Mistral sanglant
264 pages
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Mistral sanglant , livre ebook

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Description


À Marseille, le mistral souffle comme jamais.


À un point tel qu’on pourrait penser qu’il joue une partition. Un concerto pour mistral en cadavre majeur.


Le premier corps découvert est celui d’une femme sauvagement assassinée, gisant dans une calanque. Il s’agit de Christine Ferraud, gérante d’une agence d’intérim en plein déclin et accessoirement escort-girl pour arrondir ses fins de mois. Son principal client était Filippi, économiste réputé, héraut du revenu universel, en tête des sondages pour les prochaines élections municipales. Ce qui fait de lui l’un des principaux suspects du meurtre.


L’enquête est confiée au lieutenant de police Kernel, épaulé d’une nouvelle recrue, Justine Chauvet, et d’un vieux de la vieille, El Khordi.


D’autres cadavres vont suivre, rythmant la piste des enquêteurs d’un staccato morbide.


Du Vieux Port aux cités où règnent les trafiquants, en passant par les beaux quartiers, le chemin de la vérité sera compliqué pour le lieutenant Kernel.


Qu’on se le dise, les armes n’ont pas fini de parler.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 octobre 2019
Nombre de lectures 3
EAN13 9782374537207
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Présentation
À Marseille, le mistral souffle comme jamais.
À un point tel qu’on pourrait penser qu’il joue une partition. Un concerto pour mistral en cadavre majeur.
Le premier corps découvert est celui d’une femme sauvagement assassinée, gisant dans une calanque. Il s’agit de Christine Ferraud, gérante d’une agence d’intérim en plein déclin et accessoirement escort-girl pour arrondir ses fins de mois. Son principal client était Filippi, économiste réputé, héraut du revenu universel, en tête des sondages pour les prochaines élections municipales. Ce qui fait de lui l’un des principaux suspects du meurtre.
L’enquête est confiée au lieutenant de police Kernel, épaulé d’une nouvelle recrue, Justine Chauvet, et d’un vieux de la vieille, El Khordi.
D’autres cadavres vont suivre, rythmant la piste des enquêteurs d’un staccato morbide.
Du Vieux Port aux cités où règnent les trafiquants, en passant par les beaux quartiers, le chemin de la vérité sera compliqué pour le lieutenant Kernel.
Qu’on se le dise, les armes n’ont pas fini de parler.


