Je ne suis pas latino, je suis Charlie
192 pages
Français

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Description


Sous l’œil médusé des Parisiens, les Kalachs ont exécuté les rigolos de Charlie Hebdo puis mitraillé au hasard des gens qui s’amusent. Un des dessinateurs rescapés s’envole pour les terres magiques de la Sierra Madre Occidentale du Mexique avec une nouvelle amoureuse. Nouveau couple, nouvel espace. Cette idylle et la méditation en mouvement des shamans Huichol lui permettront-elles de guérir le choc post-traumatique ?



Comment endiguer le fiel du mal-être contemporain ?


Ne nous laissons pas impressionner par les trous de balles.



Les Amérindiens ont des choses à nous dire.



En quête d’un monde meilleur, pour la paix, la tolérance et la liberté d’expression.



Un réquisitoire contre toute forme de totalitarisme, politique ou religieux.



Un livre-événement à découvrir absolument.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 février 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334085199
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-08517-5

© Edilivre, 2015
Dédicace


À Wolinski, Tignous, Honoré, Charb, Cabu, Bernard, Elsa et tant d’autres
À la génération Bataclan
Mitakuye Oyasin – à tous mes proches
Citations

“ De mémoire d’homme, on n’a jamais vu disparaître les forces qui régissent, avec une certaine harmonie, l’Univers !”
Professeur Luc Montagnier
“Toute idéologie suppose un certain degré de manipulation et d’instrumentalisation de la bêtise. Toute Eglise a besoin de ses idiots.”
Bernardo Carvalho
“ Sans héroïsme. Je défendrai toutes les libertés : la liberté d’expression, le respect des autres, la dignité humaine, le droit à la différence ; tous les droits, ceux des petits comme ceux des grands, ceux des êtres et ceux de la nature et ceux de l’univers ”
Radu Mihaileanu
Chapitre 1 La nuit des lucioles
L’horizon s’était teinté de gris. L’horizon s’était teinté de pourpre. Le jaguar bondit alors très haut et trancha dans le ciel. L’aube jaillit.
Okuyana, chamane guérisseur des indiens Yucuna, avait invoqué les animaux nocturnes pour détourner les spectres, les démons et les entités malfaisantes. Il avait prononcé les vers magiques pour les faire descendre dans l’inframonde. Ensuite, le chamane avait lancé des lucioles pour récupérer les parties d’âmes séquestrées par les maîtres des malédictions. Enfin, quand l’aube s’est levée, il avait invoqué les tapirs, les esprits telluriques et les boas, en tant que Maîtres de la forêt. Ceux-ci ont la réputation de pouvoir prendre la forme de plusieurs catégories d’insectes et d’animaux. Ils auraient la faculté d’en changer fréquemment pour mieux “infecter” les humains ou pouvoir les contrôler à distance.
Okuyana était agenouillé sur un banc de grands rochers bruns rougeâtres couverts de pétroglyphes. Situé dans une baie tranquille où aboutit une charmante cascade, ce site pittoresque que les Colombiens appellent “Sierra de la Pedrera” jouit d’un superbe panorama. C’est là, sur les rives du rio de la réserve de Miriti-Parana, en Amazonie colombienne que, depuis des temps immémoriaux, les indiens Yucuna pratiquent “les lois chamaniques” qui régissent les interactions entre les paroles rituelles et le monde.
Les repères étaient confus sous l’effet du guarapo. Pourtant, ses sens étaient aiguisés et pénétraient des dimensions interdites. Le temps est suspendu. Dans une transe légère, il bascule l’espace d’un instant dans un état de vigilance non ordinaire. Un peu comme dans la maîtrise des arts martiaux internes, quelque chose d’indéfinissable, une alchimie intérieure qui décuple l’acuité, permet de sentir l’imperceptible dans un champ de perception plus grand. C’est magique. Visualisation, clairvoyance, détachement, vacuité, animalité, circulation de l’énergie, équilibre des opposés en harmonie avec le Dao. Unification avec l’univers.
Au même moment, Malako, une des dernières locutrices du peuple Zapara, avait plongé à la tombée du jour dans les eaux de la rivière Conambo qui se love dans un territoire isolé de l’Equateur. Après plusieurs jours de jeune et d’abstinence, la chamane était allée demander le rêve aux yaku runa , les entités de l’eau. Sa vision était clairvoyante après avoir absorbé beaucoup de wantu , la boisson puissante à base de Datura.
– Muskuranguicha (As-tu rêvé) ?
– J’ai rencontré les secrets. Ils m’ont aidé à rêver. J’étais près de la mangrove quand la silhouette sombre d’un anaconda a surgi. Je suis entrée dans un arbre géant où la sève m’a parlé. J’ai vu la vérité. Les sacha runa, les “gens de la forêt” sont venus vers moi en sautillant. Ils m’ont agrippée gentiment pour me conduire aux lagunes vertes. Là, ils m’ont dit : avale cette pierre et tu atteindras “la mémoire”. Je l’ai fait. Et le courant m’a emporté jusqu’à la cité subaquatique. C’est là que j’ai rejoint mes ancêtres et les esprits des chamanes morts. C’est ce que j’ai vu avec la “plante-qui-fait-voir”. C’était plein de bruit. Plein de boules de mémoire. Ils parlent entre eux puis une chamane dit : “Prends ce sac”. C’était un sac magique en forme d’aigle. “Tu portes ce sac. Il t’aidera à voler, loin en arrière. Mais tu ne pourras pas voir. Ça va seulement parler et entrer dans ton cœur. Ainsi, tu feras partie de l’âme des vieux ancêtres. Tu peux extraire cette “boule” de ton cœur et la ranger ici. Pour toujours. Tu connais maintenant le nec plus ultra dans la boule qui palpite. Tu possèdes la clef qui ouvre la porte et ton pouvoir est devenu très grand.”
