Enfants, Chercheurs et Citoyens
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Enfants, Chercheurs et Citoyens , livre ebook

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Description

« J'ai consacré ma vie à la physique. J'aimerais que tous les enfants aient la chance de satisfaire leur goût pour la recherche et de développer leur intelligence. J'ai découvert à Chicago, chez mon ami Leon Lederman, une méthode d'enseignement des sciences à l'école qui m'a subjugué. J'ai vu, à tous les niveaux, en physique, en chimie, en sciences naturelles et en mathématiques, des enfants qui expérimentaient avec joie, apprenaient les concepts fondamentaux à leur rythme, réfléchissant et discutant. Je voyais en gestation des êtres libres, capables de rechercher une vérité qui ne leur était pas assenée. J'ai voulu confronter des enseignants français du primaire et du secondaire à ces recherches qui ne se limitent pas à l'enseignement primaire. C'est leur regard critique et surtout leurs idées pour notre enseignement que j'ai rassemblés dans ce livre. » Georges CharpakGeorges Charpak est physicien, prix Nobel de physique, membre de l'Académie des sciences de Paris.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 1998
Nombre de lectures 2
EAN13 9782738174284
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

©  ODILE JACOB, NOVEMBRE  1998 15, RUE SOUFFLOT , 75005 PARIS
www.odilejacob.fr
ISBN 978-2-7381-7428-4
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
Sommaire
Couverture
Titre
Copyright
Introduction
Pollens
L’éducation, une barrière contre la barbarie
La fécondation mutuelle des recherches sur l’éducation
En France, un vent de réforme balaie de fond en comble l’enseignement
Première partie - Leon Lederman, un pionnier de l’enseignement scientifique aux États-Unis
Renaissance de l’éducation scientifique américaine - Un projet d’enseignement scientifique pour les lycées (juillet 1998)
Préambule
Introduction
Les besoins
Le paradigme organique de l’apprentissage
La classe idéale
Cursus scientifique au lycée
Le programme scientifique conforme aux normes : un modèle descriptif
La philosophie du projet
Les grandes lignes d’une stratégie
Éléments clés du projet
Quelques exemples illustrant le projet
Des mauvais exemples
Ce qu’implique la mise en œuvre
Conclusion
Appendice. Comportements du professeur et de l’élève
Deuxième partie - Perspectives ouvertes dans nos écoles et dans nos lycées
Les inédits de Vaulx-en-Velin - René Garassino, Yves Janin, Alain Midol et Renée Midol
« La Main à la pâte »
« La Main à la pâte » à Vaulx-en-Velin
Premier voyage d’étude aux États-Unis
Deuxième année d’expérience
Retour en Amérique
Conclusion
Histoire d’une rencontre - Marc Burgess, Daniel Mangili, Alain Maruani, Damien Polis
Rapports sur l’école : les paradis perdus
Ce que nous avons vu
Commentaire : simulations informatiques
Aspect du rêve américain : la toile
Autour de la pyramide de Leon
Le mentorat, c’est formidable !
L’organisation générale de l’école, les coûts
Omniprésente éthique…
La vie des étudiants, l’avis des étudiants
La communication
Une expérience grandeur nature (ENST, mai 98)
Programmes : les paradis à venir
Annexes
Troisième partie - L’expérience japonaise
Visite dans une école de Tokyo - Sophie Ernst
Un enseignement des sciences vivant, fin et profond
Des locaux et des moyens importants
Une polyvalence bien épaulée
Des manuels et du matériel bien faits
La collaboration avec les parents
S’inspirer et non copier
Conclusion
Éduquer nos enfants - Georges Charpak
Introduction

