La démocratie à la croisée des chemins
346 pages
Français

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La démocratie à la croisée des chemins , livre ebook

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Description

Les rencontres entre les peuples de races différentes devraient constituer unterreau fertile à un développement global et mutuellement bénéfique sur lesplans culturel, idéologique, politique, économique, social et environnemental.Si de telles dynamiques engendrant de transformations en profondeur dumonde sont souhaitables, la raison du terrain démontre bien le contraire. Lastructuration des rapports entre les humains de manière générale et entre lessociétés humaines en particulier repose à la fois sur la politique et lagéopolitique qui légitiment l’idéologie des groupes forts ou dominants selonles époques.Quatre décennies plus tard, la configuration du processus démocratique del’Afrique offre un paysage contrasté entre le dynamisme des paysanglophones, lusophones, hispanophones et les régressions décevantes despays francophones tant sur le plan démocratique que sur celui dudéveloppement. Quelles sont les raisons qui justifient un tel contrastefrappant ? Est-ce la culture africaine, l’héritage colonial ou la nature del’influence des anciennes puissances tutélaires ? Quelles relations y a-t-ilentre démocratie, paix et développement en Afrique anglophone,francophone, hispanophone et lusophone ? Quelle leçon peut-on tirer del’expérience démocratique en Afrique noire ? Telles sont les principalesinterrogations au centre des préoccupations du présent ouvrage.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2023
Nombre de lectures 2
EAN13 9782376702320
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La démocratie à la croisée des chemins
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DJIMET Clément BAGAOU La démocratie à la croisée des chemins Editions ToumaïL’éditeur de nouveaux talents
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Cet ouvrage publié aux Éditions Toumaï est protégé par les lois et traités internationaux relatifs aux droits d’auteur. Son impression sur papier eststrictement réservée à l’acquéreur et limitée à son usage personnel. Toute autre reproduction ou copie, par quelque procéd-é que ce soit, constituerait une contrefaçon et serait passible des sanctions prévues par les textes susvisés et notamment le Code de la Propriété intellectuelle et les conventions internationales en vigueur sur la protection des droits d’auteur.Éditions Toumaï Avenue Taïwan B.P: 5451 N’Djaména-Tchad Tél:+235 63 05 65 02 e-mail: editionstoumai30@yahoo.com ISBN :978-2-37670-232-0 Cet ouvrage a fait l’objet d’une première publication aux Éditions Toumaï enAvril2023~ 5 ~
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INTRODUCTION
Les rencontres entre les peuples de races différentes devraient constituer un terreau fertile à un développement global et mutuellement bénéfique sur les plans culturel, idéologique, politique, économique, social et environnemental. Si de telles dynamiques engendrant de transformations en profondeur du monde sont souhaitables, la raison du terrain démontre bien le contraire. La structuration des rapports entre les humains de manière générale et entre les sociétés humaines en particulier repose à la fois sur la politique et la géopolitique qui légitiment l’idéologie des groupes forts ou dominants selon les époques.
L’histoire reconnaît l’existence des royaumes puissants et craints dans l’Afrique ancienne. Les empires du Kanem-Bornou, du Waddaï, et du Chari-Baguirmi au Tchad, Moulda dans le pays Massa, Songhaï au Mali, etc. attestent à suffisance que l’Afrique fut, par le passé, un espace géographique bien organisé, avec des structures sociopolitiques et des modèles de gouvernance adaptés. Dans leur mode de fonctionnement, ces différentes structures sociopolitiques recouraient certainement à des législations précises inspirées des réalités et des valeurs propres aux peuples noirs. Obnubilés par des préjugés raciaux et du haut de leur supposé piédestal de scientifiques invétérés de l’époque, certains ethnologues et anthropologues ont appréhendé les sociétés africaines anciennes sous le prisme déformant de la réalité. Pour ces « scientifiques», l’Afrique n’était qu’un conglomérat de sociétés « a-historiques » ou atemporelles, répétitives, sans dynamisme réel et par-delà, « primitives ».
La négation du dynamisme sociopolitique en Afrique remonte à la rencontre de ses peuples avec les peuples occidentaux et arabo-musulmans. Sous le fallacieux prétexte d’être dépositaires des cultures supérieures et de la civilisation, ces exportateurs de cultures et de civilisation lancèrent des projets aux conséquences fâcheuses. La traite négrière, de triste mémoire, constitue l’un des crimes de masse contre l’humanité. Plusieurs milliers de Noirs transportés par bateaux dans des conditions difficilement ~ 7 ~
supportables à destination des Amériques passèrent ainsi du statut d’hommes libres à celui d’esclaves au service forcé de leurs maîtres. Cette main-d’œuvre servile contribua sans doute au développement des plantations de la canne à sucre et de la prospérité de l’Occident. Quoiqu’on dise, le commerce triangulaire ou la Traite négrière représente à lafois l’esprit et la manifestation grandeur nature du capitalisme en tant que système économique fondé sur des rapports de force entre dominants et dominés à travers l’exploitation des faibles par les plus forts.
