Inter. No. 120, Printemps 2015 : micro-interventions
108 pages
Français
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Si l’art public et l’art d’intervention font l’objet depuis quelques années d’un regain d’attention critique et théorique, ce numéro de la revue Inter, art actuel s’intéresse à un type particulier de pratique : la micro-intervention. Cette dernière ne se limite pas aux seuls champs des arts, de l’architecture ou de l’urbanisme ; elle recoupe aussi par affinités procédurales des pratiques variées agissant par insertion ou immixtion dans l’environnement (le shopdropping, le tricot-graffiti, la guérilla jardinière, le passe-livres ainsi que certaines formes d’activisme et de médias tactiques). Quels rôles la micro-intervention peut-elle jouer dans le renouvellement du rapport au territoire, dans le développement de nouvelles approches d’aménagement urbain ou d’art public? Quel partage inédit des pouvoirs et du sensible ces explorations pragmatiques de l’infime peuvent-elles susciter? Voilà quelques exemples de questions traitées dans ce dossier.

  • 1. Erratum

  • 2. micro-interventions Luc Lévesque, Patrice Loubier

  • 4. Arts de faire micropolitiques Pascal Nicolas-Le Strat

  • 6. Pour une architecture enzymatique Andrea Branzi

  • 8. La micro-intervention pour comprendre, révéler et faire l’espace public Geneviève Vachon, Érick Rivard, Alexandre Boulianne

  • 14. Du béton à la mer : l’enjeu de l’espace commun Carole Lévesque

  • 18. Redoubler le réel : Morceaux de paysage d’Émilie Rondeau David Beauchamp

  • 22. L’esthétique du fragment : vers un engagement circonstanciel de l’anonyme Nicolas Rivard

  • 25. Des livres et des mots dans l’espace public : micro-bibliothèques et calligraphie urbaine Jonathan Lamy

  • 29. Micro-interventions à l’ère néolibérale : stratégies de Matei Bejenaru Izabel Galliera

  • 33. Autour de la disparition de Jorge Julio López Silvio de Gracia

  • 37. Micro-gestes dans l’espace public Alain Snyers

  • 40. Les Altérations de La Chèvre Phénomène André Létourneau

  • 43. Discovery Art : l’intervention de l’observateur Ezennwa Ukwuoma ETMCA

  • 47. D’un abandon à l’autre Paul Maheke Ngamaha

  • 50. Un peu comme des acupuncteurs du territoire… Pierre Thibault

  • 54. Jeux interdits : déambulations d’Élodie Brémaud Sophie Lapalu

  • 57. L’appareil à témoins de Tedi Tafel Caroline Loncol Daigneault

  • 60. L’art furtif, stade ultime, et vain, de la micro-intervention ? Paul Ardenne

  • 65. À l’angle de la rue et du Web, la question des publics Suzanne Paquet

  • 69. Horizons souterrains : autour d’un projet d’Adaptive Actions Bernard Schutze

  • 73. L’institution et la production du furtif : entente et discordance Guilhem Molinier


  • Topos

  • 76. Rétrospective Erró Charles Dreyfus

  • 80. Pierre Bourgault Tremblement du temps : 83 40 N 30 41O / 47 12 N 70 16 O Guy Sioui Durand

  • 82. Emmanuel Galland et François Lalumière Avenir avenue (prequel) Aurélie Vandewynckele

  • 84. Simultanéités vibratoires dans les dispersifs sonores et gestuels : écouter ensemble et vivre l’insondabilité de l’autre Michaël La Chance

  • 88. Symposium sur l’art action [Valencia] Laura Yustas, Raul Ortega, Nelo Vilar

  • 90. La poésie action de Bernard Heidsieck. Texte, voix, geste et technologie en convergence poétique Giovanni Fontana

