Hasard
22 pages
Français

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Hasard , livre ebook

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Description


« Hasard » tente de démontrer que l'attirance entre deux personnes n'en est jamais le fruit. Elle décrit l'intensité et le mouvement d'une relation entre deux femmes, une émulsion qui révèle progressivement un véritable secret.


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 décembre 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782372224468
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0022€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sofia PEREZ
 
 
 
 
 
 
Hasard
 
 
 
© Sofia Perez – Bookless-Editions
Tous droits résevés
Novembre 2017
N°ISBN : 9782372224 468  
 
 
 
 
 
« Le hasard c’est peut-être le pseudonyme de Dieu quand il ne veut pas signer »
                             Théophile Gauthier
                                      
 
 
                                                                       
 
À Frédérique.  
 
 
 
 
 
 
***
 
 
 
 
 
Je maudis ce silence qui s’impose un peu plus chaque jour, et qui résonne comme une évidence, celle du vide à venir entre nous. Quelle tristesse, quand toutes mes aspirations me ramènent toujours, inévitablement, vers elle.
 
Quand ce lien que nous avons tissé, extrait de mon cœur les larmes d’une peine infinie.
 
J’entends pourtant encore le timbre de sa voix, un timbre doux, presque inaudible. Le murmure d’un aveu fatal, d’une timidité maladive qui suscita en moi un désir fou. Celui de la connaître. C’est dans une cour austère de l’éducation nationale que nous nous sommes rencontrées. Je ne l’avais presque pas remarquée jusqu’à ce jour, jour J d’un chuchotement qui s e nicha au creux de mon oreille et qui scella notre destinée.
 
Frédérique arborait un corps sec, un corps bien entretenu, sous le contrôle d’une activité sportive régulière. Un galbe maîtrise qui lui donnait en apparence un air sûr et dominant.
 
Son allure abritait un cerveau plutôt puissant, qui se nourrissait de l’absurdité ambiante. Elle adorait mettre en lumière tout ce qui semblait dysfonctionner et dans l’éducation nationale les exemples ne manquaient pas. C’était même du pain béni pour elle d’évoluer dans un tel contexte. La plupart du temps lorsque Frédérique parlait, les autres l’écoutaient religieusement. D’ailleurs, la directrice  avait pris l’habitude de la consulter. Elle exerçait le plus souvent une sorte d’aura sur son auditoire. Sans s’en rendre particulièrement compte.
 
C’est pour cette raison que ce que j’entendis ce jour-là me fit l’effet d’une bombe. Car J’étais bien sûre d’avoir entendu le fond de ses propos mais je n’arrivais pas à croire que c’était elle qui avait prononcé ces mots là. Elle ? Timide ? Ce n’était pas possible. Je percevais un décalage fulgurant entre l’image qu’elle renvoyait et ce qu’elle éprouvait intérieurement. Je ne reconnaissais pas celle qui évoluait près de moi dans son costume de collègue, celle que je m’étais approximativement approprié jusqu’alors. C’était la voix d’une petite fille qui l’habitait et qui s’était invité e là au beau milieu d’une banale conversation entre professionnels. Toujours est-il que cette intrigue me parut particulièrement digne d’intérêt. Et que l e soir même je me rapprochai d’elle pour satisfaire ma curiosité.
 
Je me mis régulièrement à l’observer. J’avais l’impression qu’elle cherchait un endroit pour évoluer et qu’elle n’incarnait pas celui qu’on lui proposait. Elle était ailleurs, en marge, quelque part. Je ne sais pas pourquoi elle s’est approchée de moi mais je suis certaine qu’elle ne l’a pas fait par hasard.
Je me suis d’ailleurs longtemps demandé comment son instinct avait fait pour me saisir si naturellement. Je pense qu’une mère sang n’aurait pas été plus habile. Elle pressentait que j’étais insatisfaite dans mon travail, que j’avais besoin d’explorer d’autres horizons et elle m’ouvrit ces portes-là avec une certaine humilité, déconcertante, en me proposant des méthodes qui sortaient de l’ordinaire, hors des sentiers battus, faites par des pédagogues qui pensaient avant tout à l’intérêt de l’enfant et qui ne le considéraient pas comme un abruti. Des méthodes qu’elle avait expérimentées et qui semblaient plaire.
 
Notre entente devint rapidement fulgurante.
 
Nous étions animées par les mêmes intérêts, par une quête commune qui s’imposait entre nous et qui allait progressivement nous lier. Au début, ce fut principalement nos langues qui imposèrent le rythme de notre rencontre. Il suffisait que je grimpe dans son engin et que je sente le vent de la porte claquer pour que j’entende le haut degré de notre intimité s’annoncer. Et dans ces moments-là plus rien ne pouvait plus nous arrêter. J’oubliais même le ronron du moteur, qui assurait secrètement la musique d’ambiance. Le trajet ne durait que quelques minutes, mais arrivées à destination, elle coupait l’électricité et la nôtre prenait le relais. Et quelle électricité !
 
Elle restait, parfois longtemps ainsi assise à côté de moi et j’éprouvais un malin plaisir à la retenir. J’aimais savoir qu’elle prenait du retard dans son autre vie en me la sacrifiant un peu. C’était une femme mariée depuis plus de vingt ans, une mère de famille nombreuse, active, plutôt dévouée, qui gérait son petit monde d’une main de maître. Elle savait être partout et donnait l’impression de ne jamais être débordée. Cette image sans faille, qu’elle cultivait, lui donnait un certain pouvoir de conviction et de séduction. Ses enfants étaient grands et elle commençait à avoir un peu d’espace dans son univers. Un espace qu’elle semblait me réserver. Son enthousiasme, toujours empreint de pudeur me donnait des indices sur le degré de son plaisir. Car elle ne manifestait jamais aucun sentiment et ne laissait rien transparaître. Son éducation semblait l’avoir conditionnée à gérer ses émotions et à les dissimuler. Je n’avais que ses actes comme unique preuve de son intérêt pour moi. Je m’escrimais de plus en plus à retenir son attention...

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