Ne pas briser le cercle
89 pages
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Description

Après une brutale rupture sentimentale, Cyril Alaric, guitariste en herbe, abandonne sa famille, sa ville et ses études de lettres pour traverser l’Atlantique. Il y puisera la liberté et la maîtrise de son art. De retour en France, l’amour surgira au coin d’un couloir du métro parisien, la notoriété dans la cabine d’un studio d’enregistrement. Mais le destin, sera-t-il toujours aussi généreux ?


Des sixties à nos jours, de la Provence à Greenwich Village, du Tennessee à la Californie, de Paris à la Côte basque, autour d’une guitare acoustique de valeur, Vince un américain exilé sur la Côte d’Azur, Randy un vieux chanteur country, Fabien un luthier ex-maoïste, Marie une jeune écrivaine entremêlent leurs trajectoires autour de celle de Cyril.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 mars 2021
Nombre de lectures 1
EAN13 9782381534831
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ne pasbriser lecercle

La SAS 2C4L — NOMBRE7,ainsi que tous les prestataires de production participant à laréalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pourresponsables de quelque manière que ce soit, du contenu engénéral, de la portée du contenu du texte, ni dela teneur de certains propos en particulier, contenus dans cetouvrage ni dans quelque ouvrage qu'ils produisent à la demandeet pour le compte d'un auteur ou d'un éditeur tiers, qui enendosse la pleine et entière responsabilité.
Jean-Fran ç oisVaissière
Ne pasbriser lecercle
Roman
Du même auteur
Chroniquesdu bord de Garonne… et d’ailleurs
ÉditionsLe Solitaire, 2018
« Il ne faut jamaissous-estimer l’influence du hasard sur l’existence detout être. Se trouver à un certain endroit, à unecertaine date, à une certaine heure peut bouleverser latrajectoire d’un individu »
Douglas Kennedy
« Je me dis parfois que c’estnous qui avons besoin des morts, pas l’inverse »
James Lee Burke
Note de l’auteur
L’idéede ce roman m’est venue un soir d’hiver
àl’écoute d’un incontournable morceau de country  :
« Willthe circle be unbroken »
«  Quele cercle ne soit pas rompu » .
SUD-OUEST
ÉditionPays Basque
Saint-Jean-de-Luz
Lundi 14 mai 2007, St Matthias
AVISDE DÉCÈS
CyrilALARIC, sa fille Émilie ALARIC, son gendre Lars LINDHAL, lesfamilles ARIETENGHI, et leurs amis ont la douleur de vous faire partdu décès de  :
Marie ARIETENGHI, épouse ALARIC
Écrivaine
survenu le 12 mai à Ciboure dans sa 63eannée. Ses obsèques seront célébréesle jeudi 17 mai 2007, à 16 heures, en l’égliseSaint-Vincent de Ciboure. Les visites se font au funérarium deCiboure. Selon sa volonté, une boîte à dons pourl’association contre le cancer sera à votre disposition.Pas de plaques. 
Cet avis tient lieu de faire-part.
JANVIER 2 009
Tume manques Marie  ! Tu me manques plus que jamais. Hier,je me suis rendu sur ta tombe à Ciboure. J’ai toujoursbeaucoup de mal à retourner là-bas. Ton souvenir esttrop prégnant. La mer, les mouettes, le vent, les drisses desvoiliers, les percolateurs des cafés murmurent ton prénom.J’entends ton rire gorgé de bonheur, ton rire comme unjour de fête. Je sens la chaleur de ta bouche, le goûtd’amande de ton rouge à lèvres, la douceur de toncorps, cette sensation d’éternité lors de nosnuits d’amour. Je voudrais être magicien, posséderle pouvoir de te ressusciter, de te faire surgir au détourd’une rue. Fiction. Je reste seul avec ton fantôme.
J’aidéposé un bouquet de fleurs dans le vase de granit. Jeme suis allongé sur le marbre de la pierre tombale. J’aifermé les yeux, concentré sur le souvenir de tonvisage. Peu à peu, j’ai oublié mon corps jusqu’àne plus le sentir. « Qu’il se dissolve ce corps,qu’il s’enfonce à travers le marbre pour m’étendreà tes côtés ». C’est ça,Marie, que j’ai souhaité à ce moment-là  !