  •  

  • 94. Reçu au lieu

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2015
Nombre de lectures 2
EAN13 9782924298145
Langue Français
Poids de l'ouvrage 28 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0300€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ainsi toute une catalyse de la reprise de conIance
120
micro-interventions
120 SOMMAIRE
 micro-interventions  4 Arts de faire micropolitiques  PASCAL NICOLAS-LE STRAT  6 Pour une architecture enzymatique  ANDREA BRANZI  8 La micro-intervention pour comprendre, révéler et faire l’espace public  GENEVIÈVE VACHON, ÉRICK RIVARD, ALEXANDRE BOULIANNE 14 Du béton à la mer : l’enjeu de l’espace commun  CAROLE LÉVESQUE 18 Redoubler le réel :Morceaux de paysaged’Émilie Rondeau  DAVID BEAUCHAMP 22 L’esthétique du fragment : vers un engagement circonstanciel de l’anonyme  NICOLAS RIVARD 25 Des livres et des mots dans l’espace public : micro-bibliothèques et calligraphie urbaine  JONATHAN LAMY 29 Micro-interventions à l’ère néolibérale : stratégies de Matei Bejenaru  IZABEL GALLIERA 33 Autour de la disparition de Jorge Julio López  SILVIO DE GRACIA
37 Micro-gestes dans l’espace public  ALAIN SNYERS 40 Les altérations de La Chèvre Phénomène  ANDRÉ ÉRIC LÉTOURNEAU 43 Discovery Art : l’intervention de l’observateur  EZENNWA UKWUOMA (ALIAS ETMCA) 47 D’un abandon à l’autre  PAUL MAHEKE NGAMAHA 50 Un peu comme des acupuncteurs du territoire…  PIERRE THIBAULT 54 Jeux interdits : déambulations d’Élodie Brémaud  SOPHIE LAPALU 57 L’appareil à témoins de Tedi Tafel  CAROLINE LONCOL DAIGNEAULT 60 L’art furtif, stade ultime, et vain, de la micro-intervention ?  PAUL ARDENNE 65 À l’angle de la rue et du Web, la question des publics  SUZANNE PAQUET
Meats •
Les Sabines • Istvan Kantor • anniversaire •
in[1] Insertion de la revueNADA LAURENT MARISSAL
69 Horizons souterrains : autour d’un projet d’Adaptive Actions  BERNARD SCHUTZE 73 L’institution et la production du furtif : entente et discordance  GUILHEM MOLINIER
topos 76 Rétrospective Erró  CHARLES DREYFUS
80 Pierre BourgaultTremblement du temps 83 40 N 30 41O / 47 12 N 70 16 O  GUY SIOUI DURAND 82 Emmanuel Galland et François Lalumière AVENIR AVENUE (PREQUEL)  AURÉLIE VANDEWYNCKELE 84 Simultanéités vibratoires dans les dispersifs sonores et gestuels : écouter ensemble et vivre l’insondabilité de l’autre  MICHAËL LA CHANCE
88 Symposium sur l’art action [Valencia]  LAURA YUSTAS, RAUL ORTEGA ET NELO VILAR
90 La poésie action de Bernard Heidsieck. Texte, voix, geste et technologie en convergence poétique  GIOVANNI FONTANA
94
reçu au Lieu
Poésie action : variations sur Bernard HeidsieckInterviewer la performance. Regards sur la scène française depuis les années 1960,Mehdi Brit et Sandrine Meats •Julien Blaine 2013Femmes, attitudes performatives, aux lisières de la performance et de la danseEnseignando performance : programas de cursos y talleres/How We Teach Performance Art : University Courses and Workshop Syllabus, Valentin Torrens La Grue, Péristyle NomadePROMPTUS. Intercâmbio Brasil México de performanceInternational Performance Art Week 2012RIPA 2014Mobile. o Album/International n 3 Performance, Body, FictionLa performance,Les Sabines •Permanent Revolution, Istvan Kantor •Mémoires en réparation,Réparation de e poésie, 30anniversaire •Nouveaux médias : méthodes et pratiques, publication électronique sous la direction de Caroline Gagné
Erratum Dans e dernîer paragraphe de a page  du texte d’Anne Bertrand paru dansInter, art actue (numéro , hîver ), nous aurîons dû îre « soît à peîne , % » au îeu de «  % ».
DirecteurRîchard Marteprogrammation@interlelieu.org> Coordonnatrice à l’éditionGenevîève Fortînredaction@interlelieu.org> Comité de rédactionNathaîe Côté, Chanta Gaudreaut, Mîchaë a Chance, Jonathan amy, uc évesque, André Marceau, Rîchard Marte> Correspondant en FranceChares Dreyus> Comité de rédaction international AllemagneEîsabeth Jappe, Hege MeyerArgentineSîvîo de GracîaBelgique Phîîppe FranckBrésilucîo AgraCanadaBruce Barber, Cîve RobertsonColombieRîcardo Arcos-PamaCubaNeson Herrera YsaEspagneBartoomé Ferrando, Neo VîarFrancePau Ardenne, Juîen Baîne, Mîche Coet, Jacques Donguy, Mîche Gîroud, Serge PeyHongrieBaînt SzombathyIndonésieïwan WîjonoItalieGîovannî FontanaMexicoVîctor MuñozPays de GallesHeîke RomsPologneukasz Guzek, Artur Tajber PortugalFernando AguîarRoumanieGusztáv UtoThaïlandeChumpon ApîsukUruguayCemente Padín> Responsables de dossieruc évesque et Patrîce oubîer> Couverture#chaisesnomades,laboratoire tactique orchestré par Alexandre Boulianne et Jean-François Laroche, École d’architecture de l’Université Laval, 2014 > Conception graphiqueChanta Gaudreaut> Assistant à l’inographiePhîîppe Frenette-Trembaygraphisme@interlelieu.org> Révision et correctionGîna Buteau> AdministrationSyvîe Côtéadministration@interlelieu.org> Communication-difusionPatrîck Dubéinfos@interlelieu.org /Publicitéaurent aondepub@interlelieu.org> ImpressionîthoChîc, , rue Jean Perrîn, Québec> Distribution Canadaes Messagerîes de Presse ïnternatîonae, une dîvîsîon de Hachette Dîstrîbutîon Servîces (Canada) înc. , rue arrey, Anjou, Montréa, Québec, HJ  T: --lmpi@lmpi.com / www.lmpi.com> Distribution FranceLes Presses du réel 35, rue Colson, 21000 Dijon, France,www.lespressesdureel.com>Inter, art actueest pubîé troîs oîs ’an par es Édîtîons ïnterventîon>Interest membre de a Socîété de déveoppement des pérîodîques cutures québécoîs SODEP, , rue Saînte-Catherîne Ouest, bureau , Montréa, Québec, HB Awww.sodep.qc.caet de Magazînes Canada, , Adeaîde Street West, suîte , Toronto, MV C, Ontarîo, Canadawww.magazinescanada.ca>a rédactîon est responsabe du choîx des textes quî paraîssent dans a revue, maîs es opînîons n’engagent que eurs auteurs. es manuscrîts doîvent nous parvenîr par courrîe. Pour proposer un artîce, consutez notre sîte ou contactez a rédactîon en tout temps aux coordonnées de a revue. Faîtes-nous connatre vos actîvîtés, proposez-nous vos pubîcatîons, CD, DVD ou autres pour recensîon dans nos pages, en servîce de presse>Droîts d’auteur et droîts de reproductîon: toutes es demandes de reproductîon doîvent être achemînées à Copîbec (reproductîon papîer) -- (sans raîs    )licences@copibec.qc.ca>Interest subventîonnée par e Conseî des arts et des ettres du Québec, e Conseî des arts du Canada (Aîde aux pérîodîques) et a Vîe de Québec>© es Édîtîons ïnterventîonïSSN - >prîntemps >Inter, art actuel,, rue du Pont, Québec (Québec) GK M> Téléphone--> Télécopieur--www.interlelieu.org
