Au temps qu il passe | Roman lesbien
125 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Au temps qu'il passe | Roman lesbien , livre ebook

-
composé par

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
125 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Patricia et Charlotte se détestent depuis des années sans que personne ne puisse être en mesure d'expliquer pourquoi. Aussi, quand leur défunte amie, Julie, tente de les réunir, elles, son mari, et leurs amis Mathieu et Lucien, sur une île au large de la Bretagne, par son testament, les deux ennemies peinent à cacher leur désarroi. Tout le monde pose les valises, dès le weekend suivant, dans la petite maison du phare. Mais les deux filles ne sont pas au bout de leurs surprises. Après le départ des garçons au petit matin, elles se retrouvent seules pour la journée avec une tempête qui se lève sur l'océan, et se rapprochent dangereusement.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 octobre 2016
Nombre de lectures 10
EAN13 9780244014858
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Au temps qu’il passe
 

 
Magali JUNJAUD

 
 
 
 
 
Copyright © 2023
Tous droits réservés.
ISBN Papier : 9781539416722:
 
 
DÉDICACE
 
 
À toutes les femmes amoureuses, à toutes celles qui attendent de l’être et à celles qui regrettent de l’avoir été… pour les dernières, ça n’ira pas mieux demain, mais après demain sûrement.
TABLE DES MATIÈRES
 
TABLE DES MATIÈRES
REMERCIEMENTS
1 – AU REVOIR MON AMIE
2 – IDEE D’OUTRE TOMBE
3 – VALISES ET DESESPOIRE
4 – C’EST PARTI !
5 – A L’ABORDAGE !
6 – LE PETIT PAPIER
7 – IL ETAIT UN MARIAGE
8 – PAS DU TOUT
9 – IL ETAIT UNE FIN DE BAL
10 – UN PEU…
11 – UN PEU PLUS…
12 – IL ETAIT UN DINER
13 – BEAUCOUP…
14 – IL ETAIT UN DEPANNAGE
15 – BEAUCOUP PLUS…
16 – IL ETAIT UNE NUIT D’IVRESSE
17 - PASSIONEMENT
18 – IL ETAIT UN MATIN
19 – A LA FOLIE…
20 – LENDEMAIN DE FETE
21 – AU REVOIR MES AMIS
BIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
Pour nous rejoindre sur notre réseau :
 
REMERCIEMENTS
 
À ma chère épouse, ma tendre femme, qui m’a offert, entre autres merveilles, le temps nécessaire à l’écriture de ce roman.
 
À Audrey B, qui a partagé avec moi l’idée première de cette histoire. Et à tous les premiers lecteurs : merci pour vos retours et vos encouragements.
 
Aux bêtas lectrices bienveillantes et attentives qui m’ont épaulée pour la réécriture de ce petit roman.
1 – AU REVOIR MON AMIE
 
