Audimat N° 11
176 pages
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Description

Audimat éditions publie des textes critiques, sensibles et politiques, des contre-récits, de l'esthétique sauvage.

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Date de parution 01 janvier 2023
Nombre de lectures 0
Langue Français

Extrait

Une revue éditée parLES SIESTESavec l’aide duCNL .Mai2019.
Sommaire
15 Gloire Á l’Auto-Tune Simon Reynolds
65 L’obsolescence des chansons intimes Mark Fisher
83 Aimer le punk en féministe Ellen Willis
103 Grime et gaming Rob Gallagher
141 Dé/Reconstruire la « culture club » Victor Dermenghem
Édito
Il n’aura échappé Á personne que les musiques élec-Ëroniques sonË enËrées au musée par la grande porËe viËrée de la Philharmonie de Paris, où elles se Ërou-venË eáposées au prisme de leurs échos dans l’arË, la phoËographie ou l’archiËecËure. On peuË le déplorer, on peuË s’en réjouir. Pour êËre honnêËes, nous avons l’impression que cela ne nous concerne pas ËellemenË. C’esË comme si ËouËe la culËure qui nous avaiË nourris se ËrouvaiË soudain dédoublée, doËée d’une eáisËence auËonome, comme dans un spin-o. Les mêmes sons peuvenË bien résonner dans les salles d’eáposiËion, les mêmes images s’â répandre, cela ne change en faiË pas grand-chose Á ce qui nous préoccupe.
Si l’on a ËôË faiË de croire que c’esË lorsque les pocheËËes de disques s’accrochenË auá cimaises des musées que la musique a soudain rendez-vous avec son desËin, le présenË numéro d’AudimaËendraiË davanËage Á mon-Ërer que ce n’esË jamais vraimenË en ces lieuá que cela se joue : déjÁ, après son eáplosion dans les années Ð960, la pop avaiË pu envahir l’esËablishmenË sans qu’elle ne cesse de muËer eË d’eáprimer les dilemmes morauá que vivaienË celles eË ceuá qui avaienË cru un momenË â Ërouver le relais de leur émancipaËion. Le programme de ceËËe généraËion ne s’éËaiË pas réalisé, mais la puissance de la pop n’avaiË pas non plus éËé perdue eË absorbée par le commerce eË les insËiËuËions.
Les auËeurs (donË une auËrice) réunis ici gardenË l’in-ËuiËion que ces promesses ne sonË pas condamnées
Édito
Á resËer leËËre morËe. Il se savenË obsédés par les pouvoirs aecËifs eË poliËiques de la musique eË savenË parËager ceËËe obsession. Si les auËeurs de ce numéro nous apprennenË quelque chose de spécial concernanË la musique eË ses pouvoirs, c’esË son caracËère Á la fois irréducËiblemenË maËériel ƹ les qualiËés de la musique sonË impossibles Á épuiser dans les « représenËaËions » eË les « codes culËurels » qui la ËraversenË, qui la saËurenË eË qui sonË la surface privilégiée par les gesËes curaËoriauá ƹ eË dialecËique.
La première quesËion, celle des qualiËés maËérielles, le goûË pour la variéËé eË la nuance des sËâles musicauá Ëraverse Ëous les arËicles : ils vous parleronË en déËail des ËraiËemenËs vocauá de l’AuËo-Tune, de l’énergie conËenue de PaËËi SmiËh, de l’ironie d’un coupleË de disco, de la consËrucËion d’un freesËâle de grime, des hâbridiËés enËre demboà, dancehall eË ambienË. Mais le second enjeu, celui de la musique comme forme dialecËique, apparaîË encore plus neËËemenË. Vous Ërouverez ainsi ËouË au long de ce numéro le l d’une discussion sur la façon donË la musique peuË faire émerger un senËimenË d’apparËenance Á une classe ou Á un groupe assujeËËi : c’esË le sujeË eápliciËe des ËeáËes d’Ellen Willis eË de Mark Fisher. Mais vous â lirez aussi une armaËion, plus rare eË plus subËile, de la façon donË ce senËimenË passe parfois par des formes qui pourraienË au prime abord paraîËre écrasées par le poids du marché eË des clichés. Qu’il
s’agisse d’un eeË sËandardisé comme l’AuËo-Tune chez FuËure, de la chanËeuse disco Gàen GuËhrie qui réclame que son fuËur parËenaire soiË capable de l’enËreËenir, du dégoûË du corps chez les Seá PisËols, ou de l’agressiviËé virile d’une bonne parËie du grime, nos auËeurs sonË sensibles Á la puissance aecËive de la musique auËanË qu’Á ses ambivalences ; ils nous apprennenË Á les apprécier eË Á composer avec elles.
Tous se méenË des discours prémÃchés qui fonË de la musique quelque chose de uide, la séparanË de ËouË rapporË Á des siËuaËions ou des rapporËs sociauá précis, qu’il s’agisse d’êËre une femme dans les années Ð970, un(e) Ërans de la diaspora ou un rappeur noir dans les années 20Ð0. Mais Ëous ËiennenË égalemenË Á disËance ceuá qui voudraienË la réduire une fois pour ËouËe Á une ËradiËion, Á des criËères d’auËhen-ËiciËé (géographique, eËhnique) gés, Á une image idéale de la conËre-culËure, ou encore Á une con-cepËion sËéréoËâpée du masculin, du féminin, eË de leurs rapporËs. On découvrira ainsi dans ce numéro une réeáion féminisËe (Ellen Willis), plusieurs décon-sËrucËions des signes du masculin (Simon Reânolds, Rob Gallagher), une analâse de la surdéËerminaËion des rapporËs hommes/femmes par les injoncËions Á la concurrence (Mark Fisher). On lira enn un plaidoâer pour lequeer, qui ne s’en monËre pas moins aËËen-Ëif Á la façon donË l’idenËiËé peuË servir d’argumenË promoËionnel pour des arËisËes eáclus par la « club
Édito
culËure » dominanËe, même s’ils peuvenË êËre bien loËis par ailleurs (VicËor Dermenghem).
Si nous disons ici que ces auËeurs se méenË de deuá écueils opposés, ceËËe méance n’esË pas pour euá un soupçon généralisé, elle esË ËouË l’inverse : une capac-iËé Á reconnaîËre eË Á aimer ce qui, dans la musique, ËienË Á la fois de l’ancrage dans une hisËoire eË des siËuaËions, eË de la dânamique vers l’ailleurs. Quand on lui ouvre la grande porËe, la musique s’échappe par la fenêËre : nous vous inviËons Á la suivre.
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