Un testament wallon
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Un testament wallon , livre ebook

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Description

Il y a dix ans, la RTBF diffusait son fameux docu-fiction Bye bye Belgium. Depuis, la mouvance nationaliste flamande a fortement progressé. La N-VA est devenue la première force politique en Flandre et elle a accédé au gouvernement fédéral belge, où elle gère d'importants portefeuilles (Intérieur, Défense, Finances, Immigration). Si une trêve communautaire a été décrétée pour la durée de la législature, le président Bart De Wever fourbit d'ores et déjà ses armes pour la prochaine offensive. Objectif : le confédéralisme, avec une capitale partagée et le maximum d'autonomie et de responsabilité pour la Flandre et la Wallonie. Quant à Peter De Roover, le chef de groupe N-VA à la Chambre, il a déclaré, le 14 septembre 2016, que si son parti obtenait la majorité avec le Vlaams Belang, il réclamerait l'indépendance de la Flandre. Dans ce petit essai, Jules Gheude explique comment la fiction pourrait devenir bientôt réalité et pourquoi tout cela était inscrit dans les astres. Il exhorte les Wallons à voir les choses en face et à se préparer à l'après-Belgique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 novembre 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342058529
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0034€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Un testament wallon
J u le s Gh e u d e
M o n P e t i t E d i t e u r
Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Mon Petit Editeur
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Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Un te s ta me n t wa llo n
À mes petits-fils Tom, Oliver, Elliot et Ian. Car c’est leur avenir qui est en jeu. Or, encore une fois, la Belgique francophone refuse de voir ce qui va se produire, que le pays va davantage s’évaporer, que la Flandre veut se débarrasser de la Wallonie socialiste qu’elle ne supporte plus. Jean Quatremer, correspondant deLibérationà Bruxelles, interview accordée à « Moustique », le 20 mai 2014
Wv e rs u s a llo n ie Fla n d re
Les Fêtes de Wallonie 2016 viennent de se terminer. Voilà bien longtemps que je ne m’associe plus à l’événement. Fêter quoi ? Une région dont les responsables ne cessent d’annoncer le retour de la prospérité, mais qui affiche toujours un taux de chômage de 13,8 % ? Une région qui voit se multiplier les plans de redressement, mais qui ne parvient toujours pas à réaliser l’équilibre budgétaire ? Le déclin de la Wallonie a débuté avec les années soixante, lorsque l’industrie lourde a périclité. 1 Dans son livre « La Belgique est-elle morte ? », le journaliste Étienne-Charles Dayez décrit parfaitement la situation : La Belgique, en dix ans, a changé de visage. Les industries wallonnes, les charbonnages ont dépéri et ferment leurs portes sans qu’il y ait de reconversion valable. Le chômage s’accroît, la natalité baisse, l’angoisse et l’inquiétude guettent. La Flandre, par contre, s’épanouit. Agricole par tradition, elle devient industrielle en l’espace de cinq ans. La perspective du Marché commun, à partir de 1956, sa réalisation après 1958, transforment les données de l’économie. Américains et Anglais se préparent à l’Europe des Six. Ils s’y implantent, et trouvent les conditions les plus favorables en Flandre : une main-d’œuvre assez abondante qui apprend assez vite l’anglais, des paysages encore vierges, la proximité des plages de la mer du Nord d’un accès facile par l’autoroute Bruxelles-Ostende, les installations du port d’Anvers. Quand le gouvernement propose, trop timidement il est vrai, des sites wallons aux investisseurs, il essuie des refus catégoriques. Les Américains ne se sentent pas attirés par les terrils, les villes noires, les usines désaffectées. Ils veulent du neuf, et qu’importe le prix ! La stratégie syndicale s’est révélée suicidaire. Elle a forgé l’image négative d’une région prompte à déposer l’outil. La grande grève de l’hiver 60-61 contre la « loi unique » n’a pas empêché le Parti socialiste, une fois revenu au pouvoir, d’appliquer à la sauvette cette même loi. Mais, au nom de la défense des sacro-saints droits acquis, la gare des Guillemins à Liège avait été saccagée et les hauts-fourneaux fermés. Les aides de l’État belge – unitaire – n’ont fait qu’accompagner le recul économique de la Wallonie, tandis qu’elles favorisaient l’expansion en Flandre. Analysant l’évolution de 1959 à 1977, l’économiste Michel Quévit, constate : En Wallonie, les aides de l’État sont destinées à affronter les problèmes soulevés par le désinvestissement du privé qui se désintéresse des secteurs traditionnels : rationalisation de l’outil industriel vieilli, avec pour conséquence les fermetures d’entreprises, et, pour effet collatéral, le gonflement du chômage régional. Dans le même temps, en Flandre, les aides servent à des investissements dans des secteurs inducteurs de croissance économique, créateurs d’emplois, d’innovation, de diversification et de développement des activités et cela dans toutes les provinces 2 flamandes à cette époque. Après plus d’un siècle de luttes pour acquérir ses lettres de noblesse sur l’échiquier politique belge, la Flandre avait ainsi fini par se rendre maître du jeu économique. Avec la fixation définitive de la frontière linguistique en 1962, elle était devenue un État dans l’État et n’aspirait plus qu’à l’autonomie culturelle pour constituer une véritable nation. Ce sera chose faite avec la révision de la Constitution de 1970, qui, outre les conseils culturels, consacra l’existence des régions wallonne, flamande et bruxelloise. La Flandre s’empressa de concrétiser le premier volet, mais, opposée à la mise sur pied d’une région bruxelloise à part entière, fit tout pour freiner l’application du second. La régionalisation définitive pour la Wallonie et la Flandre n’intervint qu’en 1980. Bruxelles dut patienter jusqu’en 1988. Autant d’années perdues. Soucieuse d’encadrer fortement sa minorité bruxelloise, la Flandre opta dès le départ pour la fusion de ses institutions communautaire et régionale. Du côté
