Trois crises, deux issues
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Trois crises, deux issues , livre ebook

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Description

Les jeunes générations n’ont guère connu que la crise depuis les années 70. Mais de quelle crise parle-t-on ? En réalité, à l’analyse, nous vivons trois crises simultanées. Celle de politiques néolibérales qui ont eu leur logique, aujourd’hui contre-productive, voire suicidaire, celle du système capitaliste arrivé au terme de son histoire et surtout, une crise de civilisation, crise d’une société bâtie sur l’appropriation privative et déresponsabilisante de nos moyens d’existence et la concurrence de tous contre tous. Face à cette triple crise, qui pose ouvertement la question de notre survie en tant qu’humanité, nous n’avons clairement que deux issues : la fuite en avant vers l’implosion générale ou la construction d’un processus clairement post-capitaliste.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 novembre 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414148561
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
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Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-14854-7

© Edilivre, 2017
Introduction
Pour tous ceux qui ont vécu ces dernières décennies, quinquagénaires et au-delà, et a fortiori pour les plus jeunes, qui n’ont rien connu d’autre depuis des années, le contexte historique a été marqué par un récurrent climat de crise depuis ce qu’on a appelé le « premier choc pétrolier » de 1973 jusqu’à la séquence actuelle (2007-2017). Le mot même, galvaudé, renvoie pourtant à un phénomène qui, en toute connaissance de cause, n’a plus rien de conjoncturel. Mais, au fait, crise de quoi ? La réponse à cette question est, à n’en pas douter, un enjeu majeur qui engage les décennies à venir.
Reprenons les derniers temps forts de cette séquence vieille de moins d’une décennie. 15 septembre 2008 : l’une des plus grandes banques privées des États-Unis, la Lehman Brothers , est acculée à la faillite et, faute de repreneur, abandonnée par l’administration du président américain Georges W. Bush, et immédiatement vendue par morceaux. L’événement est alors tout simplement stupéfiant : c’est, non seulement pour cet établissement financier, une issue jugée improbable quelques semaines auparavant mais surtout la plus grosse faillite de toute l’histoire des États-Unis, évaluée aujourd’hui à près de 700 milliards de dollars, soit un petit tiers du PIB français 1 ! La dimension astronomique de ce chiffre et de tous ceux auxquels nous serons confrontés par la suite dit d’emblée la démesure du capitalisme contemporain.
Or cet événement, loin d’être isolé, a déjà été précédé, depuis l’été 2007, de plusieurs faillites tout aussi spectaculaires : en quelques mois, ont également sombré des banques comme la Washington Mutual (327,9 milliards de dollars) ou la Worldcom (103,9 milliards), respectivement seconde et troisième faillite de l’histoire, accompagnées, en 2008, de la nationalisation en catastrophe de Fanny Mae et Freddy Mac, ou encore d’AIG, et de la mise en faillite de General Motors, en 2009. Trois banques, et pas n’importe lesquelles, deux des plus grandes sociétés publiques spécialisées dans l’immobilier, l’une des plus grandes compagnies d’assurances du monde, et une des plus grosses entreprises industrielles du pays et du monde au tapis en quelques mois,… avec d’autres centaines ! On est alors au cœur de ce qu’on a appelé, dans les médias, la « crise des subprimes ». Crise dont on avait hâtivement, dans l’été 2008, prédit… le règlement rapide. Pourtant, cette faillite de la Lehman n’est que la continuation d’une immense déflagration qui, très vite, par sa violence, allait être comparée à la crise de 1929. Mais ce rapprochement est-il bien raisonnable ?
Partie des États-Unis, touchant de plein fouet l’Europe puis l’ensemble de la planète, cette « crise » mondiale va provoquer partout d’autres faillites bancaires (masquées en partie par des nationalisations ou des fusions), une sévère récession économique 2 , des dizaines de millions de chômeurs supplémentaires et, entre autres manifestations, la perte pour des millions de familles de leurs biens immobiliers. On allait frôler, lors de cette terrible année 2008, l’effondrement général de tout le système, à travers l’un de ses maillons essentiels, la banque. Cette crise est brutale, globale et mondiale. Pourtant, tirant justement les leçons des erreurs commises dans les années trente (où on avait « laissé faire »), les États les plus menacés pensaient faire le nécessaire en sauvant coûte que coûte leur appareil bancaire. Des milliards vont alors être déboursés 3 , pour autant dire sans conditions, dans l’urgence, afin d’éviter le pire. Si, au début de l’année 2009, on pensait à tort que la crise était finie, en 2017 les conséquences de ces événements sont toujours bien visibles. L’histoire est en marche… inexorablement.
