L énigme de la rame 204
44 pages
Français

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L'énigme de la rame 204 , livre ebook

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Description

Un soir d’hiver, l’inspecteur MÉRAL est prévenu chez lui, par un collègue, que son neveu vient d’être retrouvé dans le compartiment d’un train avec deux balles dans le corps.


Dans le coma, celui-ci a été transporté à l’hôpital.


MÉRAL, s’il avait pris le temps de se renseigner avant de sauter dans un taxi, aurait appris que le fameux « collègue » ne l’avait pas appelé. Et il n’aurait pas mystérieusement disparu...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 avril 2021
Nombre de lectures 1
EAN13 9791070035184
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LES ENQUÊTES
DE
L'INSPECTEUR MÉRAL

L'ÉNIGME DE LA RAME 204
Récit policier

MARCELLUS
I
CRIME OU SUICIDE ?

Six heures du soir !...
Il fait froid, il gèle, on est en hiver.
Bien calé dans un profond fauteuil, l'inspecteur Méral somnole, car c'est son jour de congé. Son repos : il le hait, lui préférant bien sûr l'activité fiévreuse de la P. J. où, chaque jour, sa quarantaine s'abreuve de mouvements.
Tranquillement, en vieux garçon qu'il est, las de la rue et de la vie trépidante, pour quelques heures, il sombre dans une béate quiétude.
C'est que ses dernières affaires ne lui ont pas laissé grand répit et ne vient-il pas d'arrêter trois des plus audacieux et des plus dangereux membres d'une fameuse bande de trafiquants de drogue ?
Son intérieur est chaud, ça sent la pipe !
Soudain, le téléphone grêla.
Qui pouvait bien le déranger à cette heure ?
Un instant, il resta indécis, ne sachant s'il allait répondre ou laisser sonner. En définitive, machinalement, il prit l'écouteur.
— Qui me parle ? fit-il d'une voix bourrue.
— Mercanton, de la brigade des garnis. Je me trouvais, par hasard, à La Garenne pour une vérification lorsqu'on découvrit le corps de ce jeune homme dans le train de quinze heures vingt-deux !...
— Mais pourquoi m'alertez-vous ?
— Oh ! par pure confraternité. Ce jeune homme a prononcé votre nom, alors, pensant que vous le connaissiez, je vous en avise aussitôt !...
— Est-on sûr de son identité ?
— Paul Rieux, oui. Il possédait tous ses papiers!...
— Dans quel état est-il ? Mort ?
— Il est dans le coma. Si vous voulez le voir, sautez dans un taxi et filez vite à Beaujon où il vient d'être transporté.
— Merci, j'y vais !...
Mais, au lieu de se lever du fauteuil où il était incrusté, il réfléchit un instant.
« Voyons, pensa-t-il, que veut dire ceci ? Paul, assassiné ! »
C'était pourtant un garçon bien calme que Paul Rieux, neveu de l'inspecteur Méral et qui vivait avec sa mère aux Vallées. Il ne pouvait avoir d'ennemis justifiant une telle agression ni de chagrins qui pussent le conduire au suicide. Sa situation de fortune était même enviable... Alors ?
— Il y a quelque chose de pas clair dans cette histoire, pensa tout haut le policier en se grattant la tête, geste qui lui était familier.
C'est pourquoi, pris de doute, il composa le numéro de la Police Judiciaire, et demanda Mercanton au service des garnis.
C'est l'inspecteur principal Rivet, son chef, qui, par hasard au bout du fil, lui répondit :
— Mercanton ? Il vient de sortir.
— Depuis combien de temps ?
— Je lui parlais à l'instant même. Tu veux le voir ?
— C'est au sujet d'un curieux coup de téléphone que je viens de recevoir...
— De quoi s'agit-il ?
— Mercanton m'annonçait que mon neveu Paul Rieux, qui est étudiant en droit, avait été agressé tantôt dans le train...
— Il ne m'en a pas parlé...
— Tout ceci m'étonne d'autant plus que Mercanton me téléphonait, il y a cinq minutes à peine, de La Garenne !...
— Bizarre, en effet, conclut Rivet. Je vais me renseigner, rappelle-moi dans un quart d'heure.
Méral reposa l'appareil et se mit à réfléchir.
Si Mercanton venait de quitter le quai des Orfèvres, il ne lui était évidemment pas possible de se trouver au même instant à La Garenne ! Le coup de fil n'émanait donc pas de lui. Mais alors, que penser de l'emploi de son nom par le mystérieux correspondant ?
L'inspecteur fit claquer sa langue, comme il faisait chaque fois qu'un problème délicat se posait à lui, se mit à parcourir son bureau à grandes enjambées et stoppa net devant la fenêtre !
Puis, se décidant soudain, il ouvrit un tiroir, y cueillit un revolver qu'il glissa dans sa poche, se vêtit et sortit très vite.
Il ne pensa même pas à rappeler Rivet.
En bas, devant la porte de sa loge, sa concierge le salua :
— On va faire un petit tour, monsieur Méral ? Par ce temps de chien, c'est pas prudent...
Le policier ne répondit pas. Il était déjà sur le trottoir devant lequel, justement, un taxi déchargeait deux clients.
Il lui fit signe.
— À Beaujon, en vitesse ! ordonna-t-il au chauffeur en faisant claquer la portière.
L'auto démarra aussitôt et se perdit dans le flot des voitures, vers le pont Saint-Michel !...
Sur le trottoir, les deux hommes qui venaient de descendre du taxi échangèrent un sourire entendu.
— Emballé, fit l'un. Pas plus difficile que ça !
L'autre ne répondit pas tout de suite, occupé qu'il était à allumer une cigarette, et hocha la tête, soucieux soudain.
Ils marchèrent quelques mètres, puis la bouche puante du métro les absorba...
II
UNE IDYLLE

