Portraits de chiens
76 pages
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Portraits de chiens , livre ebook

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Description

Bobby, Balto, Hachikō, Laïka : ces quatre chiens d’exception ont accédé à une célébrité internationale grâce au dévouement, à la loyauté et à l’attachement dont ils ont fait preuve à l’égard du genre humain... Des châteaux d’Écosse aux reliefs glacés de l'Alaska, du Japon de l’entre-deux-guerres à l’URSS au temps de la conquête spatiale, ce livre dresse quatre portraits de chiens extraordinaires issus de cultures extrêmement différentes.

De quoi faire voyager tout en rendant hommage à ces compagnons fidèles.

Un docu-fiction qui a du chien !


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2021
Nombre de lectures 10
EAN13 9782215177722
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0300€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Fabienne Blanchut
Pour Marie et Alex D. & leurs merveilleuses « poilues » : Luna et Prune. Et à la mémoire du Prince Rio.
Pour Anne-Laure D. & son trio grec : Léon, Ulysse et Basile.
Pour Annick W-H. & sa princesse Kaya.
Pour Anastasia P. & sa belle Lyma.
Pour Lorraine F. & son roi des réseaux sociaux, Monpote.
Pour Thibaut C. & sa craquante Poppy.
Pour Romain M. & son incroyable Tom.
Et enfin, pour toutes celles et tous ceux qui savent que le bonheur se mesure à la quantité de poils que les animaux laissent sur nos vêtements…
Le chien n’a qu’un but dans la vie : offrir son cœur.
J. R. Ackerley (écrivain anglais, 1896-1967)
Préface
Cher lecteur,
Selon moi, il n’y a pas plus belle rencontre que celle d’un animal et de « son » humain. Après avoir raconté les destins extraordinaires de Ham (le chimpanzé de l’espace) 1 , et de Gladiateur (le célèbre cheval de course) 2 , j’ai choisi de mettre en lumière quatre chiens ayant réellement existé.
Bobby , 1856-1872. Édimbourg – Édimbourg, Écosse. Skye terrier, mâle.
Balto , 1919-1933. Alaska – Cleveland/États-Unis d’Amérique. Husky sibérien, mâle.
Hachiko , 1923-1935. Odate – Shibuya/Tokyo, Japon. Akita ( inu ), mâle.
Laïka , 1953-1957. Moscou/Russie – les étoiles, la Voie lactée. Bâtarde. Vraisemblablement, croisement entre un terrier et un husky, femelle.
Ni leurs races, ni leurs pays, ni leurs époques ne les relient les uns aux autres, mais ils ont tous fait honneur à leur espèce et ont su toucher le cœur de leurs maîtres et des hommes.
Loyauté, fidélité, courage, bravoure sont les mots qui reviendront le plus souvent dans Portraits de chiens .
J’ajoute que je ne parle, malheureusement, ni le norvégien, ni l’inuit, ni le japonais et encore moins le russe. Cependant il m’a semblé important, pour plus d’authenticité, de ponctuer les récits de quelques mots dans ces langues afin d’immerger le lecteur dans ces différentes ambiances. Les erreurs qui pourraient en découler seraient de mon seul fait.
Fabienne Blanchut
Jamais sans lui
BOBBY(1856-1872) & JOHN
E n cet automne 1856, l’air autour d’eux est comme immobile. On le dirait suspendu.
– Nous trouverons une solution… Ne pars pas…
– Mère, petite mère, murmure John les yeux baissés, en empaquetant ses rares effets : un caleçon long de rechange, sa chemise du dimanche et un pull shetland que lui ont tricoté, à tour de rôle, ses petites sœurs.
Au fond du ballot, les vêtements viennent rejoindre la binette et le sécateur, les outils de jardinage que laird 3 McKensie lui a offerts en le congédiant, faute de pouvoir continuer à le payer. Dans un sanglot étouffé, Moyra Gray quitte la pièce qui sert de dortoir à toute la famille. La pauvreté, mais aussi la propreté du lieu, saisirait n’importe quel visiteur. Le long du mur, une armoire pour le linge, dans un coin, le lit conjugal que Moyra et Callum occupent, à l’opposé, celui que partagent Shona et Aigneas, âgées respectivement de neuf et onze ans, les cadettes. John, lui, dort sur une paillasse posée à même le sol. La famille, qui a été prise au dépourvu par le retour de l’aîné, manque d’argent pour acheter une couche supplémentaire.
Depuis trois ans, John travaillait comme jardinier pour un châtelain à Inverness, mais le chômage et la récession économique ont frappé l’Écosse de plein fouet. Après les bourgeois, les nobliaux doivent, à leur tour, se séparer de leurs gens. Un jardinier, malheureusement, est dispensable. John est de retour depuis une petite semaine, mais il le sait... Sur l’île de Skye, il n’y a aucun avenir pour lui. La décision s’est imposée d’elle-même : repartir et trouver du travail, n’importe lequel, là où on voudra bien de lui. Il est jeune et fort, cela devrait jouer en sa faveur.
Contrairement à la dernière fois, il n’a pas de point de chute, ce qui angoisse d’autant plus sa mère. Afin de se donner du courage, John pense à l’argent qu’il pourra à nouveau envoyer à ses parents – plutôt que d’être une bouche en plus à nourrir. Il termine son maigre baluchon en y glissant sa bible. Dans la cour résonnent des chamailleries d’enfants. John sourit. Demain, il partira avant le lever du jour. Ses petites sœurs devraient encore être profondément endormies, ce sera moins éprouvant, du moins l’espère-t-il. John quitte le dortoir pour les rejoindre.
– Mais qui j’entends ? fait-il en prenant une grosse voix, celle qui provoque toujours la même réaction chez les fillettes.
Bras écartés pour les attraper, il sort de la masure qui leur tient lieu de maison. Shona et Aigneas se dispersent dans la cour, tout excitées, en simulant des cris de peur. Le retour inattendu de leur grand-frère les a ravies et elles s’en disputent l’attention. Dans le poulailler, leur mère, les mains tremblantes, ramasse les œufs pondus de frais.
Le dernier dîner en famille a été tout à la fois joyeux et triste. Avant de se coucher, le père de John l’a étreint contre sa large poitrine, en lui recommandant d’être travailleur et honnête. Ses sœurs l’ont littéralement couvert de baisers et lui ont arraché la promesse de lettres, tandis que sa mère s’affairait autour de l’âtre. Elle n’a rien dit. Les mots lui faisaient défaut.
Le lendemain, quand John s’est levé, Moyra était debout. Trois pommes, une miche de pain et deux œufs durs, protégés par un torchon, ont trouvé place sur le dessus du paquetage. La mère et le fils se sont dit avec les yeux ce que seuls une mère et un fils savent se dire, et il est parti, le cœur aussi lourd que ses chaussures.
Ce n’est qu’au détour du virage, quand il a su que personne ne pouvait plus le voir, qu’il a écrasé de grosses larmes.
John Gray a dix-huit ans. Sa famille va lui manquer. Douloureusement.

