L histoire à l écran
220 pages
Français

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Description

La rencontre entre le cinéma et l’histoire a toujours fasciné : du Cuirassé Potemkine à Hannah Arendt, en passant par Autant en emporte le vent, Barry Lyndon, Le retour de Martin Guerre et Little Big Man, la plupart des gens découvrent le passé en regardant des films. De fait, la fréquentation des salles de cinéma façonne davantage la culture historique du citoyen moyen que celle des salles de cours. En partant de ce constat, Bruno Ramirez explore en parallèle les représentations savantes de l’histoire et celles, « profanes », que nous offrent les artisans du septième art.
Comment le cinéma enrichit-il notre compréhension du passé et de quelle façon scénaristes et réalisateurs le transforment-ils en langage filmique ? Quels sont leurs modèles, leurs sources, leurs motivations ? Les plus grands cinéastes actuels – Denys Arcand, Constantin Costa-Gavras, Deepa Mehta, Renzo Rossellini, les frères Taviani et Margarethe von Trotta – s’entretiennent avec l’auteur sur ces questions, en seconde partie d’un ouvrage indispensable à tous les passionnés d’histoire et de cinéma.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 novembre 2014
Nombre de lectures 7
EAN13 9782760634169
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Mise en pages: Yolande Martel Epub: Folio infographie Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Ramirez, Bruno, 1942- [Inside the historical film. Français] L’histoire à l’écran (Champ libre) Comprend des références bibliographiques. ISBN 978-2-7606-3415-2 1. Films historiques – Histoire et critique. 2. Cinéma et histoire. 3. Producteurs et réalisateurs de cinéma – Entretiens. I. Titre. II. Titre: Inside the historical film. Français. III. Collection: Champ libre (Presses de l’Université de Montréal). PN1995.9.H5R3614 2014 791.43’658 C2014-942107-9 Cet ouvrage paraît en anglais sous le titre de Inside the Historical Film aux Éditions McGill-Queen’s University Press, 2014. Dépôt légal: 4e trimestre 2014 Bibliothèque et Archives nationales du Québec © Les Presses de l’Université de Montréal, 2014 www.pum.umontreal.ca ISBN (papier) 978-2-7606-3415-2 ISBN (ePub) 978-2-7606-3416-9 ISBN (PDF) 978-2-7606-3417-6 Les Presses de l’Université de Montréal reconnaissent l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour leurs activités d’édition et remercient de leur soutien financier le Conseil des Arts du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC). Cet ouvrage a été publié grâce à une subvention de la Fédération des sciences humaines de concert avec le Prix d’auteurs pour l’édition savante, dont les fonds proviennent du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.
L’histoire à l’écran est dédié à mes étudiants d’aujourd’hui et d’hier, dont la quête de connaissances – authentique ou simplement utilitaire – m’a poussé à donner le meilleur de moi-même pour trouver avec eux le sens du passé dans nos vies.
AVANT-PROPOS
À la différence de la plupart des ouvrages savants, mon livre n’est pas l’aboutissement d’un projet de recherche pour lequel j’aurais obtenu des subventions, l’aide d’assistants ou des dégagements de ma tâche d’enseignement. Il a plutôt pris forme au fil des ans, grâce aux nombreuses discussions que j’ai eues avec divers interlocuteurs dans des salles de cours, à des conférences universitaires et dans d’autres forums publics à l’occasion de la projection de films.
J’ai bénéficié notamment des invitations de l’Université de Paris Diderot (Institut Charles V), du Collège Glendon (Université York), de l’Université de Trèves, et de l’Université de Bologne, où j’ai donné des cours et des cycles de conférences en histoire nord-américaine et en histoire des migrations, en me servant comme ressources didactiques principales des films que j’avais écrits ou coécrits. À bien des égards, ces cours et conférences ont servi de laboratoire où il m’a été possible d’interagir avec des collègues et des étudiants provenant de divers horizons linguistiques et culturels autour de narrations filmiques de l’histoire.
Les cours d’histoire des États-Unis et de l’Italie, que j’ai donnés régulièrement à l’Université de Montréal, m’ont offert l’occasion de tester la valeur des films historiques en tant que mode d’interprétation plus nuancé et dynamique du passé. Cependant, j’hésitais à transformer en livre mes multiples réflexions. Maintenant que ce projet a été réalisé, je peux faire remonter sa genèse à la fin des années 1990, lorsque David Thelen – à l’époque rédacteur en chef du Journal of American History – m’a invité à traiter des rapports entre cinéma et histoire transnationale, en insistant pour que mon article soit ancré dans ma double pratique d’historien et de scénariste de films historiques. Malgré les contraintes d’espace qu’impose un tel article, cet exercice m’a obligé à systématiser ma pensée et m’a aidé à mieux comprendre les enjeux – intellectuels et éthiques – inhérents à la scénarisation de films historiques. Les commentaires que j’ai reçus de plusieurs lecteurs m’ont encouragé à poursuivre plus avant l’étude des films historiques.
