Une vie de chanson
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Une vie de chanson , livre ebook

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Description

Une vie de chanson
Jean-Paul Sermmonte

Disponible également au format papier, 236 pages.

Comme on rend hommage à tout ce qui nous grandit, nous enthousiasme et ensoleille le cours du temps, comme on rend hommage à ceux que nous admirons et respectons, je voudrais aujourd’hui dédier ce livre à la Chanson. Toute la chanson. Je lui dois bien ce témoignage de reconnaissance car dans mon existence de bonheurs, de plaisirs, de drames, d’épreuves, elle a toujours été présente, comme un écho mélodieux à toutes mes émotions.
Je vous offre une ballade dans une vie qui aurait été bien moins ensoleillée sans la rencontre de Brel à Trenet, de Béart à Ferrat, de Ferré à Moustaki... jusqu’à Püppchen la compagne du poète à la guitare, qui en plus de dix ans d’amitié, grâce à ses confidences m’a permis d’entrevoir un peu du jardin discret de Georges Brassens.
Jean-Paul Sermonte

Jean-Paul Sermonte est fondateur et rédacteur de la revue Les Amis de Georges. Il est l’auteur d’une quarantaine d’ouvrages (biographies, romans, contes et poèmes.) Il a obtenu le Grand Prix Paul Verlaine et le Prix de l’Académie Européenne des Arts pour l’ensemble de son œuvre.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 10
EAN13 9791029403644
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Une vie de chanson
 
Brassens et Püppchen
 
 
 
 
 
 
 
Jean-Paul Sermonte
 
 
 
Première partie
Ma mère chantait, mon père se taisait
Une enfance de chansons
Une adolescence de chansons
Jacques Brel : l’éblouissement
Georges Chelon
Enrico Macias
Charles Trenet
Guy Béart
Deuxième partie
La radio
Revue, gala, parc et exposition Un instant de Brassens
Troisième partie
Jean Ferrat
Tino Rossi
Georges Moustaki
Léo Ferré
Maxime Le Forestier/Yves Duteil
Hugues Aufray
Françoise Hardy
Gilles Vigneault
Renaud
Pierre Perret
Petits souvenirs entre amis
Françoise Hardy (suite)
Jacques Dutronc
Leny Escudero
Gloria Lasso
Barbara
Jean d’Ormesson
Quatrième partie
Découverte
Au bois de son cœur
Les mots
Une adolescence de Brassens
Spleen et chansons
Les chansons
Engagement
Discrétion
Musique
Les débuts
Les deux Pierre
Brassens et les femmes
Dieu et la mort
Misogynie, homophobie et tutti quanti
Qui était Jean-Paul Steiger ?
Püppchen
Entrevue avec Püppchen
Polémique autour d’un surnom
Les amis
Brassens et ses contemporains : Brel, Béart, Barbara, Piaf, Chevalier
Béart
Barbara
Trenet
Chevalier
Püppchen et l’au-delà
Brassens un poète ni serein, ni contemplatif…
La maladie
Table des chapitres
Palatino chapitre
 
 
 
 
Du même auteur
 
La Neuvième Heure , Éditions Le Mot de Passe, 1988.
Félix Leclerc, roi poète et chanteur , Éditions du Rocher, 1989.
Ajaccio images d’un poème , photos de Monique Pietri Éditions, Pasquale de Paoli, 1990.
Couchants , Éditions, photos de Monique Pietri, Pasquale de Paoli, 1991.
Gilles Vigneault, le poète qui danse , Éditions du Rocher, 1991.
La Fiancée des cieux , Éditions du Rocher, 1993.
Poèmes amoureux , Préfaces de G. Béart, G. Moustaki, L. Ferré, Éditions Le Mot de Passe, 1994.
La Rencontre des anges , Éditions du Rocher, 1994.
La Voix du vent , Éditions Le Mot de Passe, 1996.
Poèmes pour un amour , Éditions Le Mot de Passe, 1998.
Brassens, Au bois de son cœur , Éditions Didier Carpentier, 2001.
Connaissez-vous ma mère ? , Éditions Didier Carpentier, 2003.
Matteo l’enfant corse , Préface de Pierre Tchernia, Éditions Didier Carpentier, 2003.
Contes d’enfance , Éditions Didier Carpentier, 2004.
Noisette , Éditions Didier Carpentier, 2004.
L’Amant de l’au-delà , Éditions Didier Carpentier, 2005.
Brassens ou la tombe buissonnière , Éditions Didier Carpentier, 2006.
Le Petit monde de ma mère , Éditions Didier Carpentier, 2007.
Brassens et les poètes , Éditions Didier Carpentier, 2011.
On ne meurt jamais , Éditions Trajectoire, 2012.
Brassens chansons à la plume et au pinceau , dessins de Héran, Éditions Didier Carpentier, 2013.
Les enfants de Cupidon , Éditions Tête de Gondole, 2015.
 
