Une affaire classée au XIVe siècle
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Une affaire classée au XIVe siècle , livre ebook

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Description

À l'issue de la bataille de Poitiers, au cœur de la guerre de Cent Ans, des bandes armées de routiers mettent le pays à feu et à sang.
Arnaud de Cervole est l’un des plus puissants de leurs capitaines et Jean le Bon utilisera volontiers ses services. Alors que Cervole était mandaté par le pape pour une croisade contre les Turcs, il sera assassiné près de Mâcon le 25 mai 1366 et Charles V ne poussera pas bien loin une enquête criminelle. C’est à la date exacte de ce meurtre qu’a lieu, en Bourgogne, la prise du château de Thil-en-Auxois par la troupe du Petit d’Arby, un séide de Cervole, cousin de ce dernier.
Puisque la garde du château de Thil était confiée à Cervole lui-même à l’époque de ce siège, la version admise de l’événement entraîne une multitude de questions insolites.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 septembre 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334174596
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-17457-2

© Edilivre, 2016
Préface
Les faux documents sont aussi anciens que l’écriture. Il existe à ce sujet, au temps de Charlemagne, un antécédent fameux que nous livre un historien contemporain 1 :
« Les bureaux pontificaux sont de grands spécialistes de faux en écriture. Falsification de documents, fabrication de fausses chartes : à Rome, on ne recule devant aucun mensonge pour renforcer la diplomatie. Le chef-d’œuvre date justement du VIII è siècle, et sera utilisé au cours des négociations avec Charlemagne, c’est la fausse Donation de Constantin. A une date que l’historien de l’Eglise Eugen Ewig situe aux alentours de 774-778, la chancellerie pontificale fabrique une fausse charte de l’empereur Constantin, qui, au début du IV e siècle , avant de s’installer à Constantinople, aurait donné au pape Silvestre le gouvernement de Rome, de l’Italie et de la partie occidentale de l’empire. Ce document est utilisé par Hadrien I er , puis par Léon III pour légitimer leurs revendications sur les ex-territoires byzantins de l’Italie. Curieusement, une fraude aussi énorme ne soulève ni soupçons ni protestations. Elle ne sera dénoncée que sept siècles plus tard, en 1440, par l’humaniste Lorenzo Valla, dont la Declamatio ne sera imprimée qu’en 1517 par le luthérien Ulrich von luthérien Ulrich von Hütten. ».
Au décours d’une recherche sur Jean, seigneur de Thil-en-Auxois, connétable de Bourgogne en 1345, j’avais accumulé des informations sur une famille princière, celle des Châteauvillain, qui est liée de très près à celle du connétable. Ce sont les incohérences du discours officiel sur la descendance de ce dernier qui m’ont amenée à entamer une seconde recherche dont le résultat m’a semblé assez étonnant pour en faire l’objet de cet ouvrage.
Jean, sire de Thil, est mort vers 1355 et un héritier mineur lui a succédé, nommé Jean également. Ce dernier sera donc seigneur de Thil-en-Auxois, puis héritera du fief important de Châteauvillain en Champagne dont il prendra le nom.
Notre récit se situe durant la Guerre de Cent ans. Le désastre de Poitiers en septembre 1356, a entraîné la mort de beaucoup de grands seigneurs, proches du roi Jean le Bon, dont celle du jeune sire de Châteauvillain.
Cette défaite a une autre conséquence : des bandes de soldoyers, débauchés après la bataille, se répandent dans les campagnes avec leurs armes et entretiendront la désolation dans le royaume de France avant que Charles V ne mette fin à ce désordre. C’est dans ce cadre que survient l’épisode, mille fois raconté dans la chronique Bourguignonne, de la prise en 1366 de la forteresse de Thil-en-Auxois par un détachement de routiers , mené par le « Petit d’Arby » et de la mise à rançon de la dame de Thil.
Cependant le récit qui nous est fait de l’épisode par les historiens ne concorde pas avec les textes rédigés à l’époque. L’identité de la dame de Thil semble en conséquence bien floue et plus encore celle du mineur qui serait son fils, celui-là même qui héritera vers 1389 de la seigneurie de Châteauvillain.
Le connétable Jean de Thil aurait épousé Jeanne de Châteauvillain en Champagne vers 1345. Le frère de Jeanne est Jean, seigneur de Châteauvillain, qui est donc mort à la bataille de Poitiers en 1356, sans avoir encore été marié.
Jeanne aurait ainsi hérité Châteauvillain de son frère. De son mariage avec Jean de Thil serait né un fils, héritier des deux terres, Jean de Thil-Châteauvillain, que nous appellerons Johannis de Thillio pour le différencier de Jean de Thil, connétable de Bourgogne. La réalité de ce mariage constitue une vérité intangible que toutes les sources autorisées présentent comme une certitude.
Johannis de Thillio a certes hérité des deux domaines, mais notre recherche met en évidence une filiation beaucoup moins simple que la tradition ne l’indique.
Il existe en fait un texte et un seul qui affirme la filiation de Johannis de Thillio . Ses contemporains, puis les généalogistes à leur suite ont tous considéré la réalité de son état civil sur la foi de ce seul document dont les commentateurs du XIX e siècle ont relevé le caractère « bizarre ». Il s’agit du testament de Marie de Châteauvillain, sœur de Jeanne, dont le lecteur pourra prendre connaissance au fil de ces pages.
