Les Quatre Cents Coups

François Truffaut, Marcel Moussy

Description

Âgé de 13 ans, mal aimé par sa mère et détestant l'école, Antoine Doinel multiplie les bêtises en compagnie de son copain René et fait l'école buissonnière. Jusqu'au jour où il est arrêté pour le vol d'une machine à écrire et placé dans un centre de délinquants mineurs.

Sujets

• Cinéma français
• Drame

Informations

• Publié par: Presses électronique de France - L'avant-scène cinéma
• Date de parution: 15 octobre 2013
• Nombre de lectures: 21
• EAN13: 9791022001021
• Langue: Français

Extrait

Rues de Paris, ext. jour

1.Début de la musique sur fond noir. Fondu à l’ouverture sur un travelling avant dans une rue de Paris en légère contre-plongée. Dressée à l’arrière-plan derrière deux façades d’immeubles perpendiculaires l’une à l’autre, la tour Eiffel. Le nom du jeune interprète principal (JEAN- PIERRE LÉAUD) est le premier à apparaître en grosses lettres blanches, suivi immédiatement du titre du film LES QUATRE CENTS COUPS puis des noms des autres comédiens et techniciens. La musique est montée crescendo aux violons et s’enchaîne sur une mélodie nostalgique au piano. La coupe intervient lorsque la tour Eiffel disparaît du champ.

2.Plan général d’une rue de Paris en légère contre-plongée. Derrière une autre façade de hauts immeubles populaires, la tour Eiffel est aperçue au cours d’un travelling latéral vers la droite. Suite générique. La caméra attrape un court instant la statue d’un homme d’État à cheval, épée brandie à la main.

3.Long plan général d’une autre rue de Paris toujours en contre-plongée. Un travelling latéral vers la gauche attrape le haut de la tour Eiffel, révélée par intermittence, entre plusieurs entrepôts ou immeubles plus populaires que précédemment. Suite générique.

4.Plan général en contre-plongée et travelling latéral gauche, sur la tour Eiffel dans le ciel hivernal au soleil voilé par des nuages gris. La tour disparaît derrière le Palais de Chaillot puis réapparaît après la Cinémathèque Française. Suite générique.

5.Plan général de la tour Eiffel qui surgit de derrière un immeuble en travelling avant ; masquée par les branchages effeuillés des arbres, sa partie supérieure remplit le champ.

6.Plan d’ensemble. Nous sommes maintenant au pied du monument. Un travelling latéral vers la gauche en forte contre-plongée permet d’embrasser du regard ses quatre piliers (Suite du générique sur le nom du metteur en scène : FRANÇOIS TRUFFAUT). Recadrage vers le bas, diminuant la contre-plongée, jusqu’à attraper une rue parallèle au Champ de Mars dans le travelling qui est devenu arrière. Le générique se poursuit sur les remerciements par un déroulant vers le haut tandis que l’orchestration de la musique ralentit sur quelques notes égrenées en pizzicati au violon.

7.Plan général. On s’éloigne à présent de la tour vers la droite par une allée bordée d’arbres le long du Champ de Mars.

8.Plan d’ensemble raccord dans l’axe. La tour est vue dans son ensemble, des immeubles cossus en enfilade à gauche, et se perd progressivement derrière les arbres nus de cette journée grise d’hiver. Après la fin du déroulant du générique, un dernier carton apparaît en surimpression sur la co-production puis fondu au noir. Fin musique. Ouverture au noir sur un intertitre en lettres blanches et écriture fine et déliée : « Ce film est dédié à la mémoire d’André Bazin ». Fondu au noir.

Salle de classe, int. jour

9.Ouverture en fondu : plan serré de dos de trois quarts profil gauche sur un élève de 13-14 ans, penché sur son cahier sur lequel il écrit dans le silence général d’une interrogation. L’écolier pose sa plume et ouvre discrètement son pupitre, en sort un calendrier de femme dénudée, qu’il fait passer à un voisin devant lui. Recadrage sur le parcours du calendrier qui passe de main en main, non sans être brièvement reluqué (Panoramique vers le haut et la gauche), jusqu’au jeune Antoine Doinel (JEAN-PIERRE LÉAUD), de trois quarts dos profil droit. Un léger travelling avant se penche sur lui qui y ajoute un touche personnelle de sa plume. Alors qu’il tend le calendrier à un autre élève devant lui retentit la voix de l’instituteur, « Petite Feuille », que l’on a brièvement aperçu à l’arrière-plan.

