Le Vote électronique
132 pages
Français

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Description

Pourquoi recourir au vote électronique ? Le débat ressurgit régulièrement à l’occasion de primaires de parti ou, plus récemment, dans un contexte de pandémie. Et avec lui, toutes sortes de questions : le vote électronique, au lieu d’empêcher l’abstention, ne risque-t-il pas d’alimenter la défiance ? Est-ce que mon vote peut être piraté ? Comment concilier facilité d’utilisation et sécurité ? C’est à toutes ces questions que répond ce livre écrit par deux des meilleurs spécialistes mondiaux du sujet. Ils y analysent et expliquent dans une langue claire et accessible quelles sont les contraintes à satisfaire pour que le système choisi soit le meilleur possible. Avec une conviction : il existe des techniques cryptographiques pour assurer à la fois le secret du vote et la transparence du scrutin. Il est donc important de les connaître. Car si le vote à l’urne a encore de beaux jours devant lui, la transition vers le vote électronique est déjà largement entamée au sein d’associations ou de mutuelles ou encore pour les élections professionnelles. Véronique Cortier et Pierrick Gaudry sont tous deux informaticiens, directeurs de recherche CNRS au sein du Laboratoire lorrain de recherche en informatique et ses applications (Loria-CNRS/université de Lorraine/Inria). Ils ont conçu, en collaboration avec d’autres chercheurs, le logiciel de vote électronique open source Belenios. Véronique Cortier a reçu en 2015 le prix Inria-Académie des sciences du jeune chercheur. Elle est médaille d’argent du CNRS. Pierrick Gaudry travaille également sur les fondements mathématiques de la cryptographie et détient plusieurs records de calcul dans ce domaine. Gérard Berry est professeur émérite au Collège de France où il a dirigé la chaire « Algorithmes, machines et langages ». Il est médaille d’or du CNRS. 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 mai 2022
Nombre de lectures 1
EAN13 9782415002213
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Collection « Informatique et monde numérique » dirigée par Gérard Berry
© O DILE J ACOB , MAI  2022
15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-4150-0221-3
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Composition numérique réalisée par Facompo
Préface
par Gérard Berry, professeur émérite au Collège de France, médaille d’Or 2014 du CNRS