micro-interventions
Luc Lévesquehîstoîre et théorîe des pratîques archîtecturaes au Département des scîences hîstorîques de ’Unîversîté ava (Québec). En ,est archîtecte et proesseur en î a partîcîpé à Montréa à a créatîon de ’ateîer d’exporatîon urbaîne SYN- au seîn duque î a depuîs réaîsé dîverses recherches et înterventîons. Coondateur en  d’ïNSERTïO (aboratoîre înterunîversîtaîre de recherche-créatîon sur ’înterstîtîe, ’archîtecture, es arts numérîques et a vîe) quî s’înscrît dans a poursuîte d’une démarche înîtîée avec e coectî Arqhé (-), î est aussî cochercheur au GïRBa (Groupe înterdîscîpînaîre de recherche sur es banîeues). Membre du comîté de rédactîon de a revue d’art actueInter, î a dîrîgé pusîeurs dossîers sur ’archîtecture, e paysage et es pratîques urbaînes. En archîtecture, î a coaboré avec dîvers bureaux au Québec et à ’étranger, dont ceux de ’Ateîer Zoom (Québec), de Peter Eîsenman (New York) et de Rem Koohaas-OMA (Rotterdam et New York).
Crîtîque et hîstorîen de ’art,Patrice Loubierest proesseur au Département d’hîstoîre de ’art de ’Unîversîté du Québec à Montréa depuîs . ï a sîgné de nombreux textes en s’întéressant notamment à ’art d’înterventîon et aux nouvees ormes d’art pubîc. Avec Anne-Marîe Nînacs, î est à ’orîgîne desCommensaux, programmatîon spécîae et pubîcatîon du Centre des arts actues Sko (Montréa, -) consacrées à ce type de pratîques. À tître de commîssaîre, î a contrîbué à certaîns événements tes que a Manî d’art (Québec, ), sur es ormes contemporaînes du cynîsme, ou encore Espace mobîe(VOX, Montréa, ), mettant en umîère es mutatîons de ’espace urbaîn ors de a créatîon du Quartîer des spectaces à Montréa. Ses recherches actuees portent sur es pratîques urtîves (auxquees î consacraît une résîdence-exposîtîon au Centre des arts actues Sko en ) et sur a descrîptîon comme orme artîstîque en art contemporaîn.
ï y a 40 ans, Pîer Paoo Pasoînî écrîvaît une dîatrîbe désespérée contre a vacuîté d’un monde poîtîque încarnant un nouveau vîsage du ascîsme à ’ère 1 du spectace et de a surexposîtîon médîatîque . ï assocîaît cette condîtîon à « a dîsparîtîon des ucîoes », à ’amenuîsement des ueurs de a vîe et de ’humanîté, à a dîsparîtîon des espoîrs d’un contrepouvoîr efectî…
Face à a consoîdatîon d’un conservatîsme îdéoogîque quî n’a de cesse de amîner a ertîe compexîté des écoogîes mentaes, socîaes et envîronnementaes, une tee perspectîve pessîmîste pourraît sans doute encore être proposée aujourd’huî. Maîs sî, au contraîre, comme e déveoppaît brîamment Georges Dîdî-Huberman en 2009, es « ucîoes » survîvaîent toujours ? Sî postuer eur dîsparîtîon déInîtîve, c’étaît Inaement « ne pas voîr ’espace – ût-î înterstîtîe, întermîttent, nomade, împrobabement sîtué – des ouvertures, des possîbes, 2 des ueurs, des magré tout » ? Comme e sîgnaaît dans e même sens Féîx Guattarî, « toute une catayse de a reprîse de conIance de ’humanîté en ee-même » seraît aînsî « à orger, pas à pas, et quequeoîs à partîr 3 des moyens es pus mînuscues » . C’est dans ce contexte et dans cette perspectîve que a notîon de mîcro-înterventîon prend pace comme champ d’exporatîon et d’opératîon approprîé à a conjoncture et à ses enjeux. Aors que a notîon d’înterventîon convoque pratîques, processus et îmagînaîres d’un agîr toujours à réînventer, ’adjonctîon de ’adjectîmîcrone désîgne pas îcî e conInement au petît, e rétrécîssement de ’ambîtîon, a retraîte ou a résîgnatîon à des actîons de moîndre envergure, maîs bîen un changement d’optîque, un cadrage dîférent sur e rée et ses potentîes, une attentîon renouveée aux ééments et aux 4 agencements « moécuaîres » quî constîtuent es mîîeux et actîvent eurs devenîrs… 5 Nous entendons aînsî par mîcro-înterventîon toute înterventîon égère , opérée ou mîse en brane en dîvers mîîeux, pouvant potentîeement donner îeu à des vîsîons ou à des usages aternatîs des terrîtoîres et des contextes où ee s’efectue. a mîcro-înterventîon recoupe par ainîtés procéduraes des pratîques varîées agîssant par însertîon ou îmmîxtîon dans ’envîronnement. Par-deà es coîsonnements dîscîpînaîres, ce regîstre d’actîon peut donc être e aît de cîtoyens engagés ou d’usagers créatîs de ’espace pubîc, de a vîe ou de tout autre terrîtoîre. Apparemment modeste, dîscrète ou urtîve – maîs pas nécessaîrement învîsîbe –, a mîcro-înterventîon est susceptîbe d’accrotre ’étendue de son champ d’actîon par sa dîssémînatîon, son dépoîement rétîcuaîre, ses démutîpîcatîons înItrantes et sa mobîîté. À ’înstar de ce que souîgne Pasca Nîcoas-e Strat, emîcrone s’oppose pas aumacro; îs orment tous deux des pans quî s’înterpeent récîproquement dans une dynamîque où a modaîté d’opératîon « mîcroogîque » se caractérîse par a nature întensîve, încîsîve et dîrecte de sa mîse en mouvement. Augmentée par de nouvees capacîtés technîques de réseautage socîa, a perturbatîon înInîtésîmae