francophone, les libéraux-réformateurs souhaitaient en faire de même, mais ils se heurtèrent au veto du Parti socialiste, qui craignait de voir son pouvoir se diluer et entendait bien garder la mainmise sur la Wallonie. C’est ainsi que, de 1980 à ce jour, la ministre-présidence de la Région wallonne fut confiée, à deux exceptions près (le libéral André Damseaux en 1982 et le social-chrétien Melchior Wathelet de 1985 à 1988), au PS. Difficile, dans ces conditions, de nier l’influence déterminante de ce parti sur la gestion des affaires. En 2004, le ministre-président Jean-Claude Van Cauwenberghe annonçait déjà que les choses allaient mieux. Mais, douze ans plus tard, force est de reconnaître, avec Philippe Destatte, le directeur de l’Institut Jules Destrée, quela Wallonie n’a toujours pas décollé. La province de Hainaut reste dans une situation précaire. Elle a pourtant bénéficié d’importantes aides européennes pour atténuer son retard par rapport à la moyenne européenne (quelque 30 milliards de francs belges au cours de la période 1994-1999, dans le cadre de l’Objectif 1). Pour la Flandre, il est clair que l’on se trouve confronté à une gouvernance inadaptée.Les Wallons ne peuvent tout de même pas invoquer éternellement la fermeture des charbonnages, intervenue il y a plus d’un demi-siècle, déclare l’ancien 3 secrétaire d’État CD&V Hendrik Bogaert . Cette évolution a contribué à tendre les relations entre le Sud et le Nord. Car celui-ci n’entend plus se montrer financièrement solidaire – les fameux transferts – d’une région qui, à ses yeux, est mal gérée et ne fournit pas les efforts nécessaires :Libre à la Wallonie d’opérer les choix qu’elle veut, mais qu’elle en assume la responsabilité financière ! À cela, l’économiste Michel Quévit rétorque : Durant plus d’un siècle, de 1830 à 1965, la Wallonie a participé de manière significative à la richesse de l’État belge et a nécessairement contribué aux interventions de l’État destinées à créer les infrastructures sur l’ensemble du territoire, telles que les chemins de fer, les ports, les voies fluviales, les routes. De ce fait, elle a incontestablement été une région financièrement contributrice au développement de la Flandre, et ce, avant l’heure de l’Europe. Elle s’inscrivait dans une logique de cohésion 4 et de solidarité nationale où ce qui bénéficiait à l’un, bénéficiait à l’autre. Mais tout cela tourne aujourd’hui au dialogue de sourds. Pour Bart De Wever, le président de la N-VA,Flamands et Wallons vivent sur des planètes différentes et constituent deux démocratiesempruntant des chemins diamétralement opposés. Et les résultats diffèrent de manière significative. En 2015, la part de la Flandre dans les exportations belges atteignait 83,1 %, avec 288,8 milliards d’euros. C’est le sixième meilleur chiffre au sein de l’Union européenne. Cela n’est pas le fruit du hasard, mais bien d’une politique fortement marquée par l’esprit entrepreneurial. La prospérité de la Flandre résulte d’un réseau de PME dynamiques et innovantes. Les dernières grèves ont également montré que les responsables syndicaux flamands faisaient preuve de plus de pragmatisme et d’un sens plus aigu des responsabilités. Marc Goblet, le leader de la FGTB wallonne, a-t-il conscience des dégâts que sa stratégie jusqu’au-boutiste occasionne à une Wallonie dont la santé reste fragile ? Le gouvernement wallon vient de clôturer son budget 2017 avec un déficit de 200 millions d’euros et tout indique que le retour à l’équilibre budgétaire ne pourra être atteint à court terme. Pendant ce temps, le gouvernement flamand affiche une situation saine, après avoir adopté un projet ambitieux en matière d’allocations familiales, d’enseignement et de dégraissage de l’institution provinciale. Paul Magnette, le ministre-président wallon, estime aujourd’hui quesans l’enseignement et la culture, la Région wallonne est comme un eunuque.Mais a-t-il oublié que c’est son parti qui a refusé la fusion ? Il ne suffit d’ailleurs pas de disposer d’outils pour s’en sortir, encore faut-il les utiliser à bon escient. Il faut dire que du côté de la Communauté française de Belgique – seule appellation constitutionnellement reconnue ! –, les choses ne vont guère mieux. Ici aussi, on présente un budget en déficit. Et le débat sur l’enseignement tourne à la cacophonie.
Il faudra décidément mieux se coordonner au sein du gouvernement de la Communauté française, noteLa Libre Belgique, le 8 septembre 2016. Pour Rudy Demotte, le ministre-président PS de la Communauté française, les difficultés budgétaires résultent notamment du fait que l’institution a hérité de nouvelles compétences, comme les hôpitaux universitaires, sans que les moyens financiers appropriés aient suivi. Mais n’est-ce pas son coreligionnaire Elio Di Rupo qui e a porté la dernière réforme de l’État, la 6 , sur les fonts baptismaux, en claironnant qu’il avaitsauvé le pays? Lorsqu’il était ministre-président wallon, Rudy Demotte joua à fond...
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