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Description

En cet hiver, alors que leur collègue Gisèle est malade, Capsule, Grégaire et Morose, les agents du service des archives, peinent à faire face à leurs tâches. Ils doivent organiser sous forme de dossiers la mémoire dispersée d’un énorme chaos de papiers. Alors quand arrive Piano, un agent envoyé par la Direction pour remplacer Gisèle, ils ignorent s’il est là pour aider ou espionner. Piano saisit que chacun résiste à sa manière à l’effondrement du monde, et leur propose une espérance : la libération. C’est en décryptant le dossier de Gisèle et les visions de Capsule grâce au décrypteur inventé par Morose que Piano trouve la solution : dans le renversement des perspectives. En renversant le trop de mémoire en trou de mémoire se découvre une issue qui ne se situe pas dans les hauteurs...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 février 2017
Nombre de lectures 14
EAN13 9782414030033
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-03001-9

© Edilivre, 2017
À mon père
Personnages
Piano
Grégaire
Morose
Capsule
L’assistant-de-l’adjoint-au-sous-chef
Acte premier Le nouveau
Grégaire
Capsule
Noir. Après un temps, grésillement lumineux d’une ampoule, et noir à nouveau. Bruit strident de vissage.
CAPSULE
Ah ! Presque ! Vas-y, refais-le !
GRÉGAIRE
Refaire quoi ? Tu ne sais même pas ce que j’ai fait !
CAPSULE
Euh… Ce que tu as fait, refais-le, mais cette fois jusqu’au bout !
GRÉGAIRE
Je n’ai rien fait, ça s’est fait tout seul !
CAPSULE ( après un temps)
Tu as bien bougé quelque chose pour arriver à ce résultat ?
GRÉGAIRE
C’est toi qui bouges : ça fait bouger ma main qui fait bouger quelque chose jusqu’à ce résultat ! (Après un instant) Attends.
CAPSULE
Ah ! Tu reconnais que tu as bougé quelque chose !
GRÉGAIRE
Pas du tout, c’est toi qui as fait bouger ma main comme si c’était la tienne.
CAPSULE
Attends, je bouge à nouveau l’escabeau. Fais attention.
Bruit d’un escabeau qu’on secoue.
GRÉGAIRE
Eh ! Tu as perdu la tête ? J’ai failli tomber !
CAPSULE ( alertée)
Ne la laisse pas tomber, c’est la dernière qui nous reste !
GRÉGAIRE
Ah ! Par contre, on s’inquiète pour l’ampoule !
Après un instant, nouveau bruit désagréable de vissage d’une ampoule. Nouveau grésillement lumineux, puis lumière éclairant la scène.
Des bureaux. Partout, des amas de documents : en piles sur les bureaux, et pêle-mêle étalés par terre. Vers le fond, de chaque côté de la scène et face aux spectateurs, deux larges bureaux métalliques démodés, avec un siège derrière. Sur le bureau côté jardin, une canne posée ; devant, un autre siège. Au centre du mur côté jardin et à hauteur de visage, la trappe d’ouverture d’un petit monte-charge. Sur le mur opposé, côté cour, entre deux grandes étagères pleines de dossiers mal rangés et de petites bûches, une petite lucarne donnant sur l’extérieur et de même format. Accrochée à l’une de ces étagères et devant une boîte de poids, une vieille balance à fléau. Au fond vers le côté jardin, une porte. Au centre de la scène, un vieux fût métallique noirci.
Au plafond, cette unique ampoule nue.
Devant le fût, un escabeau. Capsule tient l’escabeau sur lequel Grégaire est monté. Grégaire porte un pull-over, un vieux gilet et un pantalon gris, Capsule un pull-over à col roulé, un vieux gilet et une jupe grise.
CAPSULE ( joyeuse)
Et la lumière fut ! Merveille !
GRÉGAIRE ( il lève l’index et déclame des vers improvisés)
Et la lumière fut
D’un globe de verre incandescent :
Plus jamais de refus
Au rêve de l’orbe à filament !
CAPSULE
Bravo, Grégaire !
