalie Caron
Mise en pages : Pige communication
Révision linguistique : Diane Martin
Illustration en couverture : Talhí Briones
Conversion en ePub : Marylène Plante-Germain
Québec Amérique
7240, rue Saint-Hubert
Montréal (Québec) Canada H2R 2N1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d’édition.
Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. L’an dernier, le Conseil a investi 157 millions de dollars pour mettre de l’art dans la vie des Canadiennes et des Canadiens de tout le pays.
Nous tenons également à remercier la SODEC pour son appui financier. Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Jolin-Barrette, Simon
J’ai confiance : réflexions (sans cynisme) d’un jeune politicien
(Essai)
ISBN 978-2-7644-3566-3 (Version imprimée)
ISBN 978-2-7644-3567-0 (PDF)
ISBN 978-2-7644-3568-7 (ePub)
1. Jolin-Barrette, Simon - Pensée politique et sociale. 2. Jeunesse - Activité politique - Québec (Province). 3. Jeunes adultes - Activité politique - Québec (Province). I. Titre.
FC2928.2.J64 2018 971.4’05 C2017-942159-X
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2018
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives du Canada, 2018
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés
© Éditions Québec Amérique inc., 2018.
quebec-amerique.com
À ma fille
Un caucus entre amis
Si j’ai des collègues qui sont des amis, j’ai aussi, heureusement, des amis qui ne sont pas des collègues. Des gens de mon âge, avec qui j’aime discuter et rire. À l’occasion d’un souper, l’un d’eux s’est tourné vers moi et m’a tendu un livre. Il m’a dit que je devrais le lire, en précisant que je reconnaîtrais peut-être le portrait qu’on y faisait du monde politique. « Le point de vue est vraiment intéressant, a-t-il ajouté. En même temps, c’est un appel pour inciter les jeunes à s’engager. »
Le titre ? Lettres à un jeune politicien , de Lucien Bouchard.
Sur le coup, j’ai souri : le livre venait un peu tard. Ma volonté de m’engager en politique m’était venue naturellement, et assez tôt. J’étais cependant curieux de voir ce que Lucien Bouchard avait à dire à la jeunesse.
Le jour de mon élection dans Borduas, en 2014, j’avais 27 ans, mais cela ne me paraissait pas plus extraordinaire que si j’en avais eu 40. Toutes les catégories d’âge doivent être représentées à l’Assemblée nationale. Mais aux yeux de beaucoup de personnes, le fait d’être élu aussi jeune est… surprenant et suscite parfois des réactions insolites. Pourtant, M. Bouchard avait raison sur ce point, nous avons besoin de plus de jeunes parlementaires. Plus de jeunes politiciens .
Le stéréotype qui s’attache généralement à la figure du politicien est le suivant : un homme de plus de 50 ans, qui a enchaîné les campagnes et les slogans un peu vides, et prêt à tout pour obtenir un poste au Conseil des ministres. La réalité – heureusement ! – présente plus de nuances.
« Politicien » est un beau mot, qui désigne une fonction honorable. Je trouve dommage qu’il n’ait plus autant la cote. D’après ce que j’ai pu observer, la majorité de mes collègues s’implique d’ailleurs pour les bonnes raisons. Le cynisme existe (comme partout ailleurs), mais il n’est pas la règle.
Le principal problème est autre, à mon avis. Il émane de la fatigue, de l’usure. À force de rester dans la bulle parlementaire, une certaine catégorie de politiciens tend avec les années à perdre le contact avec la réalité quotidienne des gens.
« J’ai beaucoup aimé, a poursuivi mon ami à propos de l’ouvrage. L’un des moments forts du livre, c’est lorsqu’il parle de la fois où il a décidé de plonger. Ça a été quand même assez tard dans sa vie. »
Il avait raison : Lucien Bouchard n’était pas un politicien professionnel , et encore moins un politicien ordinaire. Voilà un homme qui a consacré une bonne partie de sa vie au service public, mais qui n’a pas fait le saut avant l’âge de 49 ans. Il a accompli de grandes choses pour le Québec et nous a représentés de façon exemplaire, ici comme à l’étranger. Il était moins poussé par le cynisme que par des convictions et des idées fortes.
