Au fil des femmes

Maddy M. Nishijima Bookless-Editions

Description

Ce recueil nous emmène à la découverte de tranches de vie. Ce sont celles de femmes : enfants, adolescentes ou d'âge mûr. Celles-ci se cherchent, tâtonnent, explorent, se remémorent leurs souvenirs. Il y a aussi ces hommes qui les évoquent avec fierté et amour. Mathilda, Amélia, Margot ou Clarisse, autant de personnes qui traversent une histoire : la leur.

Sujets

• Nouvelles
• Novela corta

Informations

• Publié par: Bookless Editions
• Date de parution: 01 février 2015
• Nombre de lectures: 5
• EAN13: 9782372222075
• Langue: Français

Extrait

MADDY M. NISHIJIMA Au Fil des Femmes

Au fil des femmes Maddy M. Nishijima © Bookless-editions Tous droits réservés Février 2015

*** Un grand merci à mon amie Isabelle White pour son aide précieuse lors de la confection

de la couverture de cet ouvrage.

Lui.Elle - Prologue -

Il faisait froid depuis quelques jours. Elle était là, traînant dans son appartement. "Six mois qu'il m'a quittée. Et un an demain…"en se servant son thé. Elle pensa-t-elle ne parvenait pas à remonter la pente malgré l’aide permanente de sa famille et de ses amis. Sans lui, elle se sentait vide. Il était entré dans sa vie tel un coup de vent. Elle ne l’attendait pas. Il ne l’attendait pas. Une rencont re rare. Violente. Puissante. Sensuelle. Elle était achevée. Elle retourna près de la fenêtr e, observant la circulation. Regardant les papiers voler avec le vent. Des heures entières elle restait là, croyant apercevoir parfois sa silhouette nonchalante. *** Lui, il était parti, n’avait pas de regrets. Il éta it loin et avait une autre histoire. Une autre femme. Une de celles qui ne parlent pas. Sauf quand on leur demande. Lui. Il pensait à elle parfois. Se demandait ce qu’elle dev enait. Elle avait brisé le lien. Lui. Regardant par le hublot qui l’emmenait loin d’elle. Il jeta un œil sur sa compagne endormie. Il avait peur. Encore. L’hôtesse s’approc ha de lui et lui demanda s’il souhaitait prendre son repas. Il déclina l’offre et demanda une vodka Sunrise. Il but à petites gorgées. Il se rappelait… Lui. Perdu, le re gard dans le vague, il la voyait sourire. Il l’aimait encore. Elle lui manquait. Magicienne e t sorcière. Douceur et violence. Elle. Si loin déjà… L’avion avançait vers son avenir. La Ter re se lamentait de leurs souvenirs. Lui, elle. Elle, lui. L’un et l’autre perdus dans l eurs songes. Près de l’un et l’autre à chaque seconde. Leur séparation n’était qu’une héré sie. Un manquement à la vie. Elle, lui. S’aimant et se fuyant. Plus simple. Se détesta nt et se fuyant. Moins compliqué. Lui, elle. L’un à l’Ouest, l’autre à l’Est. *** Elle avait emménagé un mois et demi auparavant. Dep uis, elle pleurait chaque jour. La tristesse ravageait les traits fins de son visage. Elle était devenue une ombre et errait dans les rues de la ville, observant les per sonnes qu’elle croisait. Elles étaient toujours pressées. Elle, elle avait le temps. C’est tout ce qu’il lui restait : du temps. Et elle ne savait comment le dépenser. Elle cherchait, inventait, marchait. La nuit elle dormait peu. Elle ne parlait à personne. Seule. Tou t le temps. Les humains lui manquaient peu. Seul résonnait le son de ses pensée s. Elle en avait oublié l’écho de sa voix. Ce jour-là il faisait gris, froid, mais la ville lui paraissait plus accueillante. Elle marchait, allant vers son destin. Elle ne le savait pas encore. Parcourue de frissons, elle tremblotait en luttant contre le vent d’automn e. Elle cherchait sa route, regardant ses pieds. Perdue dans ses pensées. Elle imaginait la vie. Une vie. Sa vie. Elle. Sans rien. Elle, un grain de sable dans l’Univers. *** Depuis l’été il n’était pas heureux. Il avait peur. Il avait une compagne. De celles dont on se soucie peu. De celles qui n’accompagnent qu’un temps. Il était avec cette jeune femme. Ne l’aimant pas. L’appréciant juste. L ui. Qui aimait-il ? Il ne le savait plus. La vie l’avait floué. Il avait le cœur fragile, mai s dur, impitoyable. Il était là. Attendant la rencontre. Attendant que sa vie bouge. Il ne bougea it pas. Il se laissait porter. Les événements l’emmenaient au gré des instants. Souven t il pleurait, en étant seul devant son écran. Il regardait, rêvait, choisissait, calcu lait. Il n'était qu'un survivant niché au creux de ses peurs. C’était son choix. Il avait peu r, si peur de vivre. D’être lui, un homme avec ses erreurs, avec un cœur. Il avait peur. Il a toujours eu peur. Enfant déjà, il ne cessait d'être terrorisé. Lui. Sans rien. Lui , un grain de sable dans l’Univers. Il croyait qu’elle l’avait oublié. Qu’elle n’avait pas de cœur. Elle, si dure parfois et si