C’est là, entre les rivières serpentant tel un boa dans la forêt amazonienne, de part et d’autre de la frontière entre le Pérou et l’Equateur, que les peuples indigènes de la famille Zaparo et leurs voisins, les Shuars, avaient résisté et maintenu leur indépendance face aux Incas et aux Espagnols. Considérés comme les premiers occupants de cette région pluriethnique, dominée par des groupes de langue kichwa, jivaro et huaorani, ils formaient l’un des peuples les plus nombreux de l’ouest du bassin amazonien. Ils étaient plus de 100.000 à la fin du 18 ème siècle, avant les premiers contacts avec les colons. Au fil des siècles, le contact avec la civilisation a presque abouti à la disparition de ce peuple dont il subsiste quelques centaines de personnes. Quelques-unes seulement parlent encore la langue d’origine et s’évertuent à préserver les traditions ancestrales. En particulier ce savoir absolu que possèdent les peuples premiers, la maîtrise initiatique de la transe et du “temps du rêve” qui permet d’accéder au monde invisible et à la connaissance ultime. Car ce sont eux qui, depuis la nuit des temps, savent traverser le voile qui recouvre le monde des apparences au-delà de l’espace et du temps.
“ Les nuits sous l’équateur , souligne l’anthropologue Anne-Gaël Bilhaut, sont consacrées à la transmission des connaissances : l’artisanat, le patrimoine immatériel (chants, mythes) et pour les Zapara en particulier la maîtrise du rêve. Dans toute l’Amazonie, la nuit offre aux chamanes le moment le plus propice pour la communication avec les esprits, humains et non humains. Le rêve donne un accès privilégié à un espace-temps autrement inaccessible, offrant la possibilité aux chamanes de retrouver une partie du savoir perdu que possédaient les anciens. Celui-ci est souvent présenté comme un voyage à travers plusieurs mondes étagés, du monde subaquatique à plusieurs voûtes célestes, en incluant l’intérieur des montagnes et des lagunes. Les Zapara racontent que le démiurge Piatsaw a placé le rêve dans leur corps avant de se transformer en vent, pour que les hommes et les femmes Zapara, nés du singe hurleur aritiauku, puissent continuer à communiquer directement avec lui. Aussi considèrent-ils que toute personne Zapara possède cette capacité à rêver et doit, plus que toute autre, être vigilante au contenu des rêves.”
C’est la nuit que les guides spirituels du peuple sioux (Lakotas) reçoivent rêves et visions. Comme le raconte si bien Archie Fire Lame Deer dans le récit passionnant de sa vie : Tous les matins, avant que la première lueur du jour perce l’obscurité, Grand-Père chantait pour les créatures de la nuit. Il chantait, priait vers les Quatre Directions Sacrées, puis vers une cinquième, l’esprit d’En Haut, et vers une sixième, Unchi, Grand-Mère de la Terre. Il disait souvent : Regarde avec les yeux du cœur. L’homme blanc a des yeux, mais il n’y voit pas. Il a des oreilles, mais il n’entend pas. Il touche, mais il ne sent rien. Mais toi, Takoja, écoute ! Si tu écoutes bien, la nuit, tu entendras les créatures de l’obscurité, qui sont toutes sacrées : les hiboux, les criquets, les grenouilles, les oiseaux de nuit ; et tu entendras de beaux chants, des chants que tu n’as jamais entendus. Ecoute toujours ! Le chamane, détenteur du pouvoir, doit être plus haut que l’aigle et plus humble que le ver. Il peut guérir, prophétiser, parler aux herbes, commander aux pierres, conduire une danse du Soleil, ou même changer le temps qu’il fait. Mais ceci est sans grande importance. Il s’agit seulement là d’étapes successives que lui-même a franchies : il est au-delà. Il possède la “Grande Vision”. Les yeux fermés, il distingue clairement les choses. Il goûte le silence, dont il s’enveloppe comme d’une couverture, un silence plus lourd que le fracas du tonnerre. Il aime qu’en un lieu on n’entende rien que le bourdonnement des insectes. Il s’assied, tourné vers l’ouest, et implore de l’aide. Il parle aux plantes et elles lui répondent. Il écoute les voix de toutes les créatures animales de la Terre. De tous les êtres vivants lui parvient une force qui le pénètre, et qu’à son tour il transmet. Un homme comme celui-là n’est ni bon ni mauvais. Il est, et c’est bien ainsi. Il jouit de la même liberté que l’arbre ou l’oiseau. Que cette liberté soit belle ou laide, peu importe. Sa vie même est un enseignement. L’homme-médecine sioux décrit aussi cette étrange cérémonie sacrée au cours de laquelle son oncle, un chamane réputé, se débarrassa par la force Yuwipi d’un très gros serpent à sonnettes : La cérémonie est annoncée par les chants de la nuit. Il fait résonner le tambour et de sa voix puissante invoque l’esprit sacré des ténèbres. De l’obscurité sortent de petits chuchotements, des bruits étouffés, des voix d’un autre monde. Tout à coup, de petites étincelles de lumière, comme des lucioles, surgissent du néant. Les esprits ont fait leur entrée. La porte s’ouvre violemment, et entrent dans la pièce un gros hochet et des calebasses qui se mettent à voler dans les airs. On entend des battements d’ailes, le cri perçant de l’aigle remplit tout l’espace. Des plumes caressent les visages. Soudain, le serpent

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