LES P'TITES TETES

Manuel Gasse

Description

J’ai réalisé aujourd’hui, comme parent accompagnateur d’une activité scolaire, à quel point je ne suis pas habitué de gérer des p’tites filles.
À une charmante blondinette qui m’a interpellé, hésitant entre « cocotte » et « coucoune », j’ai répondu :
« Oui, ma p’tite coconne ?? »
Fail.
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Avoir su au départ qu’un enfant pouvait tricoter autant de foulards de niaiseries avec le fil de ses mots.
Avoir su qu’il avait cette capacité infinie d’enfiler, en colliers, pareilles perles de langage.
Avoir su. J’aurais sans doute commencé plus tôt.
Peut-être en tenant le journal des premiers tas ou le carnet des nuits blanches.
Peut-être en transcrivant la partition de son rythme cardiaque pendant l’échographie.
Qui sait ?
Je n’aurais quand même pas filmé la conception, mais j’y aurais sans doute pensé…
J’écris pour me souvenir. Me souvenir de la joie d’être papa. On dit souvent qu’une image vaut mille mots, mais dans ce monde où on nous bombarde sans cesse d’images, parfois, mille mots ont plus de valeur.
Les maux de tête croisés.
Grand-papa aime bien poser des devinettes aux enfants. Ces temps-ci, il demande souvent à Philibert de l’aider avec ses mots-croisés.
Philou se lève ce matin, un peu pucké. Il allume la télé et s’installe devant les bonshommes. Grand-papa l’interpelle.
— Philou ? Je t’attendais pour finir mes mots-croisés. Il me reste juste un mot à trouver, tout petit. Seulement deux lettres : Ne finit jamais une phrase.
Philibert, hypnotisé par la télé, ne répond pas. Éli-Yan saisit l’occasion.
— Je crois que je sais, moi, grand-papa !!
— Ah oui ?
— T T !
— T T ? C’est quoi T T ?
— Ben je sais pas, mais en tout cas j’ai jamais vu une phrase qui finissait par T T !

Sujets

• Humor
• Marriage
• Family

Informations

• Publié par: Québec Amérique
• Date de parution: 16 mars 2016
• Nombre de lectures: 1
• EAN13: 9782764431108
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 5 Mo

Extrait

Projet dirigé par Myriam Caron Belzile
avec la collaboration de Joëlle Landry
Conception graphique : Nathalie Caron
Corrections d'épreuves : Isabelle Pauzé
Illustrations : Mathieu Potvin
Photographie en pages liminaires : Ethel Laurendeau
Conversion en ePub : Marylène Plante-Germain
Québec Amérique 329, rue de la Commune Ouest, 3 e étage
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Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Gasse, Manuel
Les p’tites têtes
ISBN 978-2-7644-3087-3 (Version imprimée)
ISBN 978-2-7644-3109-2 (PDF)
ISBN 978-2-7644-3110-8 (ePub)
1. Gasse, Manuel - Famille - Citations. 2. Enfants - Citations. I. Potvin, Mathieu. II. Titre. III. Titre : Petites têtes.
PN6328.C5G37 2016 305.23 C2015-942588-3
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2016
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives du Canada, 2016
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés
© Éditions Québec Amérique inc., 2016.
quebec-amerique.com



Pour Philibert, Éli-Yan, Lévi et Marik.
Mes trésors.

Avant de céder la parole à mes fils...

Quand on est parent, y a rien de rationnel dans le choix d’avoir un autre enfant. On peut pas juste prendre ça froidement, s’asseoir et faire la colonne des pour et des contre. Ça nous donnerait quoi d’en faire un de plus ? Deux ans de couches, quelques mois sans sortir, des nuits de merde, pas dormir, pas dormir pis pas dormir, une autre parenthèse à la vie professionnelle, des vacances en fonction d’un poupon, des soupers divisés en deux entre le berçage du petit yâble qui fait des dents et la table avec les amis qui attendent, la voiture toujours plus grosse… et les points s’accumulent et s’accumulent dans la colonne des moins.
Puis, un matin, on se réveille, on pose nos yeux émerveillés sur notre petit trésor de deux ans qui est l’être le plus parfait de l’espèce humaine et qui nous fait mourir d’amour, pis on se dit : « Imagines-tu qu’on aurait pu ne pas l’avoir, lui ? » C’est impossible à concevoir. Un monde sans lui est un monde un peu moins beau. Dans la colonne des pour, y a que ça… et ça tasse tout le reste. C’est l’amour. Notre raison de vivre. Notre mission sur Terre. La colle qui soude tout l’univers, qui nous a amenés du Big Bang jusqu’à aujourd’hui et qui nous pousse vers demain. L’Amour.
Ce livre est avant tout un legs à mes enfants. Quelques égoportraits de notre vie quotidienne. Une vie jamais banale. Une vie exigeante, où le sacrifice est grand et le travail demandant, mais où la récompense est infinie. On dit souvent qu’une image vaut mille mots, mais à une époque comme la nôtre, où on nous bombarde sans cesse d’images, parfois, mille mots ont plus de valeur.

