Les Salamandres
84 pages
Français

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Les Salamandres , livre ebook

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Description

Léonora, 17 ans, arrive dans un internat en région parisienne. Cette année, elle doit passer son bac. Mais elle se demande s'il est possible d'avoir son examen avec des parents divorcés et un père absent. Léonora prend conscience que son mal-être et ses relations dévastatrices ne sont pas uniquement liés à une dépression adolescente passagère...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 avril 2020
Nombre de lectures 1
EAN13 9782414448357
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194 avenue du Président Wilson – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-44834-0

© Edilivre, 2020
« Dans la vie on ne fait pas ce que l'on veut mais on est responsable de ce que l'on est . » Jean-Paul Sartre
 
 
        Selon moi, mes parents sont divorcés depuis toujours. En réalité, ils le sont
depuis que j’ai six mois.  J'ai dix-sept ans. Début du mois d’octobre. Internat du
lycée, étage des filles.
J’ouvre les yeux mais je n’arrive pas à percevoir si c’est encore la réalité qui m’entoure. Les murs sont blancs, vraiment blancs. Je découvre la pièce. Petite, carrée, vide. Tout semble vide sans les parents. J'ai des vertiges. Je tourne mon regard ailleurs. Le volet blanc de la fenêtre est levé. Cette lumière généreuse, je n’en ai pas l’habitude. La clarté du soleil vient illuminer mes cuisses dénudées. Je ne crois pas que j’attendais ce réveil. Je réalise que j’ai réussi à dormir dans un lit qui grince et sur un matelas maigre et peu confortable. Je cligne plusieurs fois des yeux. Des formes tourbillonnent et viennent troubler mon champ de vision. Les images chimériques basculent, et mes idées se bousculent… Mon esprit s'éveille. Je suis à l'internat depuis hier. J’ai mal à la tête, mon corps est lourd. Cette nuit a été partiellement réparatrice. Les médicaments que je m'administre sont censés soigner les maux de l’esprit. J'ai acheté ça à la pharmacie,  À base de plantes, contre le stress et les insomnies . Tout ça pour obtenir un sommeil intact. C'est ça la réelle quête de santé ?
Je sors du lit doucement, ma pensée est engourdie. Je marche un peu. Dans la petite chambre il y a un lit, un bureau et un lavabo. Un grand miroir au-dessus du lavabo. Mes jambes frôlent ma valise installée par terre sur le revêtement bleu-gris du sol. C’est pas très beau ici. Je m’approche du lavabo. Cheveux ébouriffés, teint endormi. La pâleur de ma peau fait ressortir mes yeux verts foncés. Une masse de cheveux châtains indisciplinés, longs. Pas assez longs pour toucher mes fesses mais suffisamment pour cacher mon buste. 49 kg de tourment et 168 cm d'amertume. Et de l'acné. J'ai des gros boutons douloureux sur les joues. Vêtue uniquement d’un débardeur beige et d’un tanga blanc, je commence à ruminer en pensée. Plus j’avance dans l’âge, et moins j’ai envie de continuer cette vie. Quand on a dix-sept ans, on est arrivé à la fin de sa vie. Je veux dire, je ne vois pas ce que je pourrais vivre d’autre. D’abord, il y a l’enfance, puis l’âge de raison vers dix ans et enfin l’adolescence. Pendant l’enfance, on ne sait pas, à l’âge de raison on prend conscience, et à l’adolescence on ne veut plus savoir. La boule au ventre est là, bloquée au milieu de mon être. Je n’arrive pas à la faire partir. Ça ne fait pas mal mais ça me fait souffrir. L’impression que l’on m'essore en contractant mon estomac, qu'on appuie très fort au centre de mon anatomie. Je soupire, trouver une idée, m’accrocher à autre chose... La douche. Je vais aller prendre une douche. Je m’enroule dans une serviette de bain, j’embarque la clé, mon téléphone portable, mon gel douche arôme vanille et mon shampoing à l'huile extraordinaire. Je ferme la porte couleur saumon de ma chambre, il y a un écriteau dessus. Un numéro plus exactement : le 3. J’occupe la chambre 3.
Soudain, une voix derrière moi :
     « Bonjour Léonora. »
Une surveillante se tient là. Brune, joviale, style babacool. Elle a un pantalon ample assorti d’un pull de toutes les couleurs.
« Bien dormi ? N'oublie pas qu'il faut être à sept heures et demie dans le réfectoire pour le petit déjeuner. »
Son sourire est presque communicatif.
« Bonjour… Heu... C'est où déjà ?
— Alors, fait-elle distinctement, tu prends les escaliers, tu descends au rez-de-chaussée et tu vas à gauche. Si tu as un problème, n'hésite pas à venir me voir. Tu vas te doucher ? Il est déjà sept heures vingt… »
Un temps. Celui où les informations gagnent du terrain dans le système nerveux pour parvenir à l'assimilation.
« D’accord, je vais me dépêcher... »
La salle de bain collective se situe juste en face de la chambre, au bout du couloir. La semaine dernière lors de la visite de l’établissement, la surveillante m’avait dit que la salle de bain avait été rénovée pendant l’été. On peut dire que j’ai de la chance d’avoir échappé aux vers et aux champignons. Les moisissures, les marques laissées par le passé, les choses dégeux, c’est pas trop mon truc. J’entre dans la salle de bain. Elle est spacieuse, il y a des miroirs à chaque recoin. Silence. On dirait que je suis seule. Je décide d’entrer dans une cabine, je prends mon téléphone et sélectionne ma playlist du moment. Comme je suis seule, j’en profite pour mettre le volume à la puissance maximale. Après avoir suspendu le téléphone à une accroche murale, je me déshabille et active le jet d’eau. Eau chaude et musique... Comment feraient les gens pour démarrer une journée sans musique ? Je prends une profonde inspiration.
Après la douche, je reviens dans la chambre enfiler un jean moulant – toujours le même – et un sweat noir avec fermeture zippée, simple et confortable. Je ne porte pas de soutien-gorge, c’est passé de mode. Et puis ma poitrine est bien trop menue, mais quelle importance ? Tête à l'envers, je frictionne mes cheveux mouillés avec la serviette pour absorber le maximum d’humidité. Mon téléphone indique sept heures trente-huit. Je n’aime pas être en retard, ça me stresse. Je cours en direction des escaliers puis je pousse une lourde porte.
« Bonjour ! »
Un homme qui a probablement l’âge de mon père m'observe. Grand, mince, cheveux poivre et sel, avec des lunettes à monture fine. Sûrement le surveillant des garçons.
« Bonjour, réponds-je timidement.
— Bon petit déjeuner, dit l'homme. C'est le repas le plus important de la journée ! »
Réfectoire. Je prends un plateau comme les autres. Il y a une queue de folie... Comment  manger en si peu de temps ? Il faut bientôt aller en cours. Impatiente et instable, j'attends. Très vite, je commence à sentir la rage monter en moi. La lumière du réfectoire m’agresse, je n’arrive pas à canaliser ma colère. Je lance un regard mauvais à chaque personne qui passe à côté de moi. Des nouvelles têtes qui ne semblent pas se soucier de ma présence. Quelque part, ça me calme un peu. Ma colère se transforme peu à peu en curiosité. Est-ce que ces jeunes ont été contraints de venir ici ? Est-ce qu’il y a des nouveaux comme moi parmi eux ?
La queue diminue. Je fais glisser mon plateau sur les lignes métalliques du circuit. C’est à moi de composer mon repas. Sur les présentoirs il reste des biscottes craquantes, des petits pains, des mini sachets de miel et des jus de fruits. Je prends des céréales sans lait et un jus d'orange dans un petit verre rempli à moitié. Je porte mon plateau et j’arrive dans une très grande salle, la salle à manger. Là, je découvre tous les internes du lycée. Personne ne fait attention à moi. Je m’assois à l'écart des autres. J’ai mal au ventre, j’ai peur d’affronter ce premier jour de cours. Surtout que j’arrive un mois après la rentrée, tout le monde va me remarquer… Mais le lycée est à quelques mètres, je n’ai pas le choix. Je n’aime pas ne pas avoir le choix. Mon petit déjeuner n’a aucun goût. Dégeux.
 
