Profession urbaniste
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Description

Ayant pour objet la ville et les processus d’urbanisation, l’urbaniste mobilise, pour remplir sa mission, des savoirs et compétences disciplinaires variés (sociologie, économie, génie civil, sciences politiques, architecture urbaine, géographie, sciences de la gestion, etc.). Né en début de deuxième moitié du XIXe siècle dans le sillage des préoccupations hygiénistes et longtemps préoccupé par les questions de croissance, l’urbanisme est aujourd’hui convoqué sur le terrain d’une urbanisation généralisée et du développement durable. Ce qui a toutes les apparences d’un nouveau défi est en même temps un retour aux sources. Face à cette évolution récente des enjeux et des défis, comment et où se situe l’urbaniste québécois ?
Gérard Beaudet est professeur titulaire et directeur de l’Institut d'urbanisme à la Faculté de l'aménagement de l’Université de Montréal.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 mai 2011
Nombre de lectures 1
EAN13 9782760625761
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0200€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

GÉRARD BEAUDET


Professionurbaniste




Les Presses de l’Université de Montréal
La collection

Quel est le rôle, dans la Cité, des chercheurs, des intellectuels,des professeurs, des universitaires en général ? Qui sont-ils etque font-ils exactement ? Quel a été leur parcours intellectuel ?La Collection « Profession » répond à ces questions.


Directeur de collection : Benoît Melançon

Autres titres disponibles au 1 er novembre 2010 :


www.pum.umontreal.ca
Copyright

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archivesnationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Beaudet, Gérard
Profession, urbaniste
(Profession)
Comprend des réf. bibliogr.

ISBN  978-2-7606-2055-1
ISBN  978-2-7606-2576-1 (ePub)

1. Urbanistes. 2. Urbanisme - Aspect social. I. Titre.II. Collection : Profession (Montréal, Québec).

HT166. B422007 307.1'216023 C2007-941343-9

Dépôt légal : 3 e trimestre 2007
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
© Les Presses de l’Université de Montréal, 2007 ; 2010 pour
la version ePub.

Les Presses de l’Université de Montréal reconnaissent l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programmed’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pourleurs activités d’édition.
Les Presses de l’Université de Montréal remercient de leur soutienfinancier le Conseil des Arts du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC).
Introduction



Urbaniste, dites-vous ?
Quel urbaniste n’a pas été confronté à cette question existentielle ? Une question à laquelle il aura eu,au demeurant, bien du mal à répondre, si ce n’est enparaphrasant sa pratique et ses champs de compétence. C’est que, si on sait – ou, plus généralement, sion croit savoir – quelle est la contribution de l’architecte, de l’ingénieur civil ou de l’architecte de paysageà l’aménagement de la ville, il en va tout autrementde l’urbaniste. Spécialiste du long terme, de l’œuvre inachevée et sans cesse remodelée, des processus davantage que des résultats, des démarches plusque des accomplissements, l’urbaniste est au surplusrarement associé, contrairement à ses collègues auxquels il a été précédemment fait allusion, à de grandes réalisations, auquel cas le politique s’empresserahabituellement de s’en attribuer le mérite.
Mais c’est plus probablement l’objet même del’urbanisme qui impose, en dernière analyse, sinonune modestie, à tout le moins un anonymat auquelbien peu d’urbanistes échappent. À tel point quenombreux sont les citoyens qui ignorent ce que nossociétés doivent à l’urbanisme et aux urbanistes.

La ville n’a pas attendu l’urbaniste pour exister.Elle est déjà plurimillénaire au moment où on tenteexplicitement d’en faire un objet de savoir et d’intervention, et l’histoire urbaine nous révèle qu’on estpréoccupé depuis longtemps par son aménagement.Située dans l’actuel Pakistan, Mohenjo Daro s’estdéveloppée de 2 500 à 1 700 avant J.C. D’une super-ficie de quelque 2,5 km2, cette ville à la morphologierégulière offrait à ses habitants des aménagements etdes commodités qui feront encore cruellement défautdans bon nombre de villes des pays industrialisés du XIX e siècle. Portes des habitations placées le long desvoies transversales, moins achalandées, cours intérieures favorisant la ventilation et l’éclairage naturels, ainsi que salles de bain et W.-C. raccordés à desfosses drainées par des canalisations et des égouts,constitueront en effet des avancées qui mettront souvent quelques millénaires avant d’être redécouvertes.
Malgré de telles réussites, parfois fort anciennes,la ville ne se livre pas facilement. Le combat pourl’amélioration des cadres et des conditions de vie estponctué de nombreux échecs et de plusieurs reculs.L’Europe des Lumières entend toutefois remédier demanière définitive à cette situation. Mobilisée parl’idée de progrès et armée d’une raison délestée del’héritage de siècles d’obscurantisme, elle met peu àpeu en place les conditions favorables à l’émergencede l’urbanisme. L’urbaniste est donc, d’une certainemanière, dans la situation du sociologue, de l’ethnologue ou de l’anthropologue, auxquels il emprunted’ailleurs certains de ses savoirs. Il est le rejeton d’unesociété qui, bien qu’elle soit autant, sinon davantage façonnée par ses cadres sociaux, économiques,culturels et matériels qu’elle ne les façonne, entendnéanmoins les organiser de manière rationnelle.Mais, pour que cela soit possible, il fallait que soient d’abord conçus, c’est-à-dire pensés, la ville, la population, l’hygiène, les réseaux techniques, l’économieurbaine. C’est une tâche à laquelle se sont attaqués lesintellectuels des XVIII e et XIX e siècles.
Mais, au moment même où l’urbaniste s’intéresseà la ville et à sa population, la première est déjà surle point de céder le pas à l’agglomération qui, elle-même, a depuis fait place à ce que certains qualifientd’urbanisation généralisée. Aussi, à peine l’urbanisteentend-il corriger les défaillances et orienter la destinée de la ville qu’il est sommé de renouveler sesconcepts, de même que ses outils d’analyse et d’intervention. De nos jours, l’ambiguïté de nombreuxtermes utilisés par les urbanistes – par exemple ceuxde ville et de banlieue – rappelle que, en contexted’urbanisation croissante, de mondialisation deséchanges et de globalisation économique, ce chantier,loin d’être achevé, reste d’une grande actualité.
L’urbaniste est un professionnel du phénomèneurbain. Mais, à la différence des représentants dessciences humaines, s’il s’y intéresse, c’est non seulement pour le cerner, l’explorer, le documenter ettenter de le comprendre, mais aussi et surtout pouren infléchir le devenir. En d’autres termes, l’urbaniste est un professionnel de l’intervention. Sonintervention porte toutefois moins, ainsi qu’on l’adéjà suggéré, sur les bâtiments, les grands équipements, les ouvrages, les infrastructures et les aménagements spécifiques, que sur l’organisation généraledu cadre bâti et la distribution des fonctions, desusages et des activités, le tout au profit des habitants.S’il porte attention aux grands équipements et auxinfrastructures, c’est moins pour les concevoir quepour optimiser leur localisation et leur distribution,et mobiliser leur potentiel de structuration.
Naissance et développement
de l’urbanisme : jalons