L’ex-président de la République, Nicolas Sarkozy (2007-2012), se pressait pourtant de déclarer, dans un discours à Toulon, dès 2008, que « la crise financière que nous connaissons aujourd’hui, mes chers compatriotes, n’est pas la crise du capitalisme » ! La question se posait-elle donc ? De fait, selon un sondage effectué en 2009 4 , à la question sur la nature de la « crise », une majorité d’Anglo-Saxons (56 % des Britanniques, 54 % des Américains) y voyaient effectivement une simple crise financière. Interprétation a minima et à bon compte de l’événement. Mais, en France, on pensait plus à une crise du capitalisme (37 %), voire à une crise de société (21 %). Sentiment diffus mais très présent de la gravité du moment. La vertu pédagogique de ces événements aura été considérable et l’image des banques et de tout le système a été durablement dégradée. Mais a-t-on vraiment pris conscience de ce que signifie cette séquence ?
L’importance d’un événement est rarement réalisée d’emblée et toute l’histoire de cette crise montre que la prise de conscience des risques encourus ne s’est faite qu’après coup. On peut légitimement parler d’aveuglement quasi général. On a refusé de voir que tous les indices les plus sombres s’accumulaient depuis quarante ans : à commencer par les déficits publics, une politique privilégiant le profit le plus élevé dans le laps de temps le plus court, et ce pour une minorité. On verra pourtant que tout ce qui s’est passé depuis 2007 était parfaitement prévisible et qu’on peut dessiner, avec un faible risque d’erreur, ce qui est à venir. L’onde de choc déclenchée par cette crise est très loin d’être arrivée à son terme, contrairement à ce qu’affirment régulièrement nos responsables politiques, à commencer par l’ancien président français François Hollande 5 . À ce titre, on peut considérer d’ores et déjà que l’événement « crise des subprimes » est fondateur pour le siècle, qu’il pose des questions économiques et politiques majeures. Ce qui est en jeu ici, n’ayons par peur des mots, est tout simplement notre avenir en tant qu’humanité.
Écartons d’emblée les malentendus. Il peut paraître trop facile, voire démagogique, de prédire le pire, à commencer par l’effondrement de tout un système. D’autant plus que cette possibilité a été avancée à de nombreuses reprises, et à tort. Il est encore plus facile de dénigrer ceux, il y en a eu 6 , qui n’ont cessé d’avertir l’opinion publique des risques encourus. Ainsi, pour ne prendre que cet exemple, en 2007, au Forum de Davos, donc avant le début de la crise, la journaliste britannique Gillian Tett émettait des doutes sur l’essor inquiétant du crédit aux États-Unis 7 . Elle supputait le pire. Mal lui en prit. Elle se fit prendre à partie de façon peu amène, et comme d’autres, traitée comme une Cassandre de mauvais aloi. Et même si un certain nombre, sinon la plupart des participants à ce Forum, gratin de la finance mondiale, savaient pertinemment qu’elle était dans le vrai, on pratique dans ces milieux, jusqu’à l’absurde, la loi du silence, de peur de déclencher l’autoréalisation des scénarios les plus noirs.
Il n’est pas facile de cibler précisément l’ensemble des facteurs responsables de cette faillite, et sans explication rationnelle, cette crise n’offre pas d’issue. Telle est bien la question. De quoi la crise est-elle le nom ? Est-elle une « simple » crise financière, comme il y en a eu dans le passé et comme il y en aura dans le futur ? Le capitalisme, comme Schumpeter l’affirmait, est constamment en crise. Mieux, il vit de la crise. Ou bien doit-en penser que ces crises financières sont symptomatiques d’une dérive mortifère pour le capitalisme ? On parlera alors de crise de l’idéologie néolibérale et de tout ce qu’elle a inspiré depuis les années 70 (ce sera l’objet du chapitre premier). Ou bien est-elle le nom d’une crise beaucoup plus profonde qui touche à tout un mode d’organisation économique, social et politique ? On alléguera alors une crise d’un capitalisme arrivé au bout de sa logique historique, empêtré dans ses propres contradictions (chapitre second). Ou bien faut-il aller encore plus loin dans l’analyse et parler d’un tournant historique majeur qui induit d’immenses transformations, à défaut desquelles le monde irait à sa perte ? À ce titre, il faudrait alors qualifier ce que nous vivons aujourd’hui de « crise des sociétés de classes » et des rapports sociaux qui lui sont liés (chapitre troisième). Au terme de cette analyse, nous verrons dans un quatrième chapitre l’éventail des possibles, voire des probables et les choix qui s’offrent à nous.
Je m’adresse ici à des lecteurs pour qui ces questions, ressenties comme cruciales mais forcément ardues, apparaissent sinon difficilement compréhensibles, du moins très complexes et source de perplexité. Rendues complexes dès le premier abord par des termes, des anglicismes souvent, des expressions, des mécanismes souvent inconnus, entendus mais pas toujours expliqués. La presse nationale française a pourtant énormément contribué à rendre accessible ce vocabulaire indispensable pour comprendre la crise. Chaque notion sera ici expliquée, soit directement, soit en note. Mais l’éclaircissement des mots n’enlève rien à la complexité des processus. La perplexité vient de la multiplicité des explications, le plus souvent enfermées dans un réformisme sans horizon. Pourtant nous avons bien pour l’essentiel en mains tous les éléments pour comprendre ce qui se passe. Tout citoyen, quel que soit son niveau de connaissances économiques peut appréhender cette histoire en cours et agir en conséquence. Rien n’est plus urgent, d’autant plus que s’approche le dixième anniversaire de cette séquence, que de susciter une vaste prise de conscience.
1. Qui est évalué cette même année à 1950 milliards d’euros, soit à plus de 2300 milliards de dollars.

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