Vol au-dessus d'un nid de croyants

Daniel Willaume

Description

Le tourisme spatial est une réalité. Quelle aubaine pour le gagnant à un jeu de hasard, d'autant qu'on lui propose une croisière à thème sur la connaissance des religions du monde. En recherche d'une voie spirituelle, il s'entretiendra avec des spécialistes de diverses disciplines, dont il consignera leurs représentations du fait religieux. Mais cette belle aventure n'est-elle pas un piège ? À son retour, on lui confisque ses notes et il est entraîné dans une conspiration secrète visant à profiler les croyances religieuses dans le cadre de la mondialisation. Comment s'en sortir ?

Cette étrange fiction entremêle traditions religieuses et dangers des technologies modernes transhumanistes.

Sujets

• Religion
• Political Science

Informations

• Publié par: Edilivre
• Date de parution: 17 mai 2018
• Nombre de lectures: 3
• EAN13: 9782414230457
• Langue: Français

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : [phone] – Fax : [phone]
Mail : [e-mail]
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-23043-3

© Edilivre, 2018
Bien que nos informations soient fausses, nous ne les garantissons pas.
(Eric Satie)
Cinq, quatre, trois, deux, un…
Si vous disposez d’une somme de 20 à 28 millions de dollars vous pouvez bénéficier d’un vol orbital autour de la terre à bord de la station spatiale internationale, à condition de vous astreindre au préalable à un entrainement particulièrement rigoureux.
Une journée un peu triste et cafardeuse, je me laissais aller à acheter un billet du « Mondo-Milliards », jeu qui venait de détrôner l’« l’Euro-Millions » dont les gains étaient jugés trop faibles par les participants. A ma grande surprise, je découvrais le lendemain que j’étais le seul gagnant du gros lot et que j’étais en mesure de réaliser tous les rêves que je croyais inaccessibles jusqu’alors. Je ramassais en même temps dans ma boîte à lettres un prospectus d’une agence de voyages qui proposait des croisières dans l’espace en vol orbital autour de la terre. Le dépliant était luxueux, illustré de photographies hallucinantes. Cette curieuse proposition arrivant singulièrement en même temps qu’une richesse inespérée alléchait ma curiosité. Quelques jours et quelques rêves fous plus tard, traînant avec moi un vague reproche de culpabilité envers les pauvres naïfs qui dilapident chaque jour leurs modestes revenus à ce jeu d’escroc, je me rendis malgré tout dans cette agence spécialisée qui offrait, ou plutôt tarifait, ce genre de voyage à un prix exorbitant. Depuis peu, en effet, ce type de croisière organisé par des sociétés civiles s’était développé, ouvrant désormais ce rêve à tout un public fortuné avide de curiosités et de sensations. L’accueil était agréable, comme il se doit dans tout commerce de luxe. Je voyais bien que je n’étais pas au guichet de la Sécurité Sociale. Au milieu d’un décor produit par les plus fous designers je pris place dans un fauteuil futuriste, tandis qu’un robot droïde me proposait d’une voix synthétique détimbrée de me servir un verre. Une hôtesse vint rapidement me voir, outrageusement travestie en princesse Leia, et après un échange de sourires convenus, elle me tendit un choix de formules proposées par la société. Après m’avoir laissé quelques instants parcourir l’ensemble de l’offre, elle tira une plaquette un peu en dehors du paquet, à la manière d’un joueur de carte s’apprêtant à faire une coupe sur le jeu de son adversaire. « Voici une offre exceptionnelle » me dit-elle. « Il s’agit d’un voyage spatial à thème de trois journées en orbite autour de la terre permettant de découvrir le monde au travers de ses religions. Vous disposerez d’une accompagnatrice diplômée en théologie et vous côtoierez des gens de haut niveau, tous passionnés de façons diverses par ce sujet. A ce jour, il reste une seule place libre, et nous pourrions vous faire bénéficier d’un geste commercial appréciable. Réfléchissez, mais je ne doute pas qu’une pareille occasion saura séduire l’homme curieux et intelligent que vous me semblez être. Je suis sûre que vous n’en serez pas déçu ». Une proposition si inattendue demandait réflexion. J’empochais la totalité des brochures pour ne pas révéler que ma décision était déjà prise inconsciemment. En me dirigeant vers la sortie elle me fit part de son plaisir à me revoir prochainement. Emoustillé par l’inattendu de la proposition plus que par les qualités personnelles qu’elle avait bien voulues me prêter, je m’installais à la terrasse d’un bistrot pour réfléchir en prenant un café, afin de mettre en ordre mes pensées. Un fait-divers anodin de mon enfance me revint en premier :
Une blague pas si anodine
Les élèves d’un lycée découvrirent un matin, peintes en lettres rouges sur le mur d’entrée, l’inscription suivante : « Dieu est mort, signé Marx ». Le lendemain, une main toute aussi anonyme avait ajouté au-dessous à la peinture blanche : « Marx est mort, signé Dieu ».
Au-delà de cette farce estudiantine, cette plaisanterie avait-elle un sens ? On s’amusera d’abord de la faiblesse de l’enseignement philosophique de ce lycée, puisque la citation que le premier attribue injustement à Marx est en fait de Friedrich Nietzsche (« Got ist tot »), puis de l’arrogance naïve du second qui s’autorise le droit de parler au nom de Dieu, droit d’ailleurs que beaucoup trop d’autres s’arrogent volontiers sans pour autant bénéficier d’une permission autorisée de celui qu’ils invoquent. Mais quel est le sens du mot « DIEU » ? Est-il le même pour tous les hommes. Appartient-il à une religion, à une philosophie, à une idéologie… ? mot curieux, qui existe au singulier comme au pluriel, qu’on écrit avec une majuscule ou une minuscule, voire pas du tout, sous le couvert d’un symbole ou d’une abréviation imprononçable. Que de questions métaphysiques, éternel tourment des hommes, s’y rapportent : Est-il créateur ? de quoi ? a-t-il établi des lois ? lesquelles ? comment ? accède-t-il à nos consciences ? dirige-t-il nos destins ? la morale est-elle d’origine divine ?…
Les réponses à ce flot d’interrogations, passaient toutes par un seul mot : « RELIGION ». Mais alors une nouvelle question se posait : Qu’est-ce qu’une religion ? Je comprenais alors qui si tout le monde s’était un jour posé cette question peu d’entre eux, devant la difficulté et la complexité de la réflexion qu’elle soulevait, avaient eu la persévérance de l’approfondir. Pour ma part, au travers des diverses lectures, je retirais une impression confuse de disputes permanentes sur des considérations austères, dans lesquelles chaque auteur convainquait, seulement sur l’instant, mais était immédiatement mis en pièces par la lecture suivante. Le thème proposé par l’agence, qui m’avait paru passablement farfelu, me semblait brutalement avoir un sens. Et peut-être qu’en voyant les choses à 300 km de hauteur, le point de vue s’éclaircirait. Je retournais immédiatement à l’agence et je signais le contrat.
La semaine suivante je fus convoqué à l’Agence Européenne spatiale, car une telle expédition ne se fait pas sans une préparation à la fois physique et mentale. Examen médical complet, saut en parachute du haut d’une tour de simulation, plongée en bassin profond pour accoutumance à l’apesanteur ne furent que des désagréments vites passés et bien supportés. La prise d’aliments et de boissons conditionnés dans des ballonnets souples, puis leur nécessaire évacuation demanda un temps d’adaptation plus long.
Un ancien psychologue de l’armée, car il-y en existe, me posa quelques questions sur mon passé, sur mes angoisses et mes phobies. Il essaya de me déstabiliser en me montrant des photos impressionnantes de catastrophes, mais rien n’y fit. Au final, en me tendant un document, il me dit :
– « Lisez ceci attentivement, c’est ennuyeux en diable, mais c’est indispensable d’en prendre connaissance avant un tel voyage »
Le texte était le suivant :
(Transcription #1) Etat des religions et religions d’état.
Sur les six milliards d’hommes qui habitaient la planète en 1998, il est impossible de connaître le nombre exact de croyants relevant de chacune des religions. Une étude des Nations Unies réalisée à cette date par David. B. Barett avance prudemment toutefois quelques chiffres, pondérés par des recoupements divers, mais dont la lecture demande néanmoins un certain esprit critique :
Source O.N.U 1988
Croyances
Adeptes
pourcentage
Principaux courants
Chrétiens
1 943 038 000
32,53 %
Catholiques, Réformés, Orthodoxes, Anglicans…
Musulmans
1 316 445 000
22,04 %
Sunnites, Chiites, Soufisme, Whahabites…
Sans religions
909 570 000
15,23 %
Agnostiques, Déistes, Athées…
Hindouistes
761 689 000
12,75 %
Vaishnava, Shaivisme, Shaktisme, Smarta,…
Traditionnel chinois
379 162 000
6,35 %
Taoisme, confucianisme, culte des ancêtres…
Bouddhistes
353 794 000
5,92 %
Téravada, Mahayana, Vajrayana,…
Tribalistes
248 565 000
4,16 %
Religions multiples
Sikhs
22 332 000
0,37 %
Sikhs orthodoxes ou nomades
Juifs
14 111 000
0,24 %
Orthodoxes, Ultra-orthodoxes, Déjudaïsés
Spiritistes
11 785 000
0,20 %
Animistes, Chamanistes, Vaudoon…
Baïhias
6 764 000
0,11 %
Religion récente
Jaïnistes
3 922 000
0,07 %
Digambara, Shvetambara.
Shintoïstes
2 789 000
0,05 %
Religion impériale 
Total 1998
5 973 966 000
 
