30 rouge pair, passe
38 pages
Français

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Description

Prosper Meunier est un pickpocket de talent qui peut toujours faire confiance à son sixième sens, au point que, lorsqu’une impression lui trotte dans la tête, il lui obéit sans réfléchir.


C’est ainsi qu’après une bonne journée de travail, son instinct lui dit de mettre son portefeuille bien rempli dans la poche arrière de son pantalon plutôt que dans celle intérieure de sa veste, comme de coutume.


Dans le métro, il en profite pour voler un portefeuille dans le sac d’une jeunette qui présente bien. À l’écart, Prosper constate que le portefeuille est bien garni, pour cause, c’est le sien que la dame venait de lui barboter.


Son intuition lui aurait-elle fait défaut ? Non, il en est sûr, le destin a mis cette voleuse sur son chemin. Aussi, décide-t-il de la retrouver pour lui proposer de devenir sa partenaire. Mais ce genre de relation peut être très rentable, ou peut, tout aussi bien, coûter très cher...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 14 mai 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9791070031742
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

TRENTE ROUGE PAIR, PASSE
Roman policier

par Charles RICHEBOURG
CHAPITRE I
 
L'homme se renseigna au milieu de la rue, s'adressant à une commère mamelue qui vidait un seau d'eau sale dans la rigole :
— C'est-y ici qu'il y a une entreprise de transports ? demanda-t-il d'une voix éraillée, en touchant d'un index paresseux le bord de sa casquette.
Conquise par tant de courtoisie, la femme considéra le gentleman en espadrilles qui lui faisait face, un mégot collé à la commissure des lèvres :
— C'est l'père Léon qu'tu cherches ?
— Oui. Léon Tournesol !
— C'est à deux pas, là, à droite, au fond de l'impasse. Pas moyen d'se tromper : il y a une enseigne !
Il remercia d'un clin d'œil égrillard, comme s'il voulait par la même occasion adresser un hommage discret à la poitrine énorme de son informatrice ; puis, les mains dans les poches, il se dirigea en se dandinant vers la venelle sordide qu'une nuit pluvieuse avait transformée en cloaque.
Elle était si étroite que les façades semblaient se toucher, ne laissant apparaître qu'une étroite bande de ciel ; et l'on y respirait un parfum complexe, où l'odeur de l'urine se mêlait à celle de la lessive, parmi les relents de cuisine : souvenirs de graisse rance et d'oignons roussis.
L'individu en casquette n'eut aucune peine à trouver ce qu'il cherchait : au-dessus d'une porte délabrée, une planche portait en lettres peintes au goudron le nom et la raison sociale abrégée de l'industriel : « Tournesol. Transports. »
Il entra, parcourut un couloir lépreux, large de deux mètres cinquante, qui dégageait une pénétrante odeur de champignonnière, et déboucha dans une cour pavée, où deux inconnus discutaient gravement ; un vieux, affalé sur une poubelle débordant de détritus innommables, et un plus jeune, assis sur un escabeau, le dos confortablement appuyé contre la roue d'une charrette à bras.
— Salut la compagnie ! lança l'intrus. C'est-y ici le père Léon ?
— C'est moi !
— Alors, ça va bien !
L'homme se borna à exprimer cette constatation réconfortante, puis, d'un geste éloquent du menton, il désigna le comparse indésirable qui se curait les dents au moyen d'une allumette, en contemplant le mur lézardé qui bornait son horizon.
Le vieux Tournesol comprit, haussa les épaules et se fit rassurant :
— Tu peux parler ! C'est un pote : Prosper Meunier... le spécialiste des champs de courses.
L'autre émit un petit sifflement d'admiration, flatté de se trouver en si noble compagnie, et il se présenta à son tour :
— C'est moi que j'suis Bobby !
— Qui t'a envoyé ?
— Le grand Julot, de Ménilmuche. J'travaille avec lui !
La référence était solide, et l'entrepreneur de transports manifesta sa satisfaction en crachant par terre.
— Ça marche, le boulot ?
— C'est justement de ça qu'il s'agit ! L'copain m'a dit de venir te trouver : on fait un casse cette nuit, du côté de Pantin. Alors, faudrait une charrette à bras pour transporter la marchandise ; et, pour bien faire, des légumes ou un truc quelconque, histoire de la camoufler proprement.
— J'arrangerai ça.
— On peut compter sur toi ?
— Turellement ! Passez tous les deux vers onze heures du soir ; tout sera prêt !
Le jeune voyou remercia et prit congé, en homme d'affaires qui connaît la valeur du temps.
— Il a l'air bien, ce garçon ! constata le père Léon. Du reste, si Julot l'a embauché, c'est qu'il sait y faire ! Il aime pas turbiner avec les nouilles.
— Possible... fit le spécialiste du turf en se levant paresseusement. Néanmoins, il me paraît fort jeune !
Prosper Meunier avait dépassé le cap de la quarantaine ; il était maigre, d'une taille notoirement au-dessus de la moyenne, et ses cheveux blonds, grisonnants sur les tempes, lui conféraient un petit air distingué qu'accentuait encore son complet « prince de Galles », un tantinet trop clair.
Sa profession de pickpocket l'obligeait à fréquenter les hippodromes ; c'est peut-être pourquoi, sans le faire exprès, il affectait en toutes circonstances un léger accent anglais qu'il considérait comme le moyen le plus efficace de s'assurer la confiance et la considération de ses contemporains.
— Oui, old chap ! poursuivit-il, sur un ton strictement confidentiel cette fois. Je n'aime pas travailler avec des jeunes gens ; ils sont imprudents, bavards et impulsifs ! Aucune expérience dans l'bisness, comprends-tu ? Aussi, si j'ai un conseil à te donner, ne te mouille pas dans l'affaire de ce soir. Ça sentira le roussi à Pantin, crois-moi !
Tournesol se fit goguenard pour demander :
— T'as consulté une tireuse de cartes ?
— Non. Tout ça, c'est balivernes et compagnie.
Mais, moi, vois-tu, je suis un peu comme un baromètre : je sens d'avance d'où va venir le vent ! Ainsi, pour te donner un exemple, l'autre jour, le p'tit Marcel vient m'trouver... Mais oui, le p'tit Marcel ; la Fouine, qu'on l'appelle ! Eh bien, il me propose d'aller avec lui à Longchamp. C'est toujours plus facile, à deux ; ça permet de faire le coup du « pardon, excusez-moi ».
« J'ai envie de refuser, mais le gars insiste. Il est habile ; il a appris le métier à Londres, avec Sam Hackit, l'as international ; c'est tout te dire ! Malgré tout, j'hésite ; je sens qu'il y aura un pépin. Une intuition, tu piges ?...
— Et alors ?
— Alors ?... Je me laisse convaincre. On se propage jusqu'au paddock, et tout marche comme sur des roulettes ! Je fauche un portefeuille bien garni, et Marcel opère sous mes yeux avec une sûreté du tonnerre : il ouvre le sac d'une rombière, en retire une...

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