La 3ème blessure
70 pages
Français

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La 3ème blessure , livre ebook

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Description

J’ai été témoin d’un crime.


L’affaire a fait beaucoup de bruit à l’époque où elle a été découverte. « Le mystère de la troisième blessure » a intrigué les foules. Il n’a d’ailleurs jamais été éclairci.


Nous sommes deux à connaître le mot de l’énigme : moi et mon vieil ami Jules TROUFFLARD, commissaire de la Brigade Mobile... et bientôt, vous !


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 octobre 2020
Nombre de lectures 7
EAN13 9791070033340
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0011€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

CHAPITRE PREMIER
J'AI ASSISTÉ À UN ASSASSINAT

J'ai été témoin d'un crime.
Oh ! je ne m'en vante pas. L'affaire m'a causé assez de désagrément pour qu'il ne me soit pénible de l'évoquer, fut-ce dans ce récit intime destiné à mes fils « quand ils auront vingt ans ». Pour ceux qui vivent à nos côtés, nous demeurons plus ou moins inconnus. Je gage que quand ils liront ce récit mes enfants seront assez surpris et qu'ils se feront de leur papa une image assez différente de celle que je représente aujourd'hui à leurs yeux.
Mais je n'ai pas le dessein d'évoquer des tableaux de famille.
L'affaire a fait beaucoup de bruit à l'époque où elle a été découverte. Réunis, les articles qu'elle a inspirés formeraient des volumes. « Le Mystère de la troisième blessure » a intrigué les foules. Il n'a d'ailleurs jamais été éclairci.
Nous sommes deux à connaître le mot de l'énigme : Troufflard et moi. Je vous parlerai tout à l'heure de mon vieil ami Troufflard, de la brigade mobile.
Quant à moi, il me suffit de tenir entre mes doigts une coupure jaunie pour retrouver mes vingt-cinq ans, mes enthousiasmes et aussi, hélas ! la peur intense qui pendant quelques jours m'a étreint jusqu'aux entrailles.
Mais n'anticipons pas.
Pourquoi, au fond, la coupure que je parcours pour la centième fois, peut-être, ne servirait-elle pas d'entrée en matière à l'extraordinaire aventure que je vais révéler ? Elle porte la date du 21 octobre 1928. Quinze ans déjà ! Il y a prescription.
Y a-t-il vraiment prescription ?
Il faudra que je vérifie sur mon code de procédure criminelle... Bah ! au fond cela a peu d'importance.
Voici donc ce qu'a publié le « Phare Niçois » dans son numéro du 28 octobre 1928 :

Un de nos collaborateurs est témoin d'un assassinat
SOUS SES YEUX UN HOMME EST ABATTU À COUPS DE REVOLVER

« Le hasard est, dit-on, le dieu des journalistes. Notre jeune collaborateur André Byzance rentrait chez lui cette nuit même, son service achevé, lorsque, devant lui, un homme a été tué. N'écoutant que son devoir professionnel notre distingué collaborateur, après une sommaire enquête, est revenu en courant au « Phare Niçois ». Toujours soucieux de donner satisfaction à nos lecteurs, nous avons décidé de tirer une édition spéciale pour que le public puisse connaître dès ce matin son passionnant récit :