tendre dans le fond. Elle, trop sensible. Elle dont le cœur battait au rythme du sien. Elle. Dont la peau avait une odeur de pêche et de vanille . Elle. Elle… *** Elle ne pouvait oublier ses mains, son cœur. Elle, si pâle. Elle, dont les yeux étaient un océan de douceur. Elle, petite fille et femme à la fois, elle pleurait tous les jours. Elle voyait son sourire, sentait son odeur, la douceur de sa peau, la douceur de ses baisers, de ses caresses. Elle avait tellement cru en lui. Pourquoi ? Elle, qui savait depuis le début. Elle savait qu'il mentait. Il la t rompait. Elle le savait. Elle pleurait quand elle était seule. Espérait. Croyait qu’il changerai t. Qu’il la verrait. Elle, océan d’amour… *** L’hôtesse revint vers lui et lui proposa de nouveau un repas. Il refusa et prit une autre vodka. Son esprit s’embrumait. Il pensait. Ou rêvait-il ? Il la voyait : Elle, si grande, marchant le long de la plage, des larmes co ulant sur ses joues. Elle était belle. Pourquoi pensait-il à elle ? Là. Maintenant. Alors qu’il se construisait une nouvelle vie. Sans elle. Elle qui l’avait fait souffrir. Elle qui l’avait révélé à lui-même. Elle. En qui il espérait trouver la délivrance. Elle. Si différente . Si… Il se tourna de nouveau vers sa compagne. Elle est si jolie cette jeune femme. Elle est si belle, tellement plus qu'elle… Mais si vide face à elle. Il pense à son intelligen ce, sa fraîcheur. Une larme stria sa joue. Il se surprit à sourire face à cette sensatio n de tristesse. Oui il est triste. Il l'enterre ce soir. Cette femme, ce souvenir. Il va boire tout e la nuit. Tout le long du trajet. Il espère l'oublier. Ne plus penser à elle. Effacer so n visage, son sourire, la douceur de ses mains s’attardant sur son corps repu d'amour. E ffacer les "je t'aime"… Il veut boire ! Boire et dormir. D'un sommeil sans rêve. Un sommeil sans elle… *** - Elle - Novembre. Le bruit de ses pas résonne sur l'asphalt e. Elle a le cœur qui bat vite. Très vite. Depuis qu'elle l'a rencontré, presque un e semaine, il l'appelle tous les soirs pendant des heures. Elle est amoureuse. Elle le sai t. Elle ne l'a jamais vu, mais elle aime sa voix, le sourire qu'elle imagine. Oui, elle l'aime : lui. Elle avait besoin d'un rêve. Il est apparu. *** Elle accélère le pas. Elle le rencontre ce soir. El le va enfin voir son visage. Sentir son odeur. Connaître son regard. Il lui a dit qu'il avait envie de l'embrasser. Elle a peur. Et s'il ne venait pas ? Si ça n'avait été qu'un jeu ? Elle secoue la tête et avance dans le froid. Encore quelques pas et elle y sera. Elle entre dans le parc et aperçoit le bâtiment où ils ont rendez-vous. Les battements de son cœur résonnent en elle tel un roulement de tambour. Elle voit une silhouette sous le porche . Il est en train de lire. Elle doute. Est-ce vraiment lui ? Elle s'arrête et observe. Il relève la tête et scrute l'ombre du parc. Elle recule. Elle a une intuition. Elle ne doit pas y aller. Elle tourne le dos au bâtiment. Elle respire très fort. Pourquoi a-t-elle peur ? Non, elle ne reste pas. Elle rentre chez elle. C'est mieux ! Une main se pose sur son épaule. Elle hurle. Il rit . Il est beau. Ses yeux sont un océan. Trop tard. Il l'a ensorcelé. Il la serre con tre lui. Elle frissonne. Il approche son visage d'elle. Il l'embrasse. Elle ferme les yeux. Elle plonge. C'est violent. Le plaisir naît en elle. Son âme crie. Elle l'étouffe. Elle meurt. Trop tard. Il la regarde, satisfait de son baiser. Il sait. El le sait. Il prend sa main et l’entraîne dans le noir de la ville. Elle laisse faire. Son cœ ur est devenu fou. Son esprit ne pense plus. Elle vole. Elle rêve. Elle divague. Il l’entr aîne. Lui, il parle, encore et encore. Ses mots dansent dans sa tête. Elle est prisonnière. Il sourit. Il le sait. Il connaît les mots qu'elle veut entendre. Il ouvre la porte de la chambre. Elle entre. C'est sombre et glauque. Elle est effrayée, mais elle entre. Elle pose son manteau. I l s'allonge sur le lit et tend la main

