Société : les muets parlent aux sourds
192 pages
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Description

Constatant l’insatisfaction grandissante et l’exaspération des patiences populaires dans les sociétés occidentales, Gérard Glorieux revient sur la genèse des mutations sociales, les facteurs qui y contribuent et leurs influences sur les citoyens. En décortiquant le rôle de la crise financière mondiale actuelle, il pose sans retenue des questions qui interpellent : Quelle est la nouvelle place de l’homme dans une société où l’égoïsme et la perte de sens du groupe ont poussé les habitants dans un isolement inquiétant ? Quels sont les places et les rôles des entités politiques et quelles responsabilités prennent encore nos élus ? Religion et politique ont-elles des actions communes ou séparées à jouer dans notre quotidien ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 décembre 2012
Nombre de lectures 7
EAN13 9782748396317
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Société : les muets parlent aux sourds
Gérard Glorieux
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Société : les muets parlent aux sourds
 
 
 
Là où il y a une volonté, il y a un chemin.
 
 
 
Préface
 
 
 
Est-il rare, de constater dans nos entourages respectifs que les membres de nos communautés immédiates, nos cercles directs, se plaignent de la société dans laquelle ils vivent ? Les plus jeunes marquent leur mécontentement par des manifestations spontanées qui débordent parfois par leur ampleur, pour prendre la forme d’émeutes de quartier.
Cette constatation est-elle plus fréquente et récurrente aujourd’hui qu’hier, ou les anciens se plaignaient-ils aussi ? Nos pères, en leur temps, descendirent aussi dans la rue et manifestèrent quelques fois avec pertes et fracas, mais leurs manifestations n’étaient pas menées uniquement par des jeunes. De plus, les raisons des manifestations étaient au préalable clairement connues de tous et les rangs des manifestants portaient des calicots décrivant les objets des revendications.
Rappelons-nous la manifestation contre la « loi inique » qui eut lieu en décembre 1960 en Belgique contre la loi d’austérité du gouvernement Eyskens. Fin 67, début 68, à l’Université catholique de Louvain, les francophones se font expulser par les Flamands qui ne veulent plus d’un enseignement dispensé en français sur le territoire flamand. Inutile de rappeler les évènements de Mai 68. Les étudiants se révoltèrent contre les amphithéâtres archibondés, les facultés vétustes et un nouveau système de diplômes qui allait créer des injustices flagrantes. La réforme Fouchet 1 enflamme les esprits. La masse des jeunes s’est jointe au mouvement estudiantin pour signifier que de son côté, elle était opposée à la guerre du Vietnam et à la tentative de l’impérialisme nord-américain de rétablir son contrôle sur le Sud-Est asiatique. L’étincelle qui mit le feu aux poudres, fut le mouvement estudiantin universitaire, qui se propagea parmi les ouvriers qui leur emboîtèrent le pas, le tout menant à une grogne généralisée. Les revendications étaient diverses : demandes de hausses de salaires, opposition à l’autoritarisme des patrons, défense de la sécurité sociale…
Plus proche de nous, depuis le mois de mars 2012, au Québec, les étudiants ont commencé à manifester contre l’augmentation des frais de scolarité. Cette revendication première a rapidement évolué vers un mécontentement plus généralisé contre la gouvernance du parti libéral. Le Premier ministre Jean Charest a tardé à réagir face aux scandales de corruption découverts depuis deux ans et qui resurgissent en grand nombre aujourd’hui. La réaction dure du chef du gouvernement à l’encontre des émeutiers, n’a eu pour résultat que de cristalliser la population qui s’est ralliée massivement au mouvement estudiantin. Un sentiment général d’iniquité anime le peuple qui refuse cette politique imposée par des gouvernants au comportement répréhensible.
 
Tous ces exemples montrent qu’un grand nombre de nos semblables sont insatisfaits de leur environnement social. Les insatisfactions sont d’autant plus sensibles que le sentiment de préoccupation des classes politiques semble éloigné de leurs problèmes personnels. Les travailleurs ont l’impression de vivre dans un milieu où leur sécurité d’emploi est perpétuellement menacée, les chômeurs, pour retrouver un emploi, galèrent dans des méandres administratifs qui leur semblent tellement compliqués qu’ils se découragent et aboutissent à la conclusion que l’administration est plus un obstacle qu’une aide à l’embauche. Les jeunes ont le sentiment qu’à vingt ans, pour trouver un emploi, ils doivent avoir au moins trente ans d’expérience. Les retraités reçoivent des allocations qui leur permettent à peine de subvenir à leurs besoins. Le résultat d’une vie entière de cotisations sociales débouche sur une aumône de retraite qui les réduit à la portion congrue. Ce qu’ils acceptent difficilement est que les retenues sur leurs salaires, à l’époque où ils étaient actifs, ont servi à payer les retraites des anciens. Ils estiment que cette explication ne justifie pas qu’il n’y ait plus d’argent dans les caisses pour les payer à leur tour. Ici aussi le sentiment de non-considération et d’iniquité est sensible.
Une société qui ne valorise pas ses jeunes, n’encourage pas ses actifs et ne respecte pas ses anciens est-elle vraiment la société que nous avons voulu construire ? Bien évidemment non ! Pourtant, en regardant ce qui se passe autour de nous, nous pouvons nous demander si nous n’avons pas construit le temple sociétal à l’envers ? Pour beaucoup de nos concitoyens les portes sont inaccessibles, les fenêtres occultes pour le plus grand nombre et le toit ne protège que quelques privilégiés. Sommes-nous devenus les architectes de l’antisocial ou les fossoyeurs des valeurs humanitaires ?
 