La vague de christianisation des peuples noirs par l’Occident « civilisé » se fit sur fond de remise en question des cultures africaines considérées comme « païennes » et propres à vénérer le diable. D’ailleurs, dans les représentations tenaces qui hantent jusque-là les esprits de bon nombre d’Occidentaux et bien sûr d’Africains convertis au christianisme ou à l’islam, le diable est toujours en noir. À travers les prières et les rituels religieux, il fallait exorciser les Noirs pour les débarrasser de l’esprit démoniaque et les convaincre d’adopterles nouvelles croyances comme les vraies et les seules qui non seulement sauvent, mais aussi vaillent la peine. Un véritable travail de sape en profondeur des croyances et des valeurs africaines prit alors racine dans l’œuvre d’évangélisation dont le nom de Dieu ne fut qu’un saupoudrage gigantesque. Un Dieu unique, omniscient, omnipotent et maître de l’univers n’aurait pas de couleur de peau et ne serait non plus logé dans une culture ou une civilisation prétendument supérieure qui fait de la Traite négrière le paravent et le socle de son développement économique au mépris du respect de la vie et de la dignité du Noir. La religion aura constitué, tout au moins à ses débuts, un bras séculier de l’idéologie impérialiste.
Par ailleurs, l’évangélisation fut aussi une œuvre de préparation psychologique des peuples noirs à l’acceptation de la supériorité et de la domination de l’Occident. En d’autres termes, elle rendit l’Afrique favorable et vulnérable à la conquête coloniale nonobstant des résistances parfois féroces. Au-delà de ~ 8 ~
l’exploitation à outrance de ses ressources naturelles et humaines, l’Afrique fit balkanisée, divisée entre les puissances occidentales conquérantes, devenant des territoires colonisés ou colonies. Le processus d’acculturation et d’assimilation engagé par l’œuvre d’évangélisation connut un coup d’accélérateur par la diffusion et l’adoption des manières de faire, de vivre, de s’organiser, voire de penser des colonisateurs. Le modèle culturel occidental est alors promu comme la référence incontestée par les administrations coloniales à travers la scolarisation des indigènes et l’imposition de nouveaux systèmes sociopolitiques. Chaque puissance coloniale mit en place son mode d’administration de ses colonies. L’administration indirecte des colonies appliquée par les Britanniques et les Allemands accorda aux chefferies traditionnelles, dans leur nouveau format, des marges de libertés pour participer à la gestion courante des populations. Par contre, les Français appliquèrent le mode d’administration directe avec un contrôle étroit aussi bien des chefferies traditionnelles que des populations.
Sous l’effet de la domination coloniale, les modèles d’organisation politique des sociétés africaines furent ébranlés et remplacés par des formats conformesà l’esprit et à la vision des puissances tutélaires. Le processus d’acculturation et d’assimilation des indigènes atteignit son apogée. L’exploitation accrue des ressources naturelles, mais aussi des colonisés fut intense. Le morcellement arbitraire de l’Afrique et sa répartition en colonies entre les puissances impérialistes comme butin de leur conquête enlevèrent à ce continent meurtri par des siècles d’esclavage sa capacité à s’autogérer par rapport à ses propres réalités et à sa vision du présent et del’avenir.
L’abolition de l’esclavage et la lutte pour les indépendances devraient redonner aux peuples africains leur dignité longtemps captive de la « raison » occidentale. Toutefois, il faut souligner que les indépendances en Afrique furent plus négociées entre les colonies et leurs puissances tutélaires respectives. Dans leur logique de sauvegarde de leurs intérêts, les puissances coloniales ~ 9 ~
ont gardé leur mainmise sur les jeunes États indépendants en plaçant à leur tête des personnes contrôlables et acquises à leur cause. Là où elles n’ont pas réussi à imposer leur volonté et leur choix, elles ont entrepris des initiatives de déstabilisation des régimes en place les empêchant d’instaurer des systèmes sociopolitiques inspirés d’une idéologie révolutionnaire marquée par les frustrations coloniales et une détermination manifeste à redonner à l’Afrique sa capacité d’autodétermination. Des figures de proue pour l’éclosion d’un véritable leadership africain comme Patrice Emmery Lumumba, Ahmed Sékou Touré et Amilcar Cabral n’eurent pas de temps suffisant pour s’affirmer et imprimer les projets de société dont ils étaient porteurs.
Bien que la question de l’indépendance réelle des anciennes colonies d’Afrique se pose encore avec acuité, force est de reconnaître que le processus de libération même partielle de ce continent s’est achevé en 1991 avec la chute du régime tristement célèbre d’apartheid en Afrique du Sud. Les combats menés par les Africains pour l’émancipation de leur continent sont le résultat d’une prise de conscience de la situation coloniale. Dans certains territoires où les revendications de l’indépendance furent intransigeantes, les tutelles procédèrent à leur extinction systématique. À titre d’illustration, au Cameroun, l’Union des Populations du Cameroun (UPC), un parti animé entre autres par Félix Roland Moumié et Ruben Um Nyobé et décidé à réclamer l’indépendance totale et sans concession du Cameroun recourut à la lutte armée contre la présence de l’administration coloniale. Dans leur constitution, les jeunes États indépendants d’Afrique ont accordé une importance à la souveraineté, à la liberté et au développement à la fois comme objectifs fixés et substrat idéologique de leur régime politique.
L’existence du multipartisme est antérieure aux indépendances des États d’Afrique noire. Expression manifeste d’une conscience politique, elle eut une influence certaine sur les orientations démocratiques des premières Constitutions comme le souligne Tirthankar Chanda : ~ 10 ~
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