L’ urbanisme naît au milieu du XIX e siècle. Àl’époque, la révolution urbaine et industriellequi a déferlé sur l’ensemble des pays d’Europe, ainsiqu’aux États-Unis et, dans une moindre mesure, auCanada, a irrémédiablement chambardé les cadres devie de populations dont les effectifs ont été gonflés àla faveur de vastes mouvements migratoires qui ontlittéralement vidé certaines campagnes, voire ont étéalimentés par le désespoir de milliers d’individusconfrontés, à l’instar des Irlandais, à une misère quianticipait, d’une certaine manière, celle que connaissent de nos jours plusieurs pays en voie de développement.
L’improvisation préside alors à la construction depetits centres de production manufacturière et defaubourgs blottis à l’ombre des usines et parcourusde voies ferrées et de canaux. Ces milieux se caractérisent, plus souvent qu’autrement, par l’absencetotale ou l’insuffisance notoire des réseaux techniques de base (égout et aqueduc), la congestion descirculations véhiculaires, de même que l’insalubritédes habitations, trop peu nombreuses pour abritertous ceux qui souhaitent s’installer dans ces lieux deconcentration sordides. Mais ces extensions urbaines ne monopolisent pas les problèmes auxquels lesautorités sont confrontées. Les centres historiques etleurs faubourgs de l’ère préindustrielle, longtempscirconscrits par des enceintes ou des limites administratives rigides et confinés par les impératifs desdéplacements piétonniers, montrent en effet dessignes de dégradation préoccupants. Peu et mal desservis par les réseaux techniques d’alimentation eneau et d’évacuation des eaux usées, quadrillés de rueset de ruelles mal adaptées aux nouveaux impératifsde la circulation, trop densément construits, malentretenus et surpeuplés à la suite de l’abandon dontils ont souvent été victimes en raison de l’évasion desbourgeoisies vers de nouveaux quartiers plus confortables, ces environnements sont par ailleurs bouleversés par la réalisation de pénétrations ferroviaires,la construction de gares et le percement de nouvellesvoies de circulation.
Une telle situation était devenue socialement inacceptable, même pour les plus ardents défenseurs dulibéralisme économique et du darwinisme social. Lesrévoltes urbaines qui avaient embrasé l’Europe à lafin des années 1840 avaient montré la fragilité d’unédifice socioéconomique fondé sur une exploitationnon contenue des plus faibles. Il fallait faire quelquechose, en particulier dans les villes qui avaient étéprofondément transformées par la révolution industrielle et portaient en elle le germe de la révolte, voirede la révolution. Or l’art urbain, qui avait relativement bien servi le Prince jusqu’à ce jour, s’avéraitincapable de relever le défi. On ne pouvait en effetplus se contenter de donner belle apparence aux percées monumentales et aux abords du palais, tout enmenaçant de représailles les populations des quartiers insalubres qui seraient tentées de revendiquerune amélioration de leur sort. Comme en beaucoup d’autres domaines en cette deuxième moitié du XIX e siècle, il fallait inventer.
La paternité de l’urbanisme est attribuée auCatalan Idelfonso Cerda qui publie, en 1867, unouvrage intitulé La théorie générale de l’urbanisation .Écrit dans le sillage des travaux de planification del’expansion de Barcelone, cet ouvrage propose uneapproche critique qui prend appui sur une analyserigoureuse des problèmes et des besoins des populations de la ville et qui lie les préoccupations pourl’habitat et celles concernant les réseaux. Avec Cerda,l’art urbain cède le devant de la scène à l’urbanisme.Celui-ci ne s’intéresse toutefois qu’accessoirementaux

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