Manifeste pour une Europe souveraine
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Manifeste pour une Europe souveraine , livre ebook

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Description

Pour une France libre dans une Europe souveraine. Pour une Europe respectueuse des individus et des nations. Pour une Europe démocratique et forte. Pour une Europe dotée d'une véritable constitution. Pour une Europe de cinq cents millions d'habitants. Pour une Europe contrepoids à la puissance américaine. Entre repli national et intégration fédéraliste, une voie originale. Jérôme Monod a été le directeur de cabinet de Jacques Chirac, lorsque celui-ci était Premier Ministre de 1975 à 1976. Il a été le premier secrétaire général du RPR. Ancien PDG de la Lyonnaise des Eaux, il est aujourd'hui président du conseil de surveillance de Suez Lyonnaise des Eaux. Ali Magoudi est psychanalyste. Essayiste, réalisateur de films, il est notamment l'auteur de Quand l'homme civilise le temps et de La Lettre fantôme.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 1999
Nombre de lectures 0
EAN13 9782738167675
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB , NOVEMBRE  1999
15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-6767-5
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
www.centrenationaldulivre.fr
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
Avant-propos

Nous avons rédigé ce Manifeste pour une Europe souveraine pendant le printemps et l’été 1999. Il s’adresse au public le plus large. Il est court, pour être lu. Son message va à l’essentiel, pour être entendu. Nous avons mis nos expériences, différentes l’une de l’autre, au service d’un même amour de notre patrie, d’un même enthousiasme pour l’Europe.
 
Nous avons constaté ensemble que la vie quotidienne et le destin des Français et de leurs voisins européens dépendent en grande partie de la nature et de la force de leur communauté politique, communauté qui se désagrège jour après jour. Nous sommes convaincus que les valeurs et l’identité des peuples et des nations européennes, nations mal associées dans des liens trop lâches, subissent les effets destructeurs des turbulences du monde auxquelles elles ne sont pas préparées.
 
Nous partageons une certitude : les partis et les hommes politiques de notre pays, les « élites » intellectuelles, sociales, économiques, culturelles n’ont pas su faire naître l’ambition de construire une Europe légitime et souveraine. Ils n’assument pas les défis engendrés par l’omnipotence des marchés, par la pauvreté persistante de plus de trois milliards d’hommes et de femmes sur notre planète et par les violences qui déchirent l’humanité.
 
L’Europe souveraine, dont nous esquissons l’architecture générale : esprit des institutions, liens entre ses peuples dans des frontières stables, droits des citoyens de la naissance à la mort, dessein civilisateur, est appelée à jouer un grand rôle dans un univers constitué de pôles puissants, organisés, non réductibles les uns aux autres. La paix et le respect de l’autre passent par l’acceptation de l’hétérogénéité du monde.
 
Chômage, précarité professionnelle, mises à mal des protections sociales et des systèmes de retraite, des cultures régionales ou nationales ; éducation inégalitaire, insécurité locale et internationale, alimentation dévoyée : que de menaces pèsent sur la vie quotidienne des Français et de leurs enfants comme sur celle de tous les Européens ! Face au malaise contemporain qui laisse les citoyens de l’Union sans défense et sans véritable droit à la parole, nous entendons redonner la primauté au Politique.
 
L’indifférence, le découragement, l’impuissance vécus par les femmes et les hommes dans leur village, leur quartier, leur région, leur pays résultent pour l’essentiel de causes lointaines, provoquées par la mondialisation économique et financière. Il n’y a de changement possible qu’à la condition d’opposer à la démesure de la globalisation de l’information et des échanges la puissance inédite d’une Europe souveraine démocratique et efficace. Les Européens retrouveront ensemble, dans une solidarité politique élargie et organisée, la sécurité quotidienne, les libertés concrètes et la souveraineté réelle qui leur font défaut aujourd’hui.
 
Nous avons écrit ce Manifeste car nous pensons que les Français comme les Européens ont besoin d’une nouvelle espérance. Nous voulons convaincre, recréer un discours qui appelle à l’action, rassembler les courages dans une même conviction. Nous lançons un appel aux citoyens des nations de l’Europe pour qu’ils expriment dans les prochaines échéances électorales leur refus du déclin et leur amour de la liberté.
Jérôme Monod Ali Magoudi
I
Les Français sans repères

Dans une société bloquée, une société de chasses gardées, les Français ne savent plus où ils sont, ni qui ils sont. Ils se sentent comme mutilés dans leur épanouissement personnel, leurs idées et leurs projets. Leurs hommes politiques se sont convertis à la religion du consensus. Ils sont obnubilés par le souci permanent de la réélection, empêtrés dans des archaïsmes mentaux ou dans les nuances de différences narcissiques : ils ne savent plus dire simplement « c’est là que nous allons, c’est là que nous voulons aller, c’est là que nous devons aller ». Tout se passe comme si le peuple français ne distinguait plus son horizon.
 
