La femme de Beyrouth
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La femme de Beyrouth , livre ebook

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Description

Siham, l’héroïne du roman, la Femme de Beyrouth est une jeune Libanaise. Elle est née en 1943 dans la vallée de la Bekaa au Liban, elle est l’aînée d'une famille de dix enfants. Son père a fait fortune en Afrique et sa mère s'est consacrée à l'éducation des enfants. La famille de Siham est Chrétienne maronite, elle vit dans la vallée jusqu'à ses 18 ans et y reçoit une éducation très sérieuse.


Elle aime aller à l'école et se faire des amis dans ce pays en paix. Elle sera assassinée à l’âge de 30 ans dans les années 70 au début de la guerre civile. Elle aura eu une petite fille, qu'elle verra grandir jusqu’à ses 3 ans, Rémy. Même morte l'âme de Shiam erre, elle cherche à savoir, observe la vie de son enfant et de son pays qui rentrera finalement en guerre. Si Siham avait survécu, elle n'aurait jamais cherché à se venger. Elle aurait simplement voulu voir son enfant grandir, savoir ce qui va arriver à son pays. Elle aurait aimé savoir ce que ce sera d'être une femme au Liban dans 20 ans. C'est pour cela qu'elle reste, que son âme vagabonde ; quand son enfant sera prêt, elle repartira.


Avec pour toile de fond la guerre et l'Histoire du Liban, ce roman est avant tout une histoire de femmes, un roman féministe qui ne revendique rien.


C’est une histoire passionnante mais aussi révoltante sur bien des points. Ce roman pointe du doigt la résignation des femmes dans ce pays à cette époque, mais aussi l’immense volonté qui est la leur, face à leur entourage qui ne demande qu’à leur couper les ailes.


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 avril 2018
Nombre de lectures 2
EAN13 9782372224758
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Déborah Fotzé
 
 
La femme de Beyrouth
 
 
 
 
© Déborah Fotzé
Bookless editions
Tous droits réservés
Édition numérique
Avril 2018
N°Isbn : 978237222 4758  
 
 
 
Chapitre 1
 
 
L'année de ma naissance marqua tous les esprits, celui de mon père en particulier. Je naquis en 1943, à Zahlé au Liban, une agglomération riche et dynamique dans la vallée de la Bekaa, un endroit riche et fertile ; l'on pouvait tout y faire pousser. La vallée réunissait l'ensemble des communautés : les chiites au nord, les sunnites au sud et les chrétiens au centre. Ma famille appartenait à cette confession ;  c 'était inscrit sur nos papiers. Zahlé, après Beyrouth et Tripoli comptait parmi les plus belles. À neuf cent mètres d'altitude, entre deux montagnes, elle offrait un climat agréable, des paysages verdoyants et de nombreux restaurants le long de la rivière El-Berdawni. Un lieu de villégiature idéal, nous étions fiers d'appartenir à cette terre ; nous l'adorions.
 
Pourtant, à l'issue de l a première guerre mondiale, en 1920, le Liban ainsi que la Syrie avaient été placés sous mandat français. Mais avec le soutien des anglais, nous avions obtenu l'indépendance du pays et vingt ans après s'y être installé, le peuple français s'engageait à se retirer, à nous affranchir. L'année 1943 était bien celle de la liberté.
 
En 1951, huit ans plus tard, je fêtais mes huit ans ; c'était une belle journée. J'étais déjà la sœur aînée de Gashan sept ans, de Jacqueline cinq ans et d'Hiam âgée d’à peine un an. Jolie avec un visage ovale, de longs cheveux noirs et de grands yeux marrons ; j'étais quand même banale. D'un tempérament doux et rêveur, cela ne m’empêchait pas de savoir ce que je voulais. Ma famille et moi habitions une grande maison, entourée d'un immense jardin. Je partageais une chambre spacieuse, une sorte de dortoir, délicatement aménagé avec mes frères et sœurs. L'espace y était assez vaste pour que l'on se sente à la fois uni et protégé. Moi, ce que j'aimais par-dessus tout c'était flâner dans le jardin, j'y passais mes journées entières à rêvasser. Mes frères et sœurs voulaient jouer avec moi, je ne refusais pas mais attendais le moment de me retrouver seule. Une de mes rêveries préférées consistait à imaginer, la femme que je serais dans dix ans, je m'inventais un avenir radieux emplit de bonheur et de liberté. Les gens m'aimaient, j'entamais une grande carrière, je devenais une artiste, un peintre, une musicienne. Je me mariais avec un médecin, un architecte, un écrivain ; fondais une famille. Comblée, la vie me donnait l’opportunité de voyager, l'Europe ; l'Afrique ; l'Asie ; l'Amérique aussi.
 
Mon père, un chauffeur poids lourd âgé de vingt-cinq ans était marié depuis ses dix huit ans avec ma mère, Laïla, une jeune femme du village. Mes parents formaient un couple uni. Tous deux étaient nés à la fin de la première guerre mondiale, et avaient connu la seconde. Mais surtout, ils avaient vécu le premier quart de leur vie sous le protectorat français. Fouad, en vrai patriote avait participé à plusieurs rebellions dans les montagnes. En homme de principes, il n'aimait pas trop mon côté rêveur ; il me trouvait trop naïve, bucolique et considérait comme essentiel de me transmettre une vision réaliste de la vie. Il me fallait une éducation basée sur le travail ; une valeur sûre et pérenne à transmettre à mes enfants.
 