Ensuite, ce livre est pour moi. Pour ne jamais oublier. À part pour les accords de guit’, les paroles de tounes et les numéros de téléphone, j’ai la mémoire d’un poisson rouge qui s’est fessé la tête dans la vitre de l’aquarium à la naissance. Ouin. C’est moi ça. Un jour, mes garçons seront de grands ados. Possiblement insupportables et ingrats. On ne se dira plus chaque soir qu’on s’aime en se faisant des gros câlins. Pourtant l’amour y sera encore, mais il sera transformé. Les moments qu’on vit aujourd’hui me manqueront à l’infini. En feuilletant à l’occasion Les P’tites Têtes , je sourirai en me rappelant Philibert, tendre amour si sensible derrière son orgueil d’éléphant ; Éli-Yan, astronaute magique sur un frame de p’tit chat ; Lévi, tank-taquin à l’imaginaire plus vif que la bouche, et Marik, bébé-soleil d’amour de toute la famille-chat. J’aurai réussi cette partie. Mes enfants.
Mon but n’est certainement pas de prouver à quiconque que mes kids sont extraordinaires. Non. Je dois quand même admettre qu’ils possèdent une très grande qualité : celle d’être des enfants. Comme les autres. Comme les vôtres, peut-être. Ou ceux que vous aurez. Des bébittes de spontanéité, de magie et de vérité. Il ne suffit souvent que de tendre l’oreille pour entrer dans leur monde si beau et coloré, ce que nous, les grandes personnes, oublions trop souvent de faire.
Si nos histoires vous touchent et vous font sourire, l’auteur en sera heureux. Si nos histoires vous inspirent et vous donnent davantage envie d’embarquer dans cette grande et magnifique aventure qu’est la famille, l’homme (ou le papa) derrière l’auteur en sera comblé. Bonne lecture.
•••
L’expression « p’tite tête » vient de mon père. D’aussi loin que je me souvienne, je l’entends encore m’appeler comme ça quand je faisais ou disais des niaiseries.



La logique de p’tites têtes, c’est le point de départ de toutes les histoires.
L’innocence pure.
La bouche sans la muselière.
La tête sans filtre.
C’est la super éponge qui absorbe le monde entier et de laquelle on recueille quelques gouttes qui tombent par-ci par-là comme des flaques de bonheur.
C’est le grincement de cette roue sans fin où trotte l’infatigable hamster de la pensée.
C’est la radiographie de l’âme simple.
Le souffle spontané.
Le parcours du point A au point d’exclamation.
La beauté du vrai sans make up.
Pas toujours facile à suivre, mais si amusante à observer.


Une solution sautée.
Nous sommes en vacances chez Papi et Mamie à Chicoutimi. Pendant que nous finissons tranquillement notre repas dans la verrière, les enfants, eux, jouent dans la cour. Ils s’amusent à lancer en l’air un bâton qui, après quelques vols planés, reste finalement bien coincé dans les hautes branches d’un arbre. Loin d’être découragés, les petits se mettent au défi de le faire retomber en lui balançant balles, ballons ou tout autre objet à portée de main. Au bout d’une dizaine de minutes, ils abandonnent et se mettent en mode solution.
Philibert, le plus grand, accourt vers la maison, ouvre la porte patio et crie :
« Papi !!! Avez-vous une échelle ?? »
Avant même que Papi n’ait le temps de répondre, Éli-Yan arrive en trombe derrière son frère et lance à son tour :
« Papiiiii ?? Avez-vous une trampoline ??? »


Savoir garder un secret.
— (Philibert) Maman, j’ai quelque chose à te dire, mais j’peux pas te le dire.
— Ok.
— C’est à l’école, mais j’peux pas dire…
— …
— C’est quelque chose, là là.
— … hm hm.
— C’est une surpriiiiiise … chut !
— Oui oui.
— On fait une carte pour la fête des Mères !
— Mais, Chichou, dis-moi-le pas si c’est une surprise.
— Ok, maman, j’te l’dis pas…

La blessure mystérieuse.
— (Éli-Yan) Papa, pourquoi t’as un plaster au bout du doigt ?
— Ah !… c’est un mystèèèèèère , bilou !!!
— Papaaa… pourquoi t’as un mystère au bout du doigt ???



Is This Your Anus?
Philibert me pose quelques questions sur les planètes :
— Papa, après Saturne, est-ce que c’est Uranus ?
— (Éli, qui passe par là) Aaaaah, c’est drôle, dans le mot « Uranus » on entend le mot « fesse » !!
Bon. C’est sûr. Il n’allait pas la manquer celle-là. Elle est évidente.
— (Philou) Comment ça ?
— Ben oui, on entend le mot « fesse » dans « U-ranus » !
— Hein ?
— Ben… « U », Philibert !!
— ???
— C’est comme si on diserait « Fesseranus » !!!
That kid is from another world. C