Petite Feuille

(Off, Guy Decomble)

Doinel ! Apportez-moi ce que vous avez là !

Rapide panoramique vers la droite sur l’instituteur à son bureau et entrée de champ d’Antoine qui lui apporte le calendrier coupable.

Petite Feuille

Ah ! C’est du joli ! Au piquet !

Antoine, prostré, se dirige derrière un tableau noir installé dans l’angle de la classe - panoramique de suivi - pour ressortir discrètement à droite, serrant un poing vengeur vers un de ses camarades. Retour en rapide travelling latéral inverse sur Petite Feuille, toujours assis à son bureau, qui, après avoir examiné le calendrier, le laisse tomber sur son bureau.

Petite Feuille

Plus qu’une minute !

Une lamentation collective de protestation se fait entendre. Petite Feuille se lève et exclame d’un ton péremptoire.

Petite Feuille

Silence !

10 axe inverse.Plan moyen en légère plongée sur Petite Feuille de dos gagnant le fond de la classe par la travée de droite.

Petite Feuille

Nous allons ramasser dans trente secondes…

(Bougonnements divers)

Silence, silence !

Un travelling latéral vers la gauche suit son parcours à l’arrière-plan dans la classe. Puis jetant un coup d’œil à sa montre de dos, vers la porte d’entrée vitrée.

Petite Feuille

Les chefs de rangée peuvent se tenir prêts.

Il se retourne vers la travée de gauche, fait quelques pas, ses lunettes dans les mains.

Petite Feuille

Je compte jusqu’à trois !

Il tapote la nuque d’un élève à gauche, tandis que deux autres, perdus dans une intense réflexion, cherchent l’inspiration le nez en l’air.

Petite Feuille

Un ! … Deux ! … Trois ! Ramassez !

Les deux élèves en mal d’inspiration se jettent sur leur copie. Le chef de la rangée centrale, au premier plan à droite, se lève, celui de celle de gauche également, commençant à ramasser les copies, tandis que Petite Feuille passe au premier plan en plan rapproché.

11.Sur la rangée de droite de profil. Entrée de champ par la droite du jeune Mauricet, le chef de la rangée de droite, en plan rapproché. Travelling arrière et plan américain qui attrape également deux élèves à droite, et un en amorce à gauche, derrière l’élève René (PATRICK AUFFAY), toujours concentré sur sa copie, la place de Doinel restée vide à côté de lui. Mauricet se penche vers lui.

René

(D’un geste de la main)

Ramasse derrière !

Mauricet ramasse les copies des élèves assis derrière René puis revient vers lui qui proteste.

René

Une seconde, quoi !

Mauricet

(De dos)

Allez, donne !

Petite Feuille

(Off, sévère)

Qu’est-ce qui se passe ? !

Mauricet

(Se tournant vers Petite Feuille)

Y veut pas donner sa feuille, m’sieur !

Petite Feuille

(Off)

Pas de favoritisme !

Mauricet finit par lui arracher sa feuille puis sort du champ par la gauche.

René

(Se tournant vers Mauricet hors champ, à voix basse)

Lécheur !

12.Plan américain sur Petite Feuille, les chefs de rangées le rejoignent et lui remettent les copies. Derrière lui, le tableau noir derrière lequel est puni Doinel.

Petite Feuille

Tout le monde a remis sa copie ?

(Les chefs de rangées acquiescent)

Vous pouvez sortir !

Suivis en panoramique vers la droite, tous se dirigent vers la sortie au fond de la classe, y compris Antoine qui se fait le plus discret possible. Petite Feuille, off, l’arrête.

Petite Feuille

Ah ! Non, pardon, pas vous le lycéen !

Le panoramique s’arrête, Antoine s’immobilise, épaules rentrées. Petite Feuille entre dans le champ, bras levé le désignant.

Petite Feuille

La récréation n’est pas un dû, c’est une récompense !

D’un geste sans appel, il lui indique le piquet hors champ à gauche et rejoint les autres élèves qu’il fait sortir dans le brouhaha général. Il referme la porte derrière lui.

Laissé seul, Antoine repart vers le piquet - suivi panoramique vers la gauche - et, l’air sombre, fait valser l’éponge du tableau au bout de sa ficelle.

Cour de récréation, ext. jour

13. Plan moyen. Plusieurs élèves jouent entre eux, emmitouflés dans leurs manteaux.

14.Plan américain d’élèves discutant. À droite, Petite Feuille bavarde avec un confrère en fumant la pipe, les mains dans les poches.

