Les Fables de La Fontaine, illustrées par les plus grands artistes
192 pages
Français

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Les Fables de La Fontaine, illustrées par les plus grands artistes , livre ebook

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Description

Cet ouvrage inédit présente une sélection de fables, parmi les plus remarquables de Jean de La Fontaine, illustrées par les plus grands artistes. De François Chauveau, le premier illustrateur des Fables à Picasso, aux illustrateurs emblématiques que sont Benjamin Rabier et Gustave Doré ou Grandville, ce recueil met également en regard de grands artistes contemporains avec ces textes classiques. La rencontre dans ce livre de Picasso et de La Fontaine est un moment privilégié. Un jeu de correspondances qui montre et souligne l'immense richesse de cette œuvre unique, qui constitue un pan entier de notre patrimoine. Une édition exceptionnelle.

Informations

Publié par
Date de parution 11 mai 2021
Nombre de lectures 5
EAN13 9782378623524
Langue Français
Poids de l'ouvrage 282 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Fontaine© 2021, Circonfexe
Achevé d’imprimé dans l’Union européenne
en février 2021
Dépôt légal : mars 2021
Loi n° 49-956 du 16 juillet 1949
sur les publications destinées à la jeunesseLa FontaineLes AnimAux mALAdes de LA Peste

Un mal qui répand la terreur, Que le plus coupable périsse.
Mal que le Ciel en sa fureur — Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ;
Inventa pour punir les crimes de la terre, Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;
La Peste (puisqu’il faut l’appeler par son nom), Et bien, manger moutons, canaille, sotte espèce,
Capable d’enrichir en un jour l’Achéron, Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes Seigneur,
Faisait aux animaux la guerre. En les croquant beaucoup d’honneur.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés ; Et quant au Berger, l’on peut dire
On n’en voyait point d’occupés Qu’il était digne de tous maux,
À chercher le soutien d’une mourante vie ; Étant de ces gens-là qui sur les animaux
Nul mets n’excitait leur envie ; Se font un chimérique empire. »
Ni Loups ni Renards n’épiaient Ainsi dit le Renard, et fatteurs d’applaudir.
La douce et l’innocente proie. On n’osa trop approfondir
Les Tourterelles se fuyaient : Du Tigre, ni de l’Ours, ni des autres puissances,
Plus d’amour, partant plus de joie. Les moins pardonnables offenses.
Le Lion tint conseil, et dit : « Mes chers amis, Tous les gens querelleurs, jusqu’aux simples mâtins,
Je crois que le Ciel a permis Au dire de chacun, étaient de petits saints.
Pour nos péchés cette infortune ; L’Âne vint à son tour et dit : « J’ai souvenance
Que le plus coupable de nous Qu’en un pré de moines passant,
Se sacrife aux traits du céleste courroux ; La faim, l’occasion, l’herbe tendre, et je pense
Peut-être il obtiendra la guérison commune. Quelque diable aussi me poussant,
L’histoire nous apprend qu’en de tels accidents Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.
On fait de pareils dévouements : Je n’en avais nul droit, puisqu’il faut parler net. »
Ne nous fattons donc point ; voyons sans indulgence À ces mots on cria haro sur le baudet.
L’état de notre conscience. Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue
Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons Qu’il fallait dévouer ce maudit animal,
J’ai dévoré force moutons. Ce pelé, ce galeux, d’où venait tout leur mal.
Que m’avaient-ils fait ? Nulle offense : Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
Même il m’est arrivé quelquefois de manger Manger l’herbe d’autrui ! quel crime abominable !
Le Berger. Rien que la mort n’était capable
Je me dévouerai donc, s’il le faut ; mais je pense D'expier son forfait : on le lui ft bien voir.
Qu’il est bon que chacun s’accuse ainsi que moi : Selon que vous serez puissant ou misérable,
Car on doit souhaiter selon toute justice Les jugements de Cour vous rendront blanc ou noir.
Fable I, Livre VII
4
•François Chauveau
5 auguste vimar
6 L’Âne chArgé d’éPonges et L’Âne chArgé de seL