Même caressée par les couleurs chaudes des pâles rayons d’un soleil de novembre à travers les vitraux, la pierre grise, terne, reste froide. Il y a, au cœur des églises, quelque chose d’immuable, bien trop grand et imperceptible, qui renvoie chaque fidèle ou chaque novice à son insignifiance. Patricia se sent minuscule face au néant, au vide laissé par l’absence. Une volonté féroce, inconsciente, la retient aux portes de l’irréel et l’empêche de se placer parmi les fidèles devant Dieu. Elle aurait pourtant bien des choses à lui dire. Elle lui parlerait de l’agonie, elle lui jetterait à la figure l’injustice de la maladie, elle lui hurlerait son impuissance et exigerait des explications. Mais face à l’incertitude sur la suite du voyage, elle préfère offrir toutes ses chances à Julie si « au-delà » il y a. Elle a donc pris sur elle de venir dans ce lieu sinistre dire adieu à son amie.
Hélas, difficile de choisir sa place dans ce genre de cérémonies. Aucune échappatoire possible. Et maintenant, Patricia est assise au premier rang, face à l’autel, coincée avec Charlotte, à qui elle n’a pas parlé depuis des années. Et en garde-fou, de part et d’autre du banc, Lucien, son fidèle ami qui la couve d’un regard compatissant, et Édouard, le jeune veuf, sombre et taiseux, au visage fermé, que le chagrin peine à illuminer. Les rassemblements ne sont plus festifs quand ils comptent les absents.
Elle déteste se sentir acculée, sans issue possible, noyée dans une mer de tristesse et de larmes versées sur les souvenirs d’un avant, disparu. Son regard ne quitte pas le cercueil de sa chère amie.
Elle voudrait fermer les yeux et s’évader, mais les reniflements et les sanglots à côté d’elle commencent sérieusement à l’agacer. Ça dure depuis la première lecture. Sa douleur est trop vive pour céder aux larmes et sa pudeur préfère qu’il en soit ainsi. Inutile de se distinguer en émettant des sons de canalisation bouchée pour montrer sa peine.
Quand Patricia laisse échapper un soupir de lassitude, Charlotte, les yeux larmoyants, la fusille du regard et prononce tout bas, affligée : 
— Sans cœur!
— Hypocrite ! répond Patricia, sans même la regarder.
Lucien, quelque peu amusé par cette situation, s’interpose dans un silence religieux en leur faisant les gros yeux, façon maître d’école pour les rappeler à l’ordre. Le message est limpide, d’autant que l’heure n’est pas à la querelle.
Charlotte aimerait avoir une certaine emprise sur son incontinence lacrymale, mais son besoin viscéral de tout extérioriser l’en empêche. Elle n’est pas dure… forte, oui, mais ébréchée. Ses émotions débordent, les rires comme les larmes. Et surtout pour elle, pleurer n’est pas un aveu de faiblesse, mais un soulagement. La peine qui coule sur ses joues ne l’encombre plus. Elle évacue, dans ses sanglots, le trop-plein de sentiments dont Julie ne saurait que faire aujourd’hui. Elle n’a pas pu assister aux derniers jours de son amie, elle aurait échoué à lui cacher sa douleur, et Julie ne voulait pas que les gens viennent larmoyer sur son sort. Elle savait que ses heures étaient comptées et elle refusait de devoir consoler tout son entourage jusqu’à ce que mort s’ensuive. Elle était trop faible pour ça. Elle voulait sourire encore un peu, rire de bon cœur une fois encore, et juste profiter du calme et du silence auprès de son cher époux, et de ses proches. Mais pas de douleur. Son corps tout entier n’était déjà que douleur.
Quand Charlotte lui avait fait part de sa défaite face à cette exigence, Julie avait compris. Elles s’étaient embrassées une dernière fois des semaines auparavant et ne communiquaient, ensuite, que par courrier. Comme des soins palliatifs épistolaires, Charlotte lui envoyait une carte par jour, sans mot, juste une citation ou un dessin pour seul message.
Alors, oui, aujourd’hui, elle pleure devant son amie, parce qu’aujourd’hui, elle en a le droit. Patricia lui enviait, intérieurement, cette facilité à se vidanger de son chagrin. Elle ne savait pas comment lâcher prise. Il y avait quelque chose de bien trop douloureux dans le fait de se laisser aller aux larmes. Et le peu de fois où elle avait été submergée par la tristesse, et avait pleuré, elle n’avait pas vraiment su comment faire cesser ce torrent qui la noyait tout entière. Elle s’était donc sentie triste et ridicule, c’est trop pour une seule femme. Désormais, elle ne se fera plus prendre, il n’y aura plus de fuite.
