Il y a toujours un coin de ciel bleu
75 pages
Français

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Il y a toujours un coin de ciel bleu , livre ebook

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Description

Anna travaille dans la recherche océanographique à Brest. Mariée à un médecin généraliste et mère de deux enfants, sa vie s’écroule lorsqu’elle perd brutalement son mari.



S’ensuit une longue période de détresse, de repli sur soi et de doute au cours de laquelle Anna, pas à pas, avance sans s’en douter, vers le trésor des trésors, elle-même.



Il faudra un surprenant cadeau pour qu’Anna prenne enfin conscience de son véritable bonheur. Vivre chaque instant intensément.



Et ainsi, accéder à une renaît-sens !



Ce livre raconte le développement personnel d’une femme aimante et attentive aux autres mais qui avait oublié de l’être avec elle-même.


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 janvier 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782372225649
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0015€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Françoise Le MEUR
 
 
IL Y A
TOUJOURS UN
COIN DE CIEL
BLEU
 
 
Roman
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
© Françoise Le Meur
Bookless Editions
Tous droits réservés
Janvier 2020
Isbn : 978237222 5649  
 
***
 
 
 
 
 
 
 
À mes enfants, leur amour est ma force.
 
À mon mari sans qui ce livre ne serait pas ce qu’il est.
 
 
***
 
 
 
 
 
 
 
Nous ne saurions imposer à quiconque la mission de combler le vide, de consoler l’inconsolable en moi.
 
Alexandre Jollien
 
 
Dimanche
 
 
 
 
 
 
Les autres croient toujours savoir mieux que vous ce qui vous convient. En particulier lorsqu’ils ont seize et dix-huit ans et qu’ils sont vos enfants.
Mais bon sang, pourquoi ce cadeau ?
Si encore j’y étais allée avec eux ou tout au moins avec Mia, passe encore ! Mais non, je dois y aller toute seule !
Que leur ai-je fait pour mériter ça ?
Il arrive qu’on se dispute mais il faut voir dans quel état ils laissent leurs chambres certains jours ! Une chatte n’y retrouverait pas ses petits. Et puis cette manie de se changer trente-six fois par jour, y a la machine maman !
Je l’ai sentie venir cette fête organisée pour mes quarante ans. Je n’étais pas particulièrement enthousiaste mais après tout, j’ai supposé que ça apporterait un peu de gaieté dans cette maison qui n’en a guère connue depuis quatre ans. Et Julien et Mia avaient tellement l’air d’y tenir !
La fin du repas et une belle enveloppe tenue fièrement par ma fille :
– Bon anniversaire maman ! C’est de la part de tout le monde, a-t-elle précisé visiblement émue, en désignant l’assemblée.
– Merci à vous tous alors !… Allez, je l’ouvre !
 
Je m’attendais à un bon pour un vélo, le mien est cassé depuis un moment, ou des places à bord d’un navire pour me rendre à Ouessant avec les enfants, ça fait un bout de temps que je n’y suis pas retournée, mais certainement pas à ça !
 
Bon pour une cure anti-stress d’une semaine
dans un centre de thalassothérapie.
Valable pour une personne.
 
Trois propositions de lieux ainsi qu’une date limite suivaient cette invitation reçue comme un uppercut.
Alors comme ça, ils me trouvent trop stressée !
En tout cas, maintenant, je le suis !
Qu’est-ce que je vais faire pendant six jours, déguisée en manchot albinos à me faire chouchouter comme ils se dépêchent de me préciser en voyant mon expression estomaquée.
Et puis qu’en savent-ils, eux, si j’ai envie de me faire chouchouter ?
Comment ont-ils pu imaginer que j’aimerais être tripotée ou couverte de boue ! Inutile de dépenser une fortune pour ça.
 
– Je vous remercie, vraiment. C’est un magnifique cadeau ! Vous n’auriez pas dû, vraiment !
Quelle hypocrite !  
« Vraiment », mentir sur la vérité ! Et pourtant, j’emploie deux fois ce terme pour remercier mes enfants, mes frère et sœur, leurs conjoints et mes amis, des gens qui comptent énormément pour moi et qui ne cherchent sans doute qu’à me faire plaisir.
 