du mîcro peut constîtuer aujourd’huî e vecteur d’une propagatîon dîspersîve, créatîve et împrévîsîbe de a résîstance crîtîque, comme ’a notamment déveoppé Mîchaë a Chance avec a notîon de « mîcroactîvîsme » . Sî e regîstre mîcro s’assocîe à des pratîques cîtoyennes et artîstîques quî tendent à déjouer es condîtîonnements et mîses en ordre împosés, î ouvre aussî des perspectîves nouvees pour réînventer e terrîtoîre par des modes hybrîdes d’actîon mettant en jeu des conceptîons poreuses à a vîtaîté des mîîeux . a notîon d’« archîtecture enzymatîque » que déveoppe Andrea Branzî ofre à cet égard un dîagramme pour appréhender seon des poînts de vue corpuscuaîre et cataytîque e dynamîsme de ’organîsme urbaîn et de ses extensîons terrîtorîaes. Ce n’est pus ’împosîtîon de Igures monumentaes et statîques que suggère cette vîsîon, maîs es potentîes de nuées mouvantes de Ines partîcues programmatîques et sîtuatîonnees. Sous e sîgne de a mîcro-înterventîon, c’est un parcours au seîn de ’une de ces consteatîons partîcuaîres 8 et « mîcrobîennes », pour reprendre e mot de De Certeau assocîé aux pratîques , que nous proposons dans es pages quî suîvent, comme autant de vecteurs aîguîonnant ’attentîon sur ces înterstîces d’où surgît encore e vo uyant des ucîoes… t LUC LÉVESQUE et PATRICE LOUBIER
ïustratîon : Andrea Branzî,Pour une archîtecture non iguratîve, 6.
 Notes C.Pîer Paoo Pasoînî,« ’artîcoo dee uccîoe »,Scrîttî corsarî, Garzantî, 7, p. 6-6. Trad. r. : « ’artîce des ucîoes », Écrîts corsaîres(76), P. Guîhon (trad.), Fammarîon, , p. -.  Georges Dîdî-Huberman,Survîvance des ucîoes, Mînuît, , p. -6.  Féîx Guattarî,Les troîsécoogîes, Gaîée, , p. 7-7. C.Gîes Deeuze et F. Guattarî,Mîe pateaux:capîtaîsme et schîzophrénîe, Mînuît, , p. 6- ; Brîan Massumî,A Users’s Guîde to Capîtaîsm and Schîzophrenîa, MïT Press, , p. -.  a notîon de égèreté împîque îcî beaucoup pus qu’une sîmpe questîon de dîmensîon ou de poîds reatî à un contexte. C’est a dynamîque même de a reatîon au mîîeu quî est engagée de manîère partîcuîère par e mode du « éger ». Aînsî, ïtao Cavîno, dansLes eçons amérîcaînes (Gaîmard, , p. ), assocîe a égèreté à a « précîsîon » de ’oîseau en cîtant es mots de Pau Vaéry : « ï aut être éger comme ’oîseau, et non comme a pume. » o 6C.Mîchaë a Chance, « Mîcroactîvîsmes : nouvees subjectîvatîons entre médîas socîaux et rîtues »,Inter, , p. -., n En îaîson compémentaîre au thème de a présente parutîon d’Inter, voîr es dossîers « Agîr : pratîques et processus » du numéro  () de même qu’« Espace pubîc » du numéro  (). 7 Au moment où, par exempe, on tend encore à concevoîr presque excusîvement e déveoppement de terrîtoîres ruraux ou éoîgnés en termes d’expoîtatîon massîve des ressources, une notîon comme cee d’acupuncture terrîtorîae porte en ee un projet d’ancrage éger et mobîe pouvant s’aîer à une économîe de mîse en vaeur douce des terroîrs, de a cuture et des paysages. Dans e même sens, concernant a probématîque spécîIque de ’espace pubîc, a mîcro-înterventîon constîtue un vecteur d’actîon centra pour une approche émergente d’« urbanîsme tactîque » expérîmentant dîrectement et concrètementîn sîtu, seon dîférents régîmes de temporaîté, des scénarîos de réactîvatîon soupe de potentîes assocîés aux condîtîons urbaînes exîstantes. C.Mîche de Certeau,L’înventîon du quotîdîen. I : arts de aîre, Gaîmard, , p. -6.
1 ARTS DE FAIRE MICROPOLITIQUES
uPASCAL NICOLAS-LE STRAT
Toute expérîence possède sîmutanément une portée mîcroogîque et une portée macroogîque. Ee se dépace constamment d’un pan macro à un pan mîcro. Ce mouvement de bascue (d’un pan à ’autre) provoque une mîse à dîstance à ’întérîeur même de a sîtuatîon. Mîcro et macro, oîn de s’excure ou de s’opposer terme à terme, s’înter-peent récîproquement, se mettent en questîon ’un ’autre. En chan-geant réquemment de pan, en gîssant d’une ogîque à ’autre, une expérîence încorpore donc, dans son mouvement même, pusîeurs poînts de vue, pusîeurs écaîrages. Macro et mîcro întroduîsent deux écrîtures possîbes d’une sîtuatîon et appeent donc une doube ques-tîon : que nous dît a sîtuatîon dans son écrîture macroogîque (es rap-ports socîaux de genre, de casse ou de génératîon quî a travaîent) et dans son écrîture mîcroogîque (es înteractîons, coopératîons ou coégîaîtés quî a constîtuent) ? 2 Entre mîcro et macro, aînsî que ’argumente Gîes Deeuze , a dî-érence ne tîent pas prîncîpaement à une questîon de taîe, au sens où es mîcrodîsposîtîs concerneraîent des expérîences de moîndre envergure. Mettre en avant excusîvement une dîmensîon d’échee pour es opposer terme à terme ne s’avère pas partîcuîèrement per-tînent, pas pus que d’assîmîer e macro au modèe stratégîque et de renvoyer e mîcro au modèe tactîque. Ces dîverses tentatîves pour es dîstînguer sur un mode bînaîre es enerment dans un ace-à-ace réducteur. Nî spécîIquement dîférence de taîe nî dîvergence d’échee, e mîcro et e macro se dîstînguent avant tout par une dîfé-rence d’entrée en exîstence, une dîférence dans a manîère, pour une expérîence, de constîtuer son exîstence. Mîcro et macro représentent deux constîtutîons possîbes pour une même réaîté. Une même actîon « montera » en exîstence paroîs sur un mode mîcro, paroîs sur un mode macro. Chacun de ces nîveaux contrîbue à a dynamîque de ’expérîence seon sa vîsée propre. Par exempe, à n’împorte que moment, à ’occasîon d’une réunîon ou dans un espace de travaî commun, une tensîon îée à ’expressîon du rapport socîa (de travaî, de savoîr, de sexe…) peut survenîr et afecter a dyna-mîque gobae de a sîtuatîon : une hîérarchîsatîon symboîque des tâches s’înstaure însîdîeusement entre hommes et emmes ; une cîr-cuatîon înégaîtaîre de a paroe