L Indiscipline et l art de punir chez les Moose de Lallé
212 pages
Français

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L'Indiscipline et l'art de punir chez les Moose de Lallé , livre ebook

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Description

En tant qu'éminente spécialiste de l'histoire du peuple moaaga originaire du Burkina Faso, en Afrique de l'Ouest, Madeleine Leclerc s'intéresse en particulier à la chefferie de Lallé. Pour analyser les enjeux de L'indiscipline et l'art de punir chez les Moose de Lallé, elle remonte aux origines situées à la fin de la Renaissance et interrompt son exposé à la fin du XIXe siècle, période à laquelle les colons éliminèrent le chef du clan. L'ouvrage se structure en trois parties, consacrées respectivement à la notion de droit, puis au portrait de la personne disciplinée et enfin aux sanctions pénales. L'auteur souhaite ainsi transmettre les valeurs et le mode de vie singulier de cette société traditionnelle. Les enseignements que les jeunes générations peuvent en tirer sont multiples. Au-delà du devoir de mémoire, son travail pédagogique d'historienne peut permettre d'améliorer le fonctionnement des sociétés africaines modernes.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 juillet 2017
Nombre de lectures 1
EAN13 9782414038671
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-03865-7

© Edilivre, 2017
Dédicace

A Marcel & Bernadette KINDA
Pour l’amour filial et la confiance indéfectible
Épigraphe
« L’éducation africaine devrait être endogène et se fonder au maximum sur l’accumulation des connaissances africaines. Le problème, c’est que beaucoup de cadres africains ont tourné le dos à ce stock de connaissances. Ils sont beaucoup plus tournés vers ce qu’ils ont appris ou mal retenu de leur initiation aux sciences « modernes. Souvent, ils ne connaissent pas un traître mot des réalités et des choses qui les entourent ; ils sont piégés. »
Joseph KI-ZERBO (KI-ZERBO J. A quand l’Afrique , Paris, éd. De l’Aube, 2003, p.105.)
Remerciements
Au moment de boucler ce travail, nous avons conscience qu’il n’aurait pas pu aboutir sans les nombreuses contributions de plusieurs personnes. Qu’il nous soit donc permis de nous acquitter d’une partie de notre dette de reconnaissance à l’égard de tous ceux qui nous ont aidée de leurs conseils, de leurs encouragements et de leur soutien multiforme.
Notre gratitude va au Professeur Maurice BAZEMO, de l’université de Ouagadougou. Ses conseils avisés, sa constante disponibilité, sa patience, son humour ainsi que son goût du travail bien fait nous ont fort édifiée. Qu’il trouve ici, l’expression de notre respect et de notre grande considération.
Nos remerciements vont à leur majesté, feu le Lall-Naaba Sanem et le Bilg-Naaba pour leur disponibilité à nous fournir les renseignements et à nous guider vers les personnes ressources.
A nos parents à Lalle, à nos frères et sœurs qui nous ont toujours servi d’intermédiaires auprès des personnes ressources, une pensée affectueuse.
A notre oncle Elie, constamment disponible, perspicace et avisé, ses connaissances confirmées de la tradition moaaga , sa culture générale et ses capacités intellectuelles remarquables nous ont marquée. Un merci sincère à lui.
A toutes les personnes ressources et à tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, nous ont encouragée et soutenue durant cette plongée dans les racines du passé des Moose de Lallé, que chacun trouve à travers ce travail, l’expression de notre profonde gratitude.
A Dieu toute gloire !
Note sur les mots en moore
Dans le présent travail, la transcription des termes moore, des noms de personnes et de lieux, est conforme à l’orthographe officielle, mais les tons ne sont pas notés. Ainsi, « u » correspond au « ou » français, « e » au « é », une voyelle isolée est brève, une voyelle doublée est longue. Nous utilisons l’accent circonflexe comme marque de la nasalisation.
Toujours dans le souci d’obéir à l’orthographe usuelle, certains termes utilisés dans des travaux antérieurs ont été remplacés par une nouvelle orthographe d’après le répertoire suivant :
Le terme « Moore » remplace le terme « Mossi »
Le terme « Moaaga » remplace le terme « Mossi »
Le terme « Moose » remplace le terme « Mossi »
Le terme « Moogo » remplace le terme « Mossi »
Le terme « Moog-Naaba » remplace le terme « Morho Naba »
Le terme « Basga » remplace le terme « basrha »
Le terme « Wende » remplace le terme « Ouende »
Cependant, nous respectons l’orthographe de nos sources dans le recourt aux citations.
Introduction générale
Une jeune femme de notre région, après avoir pris connaissance de notre thème d’étude s’est écriée : « Ne va pas parler de notre indiscipline là-bas ! » Cette réaction dénote d’une certaine idéologie que l’on avait du peuple moaaga : un peuple discipliné parce que bien organisé et très hiérarchisé. Mais est-ce pour autant qu’il n’y eût pas d’indiscipline ? Cet aspect que personne n’ose regarder éveille notre curiosité et nous pousse à vouloir en savoir davantage.
L’histoire étant « la science des hommes dans le temps et dans l’espace », 1 nous retenons la période allant de la fin du XVI ème siècle à 1897 et nous nous intéressons à une portion du royaume moaaga de Wogdgo , en l’occurrence la chefferie de Lallé .
La seconde moitié du XVI ème siècle a marqué l’avènement de Naaba Kuuda , VII ème Moog-Naaba , sous le règne duquel, la chefferie de Lallé a été fondée. Naaba Kuuda a régné, selon la chronologie de Michel IZARD de 1566/67 à 1593/94 ou de 1569/70 à 1599/1600. La chefferie de Lallé étant fondée par un fils de Moog-Naaba Kuuda de son vivant, l’époque de sa fondation se situe alors vers la fin du XVI ème siècle.