1963-1968
VINCE, RANDY, KATTY
JANVIER 1963
— C’estsuper ce que vous faites, dit-il d’une voix timide pendantqu’il glissait une pièce dans la casquette que luitendait le gars.
— Mercibeaucoup, répondit ce dernier avec un fort accent anglo-saxon.
— Vousdonnez des cours  ? hasarda Cyril.
— Çam’arrive. Pourquoi, ça t’intéresserait  ?
— Ben,je taquine un peu de guitare mais j’aimerais bien apprendre àjouer comme vous.
— Jeprends dix francs par séance. Ça t’irait  ?
— Ouais.Et on pourrait commencer quand  ?
— Samedipar exemple, en début d’aprèm.
Aussitôt,il sortit de sa poche une carte de visite.
— Tiens,voilà mon adresse. Moi c’est Vince et toi  ?
— Cyril.
— OkayCyril, à samedi… Avec ta gratte bien sûr,lança-t-il, d’un ton enjoué, accompagnéd’une tape amicale sur l’épaule.
Depuis une bonne heure, Cyril roucoulait avecJacqueline Chez Luigi, unepizzeria du port. Le musicien s’était pointé. Ilavait lancé un Bonsoir àtoutes et à tous d’unevoix grave. Il avait décoché quelques blues, desballades folk et deux morceaux des Beatles. Cyril resta interloquédevant sa technique. C’était la première foisqu’il voyait un guitariste jouer avec les doigts munisd’onglets en métal. Il examina la carte qu’il luiavait tendue.
Vince Chesnutt, 35 avenue Saint-Jean, 5e étage.
Maintesfois on lui avait vanté sa dextérité, mais Cyriln’avait pas eu, jusqu’à ce soir-là,l’occasion de le voir à l’œuvre. Il jouaitdans un groupe de bal, mais sa réputation venait surtout deson groupe de rockabilly. Un trio qui déménageait àmort sur les reprises d’Elvis, Gene Vincent, Buddy Holly etautres rockers en vogue. Sa tenue de scène tout en cuir, sonjeu de guitare déchaînaient les passions des bandes deblousons noirs aux bananes gominées et des filles en robe vichy flanquéesde chignons à la Bardot. Parfois, il faisait même lamanche aux terrasses des cafés du port.
Originairedu Kentucky, il avait participé au débarquement deProvence en 1944. Il rencontra Mireille lors d’un de ces balsimprovisés à la libération. Ce fut le coup defoudre. À sad émobilisation, ilss’étaient marié s.Tomb é tout à lafois amoureux de sa femme et de la grande bleue Vince fit de laProvence son pays d’adoption.
Ilétait originaire d’une famille où la musique,comme dans beaucoup de familles des Appalaches, tenait une placeimportante. Sa mère jouait du banjo cinq cordes. Son père,mineur de fond dans le Comté de Harlan, taquinait le violon.Mais c’était auprès de son grand-pèreguitariste dans un groupe de country que Vince fit son apprentissagede la six cordes dès l’âge de huit ans. Àl’adolescence, il intégra The Harlan County Brothers, legroupe de son grand-père. Atteint par une arthrose des doigts,ce dernier envisageait de lui céder sa place au sein de laformation, mais la guerre coupa court à ce projet.
Juste après son mariage, Vince avaittrouvé un engagement dans un groupe de bal musette. Ils’adapta sans rechigner à cette musique trèséloignée de celle du Kentucky d’autant que cescontrats quasi hebdomadaires lui assuraient son revenu principal.Mais c’est avec Les Corsaires , ce groupe de rockabilly qu’ilavait fondé en 57, qu’il s’épanouissaitle plus. Il y officiait en tant chanteur et guitariste solo ensuscitant l’admiration de tous.
