Simone
95 pages
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Simone , livre ebook

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Description

Pour Simone, le changement d’école secondaire n’est pas facile. Est-ce la faute de ses nouvelles amies? Avec Raphaëlle, tout pourrait être super: elles ont plein de points en commun, rient des mêmes blagues, se comprennent en un seul regard. C’est quoi le problème alors? Peut-être Angie, qui était amie avec Raphaëlle bien avant Simone, et qui n’apprécie pas qu’elle débarque ainsi dans sa vie?
Malgré les conseils de sa mère et de sa tante préférée, Simone est entraînée dans une rivalité malsaine qui mettra peut-être en péril son amour naissant avec Gabriel...
«J’observe subtilement Angie et m’aperçois qu’elle pleure, à l’instar de plusieurs autres filles de son équipe. J’aurais envie de m’expliquer avec elle, de m’excuser de mes paroles de la veille, mais je suis consciente que ça ne ferait qu’ajouter de l’huile sur le feu. La dernière chose dont elle doit avoir envie en ce moment, c’est bien de se tenir face à moi. Les cartes de tarot de grand-mère Madeleine reviennent me hanter. J’ai soudain le mauvais pressentiment que la situation va s’envenimer.»

Informations

Publié par
Date de parution 23 octobre 2019
Nombre de lectures 2
EAN13 9782897588267
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0374€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Guy Saint-Jean Éditeur
4490, rue Garand
Laval (Québec) Canada H7L 5Z6
450 663-1777
info@saint-jeanediteur.com
saint-jeanediteur.com
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Données de catalogage avant publication disponibles à Bibliothèque et Archives nationales du Québec et à Bibliothèque et Archives Canada.
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Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada ainsi que celle de la SODEC pour nos activités d’édition. Nous remercions le Conseil des arts du Canada de l’aide accordée à notre programme de publication.

Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC
© Guy Saint-Jean Éditeur inc., 2019
Révision : Nathalie Viens
Correction d’épreuves : Émilie Leclerc
Conception graphique de la couverture et infographie : Christiane Séguin
Photo de la page couverture : iStockphoto.com/martin-dm
Dépôt légal – Bibliothèque et Archives nationales du Québec, Bibliothèque et Archives Canada, 2019
ISBN : 978-2-89758-825-0
ISBN EPUB : 978-2-89758-826-7
ISBN PDF : 978-2-89758-827-4
Tous droits de traduction et d’adaptation réservés. Toute reproduction d’un extrait de ce livre, par quelque procédé que ce soit, est strictement interdite sans l’autorisation écrite de l’éditeur. Toute reproduction ou exploitation d’un extrait du fichier EPUB ou PDF de ce livre autre qu’un téléchargement légal constitue une infraction au droit d’auteur et est passible de poursuites pénales ou civiles pouvant entraîner des pénalités ou le paiement de dommages et intérêts.

Guy Saint-Jean Éditeur est membre de l’Association nationale des éditeurs de livres (ANEL).