La numérisation du monde avance vite et dans de plus en plus de secteurs, chacun modifié en profondeur à son tour, ce surtout grâce aux nouvelles possibilités offertes par la généralisation progressive de l’accès à Internet. Un de ces secteurs, régulièrement discuté en particulier à l’approche de chaque élection nationale, est celui des systèmes de vote. Vote « électronique », c’est-à-dire par logiciels et télécommunications (principalement optiques et par radio d’ailleurs), ou pas vote électronique ? Ces discussions souvent enflammées ne reposent pas toujours sur des bases solides. Mais il faut dire que la question n’est pas simple, pour plusieurs raisons. D’abord, il n’y a pas un seul type d’élections mais plusieurs : les élections nationales, ce n’est pas du tout la même chose que les élections du conseil d’administration d’une petite association ou celles des représentants des salariés dans une entreprise. Ensuite, pour les élections majeures, les traditions électorales et façons de voter sont très différentes selon les pays. En France, sauf pour les municipales dans les petites communes, un bulletin ne comporte en général qu’un nom de candidat ou de liste. Aux États-Unis par exemple, c’est bien plus compliqué, avec des bulletins répondant à de nombreuses questions et très difficiles à dépouiller. En France, les votes de type national sont rares et les votes régionaux y sont souvent associés, alors qu’en Suisse ces derniers sont très nombreux, par exemple pour trancher des questions techniques dans un seul canton.
Les besoins et solutions potentielles sont donc très vastes. Pour choisir entre vote électronique ou classique, il faut d’abord savoir de quel type de vote on parle, car les contraintes peuvent être très différentes d’une élection à l’autre. Définir ces contraintes n’a rien de facile, et les satisfaire toutes en même temps peut même être tout à fait impossible. Enfin, si on décide après une vraie analyse d’utiliser tel ou tel système de vote électronique fourni par un industriel ou par un groupe de chercheurs, comment peut-on savoir s’il respecte bien toutes les contraintes souhaitées ?
C’est à toutes ces questions que répond précisément ce livre, écrit en direction du public général par deux chercheurs en sécurité informatique qui font partie des tout meilleurs spécialistes mondiaux du sujet, et spécialement de ses aspects cryptographiques. Ils y analysent et expliquent quelles sont les contraintes à satisfaire, comment elles s’articulent entre elles, quelles sont les diverses façons de les envisager, et comment réaliser des programmes informatiques auditables et vérifiables répondant du mieux possible, pour un besoin donné, à la question « Qu’est-ce qu’un bon système de vote ? ». Le lecteur sera probablement surpris de la difficulté de bien exprimer les nombreuses contraintes de sécurité et de transparence auxquelles on ne pense pas spontanément, de la richesse des solutions conceptuelles proposées selon les nombreux types de vote, du nombre d’ingrédients techniques et particulièrement cryptographiques qu’il faut développer sur les ordinateurs, et du fait que le vote électronique ne peut pas vraiment être utilisé à l’heure actuelle pour les grandes élections nationales comme les élections présidentielles en France.
La quantité de recherches qu’il a fallu pour parvenir à la situation actuelle, assez satisfaisante pour beaucoup d’élections à enjeu limité, est considérable. Il en faudra encore beaucoup pour passer à une échelle supérieure, et le sujet continuera à mobiliser beaucoup de chercheurs de premier plan. Mais deux points ne doivent jamais être oubliés. D’abord, choisir la forme même d’une élection a une forte action sur ses résultats. J’ai participé à bon nombre d’élections pour des nominations à des prix scientifiques, où la discussion commençait invariablement par la question de quel système de vote choisir : voter pour un seul candidat, ou par exemple pour deux prétendants à départager ensuite par un deuxième vote. Ma réponse était alors souvent simple : ça dépend de qui vous voulez élire, car le résultat dépend au moins autant de la composition du jury et du mode d’élection que de la valeur des candidats ! Ensuite, il est impératif de demander une transparence absolue au prestataire qui organise l’élection, allant de préférence jusqu’à la publication des spécifications exactes du mécanisme et de celle du code de tous les programmes informatiques, accompagnés de la description des infrastructures matérielles et logicielles sur lesquels ils sont exécutés. Ce n’est malheureusement pas encore fait en France (ça l’est davantage dans d’autres pays). J’en sais quelque chose, ayant participé à une élection électronique majeure dans un grand organisme français, qui fut rapidement annulée car les résultats donnés par le logiciel ne correspondaient même pas au nombre de votants dès les premiers tours de scrutin ! Heureusement, le livre montre aussi qu’il existe des systèmes libres d’accès qui respectent toutes ces contraintes, dont Belenios, celui des auteurs et de leur équipe.
Parlons maintenant des auteurs. En utilisant la logique mathématique, Véronique Cortier étudie les protocoles informatiques, c’est-à-dire les algorithmes et programmes qui permettent la coordination entre humains et machines ou machines et machines pour réaliser une tâche de façon fiable et sécurisée, par exemple un transfert d’information entre machines ou un vote électronique avec des acteurs distribués géographiquement. Elle participe aussi beaucoup à la vulgarisation de ces questions et de leurs réponses dans divers milieux. Pierrick Gaudry, davantage orienté vers les mathématiques et en particulier celles des grands nombres, étudie en particulier les aspects liés à la sécurité du chiffrement. Il a par exemple joué un rôle essentiel dans le cassage (universitaire) de protocoles Internet considérés auparavant comme sûrs, comme l’attaque Logjam sur un chiffrement trop faible mais encore présent sur Internet. Si cette attaque avait été détectée par des pirates et non par des chercheurs, elle aurait permis de pénétrer facilement près de 8,5 % du premier million de serveurs présents sur le réseau mondial !
Avec leur équipe du laboratoire Loria (CNRS/Inria) à Nancy, Véronique Cortier et Pierrick Gaudry ont construit le système de vote électronique Belenios, dont les algorithmes ont été mathématiquement vérifiés en machine grâce aux systèmes modernes de vérification logique, et dont les programmes informatiques sont entièrement publics. Belenios est actuellement considéré comme l’un des meilleurs au plan mondial. Il est utilisé dans de nombreuses institutions académiques et associations françaises ou étrangères pour des élections majeures, y compris dans des universités, au CNRS et à l’Académie des sciences.
Les questions liées aux votes électroniques ou non sont très importantes, mais subtiles. Le tour de force de leur livre est de les expliquer progressivement et clairement, ce qui le rend lisible par toute personne intéressée, même sans compétence préalable en informatique. Les questions sont abordées de manière très progressive : d’abord par une étude informelle des systèmes de vote existants, classiques ou électroniques, avec leurs avantages et leurs inconvénients ; ensuite, par une caractérisation claire et systématique des contraintes à satisfaire, ainsi que des conflits possibles entre elles pour chaque type d’élection. Puis par la présentation des méthodes informatiques modernes, utilisées par exemple dans Belenios. Revenant enfin sur l’utilisation des votes électroniques, le livre présente les réponses actuelles à la question que tout le monde se pose : quand et pourquoi est-il bon de passer à un vote électronique ? Il montre alors qu’il n’y a pas de miracle, même si les solutions actuelles sont satisfaisantes pour des élections relativement fermées. Le vote à l’urne transparente avec assesseurs indépendants a encore de beaux jours devant lui ! Et, quand un fabricant propose un vote électronique, il ne doit en aucun cas se reposer derrière le secret industriel en clamant que son système est fiable, sûr et correct. Comme déjà dit, les seuls garants de sa qualité doivent être la transparence des spécifications, des algorithmes et des programmes, avec de préférence leur vérification formelle. Belenios montre que tout cela est d’ores et déjà possible, en principe et en pratique.
CHAPITRE 1
Vote papier ou vote électronique ?


En avril prochain auront lieu les élections. Juliette est stressée. Elle se présente à la présidence de l’association dans laquelle elle s’investit depuis plus de dix ans. Mais l’équipe en place pousse vers des orientations dans lesquelles elle ne se reconnaît pas et elle a décidé de proposer un projet concurrent. Sera-t-elle soutenue par la majorité des bénévoles ? Le verdict des urnes est pour bientôt. Ah oui, en avril, il y aura aussi les élections présidentielles… Juliette fera son devoir et ira voter, mais ses pensées

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