Les amis, entassés sur un petit banc en bois, froid comme la pierre, s’offrent par cette promiscuité un peu de convivialité et de chaleur, devant le spectacle immobile de la fin d’une histoire, dans une agitation sobre et muette.
Puis ils se lèvent, sans geste brusque, sans éclat de vie, à la suite du cercueil de Julie qui quitte le chœur de l’église, avec son mari, leurs familles respectives, et enfin, eux, les inséparables, éloignés depuis des années déjà, et maintenant, à tout jamais.
Lucien, à qui les yeux brillants donnent encore plus de charme, si tant est que cela puisse être possible, attrape Patricia par le bras et dépose un baiser amical sur son épaule. Il lui lance un regard plein de tendresse qui la laisse de marbre. Elle marche d’un pas régulier, militaire, vers la sortie. Ils se sont tous croisés au chevet de Julie, sans jamais vraiment se voir. Un sourire entre deux portes, un geste doux par moment, pour se promettre, sans trop y croire, qu’un jour prochain, ça sera comme avant. Patricia a veillé sur son amie de vingt ans jusqu’à son dernier souffle, dans les moments où Édouard avait besoin de voir un peu la lumière du jour, et de pouvoir encore gérer leur quotidien. Elle l’avait aidé à transformer l’appartement pour y mettre le lit médical, elle avait fait les courses hebdomadaires, elle avait passé des nuits entières là-bas, durant les deux semaines précédentes. Et puis, ils avaient organisé ensemble les funérailles. Elle était épuisée, Lucien le savait. Il percevait dans ses silences, les ravages de l’absence, et l’insoutenable lourdeur de ces ultimes moments. Il tente une douce percée à travers son mutisme, par une banalité de circonstance.
— Alors qu’est-ce que tu deviens ?
— Comme toi, plus vieille.
Le passage du temps, s’il emporte les rires, n’impose pas nécessairement de changement trop brusque chez certaines personnes et retrouver Patricia comme il l’avait laissée à la table de leurs inénarrables repas avait quelque chose de réconfortant à l’heure des adieux. Ils reprennent leur marche vers la pâleur grise qu’offre la fin de l’automne, sans un mot.
Charlotte rejoint Édouard, qui regarde le cercueil de son épouse dans le corbillard avant qu’il soit emmené au crématorium. Elle pleure toujours sans complexe, se serrant contre son ami, cherchant ses bras au grand désespoir du veuf qui lui, cherche la solitude, où vit encore le souvenir sa bien-aimée.
Cette attitude théâtrale n’échappe pas à Lucien qui laisse Patoche en plan, et lui épargne par là même occasion, une discussion sans saveur qui ne lui apporte rien de plus qu’une désagréable persistance auditive. Il vole au secours de son ami en prenant la femme éplorée par le bras pour l’éloigner quelques instants. Comme il est à peu près sûr qu’elle a pris ombrage de la manœuvre, il tente une explication.
— Il a besoin de se recueillir seul pour l’instant, et moi, j’ai besoin d’un câlin.
— Ce que tu peux être égoïste, parfois, Lucien ! reproche Charlotte
Il reste pantois face au reproche, regarde ses amis et lance avec légèreté :
— C’est devenu un problème entre nous?
La voiture quitte le parvis de l’église. Patricia estime que la suite ne la concerne pas. Elle ne supportera ni l’idée des flammes, ni le lieu. C’est beaucoup trop. Elle veut éprouver cette solitude qui s’abat sur elle comme une chape de plomb. Elle veut se noyer dans une bonne bouteille de vin et ne nager vers la rive qu’une fois apaisée. Julie la connaît, et Édouard comprendra. Elle soupire et commence à les saluer, lui et Lucien, qui lui glisse à l’oreille :
— N’oublie pas le rendez-vous de jeudi.
— Évidemment, le rassure-t-elle.
Au moment où elle commence à partir, elle entend Charlotte chuchoter à son intention : « Sans cœur ! »
Patricia se retourne et répond sèchement : « Elle gâche même les enterrements ! » et sort du cimetière à grands pas.
 
2 – IDÉE D’OUTRE-TOMBE
 
Charlotte hâte le pas en faisant claquer ses talons sur les pavés de la place de la République où se trouve l’office notarial. Elle rentre la tête dans ses épaules pour limiter

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents