Norma

Maïa Brami

Description

Norma, 7 ans, atterrit en foyer d'accueil sur fond de procès médiatique. Aussitôt, sa fragilité, son crâne nu, focalisent l'attention. Il émane quelque chose de spécial de cette fillette, mais quoi ?

Sa présence, tel un révélateur, va bouleverser la vie du foyer, exacerber tensions et passions, précipiter les destins, notamment celui de Léo, adolescent brisé, violent, poursuivi par la poisse et l'incompréhension des adultes.

Premier roman de Maïa Brami, Norma constitue le reflet d'une société où chacun, en quête d'identité et d'amour, tente de se libérer des apparences.

L'écriture est servie par une émotion à fleur de mots.

Ce roman a obtenu le prix du 20e Festival du Premier Roman de Chambéry.

Maïa Brami est écrivaine, poète, dramaturge, journaliste. Elle dirige également des ateliers d’écriture. L'enfance et la femme sont au cœur de son œuvre. Elle a publié plus d’une vingtaine de livres pour petits et grands traduits dans différents pays.

Sujets

• Sciences humaines
• Sciences humaines et sociales
• Fiction
• Psychologie
• Littérature

Informations

• Publié par: Les éditions d'Avallon
• Date de parution: 05 novembre 2020
• Nombre de lectures: 70
• EAN13: 9782491996147
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

COLLECTION LITTERATURE CONTEMPORAINE
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Ce livre a été publié en première édition en février 2006 par les éditions Folies d’encre.
 
 
© 2020 Les éditions d’Avallon
Éditeur : Les éditions d’Avallon
342 rue du Boulidou – 34980 Saint-Clément-de-Rivière
 
Impression : BoD, Norderstedt, Allemagne
2 e édition
Composition : Les éditions d’Avallon
Distribution papier : SODIS
Distribution numérique : Immateriel
Photo de la couverture : Peter H (Pixabay)
 
ISBN : 9782491996147
 
Dépôt légal papier : novembre 2020
 
Norma
 
 
Principales œuvres de l’auteure
 
 
Romans
 
Toute à vous , collection « L’Ardeur », éditions Thierry Magnier, 2020
Paula Becker, la peinture faite femme , éditions de l’Amandier, 2016
L’inhabitée , éditions de l’Amandier, 2015, réédition Amazon, 2019
Le Sang des cerises , récit, Editions Rhubarbe, 2010
 
Nouvelles
 
Passages , nouvelles, Océan éditions, 2010
 
Essais
 
Lettre au poète Cocteau à Milly-le-Forêt , éditions Belin, 2014
 
Poésie
 
Oser encore, hommage à Andrée Chedid , éditions Erès, 2020
Suite enfantine , éditions du Petit flou, 2013
Pas ici, pas ailleurs , anthologie de voix féminines, éditions Voix d’encre, 2012
Enfances, regards de poètes , anthologie, éditions Bruno Doucey, 2012
Pour qu’il advienne , poèmes, éditions Caractères, 2010
 
Théâtre
 
Tout va bien se passer , éditions La Feuille de thé, 2019
 
 
Jeunesse
 
Le Royaume sans soleil , éditions Saltimbanque, ill. Karine Daisay, 2020
Le Monde est ma maison , éditions Saltimbanque, ill. de Karine Daisay, 2017
Même les stars aiment les sardines à l’huile , éditions de la Martinière jeunesse, 2015
Les princes charmants n’existent pas , Nathan, 2014
Serpent à lunettes ! , éditions Nathan, ill. Joëlle Passeron, 2006
En rentrant de l’école , éditions Grasset jeunesse, ill. Yann Autret, 2006
Mon arbre mon ami , éditions Casterman, ill. Ingrid Monchy, 2006, Prix du salon du livre St Germain-Les-Arpajons 2006
Goûte au moins ! , éditions Circonflexe ill. Barroux, Prix Matti Chiva / Institut Danone, ill. Estelle Meyrand, 2005
Ne me parlez plus de Noël ! ,éditions Nathan, 2005
Les pères aussi ont les secrets , éditions Grasset jeunesse, 2002
Vis ta vie Nina , éditions Grasset jeunesse, 2000, Prix Chronos 2002
 
 
 
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De la même auteure
à paraître prochainement aux éditions d’Avallon
 
 
Les princes charmants n’existent pas
Paula Becker, la peinture faite femme

Maïa BRAMI
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Norma
 
 
roman
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Pour Chen, Peter Pan devenu grand.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
« La vie donne corps aux rêves. C’est à partir des rêves que se construit la réalité. »
 
Janusz Korczak in Comment aimer un enfant
 
 
 
 
 
