Le silence de l’Orque
348 pages
Français

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Le silence de l’Orque , livre ebook

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Description

Fuir la guerre est inutile, où que l’on parte, elle vous rattrape. Elldyr et sa famille le comprennent à leurs dépens, dans la caravane de chariots à la recherche de nouvelles terres.
Mais la peur n’est pas seule à régner. L’invisible murmure à Elldyr une autre réalité, plus vaste, plus riche. Entre imagination et vraie perception, Elldyr, avec son ami Aïdan, se bâtit un monde aux règles secrètes. Ce qui semblait être un jeu d’enfant se transforme en une formation guerrière, et la confrérie secrète que le héros crée avec des adolescents de son âge grandit en force. Quand Elldyr reçoit la révélation de sa mission, il est stupéfait. La charge dépasse tout ce qu'il aurait pu imaginer : toucher la tête de l’ennemi et rendre l’espérance à tous ceux qui avaient courbé l’échine devant les armées de Siorus.



Dessin de couverture : Anne Karine (AKA)

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 octobre 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332976031
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-97601-7

© Edilivre, 2015
I
– Il était une fois…
L’enfant interrompit sa mère, se mit à gigoter, cherchant la meilleure manière de s’installer dans sa peau de renne et, lorsqu’il l’eut trouvée, ne bougea plus. Il la regarda alors, qui attendait assise à côté de lui.
– Continue.
– Il était une fois un esprit qui ne trouvant pas la paix, errait au milieu des forêts. Triste et cherchant à prendre place dans le corps des animaux, il entra dans le corps d’un écureuil qui, ne pouvant pas supporter une si grande peine, mourut sur-le-champ. Il voulut alors entrer dans le corps d’un oiseau mais l’oiseau se mit à pousser un cri de désespoir et mourut à son tour. Il chercha alors refuge auprès d’un lapin qui, terrifié à son tour, se mit à courir en tous sens avant de tomber entre les crocs d’un loup, ce qui accentua encore la peine de l’esprit errant. En désespoir de cause, il voulut entrer dans le corps du loup, mais celui-ci se mit à grogner férocement en fixant les étoiles et ne se laissa pas faire.
– Pourquoi il était triste ?
– Il était triste parce qu’un jour, marchant sur le chemin qui le menait à la maison d’Anwen la Très-Belle, les mains pleines d’un bouquet de ses fleurs sauvages préférées et confiant qu’elle accepterait sa demande en mariage, il ne remarqua pas le piège de Braith l’envieux qui n’avait pas supporté la venue de ce prétendant. Avec des hommes à sa solde, il le tua sur le bord d’un chemin creux et l’enterra sur place. Peu de temps après, Braith alla faire sa demande en mariage à Anwen qui, ayant attendu en vain la seule demande chère à son cœur, se croyant délaissée, de tristesse, accepta. Le jour des noces fut fixé. Braith reprit alors avec sa promise le chemin sur lequel il avait attendu et tué l’autre prétendant. Ils partirent rejoindre l’église du village voisin où les attendait la cérémonie. Arrivés dans le chemin creux, Anwen remarqua entre les arbres un monticule de terre entouré, telle une couronne, d’un parterre de fleurs sauvages, de celles qu’elle aimait le plus. Elle voulut s’arrêter un instant mais Braith reconnaissant le monticule fut saisi d’un frémissement. Anwen alla voir de plus près mais Braith tenta de l’en dissuader, prétextant qu’ils étaient attendus à l’église.
– Ces gens attendront bien un instant, puisqu’il s’agit de nous unir pour la vie, répondit-elle.
Elle s’approcha de la bordure de fleurs et contempla ce grand cercle coloré qui semblait embrasser le monticule solitaire. Se tenant à distance, Braith lui assura qu’au retour, il lui cueillerait un grand bouquet, si elle le désirait.
– Il serait triste de toucher à ces fleurs-ci, je ne souhaite pas que vous le fassiez, répondit-elle.
Elle pénétra dans le cercle. Les fleurs qui se courbaient à l’approche de ses pas caressaient le bas de sa robe. Pendant un moment, elle crut reconnaître dans leurs senteurs et leurs couleurs le regard de l’absent qui n’était jamais venu la chercher. Braith l’appela, lui promettant de faire planter devant leur maison des fleurs encore plus belles que celles-ci.
– Cet endroit ressemble à un rêve, et je ne connais aucune fleur, plantée par vous, capable de transformer ainsi un lieu. C’est comme si une église invisible y était bâtie.
Elle arriva au monticule sur lequel poussaient quelques fleurs délicates aux tons jaunes et violets, en caressa la surface, puis se coucha sur ce lit coloré et contempla les voûtes mouvantes des branches des arbres au-dessus d’elle. Braith avança jusqu’à la lisière du cercle de fleurs et lui enjoignit de se retirer de là.
– Pourquoi ? demanda-t-elle. Il règne ici une paix que je n’ai connue nulle part ailleurs.
Elle leva la main et, d’un geste lent, sembla caresser quelque chose dans l’air.
– Sentez-vous ces tiges dansantes ? Ici se dressent, telles des fleurs d’ipomées, des cheveux qui s’enlacent et montent. Les voyez-vous ?
– Je ne vois rien de ce que vous dites, ma très chère. Je ne vois que l’air.
– Elles prennent racine dans ce monticule. Voyez comme elles traversent mon corps pour s’élever. Ce lieu n’est-il pas étonnant ?
– Je ne sais que vous dire. Vous semblez voir des choses qui ne sont pas.
– Ce lieu me rappelle quelqu’un…
– Allons ma chère, il n’y a personne ici.
