Draco
187 pages
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Draco , livre ebook

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Description

« Tout l’or de mon horizon s’étend droit devant
Là-bas où s’étagent les forêts de nuages
Où les grands arbres blancs dansent dans le vent
Je cabrerai mon dragon dans la magie des orages. »

Informations

Publié par
Date de parution 12 juillet 2023
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312134987
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Draco
Johnny Boyer
Draco
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2023
ISBN : 978-2-312-13498-7
« Le vent dans les grands saules
Murmure tout bas
Suis-moi, suis ma voix
Elle te conduira, dans l’azur
Au-dessus des montagnes bleues
Tout est possible si tu veux
J’ai fait un beau rêve
D’or et de diamants
L’ombre et le soleil
Tout au long du temps
Murmuraient les histoires
Légendes d’autrefois
Je suis ému d’entendre votre voix
Saules qui chantez
C’est vous qui savez
Où est la route et
Comment voyager
Prenez-moi au creux de vos bras
Le vent m’emportera là-bas »
Draco
Chapitre 1
Il fait beau : il pleut !
Il pleut toujours au Tremblet. Une véritable cascade qui mitraille la tôle, dans un grand bruit assourdissant.
Je me réveille dans la chambre haute d’un gîte familial, serti dans un écrin de forêt.
En ouvrant les volets détrempés, j’ai comme l’impression d’avoir dormi dans le creux d’un arbre. Un arbre pleureur, ployé sous le déluge du ciel.
J’aime tellement cette pluie qui me rend triste, qui tend devant mon âme, éternelle mélancolique, les barreaux filandreux de sa chevelure élégiaque.
Cette pluie entremêlée de lumière. Quiète, moite et angoissante quintessence de la vie.
Une douce odeur de café à la vanille a vite fait de me hameçonner par le rostre, pour me traîner un étage plus bas. Le fil invisible et olfactif me force à dégringoler quatre à quatre l’escalier.
Heureusement que j’ai trouvé le temps d’enfiler mon habit de lumière. Ironie de ma belle-sœur, décontenancée par les couleurs criardes de ma combinaison de bûcheron, bariolée d’orange et de vert.
– Tu pars dégager la vanille, Janus ?
– Faut bien gagner sa croûte, Sylvia ! J’ai un nouvel avion à payer !
– Combien ?
– Pas moins d’une brique à verser encore ! Si je le fous pas en vrac avant, comme pour les trois autres !
– Et sans indiscrétion, il te propose combien ton frère, pour ta prestation ?
– Cent euros par jour ! Si je veux solder mon ULM , il va me falloir presque foutre en l’air toute la forêt !
– Et tes livres ? ose t-elle, en me servant l’odorant café pointu, dont le sang noir sourd du cœur sulfureux d’une italienne.
– Oh j’ai bien dû vendre cinq romans l’année dernière ! Autrement dit cent mille fois moins qu’un grand écrivain aventurier de chez Gallimard, qui lui s’est pourtant cassé la gueule du toit d’une maison !
Mais pas de sa maison d’éditions, rassure-toi !
Au contraire cette dernière constitue plutôt un solide tremplin, qui lui aura permis de se propulser jusqu’à la stratosphère.
De quoi chauffer ses vieilles bottes, auprès d’un feu de chalet, jusqu’à la fin de sa vie !
– C’est de la jalousie, Janus ?
– Pour sûr ma belle-sœur, de la pure jalousie ! Dis-moi quel écrivain vagabond ne rêve pas d’un chalet dans les montagnes ? Ne serait-ce que pour poser, de temps à autre, son gros sac de randonnée et sa tente miteuse de nomade !
Ah, s’asseoir enfin à cinquante ans, avec sa muse et son vieux chien, auprès d’un feu rose et crépitant, comme une source claire !
Et prendre alors le temps de relater ses périples, sans se préoccuper de la marmite.
Mais assez postillonné sous mon propre arbre à palabres, ma tronçonneuse m’attend !
La pluie s’est rassérénée. Bien à l’abri sous un appentis, à l’arrière de la grande bâtisse, je révise mes cours d’affûtage appris dans les forêts boréales, circonscrivant un grand lac québecois. Non loin du village amérindien de Pointe-Bleue.
Le sentier qui mène à la vanilleraie est tracé dans une scabreuse coulée de lave. Au beau milieu des brandes de goyaviers et de fougères ruisselantes.
J’arrive bientôt au niveau d’un gros tronc de manguier, débité hier seulement par ma valeureuse scie à chaîne. Et qui m’invite par reconnaissance à venir déployer mon attirail.
La reine de cet éventaire reste bien la tronçonneuse orange, aux dents brossées de frais, qui scintillent dans cette fusion d’eau et de lumière, qu’auront su apprécier les anciens adeptes de Dionysos, dans le principe humidifiant du Ganos grec.
Et puis viennent les commensaux de cette grande dévoreuse de steaks ligneux : la zübat d’élagage, la lime ronde appelée parfois abusivement queue de rat, le casque anti-bruit, les jerricans d’essence parcimonieusement assaisonnée d’huile, le bidon d’huile à chaîne. Sans oublier la glacière, où reposent tranquillement les corps fuselés, en forme de grosses munitions, de quelques bières des Mascareignes .
Ma mission consistera aujourd’hui à décapiter tous les tuteurs envahissants de vanille, en majeure partie les goyaviers, pour laisser sourdre la lumière à travers les hauts feuillages de la forêt pluviale. Un véritable stroboscope pour ces lianes dansantes d’orchidées lactescentes.