GRÉGAIRE
Merci, chère Capsule. (Il descend lentement de l’escabeau, puis lève la tête, presque ému) Quand on y pense, c’est magnifique : notre dernière ampoule brûle au-dessus de nos têtes.
CAPSULE ( se tapotant le dessus du crâne)
Oui, oui, je la sens, la tête d’ampoule me réchauffe le dessus du crâne.
GRÉGAIRE ( moqueur)
Tête brûlée, ne va pas te brûler la cervelle !
La porte s’ouvre brusquement, entre Morose. Il porte un pull-over, un pantalon noir et un imperméable.
CAPSULE
Bonjour, Morose. ( Elle s’approche de la lucarne).
GRÉGAIRE
Salut, Morose .
MOROSE ( sans leur répondre, taciturne)
Fais pas chaud ici. Demain, il faudra faire du feu. (Il s’assoit au bureau côté cour sans retirer son manteau, ouvre un tiroir, en sort une paire de lunettes qu’il met, repousse délicatement la canne, puis commence à trier des papiers empilés sur le bureau).
CAPSULE ( regardant par la lucarne, rêveuse)
Oui, c’est l’hiver. Il fait toujours froid en hiver, dans la cité.
GRÉGAIRE
Et encore, on a la chance d’avoir au-dessus de nous ( désignant le plafond) des étages qui nous chauffent – on bénéficie de leur chaleur.
CAPSULE
Dommage que nous ne soyons pas dans les étages, on bénéficierait aussi de la chaleur du dessous (désignant le sol) .
MOROSE ( sans lever la tête, acide)
On croirait entendre l’assistant-de-l’adjoint-au-sous-chef… Mais en effet, le fond de l’air est frais.
CAPSULE ( se retournant, après un instant)
Seulement le fond ?
MOROSE
Ça veut dire qu’il ne fait pas froid en surface, mais juste (avec un geste) … en-dessous.
GRÉGAIRE ( ironique)
Si le fond est le contraire de la forme, y aurait-il une forme de l’air ?
CAPSULE ( candide)
En fait, qu’est-ce que c’est, la forme de l’air ? Une immense molécule d’oxygène toute aplatie ?
MOROSE ( relevant la tête, à Grégaire)
Non, on dit « fond », mais il ne s’agit pas du fond et de la forme , mais du devant (avec un geste) et du derrière (avec un autre geste) . Quand le vent tombe et que le soleil se cache, pendant un instant on sent ce fond d’air-là. C’est comme… un froid vierge, tout nouveau sur le théâtre éthéré, encore pur il descend droit du Pôle.
GRÉGAIRE ( fort)
C’est vrai que l’hiver nous est tombé dessus comme un gros dossier tombant d’une étagère !
Silence.
CAPSULE ( reprenant son observation par la lucarne)
En une nuit, on est passé de l’été à l’hiver. Un coup de vent et toutes les feuilles des platanes sont tombées. C’est la mort subite de l’été. Le lendemain matin, on a dû se frayer un chemin dans ce millefeuille ; les feuilles rentraient dans les gilets, éraflaient les joues. Dans les étages, les balcons débordaient, de véritables piscines à feuilles mortes ! On dit que le directeur est monté sur le toit pour piquer une tête dans une piscine de feuilles olympique. Mais il a pris froid et l’assistant a dû le remplacer quelques jours.
MOROSE ( incrédule)
Bien sûr…
GRÉGAIRE
Si, elle dit vrai. Les agents de l’autre section ont gardé fermé leur porte-fenêtre pour préserver cette réserve de feuilles. On dit qu’ils s’en sont servis de combustible pour faire démarrer leur feu – ça brûle très bien les feuilles mortes.
MOROSE ( irrité, en désignant le fût au centre de la pièce)
Oui, mais eux, au moins, n’attendent pas de geler sur place pour faire du feu !
GRÉGAIRE ( index tendu vers l’ampoule)
Tu sais combien de calories produit une ampoule de ce genre ?
CAPSULE ( se retournant soudainement, émue)
Le directeur a pris froid, et Gisèle aussi !