Mireillequant à elle tenait un stand de fruits et légumes surun marché de quartier à quelques pas du port. Ellepossédait un des étals les mieux achalandés. Seslégumes et ses fruits provenaient des cultures maraîchèresde ses parents situées au pied des collines à la sortiede la ville. Quant à ses olives, elles provenaient de chez uncousin oléiculteur à Manosque. En prime, aprèsla récolte, il lui faisait parvenir quelques brasséesde lavande cueillies dans une autre partie de sa propriété.Enserrés dans un sachet de gaze, elle en offrait des brins àses meilleures clientes pour parfumer leurs armoires.
Mèchesblondes fixées en arrière par une couche de crèmePento, yeux bleus, visage souriant, Vince affichait une décontractionà toute épreuve. Sa démarche dégingandéefaisait tanguer ses un mètre quatre-vingt-cinq dans un éterneljean Levi’s.
Dès le premier cours, Cyril se rendit compte à songrand soulagement que la pédagogie de Vince n’avait rienà voir avec celle pratiquée au conservatoire.Conservatoire dont un de ses copains de fac lui rapportait les affresdu solfège et le rébarbatif apprentissage de la guitareclassique. Toutefois, au début, il eut de la difficultéà suivre le mélange franco-américain de sesexplications. D’autant que l’accent sudiste de Vincen’arrangeait en rien la compréhension de ses dires.Cette expérience lui permit toutefois de faire pas mal deprogrès et, peu à peu, de mieux se familiariser àla langue de l’oncle Sam.
Avec Vince pas de solfège, pas declassique, rien que de la pratique. Il lui montrait un plan puis endécomposait le mouvement plusieurs fois. Ensuite ilsl’exécutaient ensemble, soutenus par le rythme d’unvieux métronome en bois calé sur moderato. Quand ilestimait le plan acquis, il se dirigeait vers la bibliothèquedu salon. Il y choisissait un quarante-cinq-tours ou un de cesnouveaux vinyles trente-trois-tours.
— Concentrebien ton attention sur la guitare. C’est exactement le planqu’on vient de bosser. Tu joues par dessus et respecte bien letempo.
Lorsqu’ilsfaisaient une pause, Vince en profitait pour lui faire découvrirla country, musique alors inconnue aux oreilles de Cyril. HankWilliams et Merle Travis, devinrent ses artistes favoris. L’ultimerécompense de ces séances c’était quandVince lui prêtait sa guitare acoustique Gibson, sanscomparaison aucune avec son Eko, une folk de marque italienne.
Aufil du temps, Vince et Mireille prirent en sympathie ce jeuneétudiant en lettres. De plus en plus souvent, ils l’invitèrentà partager un café ou un repas dans leur trois piècesflanqué d’un balcon qui dominait le port. Le côtébohème de leur appartement contrastait avec l’austéritéde celui de ses parents. Vince adorait parler politique avec Cyril.Il tenait pour parole d’évangile les arguments de cetétudiant, lui qui n’avait que le NinthGrade , l’équivalent dubrevet. Ce à quoi Cyril rétorquait ouais,mais côté guitare tu as un doctorat  !
Mireille,pour sa part, faisait office de grande sœur. Cyril se délectaitde ses réparties pleines de bon sens agrémentéesd’un accent chantant. Pour ne rien gâter elle le régalaitde sa cuisine composée de quelques recettes italienneshéritées d’une grand-mère napolitaine.Cyril se sentait bien auprès d’eux, plus à l’aisequ’avec ses parents dont la vie lui paraissait un peu tropterne. En échange de ces moments, lorsque son emploi du tempsde la Fac le lui permettait, il donnait un coup de main sur lemarché.
Enquelques mois, il maîtrisa les diverses techniques enseignéespar Vince. Il se montra particulièrement doué enpicking. Il exécutait d’ailleurs avec maestria quelquestitres du répertoire de Merle Travis. Un soir au cours d’unrepas pour lequel Mireille avait préparé descannellonis maison, Vince lui glissa  :
— Çate dirait de temps à autre de venir faire la manche avecmoi  ?
— Tucrois  !
— Ouais,t’es prêt. La manche c’est la meilleure école.
— Situ le dis.
Cyrilrefusa sa p

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