Contes nippons
174 pages
Français

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Description

À l’orée d’un songe, les créatures du folklore japonais se sont donné rendez-vous dans cette anthologie, entre merveilleux et épouvante. Oserez-vous aller à leur rencontre ?


Après avoir contemplé la lumière des dragons, vous ne trouverez nulle contrée imaginaire où vous réfugier. Au détour d’une forêt sombre, vous croiserez peut-être des yōkai malfaisants, à moins que ce ne soit un yūrei qui vous traque. La ville ne vous épargnera pas plus de dangers, avec ses bêtes retorses, ses démons sanglants et ses kaijū terrifiants. Prenez garde : un miroir peut dissimuler un secret, une promesse, un fardeau. Les kitsune sont en chasse, les guerriers aux abois, les esprits en désarroi. Une partie de go ne vous apportera pas plus de repos. Les kami s’échapperont du royaume des morts, à moins que ce ne soit l’Enfer lui-même qui s’abatte sur Terre.


15 auteur.ice.s pour 15 nouvelles illustrée



Contes nippons

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 septembre 2020
Nombre de lectures 3
EAN13 9782490647361
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Contes Nippons
 
 
 
 
 
nouvelle édition augmentée
des Contes Nippons au coin du feu
 
 
 
 
 
 
Vanessa Arraven
Henri Bé
Anthony Boulanger
Audrey Calviac
Clémence Chanel
Laurent Combaz
Vérène Deventhéry
Frédéric Gobillot
Églantine Gossuin
Élodie Greffe
Rodolphe Le Dorner
Nimu
Dola Rosselet
Louise Roullier
Maud Wlek
Relectures : Cécile Durant
Corrections : Cécile Durant, Anaïs Hay, Clémence Teixeira-Leveleux
Couverture : Julia Pinquié
Illustrations : Romane Gobillot
Maquette : Cécile Durant
 
 
 
 
 
 
 
 
 
© Éditions Kelach
 
Dépôt légal : août 2020
 
ISBN : 978-2-490647-36-1
 
Les Lutins de Kelach
La Peyrelle
6 rue de Rivaillon
16260 Chesseneuil-sur-Bonnieure
 
Collection Nouvelles Graines

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes de l’article L. 122-5 (2° et 3° a), d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L.122-4).
Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Préface
 
Bien loin de nous et de notre culture occidentale, là où, dit-on, le Soleil se lève, le Japon brille d’un éclat de pourpre et d’or qui se répand un peu plus chaque jour sur notre monde.
De rouge (赤, aka ), à l’instar du disque qui orne leur drapeau nommé Hinomaru (日の丸の旗, hi no maru no hata , « drapeau au disque solaire ») . Mais aussi couleur que l’on pourrait associer aux drames de leur histoire, dont l’un des plus marquants fut sans nul doute les deux plaies béantes qui ont incendié leur terre, laissant à jamais dans les esprits des traces cendreuses indélébiles. Un traumatisme auquel de nombreuses œuvres artistiques font encore écho aujourd’hui, dont le majestueux Tombeau des Lucioles , pour n’en citer qu’un.
D’or, comme leur culture qui conquiert progressivement les cœurs occidentaux. Il serait possible de disserter longuement sur leur gastronomie ou le culte voué aux sumō , d’évoquer l’imagerie des geisha , des yakuza ou des otaku .
Mais aujourd’hui, évoquer le Japon, c’est immanquablement invoquer aussi l’art des manga (漫画), des anime (アニメ) qui en découlent souvent ou des films d’animation (漫画映画, mangaeiga ). Ils sont pléthore à fleurir sur les rayonnages des librairies pour les uns, sur nos écrans pour les autres.
De Goldorak à One Piece , de Candy à Tokyo Ghoul , de Dragon Ball à Naruto , les séries animées ont nourri et nourrissent toujours nos imaginaires. Mais, s’il est un réalisateur et auteur qui reste incontournable, c’est bien Hayao Miyazaki, cofondateur des studios Ghibli. Homme au talent immense, il a su réinvoquer et transporter à l’ère moderne le mystère et la poésie des mythes et légendes ancestrales toujours vivaces dans ce pays par ailleurs à la modernité avant-gardiste. Une dichotomie que l’on retrouve souvent dans ces productions qui font aussi une grande place à l’écologie.
Aujourd’hui, pour bon nombre d’Occidentaux, le Japon, mélange de traditionalisme et de technologie futuriste, est une source d’imaginaire, une muse vêtue d’un kimono et porteuse d’un vent revigorant. Il l’est pour les dessinateur·rice·s et illustrateur·rice·s, mais aussi pour les auteur·rice·s de fantasy, fantastique et fiction.
Il en fallait donc peu pour que plusieurs écrivain·e·s se rejoignent afin de produire un ensemble de textes, hommage à cette culture riche de créatures et de possibilités.
Ce fut ainsi que Contes Nippons au coin du feu naquit il y a quelques années sous la triple impulsion de l’Académie de Minuit, du festival Polyjapan et des éditions Hystérie. Ces dernières ayant fermé leurs portes, leur catalogue fut repris par une poignée de passionnés pour faire éclore nos éditions aux débuts balbutiants. Tant et si bien qu’alors même que les contrats avec les auteurs arrivaient à leur terme, il m’apparut clairement que cette anthologie n’avait pas réellement vécu ; elle devait renaître, et pourquoi pas en mieux…
L’édition enrichie que vous avez le plaisir de tenir entre vos mains vient de cette envie qu’une majorité d’auteur·rice·s de la première édition ont partagé avec l’équipe de Kelach. Vous retrouverez donc neuf des nouvelles de la première édition additionnées de six nouveaux récits, le tout supervisé par Cécile Durant, directrice de la collection Nouvelles Graines. Bonus supplémentaire, les très belles illustrations de Romane Gobillot accompagnent chacune des prestations de nos quinze conteurs.
Apprêtez-vous à voguer dans des passés légendaires et des présents infectés de kami (神), à plonger au cœur d’histoires tragiques et de conflits sanglants, à caboter sur les berges de la folie et les rives de la passion. Un parcours teinté de poésie qui ne cherche pas à s’approprier l’imagerie nippone, mais à l’honorer de notre regard sans doute imparfait d’Occidentaux éblouis par tant de richesse.
Bonne lecture, bon voyage…
 