 
1
 
 
— … Le bleu des mots, explique l’adolescent.
— Des morts ? répète la petite fille.
— Des mots… Le bleu des morts ? T’en as de bonnes, toi !
— Ça veut dire quoi ?
— Si t’appuies sur un bleu, ça lance.
La petite le regarde, interloquée.
— Pareil avec les mots.
— Ils font mal ?
— C’est ça, comme des bleus, insiste-t-il, lui décochant un demi-sourire.
— Mais moi j’aime quand ma mère…
— Que tu crois, p’tite tête ! Les mots doux, c’est comme le sucre : ça donne des caries !
— Même pas vrai, chuchote-t-elle du bout des lèvres, en baissant les yeux.
— Pourquoi t’es là ? À cause de ta mère chérie, non ? Comme nous tous.
L’enfant se recroqueville la tête dans les épaules pour ne pas entendre.
— Elle a le droit de te faire du mal, parce qu’elle t’aime ? (Il l’attrape par les épaules) Regarde-moi ! Elle a le droit ?
La fillette pleure, sans bruit. Une rougeur diffuse envahit ses traits. Le garçon se détache d’elle. Il voit le sang affluer sous la peau, une veine mauve qui palpite sur sa tempe. Mal à l’aise, il recule et va se planter devant la fenêtre, lui tournant le dos.
— Pleure pas, lâche-t-il après un long silence.
Il se retourne. La pénombre enveloppe le dortoir.
— Allez, viens, il faut pas traîner ici.
La prenant par la main, il l’aide à descendre l’escalier qui mène au préau. Étage intermédiaire, les toilettes.
— Vas-y, débarbouille-toi, je fais le guet. (Il lui lâche la main) Grouille !
Elle frotte ses paumes contre une boule de savon jaune, craquelé. L’odeur lui pique le nez.
— Pas tes mains, idiote ! Ton visage. On voit que tu as pleuré.
Il la rejoint, se place derrière elle, appuie sur le robinet, prend ses mains dans les siennes et les frotte avec impatience. Ensuite, il recueille un peu d’eau grise et lui passe sur le visage.
— Enlève ta casquette !  (Elle s’exécute) Putain, qui t’a fait ça ?
Il passe ses paumes humides sur son crâne nu, tapissé de minuscules pics.
— T’inquiète pas, va, ça repousse vite !
Le froid sur sa tête rasée lui fait soudain prendre conscience de son absence de cheveux. Elle effleure les racines souples du bout des doigts. Durant cette année, même avec les événements, les photos en première page des journaux, les vibrations de la tondeuse sur sa tête, la casquette à l’école, elle a conservé son ancienne image, avec sa tresse blonde.
 
 
 
 
 
 
2
 
 
Tous, ils la regardent. Ça chuchote, ça commente :
« C’est elle la nouvelle ? T’es sûr que c’est une fille  ? … C’est vrai ce qu’on raconte ? … Ben, elle est moche… Pas étonnant que ses parents y veuillent pas d’elle ! »
— Vos gueules ! rugit-il, en traçant à travers les rangées de tables d’un pas assuré. (Rires) Le premier qui me cherche… Les visages disparaissent dans les assiettes de soupe. Tintement de cuillers.
— Ivar, Bouge !
Bougon, le dénommé Ivar se déplace en faisant glisser bruyamment son écuelle. La petite enjambe le banc maladroitement.
— Eh ! Léo, elle s’appelle comment ta protégée ? lance un boutonneux à la voix cassée en bout de table.
— ‘sais pas, répond Léo, posant un morceau de pain devant elle.
— T’es vraiment bizarre comme mec, toi, tu lui as même pas demandé ? ricane le garçon.
Léo tape du poing, mécontent, la bouche pleine de pain.
Après avoir répété sa phrase dans sa tête - « Tourne ta langue sept fois avant de dire une bêtise » dit toujours sa mère - elle essaie, étonnée d’entendre le son de sa voix :
— Merci Léo.
Il la fixe un instant et retourne à sa soupe.
— Je m’appelle Norma. J’ai sept ans depuis hier.
— T’en as de la chance ! nargue un rouquin maigrichon.
— Voilà une façon géniale de fêter son anniversaire ! continue le boutonneux à la voix cassée. Tu risques pas de l’oublier celui-là !
— Au lieu de faire les cons, donnez-lui quelque chose. Tout le monde a droit à un cadeau pour son anniversaire, non ? dit Léo en soutenant leurs regards.
— Mais on a rien, nous. Qu’est-ce que tu veux qu’on…
— Débrouillez-vous !
Finalement, on lui tend un croûton réchappé par miracle.
— Prends ton pain et suis-moi, déclare une surveillante. T’as rien à faire là, ma cocotte, t’es avec les petits.
Elle se lève, effrayée. La surveillante l’attrape par la main.
— Attendez ! dit Léo.
— Tu es Norma, c’est ça ? Quel joli nom ! Viens, je vais te montrer ta