vers elle. Il est suave. Elle baisse les yeux. Elle sent le mal. Elle sait que c'est mal. Il se lève et vient à elle. Elle soupire. Il glisse sa la ngue sur sa peau. Elle soupire encore. Il la tire vers le lit. Elle se laisse faire. Il s'all onge et la prend contre lui. Elle perd conscience du temps. Il la déshabille lentement et embrasse toutes les p arties de son corps. Elle pleure dedans. Elle sait que c'est mal. Elle ne peut pas e mpêcher ça. Elle se glisse sous les draps. Il prend son corps. Elle hurle. Le plaisir l a cloue. Il sourit, murmure. Tel un serpent, il glisse sur sa peau, glisse en son corps . Elle s'embrase. Elle l'aime. Elle pleure. Elle aime un inconnu. Elle aime une voix. U n regard. Un sourire. Elle s'endort. Repue. Ses "je t'aime" dans le cœur. Il lui a dit. Tant et tant de fois. Elle lui a dit. Tant et tant de fois. Le matin s'annonce. Elle ouvre les yeux. Il dort en core. Il a le visage d'un enfant, si beau, si tendre. Il a un bras sur sa poitrine. I l sourit dans son sommeil. Elle le regarde. Il va partir. Elle le sait. Il ne restera pas. Elle le sent. Elle s'accroche à lui. Elle ferme les yeux. C'est mieux. Elle ne veut pas enten dre. Elle veut juste l'aimer… *** - Lui - Novembre est un mois qu'il déteste. Il a besoin de s'évader. Il a trouvé : elle. Elle semble parfaite. Peut-être pourra-t-elle l'aider ? Elle a une voix douce, sa peau doit être douce. Il a envie de la toucher. Elle vient ce soir. Il sait qu'elle va venir, il la tient déjà entre ses mains. Il le sent. Il sourit. Il sait ce qu'il va faire et pourquoi il va le faire. Il doit se libérer de son passé. Elle pourrait être son avenir. Il range sa chambre, puis regarde l'heure. Elle ne devrait plus tarder. Il efface les traces de ses incohérences, observe le résultat : c 'est parfait pour elle. Pour lui peut- être aussi. Il va prendre une douche. L'eau brûlante sur sa peau le rassure. Il est l'heure de partir. Il s'habille avec soin et se parfume. Il prend son livre préféré et sort dans la nuit. Le froid lui coupe la respiration. Il s'arrête. Le ciel est clair ce soir, il pourra la voir. La luminosité de la lune lui plaît. Il entame tranquillement sa marche vers le parc. Elle n'est pas encore là. Il est trop tôt. Il entre et va sous le porche, près du réverbère. Il va pouvoir lire. Il jette un dernier regard autour de lui, c'est calme, il n'y a personne. Il sourit encore et se plonge dans son li vre. Elle va arriver, il le sait. Il sent un regard sur lui et relève immédiatement l a tête. Il y a une ombre plus loin : c'est elle. Il sent qu'elle hésite, ça le fa it sourire. Il baisse la tête et observe du coin de l'œil. Elle a peur. Il le sent jusqu'ici et ça l'excite. Il la voit se retourner. Vite ! C'est le moment ! Elle ne doit pas repartir ! Elle est son sauveur, sa planche de salut, il le pressent. Il quitte le porche et marche rapidement dans l'omb re des arbres. Son cœur s'accélère. Il veut la toucher. Il s'approche. Elle n'entend pas. Il s'arrête juste derrière elle. Elle ne sent pas sa présence. Elle est ailleu rs. Il pose sa main sur son épaule. Elle hurle. Il la prend dans ses bras. Il l'embrasse. Et le monde s'arrête de tourner. Pour lui. Pour elle. Il se sent sauvé : elle est pure, elle est belle. C 'est elle. Elle : la femme de sa vie. Enfin, peut-être. Mais il le veut ! Il l'embrasse, il met tout l'amour du monde dans son baiser. Elle flanche. Il le sait. C'est le moment, il l’entraîne. Il doit l'aimer, il le faut. Il doit l'aimer. Elle doit l'aimer. Il a son cœur qui pleur e. Peut-il encore aimer ? C'est quoi aimer ? Il court presque. Elle suit. Il sent sa mai n. Il sent la pulsion qui l'anime. Il sait qu'elle a deviné. Trop tard : elle est à lui. Il entre dans la chambre : elle est belle. Sera-t-e lle comme les autres ? Juste un corps ? Juste un plaisir dans la nuit ? Il espère q ue non. Il lui a parlé si longtemps. Elle est différente. Elle peut le comprendre. Elle peut l'aimer. Elle l'aime déjà, il le sent. Il l'aime aussi, enfin il croit. Il ne sait pas. Il ne sait plus. Ça fait longtemps qu'il n'a pas