s’împose au détrîment des acteurs moîns expérîmentés ; a prîse de paroe se aît seon une expertîse scoaîrement moîns égîtîme… Dans e cours ordînaîre de ’actîvîté et dans e quotîdîen des sîtuatîons, des enjeux socîopoîtîques gobaux surgîssent et vîennent (re)détermîner proondément es înterreatîons. Aussî, au seîn de réaîtés très mîcroogîques (une réunîon de travaî, par exempe), ’expressîon du rapport socîa (de quaîIcatîon et de dîsquaîIcatîon) reste agîssante et peut perturber sîgnîIcatîvement es dynamîques à ’œuvre. ïnversement, même dans un contexte ourde-ment contraînt par des normes socîaes ou des programmatîons peut survenîr un événement quî resînguarîse a sîtuatîon et réînterpee ’expérîence vécue. Macro et mîcro surgîssent înévîtabement, en toute occasîon. Encore aut-î accepter de es entendre, d’entendre e rapport genré, par exempe ceuî quî afecte es prîses de paroe dans un coectî, ou d’entendre e bruîssement de a vîe quî însîste au cœur des înstîtutîons es pus normaîsatrîces.
FAIRE VARIER L’INTENSITÉ DES SITUATIONS Que est ’apport spécîIque des approches mîcro, des mîcroogîes ? Ees Ient très vîte à ’essentîe. C’est certaînement a meîeure îmage que nous pouvons donner d’une mîcroogîe : une mîse en mouve-ment vîve et încîsîve quî prend de court es emprîses înstîtutîonnees (onctîonnement étabî, règes acquîses de ongue date, îdées com-munément partagées…), quî es déborde ou quî es contourne. es mîcroogîes ont varîer ’întensîté des sîtuatîons.
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Certaîns porteurs de projets attrîbuent aux mîcrostratégîes des quaîtés quî ne eur correspondent pas vérîtabement. ïs s’adossent à des conceptîons mîcro dans ’espoîr de mîeux matrîser ce qu’îs engagent. En aît, îs quaîIent eur démarche de mîcro parce qu’îs a voudraîent sîmpe. a dénomînatîon est trompeuse. ïs sont tentés de mînîaturîser es questîons quî se posent comme sî, en es aîsant petîtes ou en es ormuant petîtement, îs es matrîsaîent mîeux. ïs sacrîIent a gobaîté du processus dans ’espoîr aînsî de s’acquîtter d’autant pus acîement des questîons posées. e mîcro n’est pourtant nî un succédané du rée, nî son amenuîsement. À ’înverse de ces approches appauvrîssantes et réductîonnîstes, nous pouvons consîdérer que ’expérîmentatîon mîcroogîque pos-sède une portée émînemment constîtuante (ee aît poîds dans a réaîté), car ee desserre ’emprîse des rapports înstîtués, non pour construîre un rapport sîmpîîé (apaîsé) des sîtuatîons maîs, au contraîre, aIn de es învestîr pus dîrectement, pus întensément, sans se aîsser raentîr par des prîses de pouvoîr trop ourdement îmmédîates. e mîcro est bîen un pan sur eque ’expérîence s’accéère, s’înten-sîIe et se ménage aînsî un accès rapîde aux questîons es pus straté-gîques : e rapport homme/emme dans a dîstrîbutîon de a paroe ors d’une réunîon, a dîsquaîIcatîon hîérarchîsante des pratîques et des usages au seîn de ’espace pubîc, ’învîsîbîîsatîon des cutures mînorîtaîres… À cette échee, ’actîon aîsse entrevoîr ce que es rap-ports socîaux réservent de pus amîîer et de pus vîoent. e mîcro représente un entraperçu, une sorte d’înstantané de a socîété, dans ce qu’ee entretîent comme structuratîon d’ensembe. À un nîveau mîcro, ’actîon gagne en întensîté et en portée, même sî ee perd – peut-être – en envergure. a ogîque mîcro est une stra-tégîe d’întensîIcatîon. Ee procède putôt par démutîpîcatîon et dîssémînatîon (montée en atéraîté) que par gobaîsatîon (montée en généraîté). Ee correspond à un choîx de mobîîté et de réactîvîté dans ’espoîr, à terme, de provoquer des Issures, d’întroduîre des porosîtés, d’entrebâîer des sîtuatîons.
AGIR PAR L’INTÉRIEUR ET DE L’INTÉRIEUR Dans ces perspectîves mîcroogîques, que j’aî étudîées auprès d’artîstes, d’archîtectes et d’actîvîstes urbaîns, j’aî pus partîcuîère-ment îdentîIé et anaysé ’un de cesarts de aîre mîcropoîtîques: ’agîr înterstîtîe. Cetagîr dansetpar es înterstîcesest assez exempaîre de ce que je vîens de déveopper. ’agîr înterstîtîe permet de joueravecetsurun terraîn împosé (es ormes urbaînes domînantes, par exempe) tout en préservant une dynamîque crîtîque, tout en restant mobîe dans a sîtuatîon. es înterstîces peuvent prendre de mutîpes ormes. ïs représentent avant tout une ogîque d’actîon, une manîère de pré-server une capacîté à aîre dans un contexte de ortes homogénéîsa-tîon et hîérarchîsatîon. ï peut s’agîr d’une communauté d’actîvîté quî œuvre en pérîphérîe, à dîstance des modes cassîques d’organîsatîon du travaî et d’exercîce proessîonne. ï peut s’agîr aussî de ’occupa-tîon d’un espace déaîssé ou en rîche avec ’întentîon de réamorcer des socîaîtés de voîsînage. es înterstîces constîtuent en queque sorte une réserve dedîsponîbîîté, e moyen d’assoupîr es ormats de temps (es horaîres habîtues d’actîvîté, es temps de a vîe) et de îmî-ter es emprîses înstîtutîonnees. Du aît de eur caractère transîtoîre et mobîe, îs aîssent devîner ou entrevoîr d’autres conceptîons possîbes dans a conduîte d’une actîvîté ou d’autres processus de abrîcatîon de a vîe, pus ouverts et coaboratîs, pus réactîs et transversaux. C’est efectîvement sur ce pan-à, à a oîs méthodoogîque (une modaîté de ’agîr) et poîtîque (une conceptîon de ’agîr), que se vérîIe ’împor-tance d’une expérîence înterstîtîee.