17 h 30. Fin des cours, ouverture de l'internat.
Je m’écroule sur le lit et je pleure. Recroquevillée, je fais tout pour que ça ne s’entende pas. Elle est toujours là cette boule ! La boule au ventre qui est responsable de mon malheur. Elle est là, elle me guette. Pleurer, c'est évacuer dose par dose des lambeaux de douleur. Mais qu’est-ce qu’il m’arrive ? Pourquoi suis-je toujours envahie par les mêmes émotions ? Ma première journée de cours ne s’est pas mal passée, je ne comprends pas… Les élèves ne m’ont pas regardée de travers, et les profs avaient l’air sympa, surtout le prof de philo qui répondaient à toutes mes questions. Je ne comprends pas… Pour me couper de la réalité, je mets mon casque branché à mon téléphone portable. En me balançant sur le tempo de la musique, je plonge dans une transe jouissive. La mélodie s’accorde parfaitement à mon état. La musique cogne, et l'ivresse des notes implose au fond de moi. Les ondes sonores me font du bien. Ma pensée vacille, des images se coincent.
Je pense à mon père qui est parti rejoindre une femme en Pologne. Avant, il habitait pas trop loin de chez ma mère, j'allais le voir certains weekends. Il me disait que les études, c'était important, que je ne devais jamais lâcher. Il regrettait tellement d'avoir abandonné la fac... J'étais heureuse quand je le voyais mais je sentais que son célibat le pesait et qu'il ne supportait plus de vivre seul. Puis il a déménagé du jour au lendemain. Il ne décroche plus son téléphone depuis qu’il a annoncé sa démission de rôle de père. J’imagine sa vie, j’invente son quotidien, et je me dis qu’il doit avoir une nouvelle vie passionnante pour ne plus avoir envie de garder un lien avec son ancienne vie. Il doit être bien là où il est, il doit être heureux avec sa nouvelle femme. Parfois j’essaye de me dire qu’il est mort, comme ça, il a une excuse pour ne pas être là, avec moi. Mais je n’aime pas cette idée. Et puis, il y a ma mère, cette femme froide et inexpressive qui vit seule depuis que je suis à l'internat. Comment vit-elle ? Est-elle soulagée enfin ? Je ne lui causerai plus de soucis maintenant, ce n’est plus à elle d’incarner l’autorité, vu qu'il n'y a pas de parents à l'internat… De toute façon, je ne la supportais plus, elle me stressait plus qu’autre chose. Comment ne pas vouloir mourir avec cette boule dans le ventre ? Est-ce que ça s’arrêtera un jour ?! Je renifle.
Accompagnée de mon téléphone, je sors du

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