Voici quelques mois, Paul avait rencontré une charmante cousette. Plusieurs fois, lorsqu'il allait au Moulin de la Galette avec ses camarades, il avait dansé avec elle et une idylle s'était ébauchée entre les deux jeunes gens !...
Ils s'étaient revus seuls.
Puis, un soir, leur amourette était soudain devenue plus intime. Un grand amour était né !...
Gisèle, superbe fille, dont les yeux candides et les cheveux blonds avaient tourné la tête de l'étudiant, admirait son ami dont l'attitude sérieuse et calme contrastait tant avec celle de ses compagnons habituels toujours rieurs, frondeurs et pétulants.
Mais elle lui reprochait parfois cette austérité.
— Qu'as-tu, mon chéri, tu parais toujours triste ? N'es-tu pas heureux, complètement heureux ?
— Que vas-tu imaginer ?...
— Je n'imagine rien ! Mais tu es si différent de tes camarades. Regarde Gaston, Jean !... Ils sont gais, eux, ils rient, ils chantent, ils plaisantent. C'est de notre âge, la gaieté !...
— Ah ! Gaston ! Parlons-en !... Tu es d'une indulgence pour lui ! Moi, il m'énerve avec les bêtises qu'il raconte, les blagues qu'il fait... Et puis, il me semble même qu'il te serre d'un peu trop près parfois.
Elle riait à gorge déployée.
Et ça se terminait toujours par un long baiser dans lequel ils mettaient, l'un et l'autre, toute leur âme, toute leur ardente jeunesse...
L'inspecteur Méral, son oncle, ignorait cette liaison et la bonne M me Rieux, sa mère, toute indulgence, fermait les yeux sur certaines escapades qui lui ramenaient, le lendemain, un Paul rompu, qui dormait des heures entières avant que de retrouver son calme habituel.
Au demeurant la vie du jeune étudiant était d'une régularité presque chronométrique. Il partait du coquet pavillon des Vallées le matin vers huit heures, pour se rendre à la Faculté, déjeunait à Paris et rentrait presque chaque jour par le train qui part de la gare Saint-Lazare à quinze heures vingt-deux.
Parfois, il retournait à Paris, le soir, soit pour aller au spectacle, soit pour prendre le café chez un camarade de cours.
Néanmoins, le plus souvent, ces sorties avaient pour véritable motif celui d'aller retrouver Gisèle dans sa petite chambre de la rue Lepic.
Bien que sa mère ne le supposât pas d'un ascétisme outrancier, elle ne pouvait croire, la bonne maman, que son fils put se lier avec une femme. Elle ne le voyait pas grandir et sans doute, le croyait-elle encore tout petit, ayant fixé son âge à l'époque où elle le conduisait par la main faire des pâtés de sable au Parc Monceau.
Mais Paul avait maintenant dix-neuf ans !...
Un soir, au Moulin de la Galette où ils avaient été danser, Paul et Gisèle rencontrèrent Gaston. Ils burent ensemble, puis l'étudiant invita la jeune fille. Justement l'orchestre attaquait un tango, danse que Paul n'aimait pas, à cause de sa lascivité.
Le couple s'élança sur la piste.
Paul, rageur, regardait son amie aux bras de Gaston ; il la voyait s'abandonner au rythme des bandonéons. Alors, il sentit monter en lui une sourde rancune. Le sang affluait à ses joues, les rougissant comme si elles eussent été des pommes d'api. Ses tempes bourdonnaient. Il avala d'un trait son verre et allait s'en aller tout seul lorsque la danse terminée, les danseurs revinrent.
Gaston cligna de l'œil :
— T'en fais pas, vieux pote (il affectait parfois de parler argot). Tu as l'honneur d'avoir pour amie la plus fidèle des créatures. Figure-toi que je lui proposais de l'emmener demain après-midi, dans une guinguette au bord de la Marne.

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