Quand nouvelles et poésie se mêlent… : Farandole de mots
51 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Quand nouvelles et poésie se mêlent… : Farandole de mots , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
51 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Deux nouvelles, une poésie alternent joyeusement, une nouveauté dans le mélange de genres.

Informations

Publié par
Date de parution 11 août 2023
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312136196
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Quand nouvelles et poésie se mêlent…
Pierrette Kuhn
Quand nouvelles et poésie se mêlent…
Farandole de mots
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2023
ISBN : 978-2-312-13619-6
D ERRIÈRE LA FENÊTRE
Je suis derrière la fenêtre, derrière le hublot devrai-je dire, le nez collé à la vitre, regardant au loin l’immensité de la mer et me remémorant les derniers évènements de ma trépidante vie. En quelques mois, celle-ci a été anéantie et reconstruite à la hâte. Mais , pourquoi ai-je ce goût amer dans la bouche ? Pourquoi ai-je ce poids sur mon estomac ? Pendant le doux balancement de ce bâtiment qui navigue, à rythme régulier, sur les eaux calmes de l’océan, je me souviens de ce bonheur que je croyais éternel.
Notre vie était un conte de fée. Une entente parfaite nous unissait. Rien ne nous divisait. On dit que tous les couples se disputent parfois, mais nous, nous étions arrivés à y échapper. Nous aimions nos escapades à travers champs, faire le lézard sur les plages des bords de mer et faire l’amour dans les vagues. Nous nous éclations à tout-va. Nous aimions la même cuisine et nos horloges biologiques sonnaient en cœur. Nous étions fusionnels.
Alors lorsque la maladie a frappé à notre porte, le ciel s’assombrit brusquement. L’horizon était bouché quand on nous annonça la terrible maladie de mon mari. Je ne pouvais y croire. Comment la force divine avait-elle ainsi pu nous punir ? Qu’avions-nous donc fait de si mal pour nous couper dans notre élan de vie si bien lancé ?
Mon mari s’affaiblissait de jour en jour. Malgré son triste état, il trouvait la force de me gâter et me composait des petits poèmes tendres. Souvent je trouvais des sens à ces petits mots. Je le soupçonnais de me préparer à son futur départ définitif. Ma tendre moitié voulait adoucir ma peine qu’il savait d’avance insurmontable. Je trouvais ces petits papiers annotés sous ses oreillers, d’autres tombaient par terre. Sur l’un de ces billets, étaient notés les vers de la chanson de Serge Gainsbourg : je suis venu te dire que je m’en vais, et tes larmes n’y pourront rien changer, comme dit si bien Verlaine au vent mauvais, je suis venu te dire que je m’en vais…
Je crois que c’est après ce moment-là que je pris conscience de la gravité de son état. Je ne m’étais pas représenté la vie sans lui, je me sentais incapable de vivre seule. Si je lui survis, je serai handicapée, un seul bras, une seule jambe, une moitié de cerveau et une moitié de cœur. Chose impossible, alors que sera donc cette vie qui m’attend maintenant ?
Quid de mon avenir de veuve ?
Veuve, ce vilain mot qui sonne si mal. Il fait allonger la bouche en une grimace de dégoût, il fait penser à : beurk. Je ne me sentais pas prête à en prendre la tenue.
Mais, pour l’heure, je ne peux m’apitoyer sur mon sort. C’est le moment du soutien, il doit être indéfectible et il l’est. Je suis là pour lui et serai près de lui dans les plus ultimes moments. Son état général s’affaiblissait de jour en jour. Il avait de plus en plus de mal à se mouvoir. Lorsqu’il voulait attraper le verre d’eau sur sa table de chevet, celui-ci tombait parterre. Mais ce n’était pas le verre cassé, le problème, c’était la force pour s’en saisir qui avait disparu. Seule une faible lueur illuminait encore ses yeux. Les membres ne répondaient plus et les petits mots ont cessé. Je savais que la fin était proche. Malgré cela, je ne pus m’y résoudre. Je ne voulais pas être seule, je ne voulais pas être veuve, je voulais revivre nos moments de bonheur.
Dans un ultime effort, mon mari me soufflait à l’oreille : dis-moi plus que des mots d’amour. Oui je voulais lui témoigner bien davantage. Je lui répondis qu’il sera toujours avec moi, qu’il sera juste dans la pièce à côté et que nous vivrons toujours ensemble, un dans la vie réelle et l’autre dans la spiritualité. Mais nos âmes sont semblables et siamoises. Rien, ni même une maladie mortelle, ne pourra nous séparer.
Alors lorsqu’arriva le dernier râle, j’étais là. L’infirmière lui enserra la tête avec une bande médicale et le médecin attesta de l’heure du décès. J’étais bien sûr sonnée. Dans un état second, j’allai régler les dernières formalités auprès de l’administration de l’hôpital. On me remit ses affaires personnelles.
Parmi ses papiers personnels, se trouvaient des lettres d’amour qui ne m’étaient pas destinées. Elle s’adressait à une certaine Maryline . Il y eut comme un bug dans mon cerveau. Je n’arrivais pas à mettre mes idées en ordre. Je ne comprenais rien à la situation.
Je m’assis dans un fauteuil de l’accueil de l’hôpital et lut les lettres les unes après les autres. Je ne pouvais détacher mon regard de ces mots qui devaient être pour moi, non pour une autre, une certaine Maryline. Mais qui était cette femme ?