À pied, à l’arrière d’une charrette ou assis à côté du cocher, John a traversé, pendant six mois, son pays des îles du Nord-Ouest à Édimbourg. Partout où il s’est présenté, les châtelains s’excusaient de ne pas pouvoir l’embaucher mais, quand il est difficile de manger à sa faim, l’entretien de parterres de fleurs, d’arbres et de bosquets n’est pas une priorité. John l’a compris.
Il n’a pas l’habitude des grandes villes et Édimbourg le bouscule. Beaucoup de bruits, des odeurs nauséabondes, des gens partout dans les rues… Il est pris de vertiges. La plupart s’accroupiraient et mettraient la tête entre les genoux. Pas John. Sa mère lui a enseigné le contraire.
– Quand la tête te tourne, lève-la !
C’est ce qu’il fait. Bien lui en prend, puisqu’il pose les yeux sur le château. Une route étroite et pavée monte jusqu’aux remparts. John fait attention en marchant de ne pas mettre les pieds dans du purin. Ici non plus, comme auparavant lors de sa traversée de l’Écosse, il ne parvient pas à se faire embaucher comme jardinier. L’endroit, ancienne résidence royale, est devenu une forteresse militaire. Il en est d’abord étonné, jouit un instant du paysage qui s’étale à perte de vue, puis la lassitude le gagne. Il redescend dans la ville par King’s Stables Road et débouche sur Grassmarket.
Une large place pavée, ceinturée de hautes maisons austères et quadrillées de petites ruelles, l’accueille. Dans une vitre, il aperçoit son reflet. Grand, efflanqué et plutôt sale. Il s’approche d’une fontaine, nettoie son visage à l’eau froide, ôte sa chemise, la mouille et s’en frotte les aisselles. Puis il sort son pull et l’enfile à la hâte. Nul ne lui a prêté la moindre attention. Il replie sa chemise, se promettant de la laver dès qu’il aura trouvé un endroit où se poser, reprend son baluchon et se remet en route. Il marche une dizaine de minutes avant de pousser la porte du Last Drop . Il est exténué.
L’aubergiste, qui est en train d’astiquer son comptoir en zinc, lève les yeux en entendant la musique du carillon. D’un geste de la main, il invite John à prendre place au bar. Le garçon pose son baluchon sur le sol et se hisse sur le tabouret.
– Vous n’êtes pas d’ici, hein, l’ami ? demande le patron.
John secoue la tête.
– Et pas bavard non plus, à ce que je vois.
– Veuillez excuser mon impolitesse, je suis fatigué, répond John.
– Je vois ça, mon garçon. Laisse-moi t’offrir un verre.
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