– Ce n’est pas ce que j’entends. Le souvenir d’un être dont je ne vous ai peut-être jamais parlé, me revient. Un être dont j’ai attendu la demande. Il se nommait Caerwyn.
– J’ai… vaguement entendu parler de cette personne. Un être sans valeur, m’a-t-on dit.
– Comment pouvez-vous dire cela ?
– Un de mes fidèles amis m’a raconté l’avoir entendu un soir dans une taverne, se vantant de pouvoir vous conquérir, mais disant préférer acheter un navire et prendre le large en quête de fortune. Depuis, on ne l’a plus jamais revu.
Anwen figea le mouvement de sa main puis laissa redescendre son bras. Son regard s’emplit d’amertume pendant qu’elle fixait Braith qui confirmait son récit à force d’arguments. Elle se redressa, erra un temps parmi les fleurs et quitta le cercle. Elle baissa la tête et ils reprirent le chemin de l’église.
– Et ensuite ? demanda l’enfant.
– Demain je te raconterai la suite.
– Anwen va comprendre ?
– A présent, je veux que tu dormes. Si tu dors bien, demain tu le sauras.
– Elle va se marier ?
– Elle n’y échappera pas.
– Mais pourquoi elle fait ça ?
– Par tristesse.
– Et c’est tout ?
– Non, ce n’est pas tout. Patience…
L’enfant s’enfonça dans sa peau de renne et ferma les yeux. La mère resta un moment près de lui tout en contemplant le foyer de braises au centre de la tente puis, s’étant assurée que l’enfant dormait, elle se leva, rejoignit son mari dans leur couche et se colla à lui en soupirant.
– Tu ne changeras donc pas, murmura-t-il, de raconter à notre enfant des histoires tristes d’esprits errants.
– Il est bon que je les raconte, justement à lui. Il pourra les comprendre.
– Ne fais pas tant de différences entre les enfants.
– Je les aime tous autant, mais lui peut saisir des choses que les autres ne comprendront pas. Mon devoir est d’en tenir compte.
– Es-tu bien sûre, femme, de connaître ton devoir ? fit-il avec un sourire, pendant que sa main explorait les courbes qui lui étaient chères.
– Et toi, es-tu sûr de pouvoir l’accomplir avec honneur ? lui répondit-elle avec un air amusé de défi.
– Tu me provoques, chuchota-t-il, tandis qu’il s’unissait à son corps chaud.
– Elldyr, réveille-toi.
L’enfant ouvrit deux petits yeux pendant que sa mère, penchée sur lui, caressait sa tête.
– Le soleil n’est pas levé, marmonna-t-il.
– Non, mais nous allons plier la tente et reprendre la route sans tarder. Peut-être arriverons-nous demain soir. Alors tu pourras te reposer.
Elldyr se leva en baillant pendant que Yorath, son père, desserrait déjà les cordages de la tente. Avec ses petits bras, Elldyr plia les peaux de sa couche et les ficela pendant que ses parents arrimaient les barres de bois et les grandes peaux qui recouvraient la tente sur le cheval le plus robuste. Les ustensiles de voyages furent fixés sur le second cheval. Les traces du foyer effacées, ils reprirent leur marche sous un ciel qui bleuissait lentement.
La plaine s’étalait devant eux, si monotone que le temps lui-même semblait figé. Le soleil rasait encore les collines lorsque Brunwenn, la mère, remarqua entre les herbes des petits mouvements trahissant la présence de lapins. Elle fit discrètement signe à son mari qui, saisissant son arc, se détacha de la colonne et s’en approcha. Elldyr voulut le suivre, mais son père lui fit signe de rester avec les chevaux. Lorsqu’il fut assez près, Yorath banda son arc, choisit sa proie sans se presser, et d’une flèche la foudroya. Fasciné par la précision du coup, Elldyr rejoignit son père et voulut prendre l’arc. Amusé par sa réaction, Yorath le lui tendit en disant :
– Il est trop dur pour toi.
Elldyr tendit l’arc du mieux qu’il put, imaginant avoir une flèche, et visa le lapin abattu, mais la corde résista et ses mains tremblèrent sous l’effort. Yorath alla chercher l’animal, regarda autour au cas où une autre paire d’oreilles imprudentes ne gambaderait pas encore entre les herbes, mais ne vit rien. La marche reprit sans interruption jusqu’au soir.
Ils mangèrent peu. Sentant le froid et la fatigue le gagner, Elldyr s’approcha un peu plus du foyer. Sa mère remarqua ses yeux fatigués et lui ordonna d’aller dormir. L’enfant se leva, s’approcha d’elle et tira doucement la manche de son vêtement, pour l’emmener avec lui. Elle obéit, le suivit jusqu’à sa couche et le couvrit soigneusement. Mais il ne voulut pas fermer les yeux.
– Raconte.
– Tu es trop fatigué. Je te raconterai une autre fois.
– Non, je veux que tu me racontes.
– Bon… Juste un peu, et après tu me promets de dormir.
– D’accord.
– Où en étions-nous…
– Anwen allait se marier avec Braith l’envieux.
– Ah, oui… L’esprit vit alors qu’il ne pourrait plus la retenir car, d’un mensonge, Braith avait brisé la volonté de son aimée. Il abandonna le cercle où, une dernière fois, il avait pu la serrer contre lui, et se mit à errer sans but. Il atteignit la mer sur laquelle il glissa un temps. Devant lui une grande masse sortit alors de l’eau pour respirer. Ses mouvements étaient beaux et calmes. Il vit que c’était un être de bonne nature qui apparaissait là. C’était une baleine, il la salua.
– C’est quoi, une baleine ?
– C’est comme un poisson, mais très, très gros. D’un mouvement de nageoire, la baleine lui rendit son salut. L’esprit lui demanda la permission de prendre une petite place discrète dans son corps et de l’accompagner dans son voyage. En signe d’acquiescement, la baleine tourna longuement sur

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