– Les rêves sont des passe-temps pour les faibles, ceux qui n'ont pas la force de vivre ! Lorsqu'on est adulte, responsable, on ne passe pas son temps à rêvasser. Ça ne mène à rien, tu comprends ? À vrai dire non, je ne comprenais rien, j’écoutais ; tiraillée, entre la joie d'attirer son attention et, l'ennui. Je l'aimais, lui se sentait rassuré. Je finis quand même par me demander s'il n'était pas malade, ou pire encore, malheureux.
 
– Il faut réaliser ses projets, un point c'est tout. La vie, ici, est loin d'être facile ! C'est pour ton bien que je le dis.
 
Ses raisonnements fidèles à la vie qu'il menait affligeaient l'enfant que j'étais. En tous les cas, mon pays, je l'aimais, d'ailleurs pour moi, on l'aimait ou on le quittait ; il n'y avait pas d'autre alternative. J’adorais ce petit pays tout en longueur qui suivait avec tant d'application, la montagne autour de laquelle il s'était formé. Son paysage unique, chaleureux, ses belles couleurs ocre. Idéalement situé entre mer et montagne. Une petite bande de littoral dans cette région aride du Proche-Orient. En hiver, son manteau blanc recouvrait les hauteurs. En été, c'était la plage, le sable et le vent dans les collines. Ceux qui avaient voyagé le comparaient aux plus belles régions du monde, la Côte d'azur, la Californie... Complexe, paradoxal avec ses guerres et ennemis, il savait vous rendre fou... Pour les grandes occasions mon père, aimait bien raconter, comment les français avaient envahi le Liban. Quand il abordait le sujet, il prenait un air grave, un ton sérieux ; il y avait quelque chose en lui de ridicule et touchant à la fois.
 
– L'histoire remonte à l'époque de l'Empire Ottoman. L'empire était dirigé par les turcs, des barbares sans-nom dominant le monde depuis plus de 600 ans. Jusqu'au jour où, à la fin de la première guerre mondiale, ils perdirent. Alliés aux Allemands, ils durent céder leurs territoires arabes aux grands gagnants : la France, la Grande-Bretagne et la Russie. Ces pays se retrouvèrent à la tête des anciens empires ottomans : la Syrie, la Palestine, le Liban, l'Irak et l'Arabie. Cette guerre acheva l'Empire ! À ce moment du récit, il tapait invariablement, du poing sur la table, c'était irrésistiblement drôle. Les responsables de la société des nations qui œuvraient pour préserver la paix en Europe donnèrent mandat à la France pour diriger la Syrie et le Liban. Les généraux scellèrent cette décision dans les accords de Sky-Picot, le général Gouraud fut nommé responsable, il représenterait l'état français au Liban. En tant que chrétiens nous profitâmes de ce rapprochement avec l'occident pour faire pression et obtenir la création d'un état indépendant. La France détacha, de l'ancienne Syrie, le Grand-Liban. L'état libanais moderne, était né. Mais, il nous fallut attendre encore vingt ans pour que le Liban devienne totalement libre.
Petite, cette histoire me terrorisait et mon père s'en amusait.
 
– Tu sais Siham, ce qui arrive aux petites filles qui ne sont pas sages ? Les turcs, viennent les chercher !
– Mais je suis sage, papa ! Pas vrai maman que je suis sage ? Je ne vais pas aller vivre chez les turcs ?
– Mais bien sûr que non ma chérie, Fouad, laisse-la ! Je ne vois pas l’intérêt de lui raconter sans cesse cette vieille histoire !
– Alors reste toujours bien sage, ma chérie comme cela tu ne seras jamais embêtée. Il riait sous cape.
 
Avec le temps ce récit, finit par amuser toute la famille. Fouad, en plus d'être passionné d'Histoire avait l'opportunité de voyager, propriétaire de son propre camion, il livrait des marchandises à travers le monde. C'était pour lui une source de fierté, un signe de réussite probant. Il aimait sa vie et la liberté qu'elle lui procurait. Il n'avait de cesse de répéter que quand on travaille pour soi, on travaille forcément mieux ! En effet, il ne s'économisait pas et grâce à un sens aigu du commerce, une bonne organisation, les affaires tournaient bien. Il avait inscrit son entreprise auprès d'une grande société de transports, chargée de lui trouver des clients. Il partait régulièrement en mission deux, voire trois mois ; alternant entre l'Arabie saoudite et l'Afrique. Il y avait beaucoup d'argent à faire. Nous ne savions pas très bien ce qu'il transportait, personne ne posait de questions, on s'en fichait ; par contre mon frère, lui, ne voyait que par lui.
 
– Plus tard moi aussi, je serai un aventurier comme papa, je gagnerai beaucoup de sous comme papa, j'attaquerai des lions…
 
Il est vrai qu'il donnait envie de voyager. Nous l'admirions et le craign i ons à la fois. Nous aurion

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