Voleurs de sang
169 pages
Français

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Voleurs de sang , livre ebook

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Description


Dans l’État de New York, la Confédération d’Hécate, société surnaturelle secrète, s’agite. Depuis quelques mois, des vampires disparaissent, de même que des humains marginalisés dont l’absence n’émeut pas grand monde.


Après une nouvelle disparition suspecte, Kaïva est envoyée avec ses deux frères sur les traces d’un informateur mystérieux. Elle se volatilise à son tour et se retrouve enfermée dans une cellule aseptisée aux allures de chambre de torture, où son sang est régulièrement ponctionné.


Affaiblie et perdue, Kaïva ignore tout du complot qui s’orchestre dans les ombres de la Confédération. Elle n’a plus qu’une idée en tête : sauver ses frères avec l’aide du vampire séduisant et caractériel qu’elle a secouru, et fuir loin de sa prison cauchemardesque.



Pourra-t-elle seulement agir sur la menace qui pèse sur son monde nocturne?



Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 mai 2023
Nombre de lectures 36
EAN13 9782492240409
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Voleurs de Sang




Cornelia Lioneli
© Cornelia Lioneli, 2022
© Éditions Octoquill, 2022
Pour la couverture
© Kloé Bennett
Pour les illustrations intérieures & la mise en page
© Inda Ashes Art
Pour la correction
© SD Correction
Le présent ouvrage est protégé par le Code de la Propriété Intellectuelle. De ce fait, toute reproduction partielle ou totale est interdite sans l’accord de l’éditeur et de l’auteur.
I l faut savoir quelque chose sur les vieux vampires. Quand ces derniers en ont marre de vivre et que leur existence devient aussi intéressante qu’un reportage en noir et blanc sur les dangers fantasmés de la zone 51, ils peuvent décider de s’endormir pour plusieurs années, décennies ou siècles.
Leur corps est enfermé dans une crypte dont la localisation n’est connue que de leurs enfants les plus loyaux. Ils ne peuvent être réveillés qu’en cas d’extrême urgence, type pluie de grenouilles, invasions de sauterelles ou arrivée de l’Antéchrist sur terre.
Ainsi, lorsque le vieux crouton émerge, il redécouvre son monde, dont l’histoire s’est généralement retrouvée marquée par quelques guerres, catastrophes et autres contes dont il se fera une joie de se nourrir.
Tu l’auras peut-être compris, mais je fais partie de ces anciens poussiéreux, si ennuyeux qu’ils n’ont d’intérêt que dans les milliers d’histoires qu’ils connaissent. Moi, quand je me réveille, j’aime lancer mon esprit dans la tête de mes congénères pour leur voler leurs souvenirs et découvrir ce qui les a fait vibrer pendant mon sommeil…
Et comme je suis une créature aussi affable qu’envahissante, tu me trouveras dans les notes de bas de page de ce récit, en train de donner mon indispensable avis.