Dans les chapitres qui suivront, nous allons voir quels sont les facteurs qui contribuent aux changements de nos sociétés, à l’exaspération des patiences populaires et comment l’homme participe, par ses comportements, à une émulation collective mutuelle des mécontentements groupaux.
 
 
 
La société de l’avoir a remplacé celle de l’être
 
 
 
Une différence fondamentale entre les sociétés de nos grands-parents et celles que nous connaissons aujourd’hui, est la place qu’occupe l’homme dans la société occidentale. Cette place a changé. Ce changement affecte à la fois l’interrelationnel des individus, tant que le relationnel aux groupes. Les concepts d’intérêts individuels ont pris le pas sur les priorités de groupes et le tissu social s’en est fortement modifié. L’individu, en choisissant de renforcer son autonomie individuelle, s’est parfois sans en prendre conscience, rendu plus vulnérable aux variations de situations économiques et de politiques globales.
Les sociétés de production, de consommation et de crédit ont attisé le désir de possession. Si vous entrez aujourd’hui dans n’importe quel foyer, vous y trouverez non pas une télévision, mais au moins deux. Les familles possèdent toutes plusieurs téléphones portables, y compris les enfants. Rares sont les ménages qui n’ont pas une voiture au moins et un ordinateur personnel à domicile. Par contre, les ménages n’ont pas tous une lessiveuse ; le superflu prédomine le nécessaire.
Comme on peut le constater, l’économie de consommation alimente l’économie de production qui, à son tour, impose pour sa propre survie, la consommation. C’est ainsi que nous en arrivons au stade de surconsommation 2 . Ces besoins artificiels, une fois créés, demandent pour connaître une progression florissante un pouvoir d’achat important, fluide, et immédiat. Le crédit rapide et apparemment facile, complète le binôme production – consommation pour en faire une trilogie : crédit facile – production – consommation immédiate. Cette roue à trois rayons, parcourt les chemins de votre paysage informationnel médiatique à chaque instant. Votre télévision, votre journal quotidien, le mur de l’abribus, vos bannières de pages d’ordinateurs, votre portable, vous appellent à consommer. Dans un tel contexte, il n’est pas étonnant que l’idée de réalisation instantanée des désirs impulsifs superficiels réponde, tel un réflexe, à l’instant d’apparition du stimulus. Pour reprendre une image skinnerienne : « Vous salivez devant les vitrines ».
À tout moment, on vous présente le présent du verbe avoir pour vous faire croire qu’il est le futur de l’auxiliaire être par l’emploi de l’impératif de paraître. « Avoir » est devenu le levier sémantique du concept paraître. Paraître devient, en miroir, le témoin visuel de la position de déférence sociale et le vecteur de la comparaison ascendante 3 . La vieille guimbarde essoufflée, les pantalons jouant de l’accordéon, la semelle de chaussure criant famine et la bouche en cœur sur une cavité buccale digne d’un cabinet anglais ne prédisposent pas à tenir le rôle de jeune premier dans un film à grande production. La fonction de bien-être est paramétrée par les variables de la beauté, de la jeunesse, de la santé et de la richesse. Celui à qui l’une de ces variables fait défaut, accuse des discontinuités potentielles invalidantes. Notre société qui se veut si démocratique, par la roue infernale de l’économie de production, voit exclure de son sein, ceux qui n’arrivent pas à tenir la distance. Ceux qui succombent trop facilement aux appels de cette vie artificielle peuvent rarement en assumer le coût.
 
L’argent facile devient alors le chemin le plus direct pour continuer à accéder aux chimères. Les petits crédits multiples, les jeux et leurs dérives d’endettement et de surendettement, prennent alors pied dans l’enfer du quotidien. Quelle est la différence entre endettement et surendettement ? « Un ménage est endetté lorsqu’il a au moins un crédit, emprunt ou leasing en cours de remboursement. L’endettement peut être privé, ou professionnel. Il est privé si ces emprunts, crédits ou leasing concernent des besoins de la sphère domestique. Un ménage peut être endetté à la fois sur le plan privé et professionnel. En Belgique, le surendettement est défini comme une incapacité durable ou structurelle à faire face à ses obligations financières ou aux échéances de remboursement échues ou à échoir 4 . La Centrale des crédits aux particuliers joue un rôle essentiel dans le recensement des remboursements non honorés et prend comme critère l’impossibilité de rembourser ses dettes pendant une période contin

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