Une vie périphérique
26 pages
Français

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Description

« Sur la banlieue on oppose parfois au discours catastrophiste (zone de non-droit) son symétrique (plein d’initiatives formidables). À équidistance de ces deux généralités se tient le réel de la banlieue. Des millions de gens singuliers qui essaient d’avancer dans la journée, la semaine, le mois, les années. Je voulais raconter une vie ordinaire, sans spirale délinquante ni miracle méritocrate. Depuis un an que je connais Fatima, qui travaille au Auchan de Neuilly-sur-Marne, son existence m’est apparue par bribes de conversation. Cette fois je lui ai demandé de tout me raconter, depuis le début. »
François Bégaudeau, écrivain

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 mars 2012
Nombre de lectures 10
EAN13 9782363150721
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Une vie périphérique
François Bégaudeau
ISBN 978-2-36315-199-5

Mars 2012
Storylab Editions
30 rue Lamarck, 75018 Paris
www.storylab.fr
Les ditions StoryLab proposent des fictions et des documents d'actualit lire en moins d'une heure sur smartphones, tablettes et liseuses. Des formats courts et in dits pour un nouveau plaisir de lire.
Ce texte a été publié en partenariat avec Megalopolis, le magazine du très grand Paris.
Table des mati res

Le mot de l'éditeur
Note de l'auteur
UNE VIE PÉRIPHÉRIQUE
Annexes
En bref
Pour aller plus loin
Lexique
Biographie
Dans la m me collection
Le mot de l'éditeur
Les banlieues sont le « grand oubli de la campagne présidentielle ». Une ou deux lignes dans les programmes, deux ou trois déplacements symboliques, mais pas de débat. Les candidats préfèrent parler emploi, fiscalité, pouvoir d’achat, éducation, logement, sécurité, intégration, laïcité… Sans se rendre compte que c’est dans les quartiers, les cités, les ZUS, que ces questions se posent avec le plus de force, jusqu’à la caricature. Dans ces quartiers que le taux de chômage, la pauvreté et l’échec scolaire sont les plus élevés. Que la délinquance fait le plus de ravages. Que l’urbanisme est le plus désespérant. Que l'on ne croit plus au « vivre ensemble ».
Pourtant, depuis les émeutes de 2005, on observe, on enquête, on ausculte ces quartiers. Sept ans après, le constat a été dressé. Mille fois.

Mais il y a une question que l’on ne pose jamais : à quoi rêvent les banlieues ? En partenariat avec Megalopolis, François Bégaudeau a répondu à cette question en racontant la vie de Fatima. Son quotidien, ses déceptions et ses obstacles, mais aussi ses plaisirs et ses espoirs.
Note de l'auteur
Sur la banlieue on oppose parfois au discours catastrophiste (zone de non-droit) son symétrique (plein d’initiatives formidables). À équidistance de ces deux généralités se tient le réel de la banlieue. Des millions de gens singuliers qui essaient d’avancer dans la journée, la semaine, le mois, les années. Je voulais raconter une vie ordinaire, sans spirale délinquante ni miracle méritocrate. Depuis un an que je connais Fatima, qui travaille au Auchan de Neuilly-sur-Marne, son existence m’est apparue par bribes de conversation. Cette fois je lui ai demandé de tout me raconter, depuis le début.

François Bégaudeau
UNE VIE PÉRIPHÉRIQUE
En 1846, une commune du littoral algérien est rebaptisée Nemours par les colons français, en hommage à Louis d’Orléans, duc de Nemours. C’est une belle prise : ici la Méditerranée est prodigue en sardines et en anchois. Un siècle plus tard, Horia y naît. À quatre ans, elle comprend vaguement que son père est mort en combattant pour l’indépendance. À seize ans on la marie à un cousin. À vingt ans elle est mère de trois enfants. Désormais, la ville s’appelle Ghazaouet.
L’époux de Horia aime sa petite famille, mais lui demande parfois de débarrasser le plancher pour qu’il puisse inviter ses copains à festoyer. L’époux boit, ce sont des choses qui arrivent. Quand Horia menace de partir, il promet d’arrêter, puis recommence, puis repromet, et ainsi de suite jusqu’au point de non-retour en 1976, où Horia demande et obtient le divorce. Sans ressources, elle laisse ses beaux-parents ramener ses trois petits au Havre. L’homme de la maison y travaille dans les Chemins de fer depuis 1954. Pour Horia, c’est une solution de dépit, mais Le Havre est une ville de la France, pays si beau et si prospère qu’y vivre est assurément un destin enviable pour des enfants, et par exemple les siens. Dès qu’elle le pourra, elle les rejoindra et tâchera d’y mener une existence digne de la patrie du Duc d’Orléans et autres Grands Hommes qu’elle connaît sans être allée à l’école : Charlemagne, Napoléon, et maintenant Giscard d’Estaing, le Président de la République.
L’année et demi pour obtenir un visa lui paraîtrait moins longue, si elle avait quelques nouvelles. Les beaux-parents n’en donnent pas. Ne répondent pas quand elle appelle. Horia ignore si Fouad, Amaria et Nadjia vont bien, mangent à leur faim, suivent l’école. Une sorte de kidnapping. Peut-être pour la punir de son outrecuidance d’avoir divorcé.
Le 12 mai 1978, c’est une date, Horia foule le sol français sur le tarmac de l’aéroport d’Orly. Le cousin qui devait l’accueillir n’y est pas. Elle ne peut pas savoir que c’est un simple retard. Même si le téléphone portable existait, il est probable qu’elle n’en posséderait pas. Elle prend place dans un taxi et tend au chauffeur le papier sur lequel sont griffonnées des lettres formant le nom d’un lieu : Neuilly-Plaisance.

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