C’est bien ce qui, finalement, m’a convaincu de le lire : il n’avait pas suivi un parcours typique et, surtout, il avait une expérience à transmettre.
***
Où en étais-je moi-même, trois ans après mon élection ?
Étais-je vraiment devenu un politicien ?
Je tiens en haute estime la politique et ceux qui font le choix de s’engager. Pour une raison fort simple : je crois profondément qu’il est possible de changer les choses. Une conviction qui m’habite depuis mon adolescence. À l’école secondaire, dans le cadre d’un travail s’étalant sur plusieurs mois, j’avais planifié la fondation d’un parti politique. Lors de sa correction, le professeur avait écrit « utopique » dans la marge de la copie… La remarque, à l’époque, m’avait vraiment choqué ! Comment pouvait-on se montrer aussi résigné ? Qu’y avait-il de si irréaliste là-dedans : apporter de nouvelles idées, remettre en question les façons de faire ?
Toutes les grandes réussites ont bien commencé par un rêve, non ?
Par une « utopie » ?
Ma vie de député m’a rempli de satisfaction dès le départ. De nouvelles perspectives d’avenir s’ouvraient. Le service public est très exigeant, mais aussi très gratifiant. Cela ne m’a pas empêché de vivre les mêmes désillusions dont parle Lucien Bouchard dans son livre. Il en est ainsi de tout nouveau métier, je crois. À force de côtoyer des collègues du Salon bleu et des ministres, on est amené à examiner le revers de la médaille. Bien que la plupart aient un comportement exemplaire, tous ne sont pas des modèles, malheureusement. Comme dans tous les autres secteurs de la société, la petitesse des individus et de leur comportement est aussi une réalité dans notre métier.
Je n’étais pas dépaysé par la politique. Il s’agissait du prolongement logique de mon ancienne vie. Diplômé en droit et en administration publique, j’avais décidé en début de carrière de travailler comme avocat au Service des affaires juridiques de la Ville de Montréal, dans la division de droit public. Défendre l’intérêt collectif m’a toujours davantage enthousiasmé que de défendre les intérêts individuels, bien que toute démocratie repose sur un juste équilibre entre les deux.
J’ai toujours été effrayé par la rapidité avec laquelle la bureaucratie peut déborder de sa mission et empiéter sur la vie des gens. C’est ce que j’aime du droit : il replace la personne au cœur des choses. À titre d’avocat, j’ai aimé la possibilité qu’on m’offrait de faire une différence, comme le juste retour du balancier.
C’est une évidence pour quiconque connaît la machine de l’intérieur : la bureaucratie est beaucoup trop lourde au Québec. Elle nuit à notre économie et à la motivation des employés de l’État.
J’ai ri à plusieurs passages du livre de M. Bouchard, où il raconte ses débuts. Certaines choses ne changent pas. Je pense à l’inévitable premier discours à l’Assemblée nationale. Pour plusieurs d’entre nous, c’est une source d’embarras, mais avec le temps, on apprend à faire preuve d’autodérision. Je me souviens du mien : disons qu’il ne passera pas à l’histoire ! Comme le dit l’auteur, il y a une grande différence entre la plaidoirie devant la Cour et le discours au Salon bleu.
Ce qu’ont vécu les hommes ou les femmes politiques des années 1980 ou 1990 demeure, en bonne partie, d’une grande actualité pour ceux qui exercent le métier aujourd’hui. Toutefois, ce serait faux de dire que le contexte n’a pas beaucoup changé.
Nous vivons dans un autre monde. Dans une autre économie, aussi.
Le désir, chez des individus, de se mettre au service de quelque chose qui les dépasse, qui touche l’ensemble de la communauté, ne diminue pas et resurgit à chaque génération. Mais ce monde dans lequel mes amis de la fin de la vingtaine et du début de la trentaine et moi entrons, est-ce celui que nous voulons ? Nous ressemble-t-il ?
Pour qu’il corresponde un peu plus à ce à quoi nous rêvons pour no