aimé. Il veut aimer, encore, comme avant. Avant la première, celle qui a piétiné son cœur, celle qui a tué ce qu'il était. Il la prend d ans ses bras. Elle frissonne. Il aime ça. Il se nourrit de sa sensibilité. Il se sent revivre. E lle lui donne tout. Sans retenue. Il aime. Il lui fait l'amour, avec tendresse, douceur, viole nce. Elle crie. Il aime l'entendre crier. Il éprouve enfin du plaisir. Du plaisir à faire l'amou r. Ce n'est pas un jeu, c'est un échange des sens. Elle a des larmes sur son visage. Il la c aresse, la rassure, lui dit qu'il l'aime. Il ne sait pas si c'est vrai, pas encore, mais il veut y croire ! Alors il lui dit, encore et encore. Elle lui dit. Il sait que pour elle c'est v rai. Son cœur pleure. Il ne veut pas qu'elle souffre. Il pose un baiser sur son front. Elle s'en dort. Il la regarde dans son sommeil. Elle est telle une petite fille. C'est un poème, un livre, une source de magie. Elle dort et lui pleure en silence. Pourra-t-il l'aimer ? Il caresse ses cheveux. Elle gémit doucement dans son sommeil, elle a les traits tirés. Il l'embrasse doucement et effleure à peine son visage . Il se niche contre elle. Il sent son corps chaud. Elle se blottit contre lui. Il sourit. Oui, il pourra l'aimer… -Eux - Vie Rupture Mars. Les mois ont passé et il n'en peut plus. Elle est toujours là, douce, compréhensive, même trop ! Il la trompe souvent et il sait qu'elle a deviné. C'est une femme. Elle pleure souvent. Elle crie. Il l'a aimé et maintenant il ne sait plus. Peut-être encore, quand elle dit qu'elle le quitte. Ou peut-ê tre plus ? Parce qu'il la manipule. L'autre est jeune, jolie, un peu idiote, mais il l' aime bien. Il ne l'aime pas, pas comme elle. Elle qui le fait souffrir et qui a déco uvert tous ses secrets, ses mensonges. Souvent la nuit il ne dort pas. Quand elle s'absent e, il pleure. C'est trop dur. Il ne peut pas oublier son passé. Il est comme ça. Il va la qu itter, il le sait. C'est bientôt. Pas encore, mais ça vient. Elle le regarde. Elle sait qu'il pense à elle. Elle le sent. Elle voit la tristesse sur son visage. Il est devenu triste, il ment, il trich e, il cache. En plus, il la trompe ! Mais elle accepte et espère qu'il va ouvrir les yeux. Enfin d evenir un homme. Son passé est sale. Il a essayé de le cacher, mais elle a vu. Elle se l ève et part sans un mot. Elle a besoin d'être seule. Elle ne supporte plus les mensonges. Il la regarde s'éloigner. Ça lui fait mal, mais il n'a pas envie de la retenir. Il sait qu'elle souffre et il a honte de lui. Elle essaie d e l'aider, il le sait. Il est trop sale. Il l'a frappé l'autre soir. Il a levé la main sur elle. El le est sortie de la salle de bains sans un mot. Elle s'est habillée en pleurant. Elle avait un bleu sur le visage. Il l'entendait pleurer. Elle préparait ses affaires. Il savait qu'elle le q uittait. Il l'a retenu. Encore. Pourquoi ? Pourquoi ? Il se rappelle la souffrance dans son re gard. Il voyait l'amour de la Terre dans ses yeux. Dehors il fait froid. Elle aime cette sensation de bien-être. Et là, elle se sent libre. Elle a éteint son téléphone. Elle veut être seule, marcher, ne plus penser. Elle pleure quand il dort. Et quand il n'est pas là elle fouill e dans sa vie. Elle a vu la noirceur, la méchanceté, et elle ne sait pas si elle peut contin uer. Elle l'aime trop, c'est certain. Il essaie de l'appeler, mais c'est son répondeur. I l sait qu'elle rentrera tard, alors il se met devant son écran. Il parle avec sa petite princesse. L'autre. Il va la voir demain et il se sent mal. Il quitte l'écran et réfléchit. Il veut la quitter, oui c'est ce qu'il doit faire. Elle est trop forte pour lui. Il doit lui faire com mettre une erreur. Avoir une bonne raison pour la quitter. Elle accepte tout ! Elle lui pardo nne tout ! Comment faire ? Son amie. Oui, c'est ça, elle pourra le conseiller et lui dir e ce qu'il faut faire. Elle est forte elle aussi. Oui, c'est une bonne idée. Il va l'appeler. Elle va le sauver. Elle sait qu'il prépare quelque chose. Elle le sent . C'est trop calme, et il est trop gentil, trop présent. Ce n'est pas normal, pas avec toutes les douleurs des dernières semaines. Elle se méfie. Il sent sa méfiance, mais il n'a plus de solution. C'est trop tard.

