La Rivière Orangée

Marie Cath Geslin Illustré Par Laureline Blanc-Gonnet

Description

« [...]

— Vous rendez-vous compte que ce Cvetan est un inconnu ?

— Bien sûr, répliquèrent les autres, en éclatant de rire.

— Je VEUX dire, ajouta Jozsef en insistant sur le verbe, qu’il est impossible de rencontrer un inconnu en Zatvorie. Nous sommes dans une vallée d’où personne n’est jamais sorti, ni entré depuis la nuit des temps à cause de la terrible légende. Réalisant le bien-fondé des propos de Jozsef, les enfants se rapprochèrent les uns des autres et tournèrent leur regard effrayé vers la mystérieuse Rivière Orangée. »

Le conte de La Rivière Orangée s’adresse plus particulièrement aux adultes, qui liront l’ouvrage à un jeune public. Toutes les mécaniques du conte qui forgent le petit d’homme en homme y sont présentes : une histoire enchâssée dans l’autre, des formules magiques, une sorcière, une bonne fée, des princes, des princesses, des méfaits, la réparation des méfaits, la bravoure, l’interdit, la fidélité, la peur, l’amour, le bonheur. La force de ce conte tient en deux items : les émotions, véritables acteurs de cet ouvrage, et l’illustration, peu présente, laissant de ce fait libre cours à l’imaginaire. Christian D., ami d’enfance de l’auteure, a permis à celle-ci de rencontrer Laureline Blanc-Gonnet, l’illustratrice, pour qui ce sera une première expérience.

Sujets

• Juvenile Nonfiction
• Jeunesse

Informations

• Publié par: Edilivre
• Date de parution: 12 juillet 2018
• Nombre de lectures: 1
• EAN13: 9782414248810
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

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ISBN numérique : 978-2-414-24879-7

© Edilivre, 2018
Chapitre 1 Naissance et enfance d’Elena
C e matin-là, la douce fée Mandarine décida d’apporter le bonheur au sein d’une gentille maison. Avec la complicité du soleil, elle fit se lever le jour plus tôt qu’à l’accoutumée. La lumière de l’aurore vint caresser un à un les toits de chaume. Tandis que les doigts fins de Mandarine ouvraient avec délicatesse chacune des fleurs de la prairie, le village entier resplendit dans son manteau de lumière orangée. Les fenêtres de chaque maison scintillaient de mille éclats, sous les rayons irisés du soleil levant. Comme si tous les diamants de l’univers s’étaient réunis pour accueillir dignement de leurs brillances conjuguées, cette journée particulière. Ce jour-là, donc, la petite ville sortit de la pénombre pour s’épanouir à la fraicheur de la rosée matinale, telle une sublime parure de joyaux étincelants.

Bénissant la demeure choisie, la fée donna naissance à une adorable petite frimousse. Les jeunes parents, Francisko et Ermina penchés au-dessus du berceau orné de fines dentelles, rayonnaient de bonheur. Le papa et la maman souriaient à ce petit ange blondinet. Leur enfant.
– Elle s’appellera Elena, dit Ermina en caressant avec amour la joue du bébé. Les habitants du village au grand complet se rassemblèrent pour admirer l’enfant. Et c’est au milieu des bruits quotidiens de la joyeuse bourgade, qu’Elena fêta son premier jour sur la terre de ses ancêtres, la Zatvorie, située aux confins du pays, dans une vallée où s’étalait paisiblement un cours d’eau très mystérieux : la rivière Orangée. Cette rivière s’échappait selon toute vraisemblance d’une forêt épaisse que l’on distinguait au loin ; et, en arrière, se dressait, telle une muraille infranchissable, les hautes cimes enneigées des montagnes que nul n’avait franchi par crainte d’une légende malveillante. Malgré tout, chacun des habitants de la vallée restait enjoué et insouciant sachant que leur sécurité et leur bonheur était entre les mains de la bienveillante fée Mandarine. Ainsi Elena n’avait plus qu’à grandir en toute sérénité, pensait-on au village, sans se douter un seul instant de ce que serait la destinée de cette petite fille.
Le gracieux poupon faisait chaque jour davantage le ravissement de ses parents. Les jours et les nuits se succédaient doucement, dans un bonheur sans faille. Ses quatre ans en poche et son air décidé clairement affiché, Elena n’hésitait plus à se faufiler entre les étalages du magasin d’Ermina et de Francisko. De nature créative et rêveuse, elle passait le plus clair de son temps à admirer les riches étoffes multicolores de la boutique et à se fabriquer un monde imaginaire. Devenant une princesse orientale, elle voyageait sur de somptueux tapis volants au-delà des cimes glacées interdites. Pour ce faire, la petite fille se parait de brocart, de soie fine et de dentelle ornée de fils d’or. Puis elle avançait majestueusement avec l’assurance d’une impératrice, sous le regard ébahi des femmes venues faire quelques achats pour leurs futurs vêtements. Ermina fronçait quelque peu les sourcils afin de marquer sa désapprobation, mais que faire face à ce minuscule nez retroussé et à ces yeux verts rieurs, sinon… sourire ! Le lendemain Elena changeait les décors de son théâtre de rêve. C’est ...