www.sermonte.net
 
Photo verso de couverture © Bernard Collin
 
 
 
Comme on rend hommage à tout ce qui nous grandit, nous enthousiasme et ensoleille le cours du temps, comme on rend hommage à ceux que nous admirons et respectons, je voudrais aujourd’hui dédier ce livre à la Chanson. Toute la chanson. Je lui dois bien ce témoignage de reconnaissance car dans mon existence de bonheurs, de plaisirs, de drames, d’épreuves, elle a toujours été présente, comme un écho mélodieux à toutes mes émotions.
Que l’on ne s’étonne pas de ne jamais trouver dans cet ouvrage l’expression « chanson française » remplacée par « chanson francophone » en signe de respect pour tous les artistes francophones qui défendent notre langue, parfois mieux que nous-mêmes.
 
Ô vous ! princes de la chanson
L’éternité vous appartient
Par la grâce de vos refrains
Vous demeurez et nous passons
 
 
 
Première partie
 
 
Moi, j’aime le music-hall
C’est l’ refuge des chanteurs poètes
Ceux qui s’ montent pas du col
Et qui restent pour ça de grandes gentilles vedettes
Charles Trenet, Moi, j’aime le music-hall
 
 
Ma mère chantait, mon père se taisait
Entre mon père et ma mère, j’ai eu l’exemple que la chanson, comme l’art en général, n’est pas essentiel dans l’existence de tous. Elle n’est pas un besoin vital. Certes, Nietzsche a écrit : « L’art doit avant tout embellir la vie, donc nous rendre nous-mêmes tolérables aux autres… de plus, l’art doit dissimuler ou réinterpréter tout ce qui est laid, ces choses pénibles, épouvantables et dégoûtantes… » Mon père n’éprouvait pas le désir de satisfaire à une exigence esthétique de la vie. Il était pourtant le meilleur des hommes.
Si ma mère fredonnait sans cesse des chansons de Tino Rossi, Luis Mariano, Charles Rocchi et autres titres du répertoire corse, je n’ai jamais entendu mon père siffler, fredonner une chanson ni citer une seule fois le nom d’un chanteur. L’un se passait de chansons, l’autre s’en nourrissait. Sans que l’un apparemment ne soit plus heureux que l’autre.
 
Ma mère aimait tous les chanteurs et chanteuses (Montand, Piaf, Marie-José…), elle n’en détestait qu’un : Brassens. Pas de chance pour elle, son fils, à son grand désespoir, l’adulait, parlait de lui sans cesse et surtout l’écoutait chaque jour, toute la journée !
Elle s’écriait à chaque fois : « Quoi ? encore lui !» Elle trouvait inconcevable que l’on puisse émailler des chansons de tant de gros mots.
Ah ! Ce n’est pas Tino Rossi, ou Luis Mariano qui auraient chanté des « pleines bouches de mots crus, tout à fait incongrus. » La pauvre femme a dû pourtant supporter Brassens, des mois, des années durant. Mes quinze ans provocateurs imposaient Le polisson de la chanson à toute la famille.
Un jour, dans les années soixante, Radio Monte-Carlo décida de programmer une journée Spéciale Brassens en diffusant, durant vingt-quatre heures, l’intégralité de son répertoire (en précisant bien que ses chansons « interdites » passeraient après minuit !) En entendant Brassens chanter toutes les dix minutes, ma mère vint me demander les raisons d’un tel hommage. Voulant lui faire une blague, je pointai mon doigt vers le poster du chanteur au-dessus de mon bureau et lui dis d’un air sinistre :
« Tu ne le sais donc pas ? Brassens est mort ce matin ! »
Ma mère resta un instant interloquée puis referma la porte sur ma douleur feinte.
Quelques instants plus tard, je la surpris à la cuisine en train de pleurer.
« Mais maman, pourquoi pleures-tu ?
Entre deux sanglots, elle murmura :
— C’est pour Brassens, j’ai de la peine.
— De la peine ? Mais maman, tu ne l’as jamais aimé !
— Oui, mais je m’étais habituée à lui… »
J’étais ému et honteux. À partir de ce jour-là, je mis les disques de Georges moins fort et elle cessa de maugréer. Les gros mots eurent enfin droit de cité à la maison, la poésie aussi.
 