Pollens
Georges Charpak

Après avoir passé une bonne partie de ma vie à contribuer au déchiffrement de l’infiniment petit, je me suis trouvé confronté, âge et honneurs aidant, à la cité où j’évoluais. Ma famille, mes amis, mon pays, ma belle planète sont devenus plus visibles, plus palpables, exigeant soudain plus d’attention, lorsque je suis sorti du cocon de la physique pure qu’était mon laboratoire, le CERN, le Centre européen pour la recherche nucléaire. C’est un vaste vivier de quelques milliers de personnes, où se côtoient des chercheurs du monde entier, libérés de la plupart des barrières matérielles grâce aux moyens dont ils sont dotés. Libérés aussi des barrières politiques car, aux pires moments de la guerre froide, les liens ne furent jamais rompus entre les physiciens des hautes énergies. L’absence de toute application militaire ou économique visible a permis aux hommes politiques de préserver cette passerelle entre les élites scientifiques de régions ennemies, passerelle dont l’effet principal a été la contamination de nos collègues subissant des régimes totalitaires par les idéaux démocratiques.
Au plus fort de mon engagement professionnel, je me suis intéressé aux problèmes qui affectaient le monde. Les guerres, les révolutions, les persécutions rencontraient un écho même dans notre cocon. Lorsque je l’ai quitté, j’ai ressenti le besoin d’approfondir ma connaissance de quelques problèmes qui me paraissaient essentiels pour l’avenir. Et ce n’est pas un hasard si j’ai écrit avec R. L. Garwin, avec qui j’avais travaillé quand je suis arrivé au CERN, un ouvrage sur les problèmes du nucléaire civil et militaire , Feux follets et champignons nucléaires . J’avais pensé utile, en même temps que je développais mes propres connaissances, d’aider à éclairer un domaine dans lequel intérêts étroits et propagandes sectaires contribuaient à obscurcir les débats. J’attachais une grande importance à l’éducation, comme assise principale des sociétés démocratiques et aussi pour des raisons peut-être sentimentales. Arrivé de Pologne à l’âge de sept ans, d’une famille très modeste, j’avais pu bénéficier de l’instruction de la plus haute qualité qu’on pût alors trouver en France, sans jamais avoir à souffrir de l’impécuniosité des miens.
Mais aussi, pour des motifs rationnels, j’avais développé un sentiment d’horreur pour tous les intégrismes, tous les fascismes. Mon expérience m’avait appris qu’ils peuvent prendre toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Et je pensais qu’une bonne éducation largement répandue était le meilleur rempart à leur opposer. Quel devait être le rôle de la science dans cette éducation ? Je sentais qu’en raison du bouleversement que la science a apporté à la vie dans nos sociétés il fallait repenser son rôle dans l’enseignement donné à tous les citoyens. Ceux-ci ont vécu, pendant le siècle écoulé, un bourgeonnement extraordinaire de la science. Doivent-ils le considérer comme un bienfait ou un malheur ?
Pour ceux, fort rares, qui ont goûté aux fruits des nouvelles connaissances, ce fut une fête grisante. Pour ceux, très nombreux, qui ont vu leur santé, la qualité de leur vie s’améliorer, leurs richesses s’accroître, s’est ancrée l’idée que les bienfaits sont dominants. Pour ceux, en nombre considérable, qui ne sont pas adaptés aux modes de production nouveaux, aux relations sociales qu’ils imposent, l’intrusion brutale de la science, identifiée aux nouvelles technologies qu’elle a enfantées, est acceptée avec une sourde méfiance ou perçue comme une calamité.
Un certain aveuglement — qui se nourrit d’égoïsme, d’un sentiment de fatalité, d’une bonne conscience que les privilégiés dont l’avenir est assuré, du plus humble au plus nanti, ont toujours su se forger, ou faire forger par leurs penseurs — habite les premiers. Les seconds, les laissés-pour-compte, ceux que les changements condamnent à devenir plus pauvres, à quitter leurs terres, à perdre un statut social qui conférait de la dignité à leur vie, souvent difficile, rejettent souvent la science. Même si elle prolonge de dix ou vingt ans leur espérance de vie, grâce aux progrès de la médecine. Ce rejet les conduit parfois à tomber dans les rets d’idéologues qui ont su forger, avec un art consommé, un obscurantisme moderne aux mille facettes, mystiques, politiques ou scientistes.
Mais ces deux humanités vivent sur la même planète et doivent se frotter l’une à l’autre. Le siècle écoulé a vu se dérouler les plus gigantesques tueries de l’histoire. La vie de dizaines ou de centaines de millions d’humains a été une longue géhenne et n’a guère été adoucie par l’épanouissement des sciences.
À l’échelle des nations, on trouve des structures de solidarité qui visent à atténuer les disparités excessives entre les niveaux de vie. Elles sont devenues inadéquates. Il se crée dans les pays les plus riches des groupes de plus en plus étanches exclus d’une vie digne. La seule façon de faire machine arrière est d’empêcher que les enfants nés dans ces groupes ne sombrent eux aussi dans une exclusion irréversible. S’ils s’installent en permanence dans une vie misérable, ils se forgeront une culture étrangère et hostile à celle qui baigne la société où ils doivent vivre. Et c’est à un rythme endiablé que chaque décennie, puis chaque année, les technologies nouvelles viendront nous rappeler l’urgence d’adapter la société humaine à sa créativité galopante.
La violence qui naîtra de ce divorce rendra fragiles des structures démocratiques chèrement conquises, considérées comme acquises pour toujours et totalement inadaptées aux nouvelles relations sociales. L’évidence de ce constat a conduit depuis des dizaines d’années des éducateurs de nombreux pays à vouloir faciliter l’intégration sociale des enfants de toutes conditions par un enseignement profondément renouvelé dans ses méthodes, ses objectifs, son ambition.

L’éducation, une barrière contre la barbarie
J’ai eu le privilège, il y a six ans, d’être entraîné par mon ami Leon Lederman — qui m’a recruté au CERN il y a quarante ans — dans l’aventure qui est devenue la passion de sa vie : une réforme de l’enseignement donné aux enfants à l’âge tendre, de cinq à douze ans. Il ne s’agissait pas simplement d’introduire une somme de recettes scientifiques dans le cerveau des enfants ou des adoles cents, mais d’utiliser leur immense et insatiable curiosité naturelle pour les conduire, par une démarche active, soigneusement élaborée par des scientifiques et des éducateurs, à l’approche du réel tout en apprenant — aspect crucial de la méthode — à communiquer oralement entre eux, à lire et à écrire, en assimilant l’art de raisonner qui leur sera un outil précieux pour se frayer une voie dans la société et pour relever ses défis changeants et inattendus.
Ma conviction a été forgée en une journée en voyant, dans un ghetto de Chicago, des enfants aux yeux pétillants de plaisir découvrir le monde et ses lois en manipulant des objets simples, bien choisis, en discuter entre eux puis av

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