Le jeu a commencé. *** Mai. Deux mois qu'il prépare ça. Aujourd'hui c'est le jour. Il le sait. La veille, il en a parlé longuement avec son amie. Elle ne le sait p as encore, mais elle est tombée dans le piège. Pauvre fille, elle est idiote tout c ompte fait. Enfin il le croit. Les disputes se sont intensifiées. Il a joué. Le bon jeu. Pousse r à bout. C'est ce qu'il fallait. Il l'a manipulé. Disputes. Réconciliations. Il sait pleure r. Quand il faut. Il a semé le doute. C'est bon. Il passe à l'action ce soir. Encore un mail de l'autre. Elle en a marre. Elle a besoin de prendre le large. Elle a été mal toute la journée. Elle sent que c'est imm inent. Il la prend pour une idiote. Elle souffre et doute. Elle ne sait plus. Si. Elle sait qu'elle est en train de le perdre. Non. C'est déjà fait. Il a choisi la noirceur. Elle se p répare. Il rentre. Elle est là. Elle est triste. Il sait que ça va être dur, mais il doit le faire. Il ne peut pas. Il attend un signe. Elle le regarde et voit que c'est fini. Son cœur se serre. Elle a envie de mourir. Il n'a rien dit. Pas encore. Mais elle sait. C'est là. Entre eux. Il ouvre les hostilités. Elle savait ce qu'il allai t dire. Elle pleure. Il s'enferme. Elle lui demande d'essayer. Il la repousse. Elle tombe. Il pleure. Elle ne respire presque plus. Il a peur. Il l'a tué. Non. Elle ouvre les ye ux. Elle pleure, le supplie, se met à genoux. Il a mal. Il ne veut pas voir ça. Il crie. Lui demande de partir. Elle se lève. Le visage détruit. Ses larmes sont un torrent. Il quit te la pièce. Elle prépare ses affaires. Elle emmène tout. Il lui souhaite bonne chance. Ell e se retourne vers lui. Il baisse les yeux. Elle est belle. Il sait qu'il l'aime. Il l'ai mera toujours. Elle s'approche de lui. Elle le regarde. Sans un mot. Elle passe la main sur son vi sage et part… *** - Lui - Cassure Il est seul, et là, là, toute la souffrance monte. Pourquoi a-t-il fait ça ? Pourquoi ? Est-il devenu fou ? Il hurle, casse tout, jette tou t ! Il se frappe ! Il sort de l'appartement et court ! Il court dans la ville comme un damné ! Les passants le regardent, mais lui, ne voit rien ! Il a son visage devant les yeux. Son dernier regard. Il hurle dans la ville ! Il tombe à genoux. Il hurle ! Hurle à en perdre la rai son ! Il sent le noir monter… Il ne voit plus rien. Il entend juste son propre cri, sa propre souffrance et il s'évanouit… *** - Elle - Cassure Elle charge sa voiture. Les