Si ce mariage n’a pas existé, qui donc est Johannis et comment a-t-il pu hériter de Châteauvillain ? Ce sont les petits rébus que je me suis attachée à essayer de résoudre, rébus qui mettent en scène un personnage célèbre. Il s’agit d’Arnaud de Cervole, chef de Grandes Compagnies, dont la mort violente et inexpliquée pourra prendre du sens au travers de ce récit.
1 Georges Minois : « Charlemagne ».
Prologue Arnaud de Cervole
Cette histoire est celle de la descendance de Jean, sire de Thil-en-Auxois, qui fut connétable de Bourgogne au 1345. Les faits se situent au début de la guerre de Cent Ans, au moment où des Compagnies de Routiers sèment la terreur et la désolation dans les campagnes de France. Nous allons présenter un de leurs chefs, Arnaud de Cervole, dont le rôle dans notre histoire se trouve déterminant.
Arnaud de Cervole, dit l’ Archiprêtre , compte parmi les plus puissants des capitaines des armées privées qui pullulent au temps de Jean le Bon, au milieu du XIV e siècle. Parti d’un statut obscur, il va se trouver un des principaux chefs de Compagnies et Jean le Bon s’appuiera aveuglément sur les soldoyers que Cervole met à sa disposition. L’appui qu’il apportera au roi a un prix et Cervole recevra en abondance un bien toujours précieux, l’or, dont il disposera en abondance.
C’est la Guerre de Cent ans qui est à l’origine de sa carrière étonnante.
Dans l’armée féodale classique, la guerre est organisée par le très ancien système appelé «  service d’ost  », service militaire qui est dû par chaque vassal à son suzerain. Un système pyramidal de vassalité fait du roi de France le suzerain en dernier ressort de tous les seigneurs des plus grands fiefs. Au moment où se noue notre histoire, lors de la bataille de Poitiers en 1356, le roi a demandé l’ aide de tous ses grands vassaux qui se sont rendus à l’ ost royal avec leurs propres vassaux.
Les seigneurs du XIV e siècle, malgré des interdictions royales intervenues depuis cent ans, ne se privent pas de poursuivre des guerres privées sans demander son avis au roi. Ils convoquent leurs vassaux, de préférence vers le mois de mai quand l’herbe haute permet de nourrir les chevaux. Des chevauchées, chacune en principe limitée à quelques jours, peuvent avoir lieu jusqu’à ce que le fourrage fasse défaut, en automne ; les seigneurs et leur suite rentrent passer l’hiver dans leurs châteaux où ils reçoivent les ménestrels en attendant la saison suivante.
Les combattants ne sont qu’à peine défrayés de leurs dépenses mais une bataille victorieuse apporte, outre la gloire, des retombées avantageuses sous la forme de rançons. Ces rançons sont exigées du vaincu dans les tournois, comme à la guerre. C’est une affaire d’honneur de s’en acquitter et, plus le personnage vaincu est important, plus la rançon est élevée. Le roi de France, Jean le Bon, a été fait prisonnier par les Anglais au cours de la bataille de Poitiers et ceux-ci entendent monnayer au prix fort ce captif royal. Jean le Bon n’élèvera aucune objection quand les Anglais évalueront à trois millions d’écus le prix de sa rançon, ce qui en faisait le personnage le plus important de la chrétienté et lui rendait donc grand honneur 2  ! Loin de s’inquiéter de la difficulté de réunir une telle somme, il était au contraire très fier du chiffre de cette rançon.
Après les défaites de Crécy en 1346 et de Poitiers en 1356, ce sont donc les Anglais vainqueurs qui dorénavant exigent des rançons au montant exorbitant. Cet argent ne restera pas sur place mais sera expatrié outre-Manche, faisant les Anglais riches pour plusieurs générations.
Le début de la Guerre de Cent Ans se passe ainsi dans un contexte de défaites cinglantes essuyées par l’ordre chevaleresque ancien dont toutes les références sont balayées et qui ne s’en relèvera pas. Les seigneurs féodaux, obligés de vendre leurs biens pour trouver le rare numéraire leur permettant de recouvrer la liberté, se retrouvent ruinés. Ils sont aussi déconsidérés, pour s’être montrés incapables d’assurer leur mission de défense de la population.
Au moment même où le service d’ost s’essouffle après les défaites de Crécy et de Poitiers, les rois et les princes ont le plus grand besoin de disposer de troupes permanentes, car la guerre a perdu son caractère intermittent. 3
Ils s’adressent alors à des chefs de bandes et concluent avec eux des contrats à durée déterminée, renouvelables en cas de besoin. La démarche est ancienne, mais les effectifs de mercenaires étaient limités et ceux-ci avaient l’habitude de retourner dans leur pays après services rendus.
Dès avant la bataille de Poitiers et durant les années suivantes, le recrutement de mercenaires a pris des proportions qui ne seront plus maîtrisées. Il s’agit d’Anglais, de Navarrais, de Bretons, Gascons, Allemands etc… Au moment du traité de Brétigny, en 1360, lorsque la paix rend inutiles ces troupes composées de soldoyers, c’est-à-dire de combattants rémunérés au moyen d’une solde, ceux-ci vont être débauchés sur place. Au lieu de rentrer chez eux, ces soldats vont vivre sur le pays, comme ils le faisaient en temps de guerre, en rançonnant, pillant, violant.
Ces mercenaires licenciés, livrés à eux-mêmes, se constituent en petits groupes qui fonctionnent sur le mode de sociétés secrètes. Ils ont leur hiérarchie, leurs codes, leurs règlements très stricts et obéissent fidèlement à leurs

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