Ma mission sera d’accélérer, en définitive, le processus de déhiscence des futures gousses, issues des fleurs vierges, qu’auront fécondées les doigts intrusifs de mon jeune frère, Juan.
Mais pour l’heure, trêve de circonlocutions ! Et revenons-en à nos moutons, ou plutôt à nos avions !
Je disais donc à ma belle-sœur, que j’avais possédé autrefois trois aéronefs, tous détruits, tous disparus. Ces avions, je les considérais jadis comme mes dragons. Celui que je bichonne à présent, je l’ai baptisé d’ailleurs Draco 4.
Un busard de Maillard : le roi des rapaces de La Réunion, vient de se poser au vertex de l’arbre sur lequel je m’appuie. C’est de bon augure ! Car c’est à lui à présent que je m’apprête à raconter l’histoire de mes quatre dragons de vérité…
Chapitre 2
Il est à Cambaie, un long chemin qui mène, jusqu’au lit noir d’une plage de sable sauvage, à la base des derniers aviateurs.
C’est certainement l’un des chemins les plus pourris de l’île, truffé de nids de poule, et miné tout le long de pâtés d’enrobé.
Ces greffons d’asphalte sont constamment rajoutés à l’arrache, afin d’aller combler justement les cratères, qui ne cessent de s’élargir au rythme des ravinements.
La rue Henri Cornu affiche une pente cruelle. Lors des fortes pluies d’été, de véritables rivières en crue y dévalent.
Mon vieux Land Rover lui-même, pourtant rehaussé de dix bons centimètres, éprouve parfois du mal à remonter le torrent de boue ! Tant le slalom entre les crevasses s’avère périlleux !
Mais nous sommes en ce vendredi de septembre 2022, à la fin de l’hiver austral.
Et cette pluie que j’affectionne par-dessus tout, matrice des esprits saturniens et de la vie, s’est retirée des rues poussiéreuses.
Un reflux de marée lointaine.
Je plante bientôt le pare-buffle du tout-terrain, en plein cœur de la couronne d’un gros agave azuré.
Le pareil-soleil est de rigueur, au bord de cette grande Baie de Saint-Paul, irradiée de lumière.
La mer est un grouillement de fourmis-miel.
En descendant, je compisse le sisal bleu. Mon flot d’or descend en pagodes dans le gros chou épineux. C’est encore mieux qu’un tournesol rimbaldien.
J’ouvre enfin la porte arrière, afin de libérer ma petite passagère : la femelle cocker blonde, du nom de Silex. Et voici qu’elle s’enhardit déjà à courser un agame : ce gros lézard rouge et violacé, émigré de Madagascar.
Un corbeau mauricien croasse dans le lointain.
Le hangar des Passagers du Vent est ouvert en grand des deux côtés, mer et montagne.
Un barattage d’hélice m’interpelle. L’appareil de Michaigle – un surnom d’aviateur que je lui ai attribué – s’arrête bientôt du côté de l’atelier où Alain, le propriétaire, confectionne d’ordinaire de grands flotteurs d’ ULM -hydro.
Tandis que Pandora et Ramsès : les deux molosses de service, viennent rendre leurs salutations baveuses à Silex, j’honore avec patience la descente du vieux pilote octogénaire.
Il n’y a pas de bons pilotes, il n’y a que des vieux ! Tel le veut l’adage que ressassent les anciens de notre aviation ultra-légère.
– Alors, Janus, t’es revenu voir ton étalon sauvage ?
– Salut Michaigle, ton pégase n’est pas mal non plus !
Grand et sec, tout en pilosité blanche, le vieil homme au sourire d’enfant est intégralement habillé de rebut militaire. Et il est vrai que son ULM a aussi des allures d’avion de chasse.
Car René Fonck demeure son éternelle idole. Un as des as de la Première Guerre, qui ne compte pas moins de soixante-quinze victoires à son actif. Et qui fondait lui-même ses balles de fusil, nous radote chaque jour le doyen de la base. Sans oublier sa vision d’aigle impérial, du dix-sept sur dix pour chaque œil. Comment pourrait-on seulement contredire ce féru d’aviation ?
À présent que le voilà déjà, ingambe, monté sur un trépied bancal, afin d’inspecter le cœur de sa monture, je me décide à mon tour à dire bonjour à mon étalon céleste.
Draco 4 somnole encore dans l’antre du hangar, toutes griffes rétractées. Sous le Rotax à quatre cylindres de cent chevaux, le feu aussi sommeille.
L’ ULM est vraiment caparaçonné, comme un minuscule monstre fabuleux : un tout petit dragon. Un hippocampe du ciel.
Une hélice tripale lui sert de moustache hirsute. Ses ailes blanches et son fuselage sont frangés de sang pur. Et au beau milieu de son corps, sur fond rond rouge, est tatoué un authentique dragon noir.
Je réalise que se trouve à présent, sous mes yeux, le blason de mon quatrième dragon.
Mais celui-ci n’est pas né du néant. Il est le fruit des entrailles des trois premiers reptiliens.
Par pure fantaisie, j’ai envie de les comparer, en termes d’analogie spirituelle, aux quatre évangélistes du Nouveau Testament :
Le Taureau, le Lion, l’Ange et l’Aigle.
Alors commençons tout d’abord par le Taureau. Ce pendulaire acheté en Guyane Française. Et qui ne sera jamais parvenu, en définitive, à s’arracher du sol de l’Amazonie.
Chapitre 3
Lorsque j’arrivai chez les Bufflard , en l’année 2014, dans la savane Matiti appartenant à la commune de Macouria , j’étais inconscient de l’enjeu financier qui pesait sur les épaules de ce brave couple d’éleveurs.
Aujourd’hui j’apprends qu’une procédure d’expropriation étend son ombre sur leur tête, comme une sournoise et hypocrite épée de Dam

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