 
Une enfance de chansons
Ce titre, « Une enfance de chansons », peut laisser imaginer une enfance insouciante et légère. Hélas ! combien d’enfances éprouvées par le destin ont perdu le goût de chanter ! D’autres, à l’image de mes jeunes années, ont eu la chance de croiser sur le chemin de leur affliction des chansons comme autant de sourires lumineux.
 
Quelqu’un a écrit : « Les événements ne nous arrivent pas. Nous les rencontrons sur notre route. » À 11 ans je n’ai pas rencontré cet événement qui a bouleversé ma vie, je l’ai provoqué et je n’ai pu incriminer ni le ciel, ni les hommes. J’étais seul coupable.
Ce jour-là, pour éviter une composition de mathématiques, je décidai de tomber malade. Deux ou trois jours me suffiraient. Je mis ma tête sous l’eau d’une fontaine puis m’en fus m’exposer au coin d’une rue, à un endroit où le courant d’air est incessant. Résultat probant : fièvre, médecin, angine, repos sept jours ! J’étais satisfait. Pourquoi le sort se mêle-t-il des affaires d’un petit garçon ? J’aurais bien voulu ensuite reprendre le chemin de l’école, mais je me sentais extrêmement fatigué. Un soir, en grimpant les escaliers avec un seau d’eau, je m’écroulai. Mes jambes m’avaient lâché. J’entendis les hurlements de ma mère avant de m’évanouir. Cette angine mal soignée m’avait gratifié de rhumatismes articulaires aigus. Toutes les articulations du corps étaient atteintes. « Tout ça à cause d’une angine ! » gémissait ma mère. Moi je pensais : « Non, tout cela à cause des… maths ! » Il me fallait à présent et durant des années subir les conséquences de mon acte. D’abord la souffrance physique. Un mal sempiternel dans les jambes, et ce que j’appréhendais le plus : les douloureuses piqûres d’Extencilline.
Le rythme de mon univers se ralentit. La solitude me donna son baiser le plus mortel, celui de l’ennui. La cloche de l’école ne m’appelait plus. Les enfants couraient et criaient dans ma rue, sans moi. Bientôt mon état se détériora. Le médecin ordonna un séjour de six mois dans un centre de rhumatologie à Aix-en-Provence.
Le temps immobile m’aurait tué si je n’avais découvert le sortilège des mots, du rêve, et cette évasion que m’offrait la chanson qui entrait pour la première fois dans ma vie (les cours de la vieille et acariâtre prof de musique, les années précédentes, auraient pu m’en détourner à jamais).
Nivès, ma monitrice préférée, s’asseyait au bord de notre lit et nous apprenait à chanter des airs, souvent traditionnels ou du répertoire scout, qui m’enchantaient : Hé ! garçon prend la barre, Colchiques dans les prés, Les crapauds …
La jolie monitrice, qui faisait tambouriner le cœur de tous les gamins, pour alléger leur solitude passait de chambre en chambre avec son Teppaz dont elle était très fière et une vingtaine de 45 tours.
C’est ainsi que je découvris deux voix qui allaient bouleverser l’une mon enfance et l’autre mon destin entier. Marie-Josée Neuville fut la première « idole des jeunes ». On la surnommait « la collégienne de la chanson ». Elle avait 17 ans. Elle écrivait elle-même ses chansons en s’accompagnant à la guitare, influencée par un certain Georges Brassens. J’en tombai follement amoureux après avoir écouté Johnny Boy : son plus grand succès :
Maman vient de terminer
L’histoire de cow-boy Johnny
Petit

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