Quant à l’année 1897, retenue comme limite chronologique supérieure, elle est marquée par l’avènement de la colonisation. Pour la chefferie de Lallé , elle est significative, car, c’est en 1897 que la colonne Voulet-Chanoine captura le Lall-Naaba Wobgo , alors résistant à la domination coloniale. Les circonstances de sa capture sont sommairement relatées par Albert Salfo BALIMA en ces termes : « Le chef de Lallé, cerné de près, surpris, n’eut même pas le temps de se suicider ; capturé, malmené, traîné, juché à poil sur la haridelle la plus efflanquée du pays, avant de comprendre l’étendue de ses malheurs, il était fusillé, enterré sans cérémonie dans la fosse tel un chien. » 2 Cette exécution qui eut lieu le 1 er février 1897, a marqué un tournant dans l’histoire de cette chefferie. La vie ne serait plus comme avant. Il allait falloir désormais composer avec le nouvel occupant, surtout dans le domaine juridique.
Cette plage chronologique, communément appelée la période précoloniale, est remarquable par sa durée, mais aussi par le fait que ce fut au cours de ces trois siècles d’existence que l’identité sociale de la population de Lallé s’est forgée avec l’élaboration des règles de vie sociale.
Avec l’avènement de la colonisation, une série de transformations sociales est survenue, visant le remplacement de cette identité sociale par des pratiques dites « civilisatrices. » Le Moaaga s’est trouvé à la croisée des chemins. Une des institutions mises en place dès le début de la colonisation pour sanctionner les indisciplinés furent les prisons. Dans le Moogo, comme partout en Afrique, cette institution a pris de l’ampleur, à telle enseigne que de nos jours, les prisons sont surpeuplées. Au Burkina Faso, on a enregistré un taux de surpeuplement de plus de 300 % en 2001. 3 Il va sans dire que ce chiffre pléthorique des prisonniers a des conséquences néfastes sur les conditions de vie en milieu carcéral. Citons en exemple : la promiscuité, la misère alimentaire, les maladies… Ces conditions entraînent une dégradation physique et mentale des prisonniers, entraînant la perte de leur dignité humaine. Ainsi, conçue dès le départ comme un lieu de rééducation, de méditation, d’étude et de repentir pour les jeunes délinquants, la prison est devenue « un lieu de perversion, d’endurcissement et en fait d’école, une école de crime . » 4 Une étude récente du journal Le Monde Afrique rapporte les propos de Charles-Henri, sorti de la Maison d’Arrêt et de Correction de Ouagadougou (MACO) en 2016 : « Ceux qui volaient avec un couteau quand ils étaient au dehors, une fois à la MACO, ils vont chercher quelqu’un qui sait voler avec PA (pistolet automatique) pour augmenter leurs connaissances » 5
Guy GILBERT a montré l’inefficacité des prisons dans l’éducation des jeunes, à travers son œuvre intitulée : Des jeunes y entrent, des fauves en sortent . 6 Cette œuvre, tout en décrivant les méfaits des prisons pour ceux qui y entrent, plaide pour une autre forme d’éducation plus humaniste et plus efficace. Malgré les prisons, la délinquance et la criminalité s’accroissent de plus en plus dans nos villes et campagnes. Si les maisons d’arrêt et de correction contribuent d’une part, à dissuader certains malfaiteurs, elles sont parfois, d’autre part, la cause de l’endurcissement de certains criminels qui se « convertissent » à la sortie, en « coupeurs de route » 7 . Mais quelle forme d’éducation adopter ?
Sans plaider pour un retour dans le passé, nous sentons le besoin lancinant de visiter le passé antérieur à la colonisation de la société traditionnelle moaaga. Cela, en vue de l’interroger, pour connaître ses méthodes dans le domaine de la correction de l’individu fautif. En d’autres termes, quelles sanctions étaient appliquées à la personne qui menaçait la cohésion sociale, en guise d’éducation à la discipline ? Quels sont les secrets de la société moaaga en la matière, elle qui n’avait pas de prisons ?
Notre travail se divise en trois parties. Dans la première partie nous traçons une esquisse des relations sociales et juridiques entretenues par les différentes composantes de la société moaaga de Lallé du XVI ème au XIX ème siècle. Elle nous permet de mettre en évidence la notion du droit vécu par les Moose de l’époque et la structure sociale, politique et économique mise en place pour garantir ce droit.
Dans la deuxième partie nous présentons le portrait de la personne disciplinée tel qu’il ressort dans la tradition moaaga . Ce portrait nous permet d’illustrer par des données du passé les diverses formes d’indiscipline rencontrées dans la société moaaga de l’époque étudiée.
Enfin, la troisième partie est consacrée au mécanisme déployé pour une correction efficace de l’individu. Nous suivons, pas à pas, la procédure pénale qui aboutit à l’application de la sanction.
Comme il est aisé de le remarquer, notre étude rend compte de l’histoire à une période où la datation était inexistante. C’est donc un état des lieux qui ne présente pas d’évolution majeure pour lequel nous demandons l’indulgence du lecteur.
1 . BLOCH M., Apologie pour l’histoire , éditions A. Colin, 1974, p.
2 . BALIMA A.S., Genèse de la Haute-Volta , Ouagadougou, Presses africaines –, s.d., pp.53-54.
3 . KINDA P. I. « J’étais en pri

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