larmes obscurcissent sa vue. Elle sait qu'il souffre. Sait-il combien elle souffre ? Elle monte dans sa v oiture. Elle met de la musique. De celles qui font pleurer plus. Elle ne sait pas où e lle va. Elle sait seulement que c'est fini. Là. Maintenant. Elle roule. La nuit commence à tomb er. Elle s'arrête près d'une forêt et ferme ses yeux enflés. Elle s'endort d'un sommeil s ans rêves… *** - Elle - Fin Il est tard. Elle rentre chez elle et le chat l'acc ueille en miaulant. Il passe entre ses jambes et se frotte à elle. Il se met à ronronn er. Elle le regarde et lui caresse la tête :"Allez petit monstre, viens dans la cuisine a vec moi." Elle sert à Hideto un peu de lait et les croquettes qu'il aime tant. Elle voit s on regard amoureux se poser sur elle. "Qu'il est beau…" Pense-t-elle. Elle pose les coupe lles du chat sur le sol et va prendre la bouteille de champagne qui est dans le frigo. El le va boire aujourd'hui. Un an, ça fait un an qu'il la prenait dans ses bras pour la premiè re fois. Un an qu'il lui disait je t'aime et lui faisait l'amour avec force et passion. Où to ut cela est-il passé ? Comment est-ce possible de se tromper à ce point sur une personne ? Elle se dirigea vers son petit salon, verre et bouteille à la main, toutes ces que stions flottant en son esprit torturé.

Elle sent le froid entrer par les aérations au-dess us de la fenêtre. Elle monte le chauffage, s'entoure les épaules d'un plaid et s'as sied dans son fauteuil. Elle pense à la conversation qu'elle a eue, plus tôt dans la journé e, avec une de leurs amies commune. Il prenait l'avion ce soir pour retourner en France , près de sa mère."Il retourne donc à ses autres origines" se dit-elle amèrement. Il lui avait dit qu'il l'em mènerait là-bas et qu'ils y seraient heureux tous les deux. Elle secou e la tête :"Menteur !" Ce n'est pas bon de penser à ça. Elle ne doit pas penser. Elle v a boire. Elle ouvre la bouteille de champagne et se sert un premier verre. Le goût est amer, comme les larmes qui lui montent aux yeux. El le sait que c'est fini pour toujours cette fois-ci. Il avait essayé de la recontacter, m ais elle n'avait jamais répondu à ses appels ni à ses mails. Elle ne pouvait pas imaginer qu'il avait changé, ni penser à le pardonner pour le mal qu'il lui avait fait. Elle vo ulait qu'il souffre plus et se rende compte à quel point il l'avait détruite. Elle sourit légèr ement en pensant à tout ça. Elle avait donc tout...