Quand à deux heures du matin j'ai pris congé de mes camarades demeurés au « Phare Niçois », je ne me doutais pas que j'allais vivre des instants pathétiques et tragiques. La nuit était claire, mais un peu frisquette déjà. Relevant le col de mon veston, je remontais d'un bon pas l'avenue de la Victoire pour regagner mon appartement, rue André-Theuriet, à quelque dix minutes de marche. Malgré l'heure, j'étais bien éveillé. Je suis donc sûr de ne pas avoir rêvé.
Les passants étaient rares. Quelques joueurs sortant des casinos, des garçons de café, de pauvres hères. Mélancoliques, des agents se baladaient comme dans la chanson.
J'arrivai place Gambetta. Pour les Niçois, il est inutile de décrire le lieu. Pour les autres, des détails topographiques seraient également oiseux, je pense. Qu'ils se représentent un vaste espace libre circulaire avec, au centre, un monsieur en redingote faisant un grand geste pour la postérité. Tout autour de la place, de magnifiques platanes font de l'ombre l'été.
C'est au pied d'un de ces arbres qu'un spectacle m'intrigua au point de me pétrifier : un homme et une femme se disputaient. Le fait n'a rien que de banal, me direz-vous. Dans d'autres circonstances, sans doute. N'oubliez pas qu'il était deux heures sept du matin exactement à l'horloge, toujours éclairée, vers laquelle, machinalement, j'avais dirigé mon regard. Il faisait froid. Et le couple n'avait pas l'apparence de rôdeurs nocturnes. À la lumière crue d'un réverbère, il se détachait violemment dans la nuit.
La femme d'abord. Une princesse : je ne trouve que ce mot pour vous la rendre présente. Une robe de soirée vert jade brodée d'argent sur laquelle était jeté un collet d'hermine la vêtait somptueusement. Sur ses cheveux, d'or fauve, m'a-t-il semblé, était posé un diadème dont les pierreries étincelaient. Grande, aux formes à la fois élancées et pleines, elle donnait une impression d'infinie distinction, presque de majesté.
Son compagnon, à première vue, ne paraissait pas indigne d'elle. En habit, cape drapée sur les épaules, chapeau de soie, c'était certainement un privilégié de la fortune, sinon de la naissance. La silhouette trapue, ramassée, était puissante. Il paraissait de quelque vingt ans plus âgé que la femme à laquelle, avec prodigalité, on pouvait donner de vingt-cinq à trente ans.
Je n'entendais rien, sinon quelques éclats de voix vite étouffés, mais la discussion paraissait ardente. Négligemment appuyée sur le large tronc d'un platane, la princesse semblait narguer son interlocuteur.
Je perçus, aigu, un éclat de rire. L'homme gesticulait, grognait comme emporté par la colère. Celle-ci atteignit son paroxysme et il leva le poing sur sa compagne. Celle-ci fit un pas de côté et l'énergumène alla buter contre le platane.
C'est alors que l'inattendu, l'extraordinaire se produisit. Sèches, deux détonations éclatèrent et l'homme s'écroula. Je restai cloué sur place un instant. Puis, machinalement, je criai : « Au meurtre ! »
Une minute plus tard, j'étais à genoux au côté du corps. La femme avait disparu, engloutie par la nuit. Je n'eus pas l'inspiration de courir après elle.
Je savais que je ne devais rien faire avant l'arrivée de la police. Seul, auprès d'un homme assassiné, je me sentais désemparé. J'avais peur. Je hurlai encore : « Au meurtre ! »
Le son d'une bonne voix cordiale et bourrue me rendit mon sang-froid.
Pas besoin de crier comme ça, jeune homme, nous avons entendu les coups de feu. Nous voilà. Et d'abord, qui êtes-vous ?
Je me retournai et je reconnus le brigadier Goiran.
C'est vous, M. Byzance. Une bonne surprise. Il arrive que les journalistes grattent la justice. Cette fois, vous avez dû être convoqué d'avance pour l'assassinat. Mes compliments. On va voir d'abord quel est ce particulier.
Très décoratif avec sa moustache frisée au petit fer, le brigadier Goiran est, on le sait, un type très populaire de la rue niçoise. Il dirige les services d'ordre dans les grandes occasions : arrivées de souverains, batailles de fleurs, poses de premières pierres.
Je n'aime pas beaucoup ce travail, marmonnait-il, en tâtant précautionneusement le cadavre. Je ne fais jamais la voie publique la nuit, d'ordinaire. Mais mon camarade Dalmas va avoir un petit. Je ne pouvais refuser de le remplacer. Les premières constatations comme ils disent, suffiront pour un bout de rapport. Vous allez m'aider parce que je ne suis pas très fort en littérature.
« Le particulier, visiblement, est trépassé. Il a reçu deux balles dans le coffre. Calibre 6 m/m 25. Vous voyez les trous d'entrée au-dessus du sein gauche et un peu plus bas, à droite, au creux de l'estomac. C'est bien visé.
Vous connaissez l'identité du mort ?
Je remets son visage. C'est un étranger de la haute. Pour le nom, il doit y avoir des papiers dans son portefeuille.
En frissonnant, je vis Goiran fouiller le cadavre aussi calmement que s'il allumait une cigarette.
Du beau cuir, qui sent bon. Des cartes de visite, une liasse de gros billets. Tiens ! de la veine, un passeport. Avec ce réverbère on lit aussi bien qu'en plein jour. Baron Serge Michalowski, né à Kiev (Russie) le 5 février 1878. Ça lui fait dans les cinquante années. Il est bien conservé, le monsieur.
« Profession : sans. C'était couru.
« Maintenant, jeune homme, racontez-moi en quelques mots ce que vous avez vu.
Je le mis au courant des événements que nos lecteurs connaissent. Sous ma dictée, il écrivit, en mouillant souvent du bout de langue son crayon.
Qui a tiré ? demanda-t-il quand j'eus terminé.
Je ne sais pas. Je n'ai pas vu le meurtrier.
Vous êtes sûr que ce n'est pas la femme ?
J'en suis sûr, je ne l'ai pas quittée des yeux.
Vous en êtes bien sûr ? Enfin, ce n'est pas mes oignons. Les gens de la judiciaire feront l'enquête, c'est leur métier.

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