15.Plan américain sur des élèves qui jouent. Un panoramique vers la gauche recadre René en train de jouer des poings avec un autre élève, sous le regard emballé d’un troisième.

Salle de classe, int. jour

16.Plan serré sur Āntoine de dos, traçant à la craie sur le mur du piquet, une grande carte de géographie en amorce à droite.

Āntoine

(Voix over, texte du graffiti)

« Ici souffrit le pauvre Āntoine Doinel, puni injustement… »

Cour de récréation, ext. jour

17.Plan d’ensemble sur les élèves dans la cour, rassemblés autour de René qui chasse d’un coup de pied Mauricet, puis rejoint l’écolier avec lequel il se battait au plan 15.

Antoine

(Śuite off)

« … par Petite Feuille pour une pin-up tombée du ciel. Entre nous ce sera, dent pour dent, œil pour œil. »

Petite Feuille

(Rejoignant de dos les bagarreurs)

Alors les champions, vous avez besoin d’un arbitre, peut-être ? …

(Il saisit René et son adversaire par le col)

Allez, vous pourrez vous entraîner pendant trois jours, pas de récréation ! Le repos, le repos !

(Et les emmène manu militari)

Trois jours de repos… ça vous fera du bien, allez, allez, allez !

Salle de classe, int. jour

18 retour 16.Antoine termine son inscription (« dents pour dents » est replacé dans une bulle avant « œil pour œil »).

19.Plan moyen sur les élèves qui, rentrant de la récréation, rejoignent en vitesse Antoine et son piquet - suivi panoramique vers la gauche jusqu’au tableau noir du piquet. Mauricet se précipite à son tour.

Mauricet

(Revenant vers ses camarades hors champ à droite)

Oh, les gars, venez voir si c’est marrant !

Antoine sort de derrière le tableau noir et repousse vigoureusement l’indiscret, avant de disparaître de nouveau.

Hors champ à droite, interrompant les autres élèves qui s’étaient précipités à leur tour.

Petite Feuille

Allons, allons, qu’est-ce qu’il y a de si intéressant là-bas ?

Apparaissant à droite, au milieu des élèves qui regagnent en désordre leurs places en contrechamp.

Petite Feuille

À vos places !

Petite Feuille disparaît à son tour derrière le tableau à droite et reparaît à gauche avec Antoine qu’il a attrapé par le col.

Petite Feuille

Bravo !

Puis il sort à gauche, laissant Antoine seul et honteux, de trois quarts dos en plan serré poitrine, devant le tableau noir.

20.Plan rapproché poitrine longue focale sur Petite Feuille, debout devant le grand tableau central.

Petite Feuille

(Ironisant)

Nous avons un nouveau Juvénal dans la classe ! Mais il est encore incapable de distinguer un alexandrin d’un décasyllabe…

21.Plan américain sur Antoine, le regard noir, à côté du tableau adjacent à gauche.

Petite Feuille

(Off)

Primo : Doinel, vous allez me conjuguer…

22 même axe 20.Sur Petite Feuille.

Petite Feuille

… pour demain… Allez à votre place ! ...

23 reprise 21.Sur Antoine qui rejoint sa place d’un pas lourd ; un panoramique vers la droite accompagne son mouvement devant les trois rangées de ses camarades.

Petite Feuille

… notez la phrase… À tous les temps de l’indicatif, du conditionnel…

24 suite 22.Sur Petite Feuille.

Petite Feuille

… et du subjonctif… Les autres, prenez votre cahier de récitation…

Recadrage gauche sur lui qui s’assoit à son bureau et jette un regard à sa classe devant lui en contrechamp.

25 idem fin 23.Contrechamp. Sur les élèves en plan moyen et Antoine qui s’assoit à son tour.

Petite Feuille

(Off, à l’intention d’Antoine)

…« Je dégrade les murs de la classe »…

Antoine, à droite à mi-plan, a sorti son cahier du tiroir de son pupitre et commence à noter. Un lent panoramique vers la gauche recadre les élèves qui s’emparent de leurs plumes.

Petite Feuille

…« et je malmène la prosodie française. »

26.Plan rapproché poitrine sur Petite Feuille assis.

Petite Feuille

(Répétant)

…« Française » !

(À tous les autres)

« Le lièvre »…

Recadrage sur lui qui se lève et se dirige vers le tableau, prenant une craie.

27 idem fin 25. Sur les élèves de la classe qui, d’un seul mouvement, se penchent sur leur pupitre.

28 idem fin 26.Sur Petite Feuille qui se retourne et dirige son regard vers Antoine, en