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Description
Elle parle comme elle a vécu. Elle est intense, plaintive, revendicatrice, facétieuse. Le magnéto est allumé. Lui, en face, ne dit rien, sauf la première question qu’on n’entend pas : « Ça s’est passé comment ? ».
Tape recorder est le recueil d’une voix, d’une langue comtoise, pays de Montbéliard. Une langue qui se déplie et s’affranchit à mesure qu’elle s’invente. Ce qu’elle dit n’est pas la vraie vie, on n’en sait rien, on en saura que des indices, photos, rumeurs, névralgies du temps.
Le langage poétique la traverse. La poésie est une « langue de travers », comme on dit d’un vent de travers qui chahute incessamment l’esquif de la parole.
Un texte poétique sous la forme de la transcription d'un enregistrement audio d'une vieille dame qui évoque sa vie quotidienne et ses souvenirs. Electre
Sujets
Informations
Publié par | editions-tangerine-nights |
Date de parution | 24 mars 2020 |
Nombre de lectures | 0 |
EAN13 | 9791093275352 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
TAPE RECORDER
Patrice Cazelles
Collection Pourquoi pas la nuit
Editions Tangerine nights
46 Domaine du Vert Coteau
14800 TOUQUES
ISBN : 979-10-93275-16-1
EAN : 979109327161
ISBN NUMERIQUE : 979-10-93275-35-2
EAN NUMERIQUE : 979109327352
Préface
J’aime les gens goulus je veux parler de ceux qui ont de la gueule et de la gouaille ! Ceux qui s’en mettent plein les dents et les mains quand ils causent ! Ils éructent ils bavent ils novarinent ils nous laissent sur le carreau pantelant un peu sonné ! C’est qu’avec ces gens là on passe de la sidération à l’exaltation et une fois qu’on a pressé sur le bouton ON du tape recorder de Patrice Cazelles un tsunami de sentiments et de sensations vous submerge ! Il y a des vagues de tendresse avec ce qu’il faut d’amertume pour les déniaiser ! Teintés d’humour, on est traversé par des brassées d’amour pour cette vieille dame très digne. Je la vois assise dans son fauteuil rouge carmin ! deux petites pommes toute ridées à la place des joues et de longues mains effilées gainées de veinules bleues ! Elle souffle régulièrement sur une mèche blanche qui lui tombe sur les yeux et il m’est arrivé en un éclair de la voir à 16 ou 18 ans faire le même geste agacé et impatient devant la vitrine d’un grand magasin où elle n’entrera jamais. Merci à toi Patrice de nous faire revivre ces gens de peu ! Ils sont riches de tout ce qu’ils n’ont jamais eu et dont ils se fichent ! Grâce à toi je retrouve mes origines, je retourne aux fondamentaux ? Petite fontaine de jouvence cet air me trotte dans la tête et je m’en vais clopin-clopant les poings dans mes poches crevées ! Grâce à toi l’air est plus léger.
Jean-Louis Heckel.
La Nef - Manufacture d’utopies.
À Lotte
Parler n’est pas communiquer. Toute vraie parole consiste, non à délivrer un message, mais d’abord à se délivrer soi-même en parlant. Celui qui parle ne s’exprime pas, il renaît.
Valère Novarina
Notre Parole
TAPE RECORDER
Lecture pour l’oreille
C’était dans la cuisine, dans sa maison à Morsang. Ce jour là j’ai pu l’enregistrer. Je peux en parler. Voilà. J’écris comme elle parle.
Y’avait des lilas qui dépassaient dessus la porte… la pluie ? elle vient toujours d’par là… y’a du jour entre… ben il est tombé parce qu’il avait plus les roulettes… ben 2 fois, ce matin et pis hier aussi… j’ai rebouché une fois mais ça tient pas… dans la salle d’eau j’ai regardé dans la poubelle… pourquoi !?… c’est naturel c’est comme un b’soin… il faut, quoi !… faut qu’ça s’fasse… non, rien d’autre… t’as appelé ?… il a dit quoi ?! … (bruit de journal - froissement)… tu feras attention, y’a des pages qui manquent… si t’as oublié c’est qu’c’était pas grand chose… pour la salade c’est sous l’évier… va, allez !… faut s’dire ça… moi avec l’habitude j’y pense plus… non, j’ai pas oublié, mais tu t’y fais… à force de tournicoter ça dans sa tête… depuis des années, hein… c’est comme ça… t’es devenu comme tel… naturellement…
On les a trouvés comme ça l ’un sur l’autre… tout collé… non y’avait rien d’sus… des fleurs ? c’est pas un peu ? … non ? ben oui !… il en a mis partout… à l’hôpital mais sans lui… i’savent pas ou i’disent pas… tu sais comme ils sont… autrement on bricole… des fois oui… dans la tête… c’est l’impression comme d’être arrivé quelque part mais c’est qu’une impression seulement… on sait pas trop ce qu’on est ni où on est… c’est vague tout ça… mais on y va, c’est sûr… hé oui, c’est l’mystère d’la vie comme on dit… on a bien les sacoches un peu vides au fond…
J’l’ai r’vu la dernière fois c’était… oh ben ça r’monte… c’était du temps qu’la Jeannine elle était encore là… tu vois c’est pas d’hier (silence)… j’pense qu’on s’abrite derrière des réponses toutes faites mais… on est loin du compte en tout … hein ?… ça tu peux l’dire !…...