 Sectes non recensées
Pour analyser ce document, il convient, entre autres, de considérer que :
Le regroupement en grandes masses diminue le risque d’erreurs, mais ne considère pas les branches, sous branches et les multiples subdivisions des courants religieux cités ;
Ces chiffres ne traduisent que l’orientation dès la naissance, comptabilisée sous la forme d’un baptême ou d’une initiation similaire, sans tenir compte de l’acceptation ultérieure des individus et des apostats, lesquels demeurent néanmoins inscrits à jamais dans les registres religieux ;
Cette statistique ne traduit pas le fait que beaucoup d’individus pratiquent simultanément plusieurs religions, soit que leur orientation initiale leur a été imposée par la force et leur milieu, soit par syncrétisme culturel, comme c’est le cas dans beaucoup de pays asiatiques (notamment en Chine), et aussi en Afrique, où l’implantation du Christianisme et de l’Islam n’a pas pour autant chassé l’animisme traditionnel. Les juifs déjudaïsés constituent, pour leur part, un cas particulier du fait de l’ambiguïté du terme qui désigne à la fois la pratique d’une religion et l’appartenance à un peuple transmis par la matrilinéarité ;
Enfin, une mise à jour plus précise s’imposerait, en raison d’une part de l’accroissement mondial de la population et, d’autre part, de l’émergence et de la disparit