Quelques années plus tard, mes conversations avec les réalisateurs Paolo et Vittorio Taviani autour de leurs films historiques ont beaucoup contribué à définir mon approche de la conception et de la rédaction de mon livre. En effet, contrairement aux ouvrages le plus souvent théoriques produits dans le cadre des études cinématographiques, ma recherche se fonde principalement sur la pratique de l’histoire et du cinéma. Le lecteur le remarquera dès la première page. La participation de cinq autres réalisateurs de renommée internationale, qui ont accepté de discuter avec moi de leurs films historiques, a également joué un grand rôle dans la réalisation de ce projet. Outre les frères Taviani, il s’agit de Denys Arcand, de Constantin Costa-Gavras, Deepa Mehta, Renzo Rossellini et Margarethe von Trotta, à qui j’exprime ici toute ma gratitude pour le temps qu’ils m’ont consacré, pour leurs commentaires judicieux et enrichissants et pour l’intérêt qu’ils ont exprimé à l’égard de mon projet.
Plusieurs amis ont lu une version préliminaire du chapitre introductif et m’ont offert des commentaires fort pertinents et surtout leur soutien: Claus Bredenbrock, Catherine Collomp, Antoine Del Busso, Greg Robinson, Matteo Sanfilippo, Roberto Silvestri, et Paul Tana. Je les remercie de nouveau. L’intérêt que m’a exprimé Antoine à titre de directeur des Presses de l’Université de Montréal m’a convaincu de poursuivre mon projet alors qu’il en était à sa phase initiale. J’espère que le livre correspond à ce que j’avais annoncé dans ce chapitre introductif.
Je remercie mes étudiantes Marie Belisle et Paula Lebrasseur pour l’aide qu’elles m’ont apportée dans la préparation d’une première version française. Je dois beaucoup à Judith Ramirez qui a lu la totalité de la version anglaise du manuscrit et corrigé plusieurs italianismes. Ma gratitude envers Christiane Bée Teasdale va de soi. Tout comme pour mes deux derniers livres, elle a assisté à la naissance et au développement de celui-ci. Son enthousiasme et son regard critique ont été des ingrédients essentiels à sa réalisation.
Je tiens aussi à remercier Nadine Tremblay et Sylvie Brousseau – respectivement directrice de l’édition et chargée de projet aux PUM – pour avoir pris en main l’édition française du livre et en avoir assuré la production avec professionnalisme et dynamisme. Merci également à Janine Thériault qui m’a dépanné en traduisant, dans un délai très court, deux nouvelles sections des chapitres 1 et 3.
Enfin, mon manuscrit a bénéficié de la lecture de quatre évaluateurs anonymes qui ont apprécié sa valeur pour les études historiques et cinématographiques. Leurs commentaires critiques ont contribué considérablement à améliorer la qualité du livre.
PARTIE 1
CHAPITRE 1 Des archives à l’écran
Il n’est pas facile d’exprimer pleinement l’émotion que j’ai ressentie en voyant pour la première fois à l’écran des personnages historiques que j’avais créés, en les voyant jouer et révéler leurs sentiments par des mots et des actions que j’avais soigneusement écrits ou coécrits. Cette émotion se combinait au fait que des milliers de spectateurs allaient regarder ces scènes et ces séquences dans les semaines et mois à venir et qu’ils en tireraient une certaine compréhension du passé dont il était question dans ce film.
J’étais en même temps conscient que ces personnages, les événements qu’ils vivaient et les pulsions qui les faisaient agir étaient l’aboutissement du long processus de recherche historique que j’avais entrepris à partir de diverses sources documentaires, dont les résultats avaient finalement été transmués en film. Grâce au talent créateur du réalisateur et de son équipe de production, le film en question ( Caffè Italia, Montréal ) avait été chaleureusement accueilli à la fois par les critiques de cinéma et les historiens. Après une longue vie sur des chaînes de télévision, dans des programmes de répertoire et des salles de cours, il est aujourd’hui considéré comme un classique de la filmographie canadienne.
Je me demandais pourtant si, en tant qu’historien, je ne contribuais pas à simplifier l’histoire en empruntant le raccourci de la narration filmique, et si en mélangeant la fiction et les faits, je ne manipulais pas la perception du passé chez les spectateurs. À l’époque, je reléguais ce genre de question à l’arrière-plan, heureux de pouvoir profiter de l’occasion (peut-être la seule) d’utiliser mes recherches différemment et par l’intermédiaire d’un média qui me permettait de m’adresser à un public plus vaste. Pourtant, quand j’étais encore étudiant, je me questionnais déjà sur la manipulation ou l’altération du passé par le cinéma. Par la suite, ce questionnement a refait surface, parfois sous la forme de simples arrière-pensées, d’autres fois de façon directe et troublante, quand je regardais un film historique.
J’ai gardé un souvenir très vif de la première fois où j’ai vu le film de David W. Griffith, La naissance d’une nation, dans un club universitaire. Ce film raconte la guerre civile aux États-Unis et la montée, présentée comme héroïque, du Ku Klux Klan. Il s’agit aussi de l’un des premiers longs métrages. La personne qui présentait le film avait souligné son importance centrale dans l’histoire du cinéma, surtout pour l’usage de la caméra et du montage, et nous avait simplement avertis qu’il était raciste. Les séquences interminables de batailles, d’intrigues politiques et de gestes héroïques ne laissaient aucun doute sur le fait que, en dépit de son génie artistique, Griffith avait tenu à ce que son film soit en même temps une leçon d’histoire.
Outre le contenu ouvertement raciste, Griffith avait assorti les scènes filmées de plusieurs citations provenant de personnalités historiques et d’historiens contemporains (d’Abraham Lincoln à Woodrow Wilson), et il s’était assuré que les spectateurs puissent constater que les divers sites étaient historiquement authentiques. L’un de ces sites était l’Assemblée législative de la Caroline du Sud où, lors d’une séance, on voit d

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