***
Le jour du départ, au volant de ma vieille Volvo rouge brique, je pense à Julien et à Mia, mes deux grands. Ils sont tellement attentionnés depuis la mort de leur père.
Trop.
Depuis quatre ans pourtant, j’essaie d’être forte et de combler l'insécurité dans laquelle le décès les a plongés. Surtout ne pas laisser un sentiment d'abandon s’ancrer en eux pour le restant de leur vie.
Je m'accroche à eux, telle une bernique sur son rocher. Je les entoure. Je les porte. Je les serre. Bref ! Je les étouffe !
Ils sentent certainement cette peur du gouffre tapie en moi, cette immense angoisse qui me maintient en permanence aux aguets.
La médecine parle du bout des lèvres de troubles psychiques liés au deuil, comme si ma psyché et mon corps étions deux entités indépendantes l’une de l’autre. Mais la réalité c’est qu’il s’agit bel et bien de moi qui depuis quatre ans brûle, se visse et s’asphyxie.
Quatre ans que je suis incapable de m’endormir sans être aspirée par des bouffées d’abîme, les jambes, le corps puis la tête inondés par l’angoisse. Une température corporelle qui prend appui sur mes peurs les plus tenaces pour gonfler en puissance, irradier jusqu’à la pointe de mes cheveux et occuper tout l’espace me laissant à bout de souffle et exsangue de toute énergie.
 
Au début, malgré ma sensibilité extrême aux médicaments, j’ai opté pour des somnifères.
Je ne les supporte pas ! Mais alors, pas du tout !
Ils ne m’endorment pas, ils m’anesthésient ! Les réveils nauséeux et les pertes d’équilibre prenaient la relève de mes cauchemars. L’impression d’avoir bu toute la nuit.
Pourtant, sans eux, à peine fermais-je mes paupières épuisées qu’une puissante lame déferlait dans mon thorax et le sciait en deux. Je me retrouvais alors illico assise dans mon lit, en apnée, les battements cardiaques en plein marathon.
L’horreur !
Alors, j’ai cédé.
Les benzodiazépines anesthésiaient mes terminaisons nerveuses et je tombais comme une masse quelques minutes à peine après les avoir ingurgitées. Gare à moi si je les prenais avant d’être dans mon lit, ce que j’ai eu la mauvaise idée de faire un soir : je me suis retrouvée par terre, devant la porte des toilettes ! Julien a dû m’aider à me coucher, je n’arrivais même plus à aligner deux pas toute seule.
D’autre part, si l’anesthésiant faisait plier ma conscience, les cauchemars, eux, avaient le champ libre pour transformer mes nuits en film d’horreur.
L’un d’eux m’a longtemps hanté : des vers brun orangé grouillaient partout sous ma peau. On aurait dit des petits morceaux de curcuma. Ceux que je ne parvenais pas à extraire avant leur combustion, enflammaient mes organes. Je devais inciser ma peau à l’aide d’un scalpel pour la débarrasser au plus vite de ces maudits parasites et les jeter dans les toilettes où, au contact de l’eau, ils s’enflammaient puis se désagrégeaient.
Au réveil, ma housse de couette était toute déchirée, ma peau lacérée par mes ongles et mes cheveux indémêlables.
Depuis, je n’ai plus acheté de curcuma frais, uniquement en poudre !
Bref, la nuit n’était pas mon moment favori !
Aussi, dès que le matin pointait enfin son nez, je sautais directement dans un jogging et me soulageais en pédalant vingt kilomètres sur mon vélo d’appartement ou, si j’avais suffisamment de temps et qu’il ne pleuvait pas trop, je glissais dans l’aurore marcher dans la campagne avoisinante. Aligner les kilomètres, la fraîcheur du petit matin sur les joues, m’aidait à reprendre pied avec la réalité.
Le problème c’est que, quatre ans plus tard, je ne prends plus de somnifères, mes cauchemars sont beaucoup plus rares mais je continue à marcher ou pédaler chaque matin et je me retrouve avec des cuisses de coureur cycliste !
Je suis devenue accro, comme me reproche gentiment Julien !
 
***
 
– Mais qu’est-ce qui fait celui-là, il n’a pas vu que la vitesse est limitée à 90 ici ? Tu peux toujours me coller, j’n’irai pas plus vite tu sais !
Les gens ont tous peur de mourir et pourtant certains jouent leur vie et celle des autres tous les jours pour gratter quelques minutes sur un trajet.
– Allez, double ! Vas-y, fonce !
 
En fait, je mens lorsque je me raconte que ça fait quatre ans que j’essaie d’être forte pour mes enfants.
Quelques mois après le décès, j’ai baissé les bras.
La souffrance alors était telle que, sans une hospitalisation durant laquelle je me suis laissé porter par le milieu médical pendant plusieurs semaines, je serais peut-être partie rejoindre Patrick.
J’observais les autres graviter autour de moi mais je ne faisais plus partie de leur monde. Mon tyran intérieur occupait tout l’espace. Il ressassait le passé tout en craignant un futur semé d’embûches gigantesques, t

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