Cabossé
48 pages
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Cabossé , livre ebook

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Description


Toujours croire en sa bonne étoile...




Cela fait plus de trente ans que l’auteur a découvert son homosexualité un jour d’été sur une plage. Aujourd’hui, il approche la cinquantaine et il regarde le chemin parcouru avec nostalgie et émotion. Certes, sa vie amoureuse a été chaotique et parsemée d’embûches, mais il a cru résolument en sa bonne étoile. Dans son essai autobiographique, il raconte avec pudeur et sincérité la quête sentimentale de l’être aimé et du bonheur. Cabossé par les épreuves de la vie, l’auteur délivre dans son récit un message d’espérance pour les jeunes générations, luttant contre les stéréotypes et toutes les formes d’intolérance.



Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 09 juin 2021
Nombre de lectures 1
EAN13 9782381535944
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Cabossé

 
La SAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires de production participant à la réalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pour responsables de quelque manière que ce soit, du contenu en général, de la portée du contenu du texte, ni de la teneur de certains propos en particulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu’ils produisent à la demande et pour le compte d’un auteur ou d’un éditeur tiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité

Thierry CAZENAVE
Cabossé


 
À mon père
 
Avant-propos
Chambourcy, église Sainte-Clotilde
Je regarde la foule compacte des gens anonymes sur le parvis de l’église. Le ciel est lourd et sombre. Proches et amis sont réunis pour rendre un dernier hommage à Christian. Assis au dernier rang, j’attends le début de la cérémonie. Je ne connais presque personne dans l’assistance. Cette communion de cœur et d’esprit m’émeut, tant le recueillement est digne et le silence impressionnant. Pas de cris, pas de pleurs. Juste une émotion palpable et sincère.
Le visage baissé, je me remémore tous les moments heureux passés avec Christian. Nous nous sommes rencontrés il y a seulement deux ans. Christian venait régulièrement visiter les grands-parents de son épouse, qui séjournaient dans la même maison de retraite que ma mère. Je n’avais pas le moral à cette époque. Après plusieurs hospitalisations en unité psychiatrique, Maman restait prostrée des journées entières dans son fauteuil roulant. Totalement apathique. Presque sans vie.
Je venais la voir tous les jours et je vivais toujours le même enfer. Ma mère ne m’adressait plus la parole, exprimant sûrement une souffrance et un mal-être profonds. J’étais en plein désarroi, incapable de nouer le dialogue. Témoin un jour de cette scène, Christian s’est approché de moi en me disant : « J’ai appris que tu es originaire du Sud-Ouest ; nous allons bien nous entendre car je suis né dans le Gers ».
En un instant, il a su trouver les mots pour me détourner de cette triste réalité. Cet échange furtif et sincère m’a profondément ému. Il m’a apporté le réconfort dont j’avais réellement besoin. Je nourrissais alors une culpabilité tenace, celle d’un fils blessé et meurtri face à tant d’injustice. J’ai fait ensuite connaissance avec Christian et nous sommes devenus naturellement amis. Christian était la joie de vivre incarnée, empreint d’une bonne humeur communicative et bienveillante.
Il avait certes ce tempérament bien trempé, ce caractère affirmé des Gascons aux convictions solidement chevillées au corps. Mais son regard doux et rieur vous enveloppait d’une infinie tendresse. Il était un bon vivant attachant et authentique qui aimait festoyer et partager des moments heureux avec ses amis. Il appartenait à cette famille de cœur, celle des belles personnes généreuses et attentionnées.
Christian était un peu ce frère que je n’ai jamais eu, ce confident à qui j’ai raconté ma vie. Puis le destin s’est soudainement brisé. Je me rappelle encore son coup de téléphone alors qu’il sortait du cabinet de son médecin. Ce triste jour de juin est resté gravé dans ma mémoire. Christian était en pleurs, totalement brisé et abattu. Il a eu juste la force de me dire ces mots d’une voix tremblante : « J’ai un cancer, je suis foutu ».
C’était comme une lame de fond qui vous emporte et vous fait chavirer vers les profondeurs. Même si j’ai ressenti alors une émotion incroyable, j’ai essayé à mon tour de l’apaiser, de le consoler à distance. Je n’ai eu de cesse ensuite de lui apporter tout mon soutien dans ce combat qu’il a mené avec un optimisme acharné et inébranlable dans la vie. Il a gardé la foi jusqu’au bout de ce chemin jonché de souffrances terribles.
Dans son homélie, le prêtre a rappelé que Christian était parti trop tôt, laissant trois beaux enfants et une épouse dévouée. Il a également souligné le courage exemplaire dont il a fait preuve pendant ces mois interminables. Alors qu’il était gravement malade, Christian me disait souvent que j’étais très courageux d’assumer mon quotidien lourd et difficile sans jamais me plaindre. Il savait écouter et rassurer avec bienveillance.
Mais qu’est-ce que le courage ? J’ai lu un jour cette citation de Georges Clemenceau qui définit assez fidèlement ma conception : « Il faut savoir ce que l’on veut. Quand on le sait, il faut avoir le courage de le dire. Quand on le dit, il faut avoir le courage de le faire ». C’est devenu au fil du temps ma manière d’être, symbolisant parfaitement ce que je pense de la valeur courage, trop souvent raillée, voire galvaudée dans notre société. La perte trop brutale de cet ami me donne aujourd’hui le courage d’écrire, de raconter ma vie.
L’écriture est certes un moyen d’exprimer mes sentiments mais elle est aussi un refuge rassurant. Elle est enfin un exutoire à ma colère, me permettant de dire ce que je pense. Ce livre est le récit de la vie d’un homme qui a traversé des épreuves, vécu des aventures amoureuses. Une histoire que je dédie à tous les lecteurs anonymes qui s’y reconnaîtront peut-être. Que je dédie à toi Christian qui me donne la force et le courage d’écrire. Repose en paix.
 