’înterstîce agît à a oîs de ’întérîeur et à ’opposé de ce qu’est a réaîté înstîtutîonnee domînante. ï conjugue une puîssance antago-nîque (dîsjonctîve) et une puîssance constîtuante (airmatîve). C’est donc un contre-pouvoîr quî se détermîne à même a réaîté à aquee î s’afronte. Nous pourrîons tout aussî bîen parer de contre-expérîence ou de contre-exîstence tant cette orme d’antagonîsme s’aîmente à des orces « posîtîves ». ’expérîence înterstîtîee nous éoîgne de a conceptîon cassîque des contre-pouvoîrs quî tîrent eur énergîe – et eur raîson d’être – du rapport en négatî qu’îs entretîennent avec eur contexte înstîtutîonne. Rîen de te dans e travaî înterstîtîe : sa orce, î a tîent des processus qu’î est susceptîbe d’amorcer. Sa montée en puîssance se modue en onctîon de ’întensîté (vécue, éprouvée) de ses créatîons et de ses expérîmentatîons. ’expérîence înterstîtîee est une orme de radîcaîté essentîeement posîtîve, dîrectement îndexée sur a dynamîque qu’ee est capabe d’împuser. Sa acuté d’oppo-sîtîon et de contradîctîon ne uî parvîent pas du dehors (en tant que reLet înversé de a réaîté domînante), maîs se construît peu à peu, sous a orme de coopératîons et d’aîances d’acteurs, par ’expora-tîon de nouveaux agencements de vîe (partage, rencontre), grâce à a coexîstence de mutîpes sînguarîtés…
LA MONTÉE EN LATÉRALITÉ DES EXPÉRIENCES a dîmensîon mîcro s’avère partîcuîèrement probante dans un deuxîème regîstre : ’împortance de penser es expérîences en mode « mîneur » aIn d’évîter qu’ees ne soîent amînées ou assommées par des ormes de théorîsatîon ou d’îdéoogîsatîon vertîcaes et gobaî-santes. Souvent, a transmîssîon des expérîences est conçue sur une montée en généraîté, au sens où chaque coectî d’acteurs devraît par-venîr à dégager (extraîre) de son expérîence certaînes probématîques de portée pus unîversee, de dîmensîon pus macro, quî pourraîent, dès ors, se transmettre et se partager. Pour ma part, je me méIe de ce détour supposé obîgé par e « haut », par e pus généra, pour assurer une transmîssîon. Je craîns que cette démarche ne asse vîoence aux expérîences, quî devraîent en queque sorte extîrper d’ees-mêmes une réaîté généraîsabe et, en conséquence, aîsser dans ’încommu-nîcabe une part sîgnîIcatîve, voîre essentîee, de ce qu’ees auront déveoppé en mode mîcro. Ce quî me préoccupe dans ces schémas habîtues de transmîssîon, c’est qu’à aucun moment ne sont énoncés es crîtères de a généra-îsatîon, à savoîr es acteurs à prendre en compte pour aîre a part des choses, a part entre e macro et e mîcro, entre e généraîsabe et ’îrréductîbe sînguarîté. Cette îgne de partage est rarement abordée en tant que tee. Et pourtant, sî nous suîvons es anayses de Jacques 3 Rancîère , î s’agît d’une questîon poîtîque tout à aît centrae. Quî décîde – et comment – de ce quî est généraîsabe ou non, de ce quî peut ranchîr es îmîtes de ’expérîence (e conçu) et de ce quî restera conIné dans e vécu, de ce quî est audîbe et de ce quî est maîntenu sîencîeux ? Bîen qu’îs ne soîent pas énoncés précîsément, ces crîtères poîtîques quî détermînenta partet’absence de part, pour e dîre dans es termes de Rancîère, n’en sont pas moîns très agîssants. e aît de ne pas es expîcîter nous expose à réîtérer passîvement, en mode macro, es crîtères es pus convenus, es pus apparents, ceux quî onctîonnent comme des évîdences. Au pîre, dans une socîété où e temps et a dîsponîbîîté devîennent une ressource rare, nous serons conduîts à ne communîquer paresseusement que es aspects es pus acîement ormaîsabes de ’expérîence (sur e mode, par exempe, d’un tabeau à doube entrée : poînts posîtîs/poînts négatîs) en aîs-sant de côté nombre d’aspects quî ne devîennent accessîbes que par un efort exîgeant d’éaboratîon et d’énoncîatîon. a questîon de a transmîssîon reève donc bîen d’un enjeu mîcro-poîtîque, et un enjeu mîcropoîtîque majeur. À ’encontre d’unemon-
micro-interventions
tée en généraîtétrop systématîque, î est possîbe, en mode pus mîcro, de déveopper des ormes demontée en atéraîtéen avorîsant a capa-cîté des expérîences sînguîères à trouver e chemîn d’une expressîon, à se conronter es unes aux autres et à se mettre démocratîquement en rîsque es unes en regard des autres. Cette montée en atéraîté (ou transmîssîon transversae) suppose ’exîstence de mîcroespaces pubîcs et démocratîques où es expérîences pourront se partager (énoncîatîon) et où ees pourront se dîscuter et se déîbérer (éabora-tîon). es enjeux de transmîssîon nous renvoîent aînsî à a nécessaîre constîtutîon de ces mutîpes mîcroscènes démocratîques, car une expérîence ne cîrcue pas d’un acteur à un autre, sur un mode dîrect et îmmédîat ; ee se partage au seîn d’un espace quî aît médîatîon et quî régue démocratîquement es înteractîons. Ce sont es condîtîons à réunîr pour que a part de sînguarîté des expérîences soît préservée et qu’ee puîsse se communîquer, pour qu’ee ne soît pas învîsîbîîsée par des approches trop macro et des probématîsatîons systématîque-ment engobantes. Nous retenons par conséquent ’hypothèse d’une transmîssîon quî se réaîse en mode mîcro et quî avorîse, de a sorte, a cîrcuatîon et a dîssémînatîon des expérîences en sauvegardant ce qu’ees încorporent de pus întensément vécu. e regîstre mîcro ne traduît aucunement un rétrécîssement des perspectîves ou un appauvrîssement des ambîtîons. ï avorîse au contraîre ’înteractîon entre es expérîences et e dépacement de ’une à ’autre. Sî ee veut se communîquer et se partager, une pratîque (urbaîne, socîae ou artîstîque) a tout întérêt à vaorîser es dynamîques mîcro qu’ee porte en ee, aIn de ne pas être trop vîte absorbée par des ogîques macro de généraîsatîon ou de modéîsatîon. e regîstre mîcro uî permet de « tenîr » sa sînguarîté, de a préserver suisam-ment ongtemps pour que cet apport quaîtatî réussîsse à s’împoser, à se aîre entendre et (re)connatre. ’expérîence ne doît donc pas « Ier » trop vîte vers e généra et e goba sî ee veut înteragîr avec d’autres pratîques et aîmenter notre réLexîon commune. t