Un Ânier, son sceptre à la main,
Menait, en empereur romain,
Deux Coursiers à longues oreilles.
L’un d’éponges chargé marchait comme un courrier ;
Et l’autre se faisant prier
Portait, comme on dit, les bouteilles :
Sa charge était de sel. Nos gaillards pèlerins,
Par monts, par vaux et par chemins,
Au gué d’une rivière à la fn arrivèrent,
Et fort empêchés se trouvèrent.
L’Ânier, qui tous les jours traversait ce gué-là,
Sur l’Âne à l’éponge monta,
Chassant devant lui l’autre bête,
Qui voulant en faire à sa tête,
Dans un trou se précipita,
Revint sur l’eau, puis échappa ;
Car au bout de quelques nagées,
Tout son sel se fondit si bien
Que le baudet ne sentit rien
Sur ses épaules soulagées.
Camarade Épongier prit exemple sur lui,
Comme un Mouton qui va dessus la foi d’autrui.
Voilà, mon Âne à l’eau : jusqu’au col il se plonge,
Lui, le conducteur et l’éponge.
Tous trois burent d’autant : l’Ânier et le Grison
Firent à l’éponge raison.
Celle-ci devint si pesante,
Et de tant d’eau s’emplit d’abord,
Que l’Âne succombant ne put gagner le bord.
L’Ânier l’embrassait dans l’attente
D’une prompte et certaine mort.
Quelqu’un vint au secours : qui ce fut, il n’importe ;
C’est assez qu’on ait vu par là qu’il ne faut point
Agir chacun de même sorte.
J’en voulais venir à ce point.
Fable X, Livre II
7 L’Âne et Le chien

Il se faut entraider, c’est la loi de nature :
L’Âne un jour pourtant s’en moqua :
Et ne sais comme il y manqua ;
Car il est bonne créature.
Il allait par pays accompagné du Chien,
Gravement, sans songer à rien,
Tous deux suivis d’un commun maître.
Ce maître s’endormit : l’Âne se mit à paître :
Il était alors dans un pré,
Dont l’herbe était fort à son gré.
Point de chardons pourtant ; il s’en passa pour l’heure :
Il ne faut pas toujours être si délicat ;
Et faute de servir ce plat
Rarement un festin demeure.
Notre baudet s’en sut enfn
Passer pour cette fois.
Le Chien mourant de faim
Lui dit : « Cher compagnon, baisse-toi, je te prie ;
Je prendrai mon dîné dans le panier au pain. »
Point de réponse, mot ; le Roussin d’Arcadie
Craignit qu’en perdant un moment,
Il ne perdît un coup de dent.
Il ft longtemps la sourde oreille.
Enfn il répondit : « Ami, je te conseille
D’attendre que ton maître ait fni son sommeil ;
Car il te donnera sans faute à son réveil,
Ta portion accoutumée.
Il ne saurait tarder beaucoup. »
Sur ces entrefaites un Loup
Sort du bois, et s’en vient, autre bête affamée.
L’Âne appelle aussitôt le Chien à son secours
Le Chien ne bouge, et dit : « Ami, je te conseille
De fuir, en attendant que ton maître s’éveille ;
Il ne saurait tarder ; détale vite, et cours.
Que si ce Loup t’atteint, casse-lui la mâchoire.
On t’a ferré de neuf ; et si tu me veux croire,
Tu l’étendras tout plat. » Pendant ce beau discours
Seigneur Loup étrangla le baudet sans remède.
Je conclus qu’il faut qu’on s’entr’aide.
Fable XVII, Livre VIII
8 auguste vimar
9 Le meunier, son FiLs et L’Âne