Où sont les idées, les forces de conviction et de mouvement qui permettront à chacun, là où il vit, d’appréhender les formidables défis que posent, pour son avenir le plus concret, la mondialisation économique et financière, les menaces sur l’écologie planétaire, la fragmentation nationaliste dans les Balkans, mais aussi les déchirements au Moyen-Orient, en Afrique, en Inde, en Asie du Sud-Est et en Russie ? L’enthousiasme manque alors que les idéologies messianiques reposent sous les décombres du mur de Berlin, épisode que l’on a appelé à tort fin de l’Histoire. L’imagination fait défaut aux meilleurs esprits devant la brutalité des effets du libéralisme sans frein sur les individus et les nations les plus démunis.
 
Et pourtant ! Depuis plus de quarante ans, avec une constance qui tient du miracle, dans six pays d’Europe, puis dix, puis onze, puis quinze, gouvernements de droite comme de gauche se sont succédé au chevet d’un projet inouï. Paris le 18 avril 1951, Rome le 25 mars 1957, Maastricht le 7 février 1992, Amsterdam le 2 octobre 1997 : autant de traités qui ont balisé la construction d’une Europe économique, charpenté un espace politique où les guerres entre les nations ont été bannies. Admirons l’utopie réussie par des hommes comme Monnet, Schuman, Adenauer, de Gaspéri, utopie réussie et oubliée.
 
Dans le préambule au traité instituant la « Communauté européenne du charbon et de l’acier », ces hommes politiques avaient inscrit leur vision : dépasser les « rivalités séculaires », les « divisions sanglantes », tendre vers la « paix », la « civilisation », le « destin partagé », la « solidarité commune ». Cette utopie des communautés de destin s’est réalisée dans des objectifs économiques précis, moyens que les pères de l’Europe s’étaient fixés pour atteindre leurs idéaux. Pour ne plus jamais faire la guerre, ils ont voulu ancrer la paix dans l’ouverture économique. Ils y sont parvenus en cinquante ans : dans sa vie quotidienne, chaque Français a bénéficié de nouveaux instruments culturels et d’immenses progrès techniques pour sa consommation, sa formation, sa santé.
 
En même temps, comme la parole publique a été indigente pour accompagner l’aventure européenne, pendant que le monde changeait à un rythme jamais atteint ! Que de pas en arrière ou de côté ! Que de silences gênants dans l’espace de la démocratie, que d’impuissance dans le cercle des eurocrates : dire le contraire de ce que l’on fait, faire l’inverse de ce que l’on dit, le savoir pertinemment, et ne pas changer de méthode !
 
Les cyniques ou les réalistes diront : « Sans duplicité, sans hypocrisie, sans faux-semblants, l’Union européenne n’aurait jamais vu le jour. » Peut-être, mais à force de se soumettre aux égoïsmes nationaux, régionaux, ou locaux, à force d’avancer masqués, à force d’éviter les sujets de discorde, nombre d’hommes d’État ont oublié la réalité : l’émergence de l’Europe entraîne une grave distorsion de l’espace politique français, de l’idée de soi par rapport à l’autre, de l’autochtone et de l’étranger.
 
Cette constatation, nous la percevons sous la forme d’une angoisse sourde qui se propage dans la société. Elle provoque une sorte d’apathie de l’opinion publique et des individus. Elle s’exprime dans des comportements électoraux aberrants. Nous pensons ici à ces régions de France où le nombre d’étrangers est particulièrement bas, alors que les votes pour un parti xénophobe ont représenté plus du tiers des électeurs.
 
Faute de réponse simple des hommes politiques, des intellectuels, de ce qu’on appelait autrefois les élites du pays, une force sape les références élémentaires qui nous lient les uns aux autres : respect du savoir, des valeurs communes, de l’autre. Elle développe une sorte de perversion de nos liens sociaux. Nos sentiments d’appartenance s’effacent. Parce qu’elle est mystérieuse, parce qu’elle reste incompréhensible pour tous, et qu’elle laisse sans voix la classe politique, cette force nous pousse à prendre la parole. Ne nous laissons influencer ni par les préjugés, ni par les pratiques actuelles. Analysons l’état présent. Apportons des propositions concrètes. La tâche nous paraît urgente, car les Français ne vivront plus longtemps dans un monde sans repères, dans un monde où la légitimité de la représentation politique disparaît rapidement.
 
Aucun parti, aucun mouvement de réflexion, aucun responsable politique, aucune opposition n’apparaissent porteurs d’un message capable de répondre à ce délitement fondamental qui touche les gens, les plus jeunes surtout, et qui les plonge dans le désarroi. Les cartes sont brouillées. Elles se redistribueront si nous parvenons, par un effort d’imagination et de compréhension, à mieux déceler les causes de décomposition et de découragement qui se répandent dans une France qui cherche son identité.
 
La question n’est plus de savoir s’il faut lutter contre les extrémismes, soutenir la gauche ou la droite. Notre propos est de voir quels sont les messages autour desquels se regrouperont les citoyens. Non pas une idéologie, mais une nouvelle façon de vivre pour les individus et d

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