Laurent Pinori est né à Marseille en 1973. Il vit à Paris et écrit des romans.
Option Léthé , paru en 2011 chez Fayard, roman d'anticipation sociale.
Puis, En autopublication :
L'origine du monde (2015), roman d'apprentissage
Cap sur la joie (2016), roman noir
Nuit canine (2017), recueil de nouvelles
Après le monstre (2018), récit autobiographique
L'homme-glaïeul (2020), roman de SF
MISTRAL SANGLANT
Sirènes éteintes - 1
Laurent PINORI
38 rue du polar
Chapitre 1
Le lieutenant Kernel arrête sa voiture au bout de la route des Goudes. Deux véhicules de police barrent le passage. Un brigadier vient à sa rencontre. Il met un temps de trop à le reconnaître. La moindre erreur dans la partition de la vie sociale jure comme une fausse note. Passée la gêne, le brigadier indique à Kernel le chemin. Les randonneurs sont priés de rebrousser chemin.
Cela fait des années que Kernel n’est pas venu dans les calanques. Le brigadier lui a assuré qu’il y en avait pour vingt minutes, pas plus. Il fait frais mais, au bout de cinq minutes d’ascension, Kernel est en nage. Il a le vertige et ses jambes sont crispées. Il a dû rater un embranchement. Pas possible que ce soit le chemin de randonnée, c’est bien trop dangereux. Il finit par remarquer un sentier vingt mètres au-dessus de lui. Il se détend. Le seul risque à présent est une entorse de la cheville, ce qui serait particulièrement ridicule le jour même de sa reprise de service après six mois d’arrêt. Le mistral vient de se lever. L’air est pur, la lumière aveuglante. C’est le mois de janvier, Kernel n’a pas pensé à se munir de lunettes de soleil. Il descend par une sente abrupte envahie de branches de pins. Il ne voit plus la mer. Ses pieds roulent sur les cailloux, il manque de peu de se vautrer.
Il retire ses écouteurs. Il a été initié au rap durant son hospitalisation par un infirmier. Je ferai un gros trou dans ton donut : c’est ce qu’il écoute en ce moment, l’album d’un rappeur marseillais accompagné sur la pochette d’un bull dog avec un œil crevé. Le mistral se renforce et la calanque devient un instrument inquiétant aux sonorités hypnotiques, aux antipodes du centre-ville strident et désaccordé. Justine et El Khordi sont trop loin pour que Kernel les entende si toutefois ils parlent. Ils viennent d’orienter leur regard dans sa direction. Ils ont aperçu leur chef qui descend vers eux d’un pas incertain sur les cailloux qui se dérobent, encore essoufflé et transpirant après l’ascension.
Cela fait six mois que Kernel s’est absenté, mais El Khordi s’adresse à lui comme s’ils s’étaient quittés la veille :
— Elle a été tuée probablement hier soir.
Kernel observe le corps lézardé :
— Le résultat des coups de couteau ?
— Il y a un gros hématome sur la tête. Il faudra attendre le rapport du légiste pour trancher.
Kernel ne relève pas le trait d’esprit. Une rafale de vent emplit ses narines de l’odeur d’El Khordi. L’odeur rance des vieux. Depuis combien de temps devrait-il être à la retraite celui-là ? Qu’est-ce qu’il attend ? Kernel observe les santiags d’El Khordi, son chandail hors d’âge, il se dit qu’il ne fera jamais valoir ses droits à la retraite car il n’a rien d’autre à faire que de tremper son nez dans de sales histoires. Il continuera à être flic en dilettante jusqu’à ce que la limite d’âge soit atteinte et qu’il soit fichu dehors.
— Violée ?
El Khordi hausse les épaules :
— Pas forcément. Mais méchamment malmenée. Elle a dû passer un mauvais moment, très mauvais.
Justine Chauvet est arrivée au commissariat une semaine avant que Kernel ne le quitte pour l’hôpital. Il n’a pas eu le temps de s’accoutumer à sa beauté juvénile. Autant son prédécesseur colportait des effluves de poulailler ravagé par la grippe aviaire, formant avec El Khordi un duo pestilentiel, autant les fragrances qui enveloppent Justine Chauvet sont un appel à la vie et à l’amour.
— La victime s’appelle Christine Ferraud, dit Justine. Le meurtrier n’a pas pris la peine d’emporter son sac pour ralentir l’enquête. Imprudent ou au contraire très sûr de lui. Elle avait vingt-neuf ans, elle était gérante d’une agence d’intérim dans la rue Tapis-Vert.
— D’autres éléments ?
— Pas encore, j’interrogerai les bases de données au commissariat.
— Et son sac ?
— Rien de remarquable. Pas de photos. Très minimaliste, en fait.
Le sac en cuir de marque Hermès est particulièrement tape-à-l’œil. Il a été enveloppé dans un sachet en plastique et s’apprête à subir une analyse minutieuse.
— Qu’est-ce qui est prévu pour le corps ?
— Un bateau va venir le chercher pour le transférer à la morgue.
Kernel soulève la couverture.
— Le même âge que moi… laisse échapper Justine.
Kernel se dit qu’elle ne peut s’empêcher, comme toutes les femmes, de comparer mentalement sa plastique à celle de Christine Ferraud, intégrant ainsi le regard des hommes selon un réflexe qui est le fruit de la domination masculine, du moins d’après les dires des féministes dont Justine partage l’essentiel des points de vue. De toute évidence, Christine Ferraud avait été une très belle femme, aussi belle que Justine bien que dans un registre différent.
Chapitre 2
Kernel n’aurait pas cru cela possible, il éprouve un réel plaisir, dont la dimension esthétique n’est pas absente, à retrouver les locaux miteux du commissariat. Les néons poussiéreux. La peinture des murs grisâtre, fendue et cloquée comme la croûte de la lune. L’obésité malveillante de l’agent responsable de l’accueil des visiteurs qui vient d’adresser à Kernel un signe où perce une compassion inhabituelle. Les tableaux de liège punaisés d’affiches syndicales, d’annonces de service, de concours pour accéder au grade d’officier de police judiciaire, de colonies de vacances, de promotions pour des sorties culturelles ou sportives. Le mobilier disparate d’inspiration Emmaüs. Les radiateurs en fonte traversés de borborygmes sans qu’aucun fonctionnaire n’ait souvenir de la dernière vidange. Kernel est accueilli par des sourires amicaux, des mains qui serrent la sienne, des exclamations : Enfin de retour, Lieutenant ! Lui aussi est heureux de les retrouver après six mois d’allers-retours entre son domicile et l’hôpital. Une infection pulmonaire a bien failli le tuer. Elle est partie sans plus d’explications qu’elle n’est venue, agacée par la résistance obstinée du corps de Kernel. Lui-même n’était pas si hostile que ça à l’idée de se disperser sous le plancher des vaches.
Le commissaire Santucci l’attend dans son bureau. Il représente le seul point fixe dans des couches supérieures de la hiérarchie où l’on ne trouve jamais personne : en réunion, en rendez-vous, en déplacement… Les qualités de disponibilité et d’écoute du commissaire sont inégalées, même ses plus acharnés ennemis en conviennent.
— Ça va mieux, Kernel ?
— Je me porte comme un charme.
— On ne dirait pas ! J’ai cru qu’un spectre entrait dans mon bureau… On mange ensemble, ce midi. Je tiens à inaugure

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