L’invention des Arts étant un droit d’aînesse, Tous les jours nos Auteurs y font des découvertes.
Nous devons l’apologue à l’ancienne Grèce. Je t’en veux dire un trait assez bien inventé ;
Mais ce champ ne se peut tellement moissonner Autrefois à Racan Malherbe l’a conté.
Que les derniers venus n’y trouvent à glâner. Ces deux rivaux d’Horace, héritiers de sa lyre,
La feinte est un pays plein de terres désertes. Disciples d’Apollon, nos Maîtres, pour mieux dire,
Jan Bruegel le JeuneSe rencontrant un jour tout seuls et sans témoins — Messieurs, dit le Meunier, il vous faut contenter. »
(Comme ils se confaient leurs pensers et leurs soins), L’enfant met pied à terre, et puis le vieillard monte,
Racan commence ainsi : « Dites-moi, je vous prie, Quand trois flles passant, l’une dit : « C’est grand’honte
Vous qui devez savoir les choses de la vie, Qu’il faille voir ainsi clocher ce jeune fls,
Qui par tous ses degrés avez déjà passé, Tandis que ce nigaud, comme un évêque assis,
Et que rien ne doit fuir en cet âge avancé, Fait le veau sur son Âne, et pense être bien sage.
À quoi me résoudrai-je ? Il est temps que j’y pense. — Il n’est, dit le Meunier, plus de veaux à mon âge :
Vous connaissez mon bien, mon talent, ma naissance. Passez votre chemin, la flle, et m’en croyez. »
Dois-je dans la province établir mon séjour, Après maints quolibets coup sur coup renvoyés,
Prendre emploi dans l’armée, ou bien charge à la Cour ? L’homme crut avoir tort, et mit son fls en croupe.
Tout au monde est mêlé d’amertume et de charmes. Au bout de trente pas, une troisième troupe
La guerre a ses douceurs, l’hymen a ses alarmes. Trouve encore à gloser. L’un dit : « Ces gens sont fous,
Si je suivais mon goût, je saurais où buter ; Le Baudet n’en peut plus ; il mourra sous leurs coups.
Mais j’ai les miens, la Cour, le peuple à contenter. » Hé quoi ! charger ainsi cette pauvre bourrique !
Malherbe là-dessus : « Contenter tout le monde ! N’ont-ils point de pitié de leur vieux domestique ?
Écoutez ce récit avant que je réponde. Sans doute qu’à la foire ils vont vendre sa peau.
J’ai lu dans quelque endroit qu’un Meunier et son fls, — Parbleu, dit le Meunier, est bien fou du cerveau
L’un vieillard, l’autre enfant, non pas des plus petits, Qui prétend contenter tout le monde et son père.
Mais garçon de quinze ans, si j’ai bonne mémoire, Essayons toutefois, si par quelque manière
Allaient vendre leur Âne, un certain jour de foire. Nous en viendrons à bout. » Ils descendent tous deux.
Afn qu’il fût plus frais et de meilleur débit, L’Âne, se prélassant, marche seul devant eux.
On lui lia les pieds, on vous le suspendit ; Un quidam les rencontre, et dit : « Est-ce la mode
Puis cet homme et son fls le portent comme un lustre. Que Baudet aille à l’aise, et Meunier s’incommode ?
Pauvres gens, idiots, couple ignorant et rustre. Qui de l’âne ou du maître est fait pour se lasser ?
Le premier qui les vit de rire s’éclata. Je conseille à ces gens de le faire enchâsser.
« Quelle farce, dit-il, vont jouer ces gens-là ? Ils usent leurs souliers, et conservent leur Âne.
Le plus âne des trois n’est pas celui qu’on pense. » Nicolas au rebours, car, quand il va voir Jeanne,
Le Meunier à ces mots connaît son ignorance ; Il monte sur sa bête ; et la chanson le dit.
Il met sur pieds sa bête, et la fait détaler. Beau trio de Baudets ! » Le Meunier repartit :
L’Âne, qui goûtait fort l’autre façon d’aller, « Je suis Âne, il est vrai, j’en conviens, je l’avoue ;
Se plaint en son patois. Le Meunier n’en a cure. Mais que dorénavant on me blâme, on me loue ;
Il fait monter son fls, il suit, et d’aventure Qu’on dise quelque chose ou qu’on ne dise rien ;
Passent trois bons Marchands. Cet objet leur déplut. J’en veux faire à ma tête. Il le ft, et ft bien.
Le plus vieux au garçon s’écria tant qu’il put : Quant à vous, suivez Mars, ou l’Amour, ou le Prince ;
« Oh là ! oh ! descendez, que l’on ne vous le dise, Allez, venez, courez ; demeurez en province ;
Jeune homme, qui menez laquais à barbe grise. Prenez femme, abbaye, emploi, gouvernement :
C’était à vous de suivre, au vieillard de monter. Les gens en parleront, n’en

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