Notes Au ur et à mesure de mes chantîers de recherche, auprès d’artîstes, d’archîtectes ou d’actîvîstes, j’aî îdentîIé pusîeurs ogîques d’actîon que j’aî nommées, en écho à a céèbre ormuatîon de Mîche de Certeau (c.L’înventîon du quotîdîen : arts de aîre, t. , Gaîmard, ,  p.), des arts de aîre mîcropoîtîques. Souvent ces expérîences mîcroogîques ne sont pas consîdérées à eur juste mesure ; ees sont jugées de trop petîte échee et de trop modeste envergure. Une partîe de mon travaî de socîoogue a donc consîsté à rehausser ’întérêt qu’on doît eur accorder. ï m’a au, par un travaî de descrîptîon et de conceptuaîsatîon, aîre découvrîr eur réee portée et aîre prendre conscîence de eur puîssance d’actîon. En îen avec ces chantîers de recherche, îsté au www.e-commun.r, mes pubîcatîons suîvantes peuvent être consutées :Carnets de correspondances / Cuaderno de correspondencîas, éd. bîîngue, projet Correspondances cîtoyennes en Europe, Fuenn, ,  p. ;Un projet d’éco-urbanîté : ’expérîence d’ECObox dans e quartîer La Chapee à Parîs, ïSCRA, , 6 p. ;Pour parer, entre art et socîoogîe : rencontre avec Sîmane Ras, Presses unîversîtaîres de Grenobe, ,  p. C.Gîes Deeuze,Deux régîmes de ous : textes et entretîens 97-99, de Mînuît, , p. sq. C.Jacques Rancîère,La mésentente, Gaîée, ,  p. ;Le partage du sensîbe : esthétîque et poîtîque, a Fabrîque, ,  p.
Pascal Nicolas-LeStrat, poîtîste et socîoogue, matre de conérences (HDR) en socîoogîe à ’Unîversîté Montpeîer , est ’auteur d’Une socîoogîe du travaî artîstîque(), d’Expérîmentatîons poîtîques(7) et d’Une socîoogîe des actîvîtés créatîves-înteectuees(). ’ensembe de ses travaux et pubîcatîons est proposé en îbre accès sur son sîte personne, e-commun. r. ï conduît actueement une recherche sur « e travaî du commun » dont e contenu est proposé sur un bogue y étant dédîé : bog.e-commun.r. ï poursuît de même une réLexîon épîstémo-poîtîque sur une socîoogîe de peîn vent (coaboratîve et sîtuée) que ’on peut aussî trouver au www.pns.abrîquesdesocîoogîe.net.
INTERART ACTUEL1205
POUR UNE ARCHITECTURE ENZYMATIQUE
uANDREA BRANZI
Nous cherchons îcî à mettre en évîdence un axe de recherche projectuee se posîtîonnant en dehors de a tradîtîon actuee de ’archîtecture comme métaphore ormee de ’hîstoîre. En rapport aux enjeux de a condîtîon contemporaîne, cette tradîtîon îmîte a onctîon de ’archîtecture à cee d’un code Iguratî et symboîque. ConInant ’archîtecture au rôe de producteur de grands symboes urbaîns, cette tradîtîon attrîbue de aît à ’archîtecture un rôe extrînsèque à a condîtîon urbaîne réee.a condîtîon urbaîne est constîtuée aujourd’huî de servîces éectronîques, de systèmes de produîts, de composantes envî-ronnementaes, de mîcrocîmats, d’înormatîons commercîaes et, par-dessus tout, de structures perceptîves produîsant des systèmes de « tunnes » sensorîes et înteîgents contenus par ’archîtecture, maîs ne pouvant aucunement être représentées par des codes archîtecturaux Iguratîs. ’archîtecture contemporaîne soufre actueement d’un retard épîstémoogîque – retard aussî ace à a cuture du sîèce précédent – parce qu’on persîste à restreîndre son rôe urbaîn et cîvî à une onctîon Iguratîve. Ee ne peut aînsî s’îmagîner comme une réaîté abstraîte, îmmatérîee et sensorîee, un Lux de onctîons et d’înormatîons sans reatîon dîrecte à une orme structuree maîs connectée à a condîtîon métropoîtaîne contemporaîne, une condîtîon ne se rapportant pas tant à des enjeux ormes, maîs putôt aux aspects physîoogîques, génétîques et perormatîs de ’organîsme urbaîn. On assocîe en efet encore e ondement de ’archîtecture contemporaîne à ’acte de bâtîr, de construîre des espaces vîsîbes, des métaphores ormees îmîtées à un bâtîment spécîIque, à des typoogîes spécîIques. Ce aîsant, on ne saîsît pas ’opportunîté archîtecturae que représente une condîtîon urbaîne dîspersée,réversîbe, temporaîre, îmmatérîee, maîs émînemment réee. ï s’agît donc d’îmagîner une archîtecture non pas engagée à réaîser des projets déInîtîs, orts et concentrés, typîques 1 de a modernîté cassîque, maîs putôt des sous-systèmes împaraîts, încompets, éastîques, typîques de a modernîté aîbe e et dîfuse du XXï sîèce. ï s’agît d’îmagîner des modèes d’urbanîsatîon aîbe : ceux-cî sont réversîbes, évoutîs, provîsoîres, répondant dîrecte-ment aux besoîns mutants d’une socîété autoréormîste, rééaborant constamment ses agencements socîaux et terrîtorîaux, déaîsant et reonctîonnaîsant a vîe. ï s’agît d’îmagîner une archîtecture moîns composîtîonnee et pus enzymatîque, c’est-à-dîre pouvant s’însérer dans des processus de transormatîon terrîtorîae sans utîîser des codes Iguratîs externes, maîs putôt des quaîtés envîronnementaes înternes dîspersées dans e terrîtoîre et non îmîtées à ’întérîeur d’un bâtîment. Une archîtecture quî cherche à dépasser es îmîtes du bâtîment abordé comme une concentratîon structuree et typo-ogîque, pour actîver modaîtés et perormances dîfuses de ’envîronnement. Une archîtecture quî va au-deà des rontîères tradîtîonnees du bâtîment pour devenîr un système ouvert de composantes envîronnementaes. Une archîtecture quî n’est pus assujettîe au concept des soutîons permanentes, maîs quî se veut réversîbe et égère, capabe de s’adapter à a vîtesse de besoîns aussî provîsoîresqu’împrévîsîbes. Une archîtecture quî suît a ogîque de ’éco-2 nomîe reatîonnee, du travaî dîfus et de ’entrepreneurîat de masse . Une archîtecture ranchîssabe quî garantît a pénétratîon du terrîtoîre et de ’espace, quî n’est pus marquée par des ron-tîères ermées maîs des Itres ouverts. Une archîtecture évoutîve pour aquee a varîabe temporee constîtue un éément structura et dynamîque, întégré et en symbîose avec a nature. Une archîtecture abstraîte, non Iguratîve, correspondant non pas à un îeu maîs à une condîtîon. Une condîtîon socîae quî ne se résume pas à une îmage maîs à une mutîtude, ruît d’un déveoppement moécuaîre mîs en œuvre sans modèes totaîsants. Une archîtecture répondant à une socîété démocratîque, Luîde, aîbe, éastîque et sans îdéoogîe, une socîété générant 3 des projets comme résutat d’une énergîe génétîque dîfuse, îbre de métaphysîque . t