MOROSE ( cachant mal sa soudaine émotion)
Oui, elle a été malade pendant dix jours d’arrêt maladie !
Tous baissent la tête et soupirent. Capsule reprend son observation rêveuse par la lucarne. Après un temps, Grégaire plie l’escabeau et le pose contre le mur près des étagères, puis, les mains dans les poches, désœuvré, il s’approche de Morose et se penche sur son épaule, pour regarder ce qu’il fait.
MOROSE ( après un temps, ironique)
Je peux t’aider ?
GRÉGAIRE
Oui, je me demandais sur quel dossier tu travaillais.
MOROSE ( même jeu, sans lever le nez de ses papiers)
Sur celui que tu devais traiter hier…
GRÉGAIRE
Hier, j’ai eu une migraine. Et alors, ça donne quoi ? Tu t’en sors ?
MOROSE ( après un soupir)
Ce n’est pas un spécimen des plus simples…
CAPSULE ( toujours fixant la cour par la lucarne)
Il y a un homme qui a glissé sur des feuilles.
GRÉGAIRE ( sans lui prêter attention, à Morose)
Ça dit quoi ?
MOROSE ( comprenant que Grégaire ne le laissera pas, il se redresse, retire ses lunettes et présente le cas)
Eh bien… Nous avons affaire ici à un cas rare mêlant graphie et iconographie. C’est une liasse de feuillets quasi identiques, on retrouve à chaque fois un encadré à droite – une sorte de carte avec des symboles dessus – et un texte lapidaire à gauche. D’un feuillet à l’autre, les informations présentent autant de récurrences que de subtiles nuances, c’est remarquable – un véritable système ! Et puis il y a cette sorte d’encoche sur la marge gauche, en bas, là (il lui montre) , on dirait une sorte de poinçon de forme rectangulaire, je n’en ai jamais vu de semblables auparavant, il s’agit sans doute d’un code.
CAPSULE ( intervenant sans se retourner, distinctement)
O-bli-té-ra-tion.
MOROSE ( sans lui prêter attention, poursuivant)
En outre, les feuillets sont solidarisés par une pince métallique toute rouillée.
GRÉGAIRE
D’accord. Et les textes, ils disent quoi ?
MOROSE ( désagréable)
La logique impose que je me concentre d’abord sur la forme.
GRÉGAIRE
Certainement. Mais à ta place, je me demanderais déjà s’il faut ou non considérer ce document comme un dossier.
MOROSE
Que veux-tu dire ?
GRÉGAIRE
Eh bien, notre classement reposant sur un archivage alphabétique des noms de personnes, avec un tel… truc… document, tu risques tout simplement de ne pas pouvoir le classer correctement. (S’approchant) Je ne vois aucune signature.
CAPSULE ( sans se retourner, décrivant toujours ce qu’elle voit de la lucarne)
L’homme, il ne se relève pas. Il a son bras replié sous sa nuque. On dirait qu’il dort.
MOROSE ( sans lui prêter attention, à Grégaire)
Ah ! Si ! Sur celui-ci (il feuillette la liasse et pointe du doigt un point du texte) , il est question d’un type, un certain Hecto Pascal. C’est probablement la personne qui a produit ces documents. En tout état de cause, j’ai le devoir de recenser sur ma note les informations majeures – essentiellement des indications météorologiques –, et d’archiver le tout à la lettre « H ». (Il prend une feuille dans son tiroir et se met à rédiger son rapport).
GRÉGAIRE
« H » ?
MOROSE
« H » comme « Hecto ».
CAPSULE ( intervenant sans se retourner)
Puis « E », puis « C ». (Faisant des pépiements d’oiseaux vers l’extérieur) Hec ! Hec ! Hec !
GRÉGAIRE ( sans lui prêter attention, à Morose)
Tu as sans doute raison. (Il s’éloigne, mains dans les poches, à nouveau désœuvré. Après un long temps, il relève la tête et désigne la trappe du monte-charge) . Au fait, le monte-charge ! On n’a pas encore relevé le courrier !
MOR

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