N’est-ce pas formidable [1]  ?
Je suis incapable de bouger.
Ce n’est pas à cause des sangles en cuir rigide serrées autour de mes poignets, de mes chevilles et de mon crâne, ni même en raison de la lumière du jour qui m’affaiblit continuellement. Ce n’est pas non plus la faute de ma faim grandissante qui me cisaille les entrailles depuis ce qui me semble être une éternité, mais plutôt à cause du poison que l’on m’injecte dans les veines. Les rayons du soleil ne sont qu’un « plus » qui me clouent sur place d’épuisement.
Bientôt, je ne serai plus qu’une coquille vide, desséchée…
Ces salauds connaissent bien ma nature ; ils me forcent à dormir de nuit pour m’assommer davantage. Penser est le seul effort que je parviens à réaliser de temps à autre, quand j’arrive à sortir mon esprit de l’épais brouillard gris et étouffant qui le retient prisonnier.
Tout ce que je vois est flou ; je suis trop épuisée pour que mes yeux fonctionnent correctement. Rendue profondément myope par ma paralysie et par le sang qui m’est prélevé tous les jours, je ne perçois que des formes vagues et éthériques.
Parfois, il me semble reconnaître une tête blonde et féminine, qui me scrute. Comme elle n’est pas hostile, il m’est impossible de savoir si elle est réelle ou si c’est un mirage de mon cerveau malade, désireux de matérialiser un ersatz de présence rassurante.
***
Ils ont enfin arrêté de me torturer et de me poser leurs sempiternelles questions auxquelles je n’ai absolument pas prévu de répondre : « Qui t’envoie ? », « Pour qui travailles-tu ? », « Qu’est-ce que tu sais ? », « Qui d’autre sait que tu es là ? ». Ils m’ont trop affaiblie pour que j’aie la force de parler et leur horrible poison brûlant à la Belladone n’a pas suffi [2 ] à me faire céder.
Au moins maintenant, je peux simplement dériver comme un éclat de fantôme errant dans le néant.
***
Bien que perpétuellement piégée dans une désagréable torpeur, il m’arrive d’avoir des accès de colère et d’angoisse, notamment à cause de la faim. Ils se traduisent par des gémissements, ainsi que de vaines et faibles tentatives de tirer sur mes sangles.
Ces phases surviennent la nuit, quand la douceur de la lune me régénère légèrement, et font systématiquement paniquer mes geôliers. Pourtant, dans l’état dans lequel je me trouve, je serais bien incapable d’infliger un bleu à qui que ce soit. Un chaton serait plus dangereux.
Je les entends s’agiter et faire retentir une alarme stridente qui me vrille les tympans et attise ma colère au lieu de me calmer. À chaque fois, dans les minutes qui suivent, je perçois ce foutu liquide en intraveineuse revenir en force pour m’embraser le corps ; une véritable torture quand on sait que presque tous les vampires souffrent de pyrophobie.
L’instant d’après, je me sens de nouveau noyée dans mon étouffant brouillard gris.
***
Si je me sors de cet enfer, je vous jure que vous allez le payer.