Frédéric Gobillot

 
L’Empereur solitaire et le cadeau du Corbeau rouge
 
Anthony Boulanger
 
 
 
Ryū était un dragon colossal dont on ne parlait qu’avec crainte et respect. Il n’existait pas une seule créature terrestre qui ne le reconnaissait comme suzerain et on disait même que certains êtres célestes jalousaient le reptile et son pouvoir. Celui-ci était doté d’un long corps de serpent qu’il déplaçait avec aisance aussi bien entre les nuages que dans l’eau ou sur la terre ferme, car Ryū aimait aller à la rencontre de chaque être vivant que ce monde abritait, quel que soit son lieu de résidence. On le voyait souvent discuter au bord des étangs avec les carpes – qu’il encourageait à remonter les cours d’eau – mais il savait tout aussi bien apprécier le babillage des tanuki 1 que les contes emplis de ténèbres et de feu des kitsune 2 . En plus de son corps aux cent-dix-sept écailles qui se paraient des couleurs des paysages qu’il traversait, Ryū arborait également d’énormes bois, semblables à ceux des cervidés, qui partaient de son crâne et pointaient fièrement vers ses flancs sertis de diamants, d’émeraudes et des pierres précieuses qu’on lui offrait. Au gré des saisons et des humeurs du dragon, les andouillers se paraient d’ailleurs de feuilles d’un vert tendre qui brunissaient dans les forêts l’automne ou laissaient la place à des bourgeons et des fleurs multicolores en été. Parfois, le dragon portait de lourds fruits aux extrémités de ses ramifications et s’en délestait quand il rencontrait des créatures affaiblies par la famine ou qui désiraient planter de nouveaux arbres fruitiers. L’on venait également consulter Ryū pour d’autres plaisirs que celui de sa discussion empreinte d’une sagesse millénaire, car dans sa gorge reposait une boule de cristal qui était la source des pensées parfaites de cet être hors du commun. Celle-ci lui permettait de rendre justice avec bienveillance et discernement, sans que ces décisions ne soient jamais discutées.
Ainsi était Ryū, aux flancs parés de pierres scintillantes, et aucune ombre ne venait ternir le tableau de son existence. C’est pourquoi, quand on le vit traverser le pays, les traits alourdis par la tristesse, se demanda-t-on ce qui pouvait entacher les pensées de l’Empereur d’une telle gravité.
 
Le dragon se posta, au matin, au bord du monde connu. En ce lieu, la limite était matérialisée par une falaise de craie blanche, qui était rongée jour après jour par les flots noirs du néant. Personne ne venait jamais sur cette lande désolée et rien n’y poussait. Il y avait, comme seul relief pour découper la ligne minérale au-dessus de l’océan, un arbre noir aux branches tordues et au tronc noueux. Le végétal semblait prêt à s’affaisser à tout moment, ballotté par un vent chargé d’embruns. Ses rameaux frottaient les uns contre les autres au gré du ressac. Ryū, comme à son habitude, trouva de la beauté en cet être mort, dans cette stridence qui aurait agacé en quelques battements de cœur les oreilles d’autres animaux, dans le bruit des vagues qui s’écrasaient en contrebas contre la pierre, dans le parfum si particulier du calcaire et du sel. Le vent sur ses écailles chassait la chaleur que lui imposait l’astre solaire. C’était une beauté hautaine, se dit-il enfin, que celle de ce lieu et de cet arbre, teintée de mélancolie. Indifférent, le soleil continua sa course tandis que le dragon laissait ses pensées dériver.
 
Ce ne fut qu’au crépuscule que le reptile émergea de sa torpeur. Encerclé par l’ambiance du lieu, Ryū s’était revu lorsqu’il n’était encore qu’un simple serpent d’eau sourd à la musique de son monde. Il profitait alors pleinement du toucher de l’eau du lac, qu’il habitait, sur ses écailles, de la fraîcheur et du sel des flots qu’il avalait, de la caresse du soleil quand son dos émergeait des minces vagues. Il se demanda ce qui l’avait fait revenir aussi loin en arrière dans ses souvenirs, et l’image de celle avec qui il partageait son étendue d’eau lui revint en mémoire. La dragonne ne l’avait pas suivi hors de l’eau, se souvint-il, et s’il avait lui-même choisi de rester auprès d’elle, sa vie en aurait-elle été différente et ne serait-il pas en cet instant précis au bord du monde et près de cet arbre ?
Devant lui, le soleil touchait à présent l’océan et ce dernier engloutissait le gigantesque astre flamboyant. D’or, sa lumière avait viré au rouge sang tandis qu’il déclinait, et Ryū y vit là le signe des blessures que l’eau infligeait au feu, qui continuerait son déclin cyclique jusqu’à être totalement dévoré et réduit à néa

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