Kaléidoscope kanak. Dix nouvelles calédoniennes.
154 pages
Français

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Kaléidoscope kanak. Dix nouvelles calédoniennes. , livre ebook

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Description

Ce recueil se veut distrayant tout en étant un outil didactique permettant aux enseignants de mieux comprendre la civilisation kanak. L’auteur a donc cherché à reconstituer les pays kanak avant l’arrivée des Occidentaux. Puis, il s’est attaché à l’appréhension des immenses bouleversements que cette civilisation longtemps « invisible » et occultée a connus depuis 1774. Enfin, les deux dernières nouvelles font quelques clins d’œil à l’époque contemporaine, voire œuvre d’anticipation !
Ces fresques guerrières et ces légendes du temps d’avant se veulent crédibles et évoquent toute la gamme des sentiments humains. Ce bouquet de « nouvelles historiques » est un outil pour approcher l’Autre et pour essayer de faire revivre 3 200 ans d'histoire à travers le facteur humain, unique et unive

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 décembre 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334052030
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-05201-6

© Edilivre, 2015
Du même auteur
Du même auteur :
Publications littéraires
2010, De la vendetta à la Nouvelle-Calédonie. Paul Louis Mariotti, matricule 10318. Roman historique , L’Harmattan.
2010, La menace pourpre, La parole perdue, roman ésotérique , Amalthée.
Publications historiques
2013, Histoire illustrée de la Nouvelle-Calédonie , Footprint Pacifique.
2015, Gravures calédoniennes d’antan, Footprint Pacifique.
2006 , Histoire de la Nouvelle-Calédonie. Nouvelles approches, nouveaux objets , L’Harmattan.
2004, Les fondements de l’histoire de la Nouvelle-Calédonie , Centre de Documentation Pédagogique.
2003, Historiographie de la Nouvelle-Calédonie , Publibook.
En collaboration
2005, (dir.), Wadrawane Eddy, Les Kanak et l’histoire , Les Indes savantes, N°2.
2004, (dir.) : La Nouvelle-Calédonie. Terre de métissages , Les Indes savantes, Annales d’histoire calédonienne, n° 1.
1997, (dir.), 101 mots pour comprendre l’histoire de la Nouvelle-Calédonie , éditions Ile de Lumière.
1992, (dir.), Capecchi Bernard & Douyère Christiane, Histoire de la Nouvelle-Calédonie , CM, CTRDP.
Publications identitaires.
1999, « Un nouveau regard sur la démographie kanak » ; « Hier, l’agriculture kanak » dans Chroniques du pays kanak, Tome 1 & 4 , Planète Mémo.
1994, “Colon, Calédonien puis Caldoche ou de l’identification d’une population déracinée à son nouveau terroir” dans Etre Caldoche aujourd’hui , Ile de Lumière.
Remerciements

Remerciements pour leurs relectures amicales et attentives à Jean Boissery, Sonia Faessel, Jean-Claude Estival, Paul Magulue Fizin, Philippe et Maggy Rigaud, Éliane Jechoux, Max Shekleton, Thierry Squillario et ma mère Denise Mariotti.
Dédicace