Edwin Saldern
13 septembre 2015
— Avec tout le respect que je vous dois, Juge Howard, je ne peux pas envoyer une de mes pupilles sur les traces de votre sentinelle. Si elle n’est pas revenue, c’est que le danger est assez important pour faire disparaître un soldat entraîné sans laisser de trace, déclaré-je, tendu.
Je sais que je peux être bourré de défauts : orgueilleux, ambitieux à l’extrême, prétentieux, et même con, à l’image de mon paternel, n’ayons pas peur des mots, mais je ne suis pas assez fou pour sacrifier qui que ce soit pour un dessein tactique.
— Edwin, ce n’est pas une des magouilles politiques dont vous avez l’habitude. Vous le savez comme moi ; je suis très probablement surveillé et écouté parce qu’ils ont conscience que je me doute de quelque chose. Le but n’est pas de mettre des gens en danger, mais de collecter des preuves avant qu’il ne soit trop tard et qu’on ne puisse plus les arrêter.
Je réfléchis, cherchant une alternative, n’importe quoi, qui me permettrait de protéger les miens.
— Pourquoi suis-je l’un des seuls à être au courant ? demandé-je subitement.
— Car je vous fais confiance, Saldern. Je connais votre passé, je sais ce qui vous anime. Vous voulez vous débarrasser de cette image ingrate de renégat qui vous colle à la peau ; vous avez dédié votre vie à cette envie. Je sais que vous ne ferez jamais rien qui puisse troubler l’ordre de la Confédération. Malgré vos antécédents douteux, vous êtes l’un des vampires les plus fiables de mon entourage.
Je tente de ne rien laisser paraître à l’autre bout du fil, mais je suis touché et ma poitrine se gonfle. Je suis d’ailleurs surpris de sentir un peu d’humidité au coin de mes yeux. Le juge Howard me connaît depuis longtemps et il m’a bien cerné. Il a compris que je suis bloqué dans une sorte de fuite perpétuelle de mon passé et que je ferai tout pour obtenir des lettres de noblesse au-dessus de mon nom de famille.
— Très bien, rencontrons-nous…
***
Kaïva
14 septembre 2015
— Vous êtes prêt pour votre départ ? s’inquiète Edwin en passant la porte du manoir en trombe.
Lui qui, d’habitude, est toujours maître de ses émotions, est clairement préoccupé, anxieux. Ça ne lui ressemble pas.
— Oui, Edwin, dis-je.
— Le juge Howard nous a transmis les dernières coordonnées GPS de la sentinelle, ajoute Günter qui, même du haut de son mètre quatre-vingt-quinze, avec son crâne rasé, sa longue barbe fournie et son allure de golgoth, est loin d’être à l’aise.
Pour une raison que j’ignore, cette mission de reconnaissance met notre patriarche dans un état pitoyable. Edwin dissimule son inquiétude palpable derrière un agacement envahissant, je sens qu’il est à deux doigts d’abattre sur nous — ses « descendants » — sa colère.
Alors que j’attends ses reproches, rien ne vient. Il fait les cent pas dans le salon, passant sa main dans ses cheveux blonds, ses yeux bleu clair fixant un point dans le vide. Edwin est sur les nerfs et cela me peine bien plus que je ne le voudrais.
J’ai du mal à m’attacher à cet homme avec lequel j’ai grandi ; faire partie de la lignée des Saldern est loin d’être une sinécure. Edwin gère cette branche jeune et peu populaire. Depuis que je suis ici, je le vois se démener pour tenter de gravir les échelons et s’attirer la gloire de la Confédération d’Hécate, notre société cachée. Il a beau ne pas être placé bien haut dans la hiérarchie complexe de la CdH, son charisme lui a déjà permis d’obtenir quelques faveurs des Juges, vampires influents qui nous dirigent, comme le fait d’avoir autant de descendants.
Normalement, il n’est pas si aisé pour un vampire d’avoir un « enfant », et encore moins plusieurs. Pour ce faire, l’intéressé doit demander une autorisation auprès du Juge de son territoire, qui donne sa réponse en fonction de critères obscurs. S’il accepte, le futur parent a alors le droit de choisir un gamin sans attache, hébergé dans l’un des nombreux orphelinats appartenant secrètement à la Confédération. Le vampire l’éduque, lui apprend les règles de notre monde et le transforme entre ses vingt et ses quarante ans, en fonction de sa maturité… et surtout de sa volonté. En théorie, l’enfant a la possibilité de refuser et de rester un humain au service de la CdH, mais je ne pense pas que ce soit bien vu.
Généralement, le Juge le plus magnanime donnera son accord pour deux « descendants ». Edwin a réussi à en obtenir trois, par je ne sais quels moyens et pots-de-vin [3] . Le premier a été Günter, qui a été suivi de moi-même, Kaïva, puis d’Archie.
Nous avons tous été recueillis par Edwin, éduqués par ses soins ou par les précepteurs qu’il choisissait. On ne peut pas vraiment le qualifier de patriarche « chaleureux »… Je suis arrivée à l’aube de mes six ans, mais il m’a fallu quelques années pour réaliser que j’étais malheureusement tombée sur un péteux conservateur aux dents longues [4] . Enfin, j’exagère peut-être un peu. Quand j’étais plus jeune, je me souviens qu’il a essayé d’être plus proche de nous, puis il est devenu plus froid avec les années. Je n’ai jamais compris pourquoi et je crois que ça m’a blessée… [5] Je ne suis pas la plus objective en ce qui le concerne.
Edwin Saldern est un peu vieux jeu, il estime qu’il a tous les droits sur nous et que nous lui devons respect, obéissance et dévotion. Il se plaît d’ailleurs à nous rappeler régulièrement qu’il est le seul à pouvoir no

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