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Traductîon de uc évesque, en coaboratîon avec Gîanpîero Morettî.
o N. d. T. : Ce texte est paru une premîère oîs en , en îtaîen et en angaîs, dans a revue îtaîenne d’archîtecture et de desîgnDomusévrîer) sous es tîtres(n 7, « Per una archîtettura enzîmatîca » et « Enzymatîc Archîtecture ». En 6, une versîon modîIée du même texte, « For a Non-Fîguratîve Archîtecture », est întégrée à st ’întroductîon du îvre de BranzîWeak and Dîfused Modernîty:The Word o Projects at the Begînnîng o the Century(Mîan, Skîra). a présente versîon rançaîse du texte constîtue une mouture très égèrement modîIée de a premîère parutîon îtaîenne dansDomus. Queques précîsîons termînoogîques, înexîstantes dans es versîons antérîeures, ont été îcî ajoutées en notes.
Archîtecte et desîgner,Andrea Branzi, né à Forence (), vît et travaîe à Mîan depuîs 7. ï est un des théorîcîens du mouvement de ’archîtecture radîcae îtaîenne. ï contrîbue à a ondatîon du groupe Archîzoom, dont î est membre de 6 à 7. Ses « Radîca Notes », pubîées dans a revueCasabea, partîcîpent au débat théorîque de cette époque. De 7 à 76, Branzî est membre de Goba Toos, contre-écoe d’archîtecture et de desîgn. Assocîé à des studîos de desîgn îndustrîe expérîmenta (Achîmîa, 76, puîs Memphîs, ), î s’est toujours învestî dans a recherche et a dîfusîon du desîgn quî împîque, pour uî, de nouvees reatîons entre ’homme et es objets. ï obtîent en 7 e Compasso d’Oro pour ’ensembe de sa carrîère. Auteur d’un grand nombre d’ouvrages, î est égaement e commîssaîre de nombreuses exposîtîons. Paraèement, Andrea Branzî contînue de réaîser des projets d’archîtecture et d’urbanîsme dans un concept d’« urbanîsatîon aîbe ».
micro-interventions
ïustratîon : Andrea Branzî,Pour une archîtecture non iguratîve, 6. Dîagramme réaîsé en préparatîon du projetNo-Stop Cîtydu groupe Archîzoom.
Notes a notîonaîbeempoyée îcî n’împîque aucune vaeur d’îneicacîté ou d’încapacîté ; ee îndîque putôt un processus partîcuîer de modîIcatîon et de cognîtîon quî suît une ogîque naturee et non géométrîque – processus dîfus, dîués, stratégîes réversîbes et autostabîîsantes. Gîannî Vattîmo ut e premîer à parer d’une « pensée e aîbe » (I pensîero deboesîèce ou aux systèmes unîIcateurs de, ) comme un type d’herméneutîque se déveoppant sans se réérer aux grandes synthèses du XX poîtîques et de projets typîques du modernîsme cassîque. Cette herméneutîque procéderaît putôt suîvant des types de connaîssances pus încompètes, împaraîtes, désartîcuées ; suîvant des transormatîons pus ductîes, capabes d’absorber e nouveau et d’afronter es surprîses et es compexîtés que ceuî-cî produît.C.A. Branzî, Weak and Dîfused Modernîty,op. cît., p. -. ’entrepreneurîat de masse est a conséquence du travaî postordîste, c’est-à-dîre un travaî quî se aît en dehors de ’usîne, maîs aussî en dehors de a commande îndustrîee. ï correspond à une mutîtude de petîts entrepreneurs en reatîon et à a dîspersîon de grandes concentratîons îndustrîees. Dans a ouée de ce que suggéraît e projetNo-Stop Cîty(Archîzoom, 6-7), î s’agît îcî de dépasser une vîsîon de ’hîstoîre conçue comme ’éterne afrontement entre es bons et es méchants, entre es rîches et es pauvres. À ’opposé,No-Stop Cîtyproposaît une vîsîon totaement dédramatîsée de ’hîstoîre, rendue à ses dîmensîons aques, compètement prîvée de tragédîe parce que prîvée de métaphysîque. Un système basé sur a répétîtîon des sîgnes, dîfus et Luîde, à ’întérîeur duque ’archîtecture et a nature, comme des exceptîons, comme des încîdents, se dîssovaîent et dîsparaîssaîent dans ’espace amnîotîque des métropoes.C.A. Branzî, « Postace »,No-Stop Cîty:Archîzoom Assocîatî, HYX, 6, p. -.
INTERART ACTUEL1207
LA MICRO-INTERVENTION POUR COMPRENDRE, RÉVÉLER ET FAIRE L’ESPACE PUBLIC
uGENEVIÈVE VACHON, ÉRICK RIVARD, ALEXANDRE BOULIANNE
Ce texte porte sur e potentîe de transormatîon de a vîe contemporaîne par des înterventîons pensées et réaîsées à petîte échee. ï démontre es manîères dont a mîcro-înterventîon urbaîne menée seon une approche d’urbanîsme tactîque peut agîr comme révéateur d’enjeux urbaîns, de îeux sous-utîîsés et d’actîons transormatîves concrètes. Troîs contextes d’expérîmentatîon et de mîcro-înterventîon sont rapportés, chacun avec des vîsées compémentaîres et des résutats porteurs de eçons pour a pra-tîque du desîgn urbaîn. D’abord, dans un cadre unîversîtaîre de ormatîon, un ateîer avancé de desîgn urbaîn propose un exercîce d’înterventîon à ’échee 1 : 1 en dîférents îeux de Québec pour éaborer un dîagnostîc urbaîn étayé par un questîonnement théorîque. Deuxîèmement, un aboratoîre d’actîon tactîqueîn sîtumené sous un ange empîrîque sert d’outî aternatî pour a conceptîon d’un espace pubîc îdentîtaîre et résîîent sur un campus unîversîtaîre. Fînaement, e transert des connaîssances îssues de ’urbanîsme tactîque vers a pratîque s’opère dans e cadre d’une înstaatîon de typeparketà Québec et questîonne e rôe des desîgners dans a mîse en œuvre de projets urbaîns à petîte échee au seîn des quartîers.
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>Restez en îgne, mîcro-înterventîon conçue et réaîsée par aurîe avaée, Francîs acee et Marc-Antoîne Vîe, Écoe d’archîtecture de ’Unîversîté ava, 2014. Photo : Restez en îgne.
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