Á Poindi, Aïni, Téin, Magulue et tous les autres personnages de ces nouvelles
Á toutes les historiennes et à tous les historiens calédoniens
Á tous les enseignants qui font vivre la civilisation kanak, poteau central du caléidoscope calédonien.
« Les indigènes de la Nouvelle-Calédonie étaient des Canaques anthropophages qui se faisaient souvent la guerre de tribu à tribu. Leurs armes étaient la hache de pierre, la sagaie, l’arc, les flèches et le casse-tête. Ils vivaient de chasse, de pêche et cultivaient l’igname, le taro, le bananier et le cocotier. Le climat salubre, doux et chaud, leur permettait une vie facile. Peu à peu, maintenant, les Canaques apprennent à vivre – du moins superficiellement – à la façon des Blancs »
Jean Mariotti, Les contes de Poindi , Stock, 1941.
Première Partie Le temps d’avant
Au commencement fut une grande terre (Genèse)
« Terre, terre,…
–  Aïni, es-tu sûr que c’est enfin la terre ?
–  Oui, père. Là bas, sur la droite, j’observais un dauphin quand soudain j’ai entrevu un pic à travers le brouillard du matin.
–  Bon, on va piquer vers la droite. Mets-toi à l’avant de la pirogue et ne tombe pas à l’eau. Le requin est ton totem mais il ne faut jamais le tenter inutilement. »
Poindi se tourna alors vers les deux autres jeunes guerriers qui complétaient l’équipage, des fils de son frère aîné, et il leur dit :
« Tchéin, Minga, prenez les rames afin d’aider la pirogue à changer de cap.
–  Humm ! »
Quelques onomatopées plus loin, la voile claquant au vent, l’équipage expérimenté trouvait une passe et quittait le bleu plombé du large pour les couleurs chatoyantes d’un lagon vierge de toute présence humaine.
Poindi faisait partie d’une grande et belle phratrie de marins aguerris qui sillonnait les océans depuis plusieurs milliers de lunes. La tradition voulait que ces hommes au teint sombre aient été chassés des rivages paradisiaques de l’Ouest. En effet, les ancêtres des pères de leurs pères avaient dû abandonner leurs terres pour ne pas être réduits à l’esclavage par de petits hommes au teint clair.
Sachant que toutes les côtes de l’Ouest étaient colonisées peu à peu par ces mêmes petits agriculteurs industrieux capables de nourrir un nombre toujours plus grand d’enfants, les ancêtres de Poindi s’étaient aventurés sur les océans à bord de leurs pirogues doubles, emportant porcs, poules, chiens, ignames, taros et noix de coco. Quant au rat, il s’était invité lui-même au voyage.
Les aventures avaient été nombreuses. Les péripéties avaient été légion. Toutes ces histoires se racontaient encore à la veillée mais peu à peu elles disparaissaient dans les limbes du passé, les jeunes générations attachant plus d’importance aux événements récents qui émaillaient leur vie quotidienne.
Poindi savait qu’il était en train d’écrire une nouvelle page de l’histoire de son peuple. Il venait de trouver la première terre vierge de l’Est. C’était un honneur qu’il n’avait pas recherché, étant avant tout pêcheur, mais le destin en avait décidé autrement. Il se rappelait comme si c’était hier la discussion qu’il avait eue avec son aîné, Minda, peu avant son départ.
« Poindi, je t’ai fait chercher car notre clan a besoin de toi.
–  Que mon aîné dise ce dont il a besoin, et cela sera fait.
–  Je n’en attendais pas moins de toi. Tu sais que nos pères se sont installés ici depuis de nombreuses lunes et que les accords matrimoniaux qu’ils ont tissés avec les tribus vanutus nées de cette terre sont solides.
–  Oui, et je remercie régulièrement mon totem de m’avoir fait attribuer une femme calme et placide comme la tortue plutôt qu’une épouse semblable à une anguille comme celle que le sort a attribué à ton fils cadet.
–  Justement, la femme anguille était amourachée depuis l’enfance d’un guerrier originaire de sa tribu et mon fils vient encore de se quereller avec ce dernier. J’augure mal de l’avenir et je crois qu’il est temps pour notre clan de trouver de nouvelles terres.
–  Mais nous sommes arrivés au bout du monde.
–  Tu sais bien que non. Nous sommes arrivés au bout du monde habité, mais il doit exister des terres inconnues vers le soleil levant ou vers le Sud-Ouest.
–  Les traditions de ce pays disent que tous ceux qui se sont aventurés vers le Soleil levant n’en sont pas revenus.
–  Sans doute, et c’est pour cela que tu vas suivre les vents dominants vers le Sud-Ouest. De plus, les disparus n’avaient pas ta science de l’océan ni ta pirogue à la longue voile.
–  Humm ! Mais tu sais bien que lorsque nos ancêtres sont arrivés sur cette terre, nombre d’entre eux étaient morts d’épuisement en cours de route. Ils ont donc décidé que les temps de l’errance étaient finis pour notre peuple.
–  Poindi, si nous ne reprenons pas la mer, la guerre va renaître de ses cendres et il nous faudra tuer ou être tués. Pars avec un équipage réduit et des provisions en abondance. Cherche une terre qui pourra être pleinement la nôtre et agis vite, car je ne sais pas combien de temps il nous reste avant que la situation ne dégénère.
–  Bien, je t’ai entendu et j’obéis.
–  Merci, je te confie Tchéin et Minga afin de te prouver la confiance que j’ai en toi, fils du dauphin. »
Poindi savait qu’on ne désignait un guerrier par son totem que dans des moments d’exception. Aussi, son frère aîné avait scellé son avenir en lui rappelant qu’il descendait du seul mammifère capable de dompter l’océan et de vaincre occasionnellement le requin, totem de la branche aînée du clan des Austrokanus.
* *       *
Bientôt, Poindi et les siens foulèrent cette terre inconnue. Ils avaient touché la pointe nord de l’île et ils avaient décidé de longer sa côté sous le vent, sachant que les cyclones dévastaient régulièrement les côtes exposées aux vents dominants. Ils établirent leur campement à l’embouchure d’une belle rivière, sur un promontoire venté afin de ne pas être importunés outre mesure par les maîtres des lieux, les moustiques !
Les Austrokanus se rendirent vite compte qu’il s’agissait vraiment d’une terre vierge de toute présence humaine tout en constatant que cette nature austère recélait peu de richesses directement utilisables.
Bien sûr, le lagon était poissonneux et les mangroves étaient tassées de crabes et d’huîtres, mais le cordon littoral laissait vite place à une forêt sèche sans grand intérêt trouée de clairières d’herbe plus ou moins jaunâtre.
Tchéin étant un chasseur émérite, il trouva rapidement les traces de ce qui pouvait être un oiseau de grosse taille et il attrapa sans grand mal une sorte d’énorme poulet qui fut bientôt sommairement plumé et mis au four avec leurs derniers taros.
« Tchéin, je te félicite pour ta chasse. Qu’as-tu observé dans les collines ?
–  Mon oncle, cette contrée est sèche et aride mais on peut penser qu’en s’enfonçant dans les collines vers les montagnes, on trouvera des sites favorables à la culture des ignames sacrées. La terre est pauvre mais dans les vallées les alluvions se sont accumulées et les récoltes seront bonnes.
–  Et que donnera la chasse ?
–  On trouve de petites colonies de cette grosse poule stupide qui devraient faciliter l’implantation prochaine du clan mais il n’y a pas de gibier de grosse taille. Nos descendants devront se contenter de chasser des roussettes et des gros pigeons identiques à ceux que l’on trouve dans les îles Vanutus.
–  Et toi, Aïni, qu’augures-tu de la pêche ?
–  Le lagon est exceptionnellement large et poissonneux. Les traces de tortues sont très nombreuses et leur chair étant réservée aux grandes occasions, elles accompagneront longtemps la vie du clan.
–  Et toi, Minga, qu’as-tu découvert en remontant la rivière jusqu’au premier sommet ?
–  Il ne s’agit pas d’une petite île comme celle d’où nous venons. Il s’agit d’une grande terre qui s’allonge vers le sud. La côte au vent est définitivement beaucoup plus verdoyante que ce versant mais elle ne possède quasiment pas de la

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