1 — Beau ciel de Pau
Pau, clinique les Érables
Il n’y a pas un nuage dans le ciel. Ce premier dimanche de l’année est exceptionnellement ensoleillé. Les vitres entrouvertes de la chambre laissent entendre au loin les cris et les bravos des supporters d’un match de rugby. Yvette et Robert sont aux anges. Leur petit vient de naître. Après dix ans de mariage, cet enfant tant désiré est enfin arrivé. L’accouchement s’est bien déroulé. Même si la fatigue est bien présente, le visage des deux parents émerveillés s’illumine tout à coup d’une joie indescriptible.
Jamais ils n’auraient imaginé qu’un jour le miracle allait se produire. Deux fausses couches avaient laissé avec le temps peu d’espoir d’une fin heureuse. Ces épreuves les avaient rendus malheureusement incrédules, attendant en vain un signe du destin. Le docteur Bugniard y croyait pourtant et il avait raison. Nous sommes le dimanche 7 janvier 1973 et il est quatre heures moins cinq très précisément. La vie du petit Thierry commence alors. C’est le début de ma vie et de mon histoire.
L’évocation de ma naissance m’émeut profondément encore aujourd’hui. J’ai conscience que mes parents ont fait preuve à la fois de courage et d’obstination. Je crois sincèrement que cette volonté farouche d’avoir un enfant a été le socle de leur amour pendant quarante ans. J’éprouve un fort sentiment de reconnaissance envers ce médecin. Je ne l’ai pas connu, je ne l’ai jamais rencontré. Mais il a su trouver les mots pour convaincre mes parents d’y croire.
Enfin, c’est le commencement de notre vie de famille et cela explique à mes yeux l’amour profond qui m’unit à eux. Je suis fils unique. Mes parents n’ont eu de cesse de m’assurer de toute leur affection, de m’accompagner avec la plus grande attention, de me gâter, de me chérir avec une tendresse infinie. Ils m’ont aussi transmis des valeurs et des principes. Le respect des différences, la tolérance, la générosité. Je ne les remercierai jamais assez.
Papa était l’aîné d’une famille de cinq enfants. Dans nos moments de complicité, il me parlait souvent de l’éducation stricte, des méthodes à la dure de mon grand-père. L’ordre et la discipline ont marqué par mimétisme également mon enfance. J’avais parfois la désagréable impression que Papa dirigeait un peu trop autoritairement ma vie. Il m’a néanmoins apporté une forme de droiture bien utile aujourd’hui et je ne lui en ai jamais tenu rigueur.
Papa a fait toute sa carrière professionnelle dans la même entreprise. Il a intégré l’école de formation à l’âge de 17 ans puis a gravi les différents échelons jusqu’à devenir agent de maîtrise. Il était très fier de son parcours. Il le vivait comme un aboutissement. Il aurait d’ailleurs bien voulu que je suive son chemin mais le fils rebelle avait du mal à comprendre cette fidélité tenace et ce sentiment d’appartenance à l’entreprise dont mon père se targuait souvent avec malice.

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