À Magou,
pour qu’elle se rappelle que le temps démasque toujours le véritable bourreau.
Vendredi 22 juin
Cachée dans les loges, j’entends en sourdine l’harmonie de troisième secondaire qui offre au public un medley de chansons tirées de différents films : je sais que je suis la suivante. Qu’est-ce qui m’a pris d’accepter de jouer en solo une pièce de piano ? J’aurais pu me contenter d’interpréter au ukulélé Over the Rainbow avec mon groupe et conclure sans fausses notes mon passage à la polyvalente Marie-Rollet.
— Simone, approche-toi, ce sera ton tour, me rappelle Claudine avant de s’éloigner aussitôt pour donner des consignes à la troupe d’animation.
Elle a évité mon regard et s’est contentée de me pincer gentiment l’épaule, comme si elle devinait que j’allais tenter de me défiler. Depuis que je lui ai appris que mon père m’obligeait à poursuivre mes études au collège Charlemagne l’an prochain, mon enseignante de musique a du mal à me regarder dans les yeux. Notre passion commune pour la musique nous a liées dès les premiers cours et je déduis par son comportement qu’elle regrette de me voir partir, mais qu’elle n’ose pas l’exprimer pour ne pas ajouter à ma propre peine.
Je me retiens de la rappeler auprès de moi et de lui expliquer que je ne pourrai pas, que je sens mes doigts se crisper, qu’il devient évident qu’il me sera impossible de jouer, que ma mère m’en voudra de gâcher sa pièce fétiche, que je serai la risée de toute l’école, mais je réussis à me taire et à sortir de ma cachette.
Accompagnées de deux élèves finissants, mes meilleures amies Emma et Megan se préparent à entrer en scène pour le prochain sketch qui permettra la transition des numéros. La première a revêtu un habit brun, s’est dessiné une barbe, et la deuxième a bourré la robe empruntée à sa mère, ce qui forme une énorme poitrine. Les deux autres membres de l’équipe d’animation ont placé leurs genoux dans leurs souliers pour ainsi personnifier les enfants de la famille. Dès leur arrivée sous les projecteurs, j’entends le public s’esclaffer.
Claudine pose la main dans mon dos et prend une grande respiration, la garde quelques secondes puis expire bruyamment par la bouche ; elle m’invite à faire de même. Je répète trois fois cette technique avant de quitter les coulisses et me retrouver derrière le piano. Tandis que j’ajuste le banc et installe ma partition sur le lutrin, je vois du coin de l’œil ma mère lever les bras en l’air, geste aussitôt imité par ma tante Frédérique. Le sketch achève et je les devine impatientes de me signifier de vive voix leur présence. Elles se trouvent à ma gauche alors que mon père, Martin, est seul au premier rang, complètement à l’opposé. Il m’envoie un discret signe de la main auquel je reste de glace. Se contentant habituellement d’être présent à mes récitals de piano, il assiste pour la première fois à mon concert d’harmonie. Je remarque que je ne l’ai jamais autant vu que depuis la séparation. La foule accueille d’un éclat de rire la dernière réplique d’Emma. Les quatre animateurs saluent leur public et la voix haut perchée de Claudine retentit dans le haut-parleur :
— Accueillons maintenant Simone Bélisle dans son interprétation au piano de La valse d’Amélie.
Un murmure d’approbation parcourt la salle à l’annonce de cette pièce connue et généralement appréciée.
— Vas-y, Sissi ! s’exclame ma mère juste avant que je plaque le premier accord.
Je lui décoche un regard furibond pour qu’elle se taise et je la vois aussitôt rigoler avec sa jumelle, qui paraît visiblement fière d’elle. Son cri donne la permission à mes collègues de classe, dissimulés derrière les rideaux, de hurler à leur tour et je dois attendre que le silence revienne pour me lancer. Lorsque je termine la pièce, mes mains s’éloignent doucement de l’instrument ; je vois papa se lever le premier et la foule applaudir et je comprends ainsi que j’ai relevé le défi. Je cherche dans les méandres de mon cerveau ce qui vient de se passer, mais c’est comme si ce moment ne m’appartenait plus. À voir la réaction des gens qui se tiennent devant moi, je devine avoir bien performé. Je me lève d’un bond, soulagée et fière. Tante Frédérique siffle avec l’index et le majeur de chacune de ses mains. Après un bref salut, je me précipite côté jardin où m’accueillent Emma et Megan, avant de réapparaître sur scène pour leur numéro final. Derrière elles, monsieur Dagenais, notre technicien en loisir, s’affaire rapidement à ajouter quelques chaises tandis que Claudine distribue les ukulélés.
Emma et Megan reviennent en coulisses et quittent prestement leur costume d’animatrice pour venir nous rejoindre sur scène. Installée au deuxième rang, derrière mes amies, je souhaite qu’aucune ne se retourne pour souligner notre séparation prochaine. Emma flanche la première et me lance un regard désespéré comme si j’allais disparaître à tout moment. Megan suit le mouvement et c’est en larmes que nous attaquons la dernière pièce que nous interpréterons ensemble.
Après notre prestation, je prends le temps d’offrir un dernier câlin à Claudine avant de me faufiler jusqu’au hall d’entrée où devraient m’attendre mes parents. Je ne tente pas de leur dissimuler mes larmes, je veux qu’ils sachent à quel point leur décision me blesse.
— T’as vu ? Je suis rentrée sans billet ! fanfaronne celle que j’appelle tante Fredo, avant même de me féliciter et de s’apercevoir de mon état. Il restait plein de places libres en plus. Deux billets par élève, c’est pas assez !
— Ça l’était pour nous quand Martin ne daignait pas se pointer, commente amèrement ma mère.
— S’ils avaient insisté pour que je présente un ticket, on aurait pu essayer le truc des jumelles, continue Fredo. J’aurais laissé entrer Manu, puis j’aurais suivi quelques minutes après elle, comme si elle revenait des toilettes. Y’aurait fallu que je m’attache les cheveux parce qu’elle a encore coupé les siens… Tu pleures, Simone ? C’est vrai que cette pièce est touchante.
— Tu sais qu’on a trente-huit ans, Fredo ? Tu veux qu’on s’habille de la même façon demain ? se moque son double gentiment en ramenant un ton plus léger.
Elles sont identiques en tout point. Elles ont toutes les deux les cheveux d’un brun très foncé à la seule différence que ma mère aime les porter au niveau des épaules alors que sa sœur les préfère très longs. Leurs yeux bleu-gris en amande traduisent souvent la même expression et leurs voix se ressemblent étrangement, ce qui rend leur différenciation très difficile pour ceux qui ne les fréquentent pas assidûment. Il y a pourtant longtemps que les deux complices ne me trompent plus. Ma grand-mère Madeleine m’avait donné une bonne astuce. Je ne sais plus combien de fois depuis j’ai vérifié que le grain de beauté sous l’oreille gauche de ma mère se trouve bien là où il doit être.
— Tu as été merveilleuse, Simone ! intervient subitement mon père

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