Pendant un moment, je pensais qu’il avait peut-être un enfant quelque part dont il voulait cacher l’existence. Mais j’ai vite abandonné cette idée compte tenu des termes employés dans le courrier.
Alors je pensai que peut-être ces lettres n’étaient pas de lui. Mais je dus vite me rendre à l’évidence car bien que signées « ton lion rugissant » ou « ton ogre affamé », s’ensuivait le prénom de mon mari. Et puis, je reconnus son écriture…
Il s’agissait bien d’une femme et de lettres d’amour bien plus violentes que les petits mots dont j’estime, aujourd’hui, avoir eu l’aumône.
Mon mari avait bien une double vie !
Comment ne m’en étais-je point aperçue ? bien qu’âmes sœurs dans la vie, les moments de séparation inévitables que sont le travail et le sport laissent une certaine indépendance.
Je n’en croyais pas mes yeux. Je me demandais si je ne rêvais pas. La sidération était totale. Mais après quelques cafés corsés, mon esprit commença à s’éclaircir. Il me fallut du temps pour comprendre car j’étais dans la peine. J’avais vraiment cru perdre ma moitié, mon double, mon alter ego. Je croyais me sentir handicapée après une telle épreuve mais un autre sentiment commençait à pointer et c’était la colère.
Était-ce possible une telle situation ?
Qui était cette femme ? Qui était cette Maryline ?
J’allai jusqu’à embaucher un détective privé pour retrouver la jeune femme. Pendant les obsèques, aucune femme ne pouvait correspondre à cette bimbo. Nous n’étions pas nombreux, une famille plus que restreinte, quelques rares amis et voisins et quelques collègues de travail. Je ne voyais donc pas d’où pouvait venir cette fameuse rivale. Pour que mon époux, se sachant condamné, conserve ces courriers dans ses affaires personnelles, il fallait que la jeune femme aie une certaine importance.
Les investigations du détective ne menèrent à rien. Impossible de trouver Maryline ! Aucune femme ne s’était montrée depuis sa disparition et chez le notaire, rien ne portait à croire qu’il existât une femme cachée.
Je passais en revue et dans les moindres détails chaque papier trouvé dans le bureau de mon mari. Rien n’était jeté avant un examen minutieux. Aucune photo ne traînait au fond d’un tiroir. Qui était donc cette femme invisible ?
Toutes les semaines, je me rendais sur la tombe. Je me recueillais, j’arrangeais les fleurs qui fanaient au fur et à mesure et lui posais sans cesse la question : c’est qui cette Maryline ?
J’allais abandonner les recherches lorsque je pris conscience de perdre mon temps. Je me persuadais que si Maryline existait, un jour ou l’autre, je ferais sa connaissance. Mais cette femme m’avait volé mon chagrin, avait trahi mes illusions et gâché mon deuil. Mon avenir ne sera donc pas aussi morose que prévu. Je me sentais salie et spoliée. J’allais donc réagir. Je ne serai pas la loque triste et inconsolable que je pensais devenir.
Je serai la veuve joyeuse !
Aussitôt dit, aussitôt fait. Je m’inscrivis pour une croisière en méditerranée, le tour des îles grecques sous un soleil de plomb. Après ces temps difficiles de tristesse et d’abnégation, j’avais besoin de joie, de bonheur, de soleil, de gaité. J’étais servie. C’était la fête tous les soirs, les diners dansants entraînant des nuits sulfureuses et les journées étaient consacrées à réparer les maux de tête et à récupérer le sommeil manquant. Dans les brumes du matin, nous tanguions vers nos cabines en chancelant. Souvent nous nous retrouvions dans les cabines des voisins, ce n’était pas toujours une erreur, c’était notre subconscient qui inconsciemment nous y menait.
Je m’étourdissais. Le poids dans mon estomac s’allégeait au fur et à mesure du temps qui passe. Le changement de décor et l’abrutissement des activités eurent raison de ma peine. Je commençais à me sentir légère et ce sentiment venait de si loin.
Pourtant , à mon retour, la vie « d’avant » me revint en plein visage. Retrouver la maison, les souvenirs communs, le cimetière, avait ravivé ma peine.
Une fois installée, je me mis à trier le courrier. Dans la pile, parmi les lettres, il y avait un faire-part de décès d’une voisine du bout de la rue. Par politesse, je me rendis à l’adresse indiquée pour présenter, en qualité de voisine, mes condoléances à la famille. Sur une des photos trônant sur le buffet, qui ne vois-je, parmi les voisins… mon mari !
Que faisait-il ici parmi ces gens, sans moi ? J’appris que la défunte s’appelait Mary et mon époux Lyhn. J’avais l’explication, la résolution de l’énigme. Cette découverte complétait mes recherches. J’avais enfin compris. Mais une fois encore, j’avais été flouée. On m’avait aussi volé ma vengeance, même à titre posthume.
Que pouvais-je faire ?… rien !
Il était trop tard, pour tout le monde et à tous les points de vue.
Cette femme était déclarée malade en même temps que mon mari et l’a suivi de près dans la tombe suite à une maladie grave et incurable. J’en conclus que les petits mots de l’hôpital lui étaient peut-être destinés. J’en étais pour mes frais, j’avais du mal à accepter la situation. En fait, la maîtresse, si aimée de mon époux, habitait au bout de la rue et je n’avais pas vu plus loin que le bout de mon nez !
Des tas d

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents